Chapitre 9- Les Larmes d'un Cœur

Tandis que mon ami d'enfance se rapproche de ma bien-aimée pour la soutenir, je sens battre dans ma poitrine mon cœur prêt à se rompre. Vais-je encore vivre et lui dédier ma vie ou bien aujourd'hui rendre mon dernier souffle et donner à mon rival le plaisir de m'ôter la vie ? Sous la pluie battante couvrant les larmes de Camille, lui et moi, avançons. A cet instant, je vois passer dans le regard de mon adversaire une certaine peur et un brin de doute à la vue de mon épée avant de voir la haine enflammer son regard.

- Il peut réussir, entends-je quelqu'un dire malgré les bruits de tambours de la pluie. Je réalise soudainement en regardant la foule que cette voix provient de mon ami d'enfance alors en train de rassurer ma bien-aimée.

- Merci Raphaël, je murmure en accompagnant mes mots d'un geste de la tête.

Me plaçant face à mon adversaire, je brandis fièrement mon épée, échange à nouveau quelques formules de politesse avant de provoquer celui-ci verbalement. Au premier coup de tonnerre, nous nous élançons l'un vers l'autre, épée en main. Celle de mon adversaire est la première à toucher le métal de la mienne, qui ne cesse ensuite de la repousser. Alors que l'atmosphère devient pesante, je sens Monsieur de Vigny devenir inquiet et se hâter de tâcher de venir à bout de notre duel. Chaque fente de sa part se voit suivie d'une riposte de mon épée en attendant le moment qui me permettrait de lui infliger la blessure fatale. Je sens la violence s'insinuer toujours plus en lui comme la pluie dans les tissus de nos vêtements, ruisselant sur nos corps déjà trempés par la sueur. Mon adversaire s'accorde à son tour quelques instants afin d'échanger envers moi quelques formules de politesse dans le lourd silence de nos témoins guettant le moindre de nos mouvements.

- Vous êtes doué Victor, me flatte-t-il alors forcé d'admettre la domination que j'exerçe sur lui au sein de notre duel.

- Vous êtes bien lent et aussi sûr de vous qu'un chaton au sein des rues de Paris, Monsieur de Vigny, je choisis de répondre en guise de remerciement.

- Et vous, vous avez la langue bien pendue, se défend-il amusé.

- Et vous m'en voyez fier, je confesse en lançant un clin d'œil en direction de mon ami d'enfance demeuré sérieux tout au long de mon affrontement.

Je m'aperçois, non sans jalousie au départ, avant de me sentir soulagé pour ma bien-aimée que Raphaël a glissé dans la main de celle-ci la sienne afin de la rassurer. Notre échange terminé, mon adversaire m'invite à le rejoindre sur la place même, hors de l'estrade construite exclusivement pour notre duel. Monsieur de Vigny ne cessant ses boniments, son épée abaissée, je lui rappelle ma présence en levant plus haut la mienne. Celui-ci me chargeant tel un taureau au sein d'une arène, en vient à m'obliger à me défendre de plus belle contre cet ennemi empli de fougue qu'il se révèle finalement être. Prenant la main un instant à son tour, je me permets de lui rappeler rapidement qui de nous deux est le dominant. Dans nos bras, la fatigue commence à se faire ressentir nous battant à corps perdu.

Un lourd silence s'installe alors que nous nous regardons, devinant que la fin de l'un de nous approche à pas de géant... Le cœur de mon adversaire doit certainement être en train de battre la chamade, je songe un instant, à en juger par sa respiration devenue difficile tandis que la mienne demeure stable. Nous reprenons alors avec la même détermination avant que mettant à profit une faille de ma part...

- Victor ! entends-je s'écrier Camille avant de m'effondrer, blessé au côté droit.

- Victor ! Ne t'inquiètes pas mon ami, s'écrie ensuite Raphaël avant de s'agenouiller à mes côtés. Malgré la douleur lancinante, je sens sous mes longs cheveux noirs le tissu léger de la robe de ma bien-aimée.

- Docteur, je vous en prie ! entends-je à nouveau crier Camille sanglotant avant de sentir mes doigts relâchés malgré moi mon épée et une sensation de froideur intense m'emporter.

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