Chapitre 4- Entre Prison et Liberté
Les jours passent et le souvenir de Camille demeure ineffaçable dans mon esprit tel une maladie dévorant un corps sain. Chaque instant de ma vie me la rappelle du ciel à la terre, du jour à la nuit. Je suis le prisonnier de l'amour que l'on m'a toujours vanté si doux et si tendre. Même ma mère qui ne me reconnaît plus, ne sait que faire... Mais à qui puis-je parler de cet amour utopique ? Elle est riche et moi vaux-rien, un musicien à la recherche de sa gloire.
- Victor ? m'appelle soudainement une voix masculine alors que je marche à travers la campagne.
- Raphaël ? Que fais-tu ici ? je demande au jeune homme devant moi se trouvant être mon meilleur ami venu travailler en France avec sa famille depuis de nombreuses années.
- Je rejoignais mes terres, j'étais à la ville pour vendre quelques bêtes de l'élevage de mon père, m'explique-t-il en me montrant trois vaches brunes marchant à ses côtés.
- Oh je vois. Accompagne moi donc, j'y allais aussi ! je propose, enthousiaste.
- Victor..., m'appelle-t-il en rompant le silence installé entre nous depuis plusieurs minutes.
- Que veux-tu ? je lui demande, intrigué par le ton qu'a prit sa voix.
- Je connais ce regard Victor, commence mon ami inquiet. Tu as encore joué les Don Juan, n'est-ce pas ? ajoute-t-il en prenant ensuite un air amusé.
- Je n'ai rien à te dire, je me détourne de lui.
- Ah oui ? me demande-t-il sachant très bien que le mensonge guide mes lèvres.
- Très bien tu as gagné, je me détourne. Mais je t'en supplies, ne dis rien !
- Je ne dirais rien. Tu as ma parole, m'assure mon ami d'enfance la main gauche levée devant lui comme pour jurer.
- J'aime la fille de Madame Saint-Clair, je lui avoue en regardant l'horizon.
- La fille de ta logeuse ? Mais enfin c'est une bourgeoise, tu te rends compte ! Renonces à ta folie je t'en prie, me supplie mon ami affolé.
- Justement, elle me rend fou, Raphaël ! Je n'ai qu'elle en tête, nuit et jour à chaque heure ! Je suis son pantin, sa marionnette, j'explique.
- Vaut-elle le prix de ta vie, mon ami ? me demande Raphaël, l'œil suspicieux.
- Qu'as-tu en tête, dis moi ? Je connais ce regard chez toi, tu envisages quelque chose.
Nous dissimulant à l'ombre d'un Chêne, je l'entends murmurer de manière plus insistante à nouveau sa question à mon oreille :
- Vaut-elle le prix de ta vie, Victor ?
- Oui, Raphaël. Oui, je donnerais ma vie pour elle ! je réponds certain. Elle est d'une gentillesse et d'une innocence rare pour une femme de son rang et c'est pour ça que je l'aime, vois-tu ?
- Je comprends, mon ami et c'est pour ça que tu dois vivre pour elle et être victorieux, m'encourage mon ami les yeux brillants me surprenant. Lui qui avait toujours été raisonnable m'encourage à présent à commettre un acte de folie : suivre mon cœur même si celui-ci bat pour une jeune bourgeoise.
- Mais... Tu n'y penses pas, tu me disais qu'elle était le Diable en personne ?
- Victor... Tu as la chance de pouvoir devenir un homme libéré des chaînes de notre société alors cours, fuis cette prison ! me crit-il en me serrant vivement les poignets.
- Oh toi, tu as terminé de rendre fou un homme déjà atteint par la folie, je le félicite avec ironie.
Quittant notre cachette nous reprenons notre chemin en direction de la ville, mon cœur se confit alors à mon ami d'enfance comme à un frère. Chacun de mes mots semblent comme de multiples clés ouvrant chaque cellule dans laquelle mon corps s'est enfermé.
- Ne laisses personne, tu m'entends, personne guider cette vie qui est la tienne. Tu es le seul maître de tes actes ne l'oublies jamais, insiste-t-il alors que le silence s'est à nouveau installé entre nous.
- Merci, Raphaël. Fais attention à toi mon ami, je le salue avant de continuer mon errance à travers Paris.
- Je t'en prie, voyons. Ne t'inquiètes pas, toi méfies toi oui, me dit-il avec une impression de confiance envers mon futur.
De nouveau seul, j'avance aux travers des rues emplies de vie tandis que mon cœur vide se laisse aller une fois de plus au souvenir de ma bien-aimée, sa peau de marbre, ses cheveux d'or et ses robes fouettant le vent lors des promenades. Que dois-je donc faire pour être celui qui lui jurerait fidélité et qui la protégerait des blessures de la vie ? N'ai-je pas moi aussi droit à l'amour, le droit de devenir sa terre promise ?
Alors que je marche l'esprit égaré dans mes pensées, mon épaule heurte une autre épaule alors que dans mes bras s'effondre celle à qui appartient celle-ci.
- Monsieur, je suis désolée ! s'excuse la jeune femme en question. Vous ai-je... Monsieur de Ville-Dieu ! me reconnaît-elle tandis que je la reconnais à mon tour.
- Appelez-moi Victor, je lui propose en lui adressant un sourire avant de lui proposer mon aide pour se relever. Que faîtes-vous ici à pied ? je lui demande, surpris. Et qui plus est, seule ?
- Je me promène comme vous, Monsieur ! feint-elle de se fâcher.
- Me permettriez-vous de vous proposer mon bras, Camille ? je lui propose en joignant à mon geste un sourire.
- Ainsi proposé, je ne dirais point non, me sourit-elle.
- Vous m'en voyez ravi, je souris à mon tour en lui tendant mon bras.
Ainsi marchons nous au milieu des regards fascinés des gens du peuple ignorant que nulles alliances ne cernent nos doigts mais aussi des regards violents des gens de la Haute-Société connaissant Camille et ma seule réputation de musicien encore amateur.
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