Chapitre 2- Introduction

Le lendemain, mère et moi sommes invités dans l'un des salons de Madame Saint-Clair, notre logeuse, nous accueillant avec ravissement.  

- Madame de Ville-Dieu, jeune homme, nous accueille-t-elle. 

- Madame Saint-Clair, la remercions-nous pour son accueil par une légère révérence. 

- Entrez, nous serions ravis de vous entendre jouer, me dit-elle en m'invitant ainsi que ma mère à pénétrer dans sa demeure. 

- Avec plaisir, madame. 

Entrés dans le salon, mère et moi-même observons la pièce richement décorée : un tapis rose pâle décoré de multiples dessins blancs au sol, deux grands chandeliers étincelants, des dorures éblouissantes, des murs immaculés agrémentés de peintures emplies de couleurs représentant des scènes de chasses et divers paysages. Tant de choses contrastant avec le piano à queue de couleur noir installé dans l'un des coins de la pièce et destiné aux différents musiciens présents en ce jour. Aussi large qu'une grande rue, nous voyons la pièce remplie de personnes vêtues de riches vêtements tous plus merveilleux les uns que les autres, de ceux des hommes à ceux des femmes. 

Je m'assois alors au piano sous chacun de ces regards encourageants ou bien au contraire méprisants lancés par les différents invités de ma logeuse avant de commencer à jouer la Sonate Numéro 16 de Wolfgang Amadeus Mozart en DO Majeur. Tandis que mes doigts passent d'une touche à l'autre, la musique m'emporte en me permettant d'oublier un instant le monde autour de moi. Alors que je relève la tête, j'aperçois une jeune femme aux longs cheveux blonds et aux yeux bruns me souriant. Après avoir joué la dernière note, quelques applaudissements fusent dont les plus forts provenant de la fameuse jeune femme s'étant rapprochée un peu plus de moi. 

- Bonjour, je la salue. 

- Bonjour, me sourit-elle. 

Je m'approche et m'assois à côté d'elle. Ses yeux brun foncés tels l'écorce des arbres plongent alors  dans les miens tandis que je sens mes joues virées au rouge. Je détourne les yeux afin de les fixer plutôt sur la salle à la recherche d'un sujet de conversation. 

- Le Duc de Mittford est revenu victorieux d'une campagne militaire, le saviez-vous ?  

Je me maudis en réalisant ce que je viens de dire avant d'entendre mon interlocutrice rire de ma bêtise en masquant ses lèvres de sa main afin de camoufler son amusement. 

- Oui, j'ai entendu cela, me dit-elle en souriant avant de tourner son regard en direction du marquis parmi les invités tout en ramenant l'une des mèches de ses longs cheveux blonds derrière son oreille. 

Tout en continuant à discuter de choses dérisoires, nous venons à nous présenter, elle comme la fille de ma logeuse et moi l'un des deux habitants de la maison de campagne de celle-ci avant de nous retrouver soudainement interrompus. 

- Camille, que faîtes-vous avec ce jeune musicien ? lui demande froidement un jeune homme aux cheveux plus sombres que les miens tandis que je demeure silencieux afin de laisser ma nouvelle amie et son interlocuteur s'entretenir ensemble. 

- Charles, ce « jeune musicien » est le locataire de ma mère dans notre maison de campagne, lui explique Mademoiselle Saint-Clair.

- Oh... Permettez-moi de me présenter : Charles de Vigny, compositeur à la cour de sa Majesté Louis XVI, se présente-t-il à moi en plongeant son regard dans le mien avec un air fier. 

- Victor de Ville-Dieu, Monsieur. Madame, vous a déjà présenté ma personne pour ce qui est du reste, je lui réponds non sans une pointe d'ironie en me ressaisissant. 

Pendant quelques instants, où le silence semble nous engouffrer lui et moi, Charles me regarde sans comprendre mon attitude avant que son regard étonné ne se transforme du tout au tout. Ses yeux bruns clairs se sont teintés d'un noir intense tandis que celui-ci me détaille de toute son arrogance. Me hait-il déjà ? je me surprends à penser soudainement. Nous voilà à faire connaissance et me voilà déjà aux yeux de l'unes de mes premières connaissances comme une simple immondice au sein des rues de Paris. 

- Ce fut un plaisir Monsieur, ma femme et moi devons nous absenter, rompt-il le silence en prenant un ton amer avant de tendre sa main à la jeune femme qui ne cesse de me regarder comme irrésistiblement attirée.

- Je vous en prie. Monsieur, Madame, je les salue en partie abasourdi par la beauté et la douceur de celle dont je viens de faire la connaissance et qui porte en réalité le nom de Madame de Vigny, avant de les quitter pour rejoindre ma mère, Madame Saint-Clair ainsi que plusieurs invités à qui celles-ci désiraient me présenter. 

Sur le chemin du retour, mon cœur ne cesse de penser à la fille de ma logeuse. Quelle est ce sentiment que son regard a fait naître en moi ? Dans quel jeu dangereux ai-je pris la décision de me lancer ? 

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