Aix-Les-Bains, France

Point de vue de Aileen.

Je referme la porte derrière nous, mais en laissant une légère ouverture afin de pouvoir repartir plus tard. Même si on peut activer le système de l'intérieur.

Kyle grimpe déjà les marches de l'escalier, je prends mon smartphone dans la poche arrière de mon jean et active la lampe-torche, je rejoins rapidement Kyle.

"-On va trouver quoi là-haut à ton avis, demandais-je alors qu'on venait d'arriver devant la trappe."

"-Des babioles, surement, sourit-il."

Il me conseille de descendre deux ou trois marches, il enfonce son épaule dans la trappe en bois, le cadenas qui retenait le verrou cède automatiquement après.

"-c'est vieux comme le monde ce truc, soufflais-je, même avant qu'ils emménagent ici y'avait des tonnes d'affaires oubliées."

"-il serait peut-être temps de les découvrir, lance Kyle avec un clin d'œil, mademoiselle, je vous en prie."

Il dirige sa main vers l'ouverture et l'autre vers moi, il m'aide à grimper l'échelle et je fais de même pour lui juste après. Je tousse, la poussière recouvre le sol de plusieurs centimètres et wow, c'est un vrai bordel ici.

Kyle sort une torche de sa poche et l'allume, les deux faisceaux lumineux scrutent globalement le grenier.

"-Y'a tellement de trucs, admis-je, on va mettre un temps fou à tout découvrir!"

"-ça va nous prendre toute la semaine, sourit Kyle, bon, on commence?"

Je me dirige vers le fond du grenier et saisis une boîte ronde, je souffle dessus et toute la poussière se retire du couvercle.

Ce qu'elle contient? Des photos de famille, une bonne centaine, elles sont en noir et blanc et vraiment abimées et l'encre s'efface, signe qu'elles datent d'au moins quatre-vingt ans.

De son côté, Kyle ne trouve surement pas grand chose au milieu de tout ces meubles.

"-regarde! m'écris-je en pointant du doigt ma droite, un ancien ordinateur!"
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"-Il ne marche surement plus, assure Kyle, mais regarde là."

Il se dirige vers moi avec un collier entre les doigts. Je découvre à la fin une chaîne avec une plaque où sont inscrits une série de chiffres et de nombres.

"-T'arrive à lire le nom? questionnais-je doucement."

"-Pas vraiment, soupire-t'il."

Au bout de plusieurs minutes d'acharnement, je remarque que rien ne va, il est rentré à la maison et pourtant, il y a quelque chose qui va pas.

"-Arrête de te bousiller les méninges, lâchais-je."

Je lui retire la plaque des mains et la fourre dans la poche arrière de mon jean.

Il soupire faisant voler quelques particules de poussières autour de nous puis, il baisse les yeux vers le parquet qui grince.

"-Kyle, soufflais-je, qu'est-ce qui ne va pas?".

Il secoue la tête, m'assurant que tout va bien.

"-Arrête ça, menaçais-je, tu ne me la feras pas à moi, tu peux mentir à tes supérieurs, à maman, à nos frères, à mamie, à tantie mais pas à moi, et tu le sais très bien."

Il s'adosse contre la table situé en face de nous et malgré la pénombre de la pièce, je reconnais deux petites gouttes d'eau perler de ses yeux.

Pour qu'il pleure devant moi, c'est qu'il y a un véritable problème.

Je m'avance vers lui et plonge ma main dans la sienne, sa chaleur l'enveloppe et des flashs backs de notre enfance apparaissent. Je me souviendrais toujours de tout ce qu'il faisait pour moi, que ce soit du simple bisou sur un genou blessé, jusqu'aux bras qui te protègent des monstres cachés dans l'armoire.

Je pose ma tête sur son épaule et continue :

"-Cette fois grand frère, ce n'est pas toi qui doit me réconforter, mais moi, alors raconte moi ce qui te tourmente."

Un faible sourire peint ses lèvres rosées et il hoche la tête.

"-En combien de temps tu as pus acquérir autant de sagesse petite soeur?Questionne-t'il."

"-Assez longtemps pour savoir quand mon frère n'est pas bien, répondis-je"

Il y a un temps de silence, avant qu'il ne commence.

"-La guerre, c'est horrible, tu peux voir chaque jours tes camarades s'écrouler les uns après les autres, et quand c'est trop tard, il ne te reste que des regrets, des souvenirs et une malheureuse plaque d'identification salie par son sang, commence-t'il."

Un silence se pose, je sers ma main contre la sienne un peu plus fort et l'incite à continuer son récit.

"-Je n'ai jamais su, jusqu'à ce que tu me l'avoue, que j'étais porté disparu, et accessoirement le dernier survivant de mon escadrille, ça m'a fait un coup, car à la fin c'était moi qui avait rapporté toutes les plaques, je croyais qu'il en manquait et que j'avais seulement eu de la chance d'avoir trouvé cet hélicoptère, continue-t'il."

"-Puis je suis rentré à la maison, et là j'ai finis par partir en steak, je n'avais plus envie de jouer avec Jack, je n'avais plus envie de démonter Adam aux jeux vidéos, et je n'avais plus envie de passer tout ces moments avec toi frangine."

Je hoche doucement la tête, on éteint nos lampes-torches.

"-Enfin, on est arrivé en France, et j'ai réellement eu un coup d'air frais et je commence à peine à m'en remettre, affirme-t'il, c'est pour ça que je veux déchiffrer cette plaque, pour permettre à une famille ou une descendance d'avoir le point final de l'histoire,termine t'il"

"-ça se comprends, assurais-je, mais toi tu es fort frangin, tu dois pas te laisser abattre, tout tes camarades, ils voudraient pas que leurs morts soient vaines, ils veulent que tu te relèves et que tu continue de te battre, que ce soit sur un champ de bataille ou dans ta vie perso."

"-Merci, sourit-il, tu as raison, et toi aussi tu devrais continuer de te battre."

"-Tu connais mon avis sur Chase, Kyle, affirmais-je, je n'aurais jamais le courage."

Il se relève et allume sont portable.

"-Je suis persuadé du contraire,s'esclaffe-t'il, bon on descend, on va tous au restaurant."

Il descend les escaliers tandis que je reprends :

"-Je te crois pas! Il ne m'aime plus!"

"-ça c'est ce que tu te dis, et si c'était faux? Tu as de l'espoir autant que moi!Crie-t'il"

Je quitte le grenier peu après, après tout, je n'ai rien à perdre, si ce n'est que quelques espoirs.