➳ Chapitre 5
La journée était passée très lentement. Désormais, il ne restait plus que le cours de français avant celui d'anglais. J'essayais de suivre le cours de M. Heub, mais peine perdue ! J'étais bien trop impatiente... Comment s'appellera-t-il ? Aimera-t-elle les chats et les fleurs qu'on ne cueille pas ? Aimera-t-il la musique ? Préférera-t-elle la peinture ?
En temps normal, je suivais toujours le cours de français ; c'était de loin mon cours préféré, avec le cours de musique. Les blagues de M. Heub me faisaient rire, et ses anecdotes me passionnaient. Ses explications sur certains textes étaient tout bonnement impressionnantes ! Je croisai et décroisai successivement les jambes, en proie à la nervosité.
De plus, un autre élément venait s'ajouter à mon animosité : je me sentais observée, ce qui me mettait extrêmement mal à l'aise... J'essayais de deviner quelle personne pourrait m'observer et je finis par tourner la tête, cherchant des yeux l'origine de mon malaise... Et mes yeux croisèrent ceux de Thomas. Je me détournai, embarrassée.
Ce n'était pas la première fois que je surprenais son regard sur moi... Mais cette fois, ses pupilles me paraissaient moins sombres, plus douces et peut-être plus accueillantes.
La sonnerie retentit soudainement, interrompant le fil de mes pensées.
Je sortis de la salle avec Alice, et Thomas m'attrapa par le bras :
— J'aime bien ta coiffure, me glissa-t-il avec un sourire séducteur
— Merci, lui répondis-je, confuse.
Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. Ce n'était pas non plus la première fois qu'il me complimentait. A vrai dire, il avait commencé à me regarder et à me complimenter début octobre.
— Viens, on va être en retard, me fit remarquer Alice.
Je constatai qu'elle n'avait fait aucune remarque sur Thomas. Etonnant. Mon air lassé à chacune de ses remarques avait sans doute eu raison d'elle.
— Et, tu ne voudrais pas manquer le cours d'anglais, continua-t-elle.
Je la suivis jusqu'à la salle d'anglais tandis que mon coeur se calmait. Heureusement, nous n'étions pas en retard. Je m'installai entre Alice et Emma.
— Bonjour à tous ! Je vais vous distribuer les profils de vos correspondants que j'ai ici en main, s'exclama Mme Jones, en brandissant des feuillets.
Des cris de joie fusèrent dans la classe. Je ressentais cette excitation, cet espèce de mélange de curiosité et de confort dans l'ignorance, cette envie irrépressible de connaître la vérité tout en la craignant légèrement. Car dans un coin de ma tête trottait l'idée que je puisse ne pas m'entendre avec mon correspondant...
— Calmez-vous...
Elle nous donna les feuilles. Je regardai la mienne en me mordant la lèvre et commençai par détailler la photo : le garçon (!) avait des cheveux rouges comme le sang et des yeux vert émeraude. Je fis ensuite défiler mon regard vers le bas pour découvrir son nom : Michael Gwillem. Je lus ensuite son profil attentivement et me surpris à rire lorsque je m'aperçus qu'il voulait absolument être surnommé « Mike » en permanence... Il jouait de la basse et voulait faire de la musique son métier. Comme moi.
— Alors, comment s'appelle ton correspondant ? me questionna Emma
— Michael, mais il préfère Mike ! Et toi ?
— Le mien s'appelle John ! Regarde ! me dit-elle en me montrant sa feuille.
Il avait des yeux entre le vert et le brun avec des cheveux dorés bouclés. Elle jeta un oeil à ma feuille.
— Il est plutôt mignon, non ? observa-t-elle
— Non ! Elle va préférer MON correspondant ! lui rétorqua Alice, en me tendant sa feuille.
Je pris la feuille d'Alice et regardai la photo de son correspondant. C'est vrai qu'il était plutôt mignon. Alice me connaissait beaucoup trop bien... Il avait des cheveux blonds ébouriffés et des yeux bleus océan. Il ressemblait à un ange.
— Il s'appelle Lucas Fidelings mais préfère être surnommé Luke, lut Emma. Tiens, comme Michael ! Il joue de la guitare – comme toi Emilie ! –. Il aime aussi lire et voudrait être chanteur, continua-t-elle. Comme toi ! Tu as déjà deux points communs avec lui !
— Laisse tomber, elle préfère Thomas, chuchota Alice tandis que je rougissais, me rappelant que je n'avais jamais stipulé à quiconque qu'il m'intéressait
— Je...
— Je sais ! Je te taquine, petit pinguin ! ajouta Emma, à mon adresse.
Je lui souris les joues en feu.
— Y a-t-il des questions ? demanda Madame Jones. Non ? Bien, reprenons !
Qu'est-ce que j'avais hâte de lui envoyer un message !
🎶🎶🎶
— Tu as envoyé quoi à ton correspondant ? demandai-je à Alice, pour la énième fois
— Pour la dernière fois Lil', un truc qui me ressemble, soupira Alice en pianotant sur son téléphone
— Mais ça ne m'aide pas, soufflai-je, en effaçant mon message pour la dixième fois en une minute
Alice secoua la tête :
— Tu te prends trop la tête. Ne réfléchis pas !
— Et si ce que j'envoie paraît froid ? Ou trop neutre ?
— Aucun risque ! Envoie un truc du style « Salut, je suis Emilie, ta correspondante » et regarde ce qu'il te répondra ! C'est simple comme bonjour ! s'exclama-t-elle
J'acquiesçai et finit par lui envoyer un message simple, un peu bateau.
« Salut Mike ! Comment tu vas ! Je suis Emilie, ta correspondante... »
— Eh bien tu vois ! Ce n'était pas si dur !
J'hochai la tête.
— Ah ! s'écria Alice, Luke m'a répondu ! Et, oh, j'adore son humour ! Milie, regarde !
Je voulus me pencher sur son téléphone mais la vibration du mien m'en empêcha. Mike m'avait répondu !
« Salut Emily (mon correcteur n'aime pas ton prénom à la français, je vais donc te chercher un surnom et éviter de l'écrire). Je me porte comme un gant, et toi ? J'ai d'ailleurs une excellente nouvelle pour toi qui va t'étonner au plus haut point : c'est moi ton correspondant ! »
Vite, je m'empressai de lui répondre :
« Depuis que j'ai reçu ton profil, je suis d'excellente humeur ! »
« Je n'ai pas encore reçu ton profil, je n'ai français que dans 5 longues heures de cours, heureusement séparées par le repas ! »
🎶🎶🎶
« C'est trop génial ! Luke est mon meilleur ami et c'est le correspondant de ta coloc' ! »
« Ça tombe à pic ! »
« J'ai lu que tu aimais la musique et que tu jouais de la guitare, c'est super !
Tu en joues depuis combien de temps ? »
« Depuis mes 7 ans ! Et toi, pour la basse ? »
« Depuis que j'ai 8 ans ! »
« Si ce n'est pas trop indiscret, je trouve que ton nom de famille est à consonance anglophone, tu as des origines britanniques, peut-être ? »
« Américaines, en réalité. Mon père vient de Seattle. »
« Ah, la cité Émeraude ! »
« Rainy city, oui ! »
🎶🎶🎶
« Salut ! Je suis Luke, le correspondant d'Alice. Je me suis dit que ce serait sympa qu'on se connaisse déjà un peu, étant donné qu'on se verra souvent ! »
🎶🎶🎶
Encore une semaine. Je flottais sur un petit nuage, tant j'étais impatiente. Mike avait l'air si gentil ! Je rangeais mes affaires après mon dernier cours de la semaine quand quelqu'un m'interpella :
— Je te raccompagne à ton studio ? me demanda Thomas
— Oui, acceptai-je.
Alice était restée toute la journée dans notre studio ; elle ne se sentait pas bien, et avait pris des médicaments sous les conseils de l'infirmière, et Antoine s'était précipité dans notre studio à l'instant même où la sonnerie avait retenti, nous laissant seuls, Thomas et moi. Je jetai un coup d'œil à mon téléphone : Mike et Luke m'avaient répondu ! Vite, je pianotai une réponse.
— Alors, tu as hâte que les correspondants arrivent, commença Thomas
— Bien sûr ! lui répondis-je
— Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûr que tu parles déjà beaucoup avec ton correspondant, Mike, c'est bien ça ?
— Oui, on s'envoie des messages dès que c'est possible. Et je parle aussi avec Luke, le correspondant d'Alice, et aussi avec John, celui d'Emma ! Ils sont vraiment gentils, j'ai hâte de les rencontrer ! m'exclamai-je, ravie
— Moi aussi, j'ai le temps long de voir Max ! Et Gaël, le correspondant d'Antoine.
— En fait, on n'est que très peu à avoir des correspondants, constatai-je
— Mais tous ceux de notre groupe en ont ; c'est l'essentiel ! Les correspondantes de Lise, Lucie et Clara s'appellent bien Jane, Caitlin et Camille ?
Je m'esclaffai :
— Non, Jane, Caitlin et Cameron ! m'exclamai-je en insistant sur le dernier prénom.
— Oui, c'est vrai qu'après réflexion, Camille est plus français qu'américain, observa-t-il le plus sérieusement possible.
Nous rîmes en même temps, et c'est en silence que nous traversâmes la cour. Je cherchais quelque chose à dire, n'importe quoi, tant ce silence me gênait, mais au risque de passer pour une idiote, je choisis de me taire. Dans les escaliers, nous croisâmes Antoine qui redescendait.
— Alice s'est endormie, nous annonça-t-il
— C'est rare de la voir calme ! commenta Thomas
— Oui, c'est vrai, admit Antoine. Je rentre, tu m'accompagnes ? questionna-t-il, à Thomas
— Non, je la raccompagne d'abord, dit-il simplement en me désignant d'un mouvement de tête
— Te serais-tu enfin décidé à te comporter comme un gentleman ? lui demanda Antoine, le regard perçant.
Thomas haussa les épaules et Antoine repartit, se forçant à cacher son sourire qui apparaissait tout de même...
Nous montâmes à l'étage suivant. Arrivés devant mon studio, je me tournai vers lui :
— Merci, tu n'étais pas obligé.
Il sourit simplement, parut hésiter un instant avant d'approcher son visage du mien. Il était maintenant très proche de moi... Les battements de mon coeur s'accélérèrent et une bouffée de chaleur m'envahit, d'abord le coeur, puis le reste de mon corps. Je sentis mes joues rougir alors qu'il s'approchait de plus en plus. Est-ce que c'était une bonne idée ? Il regarda successivement mes yeux et mes lèvres, avant d'appuyer les siennes sur les miennes. A l'instant où ses lèvres touchèrent les miennes, un frisson me parcourut. Ses mains se posèrent sur ma taille et me serrèrent contre lui. Il nous sépara doucement, me regarda une seconde avant de s'éloigner. Oh, calamity.
— A plus tard, dit-il, me laissant là, pantelante, dans le couloir devant ma porte.
J'étais encore sous le choc. Je ne m'y attendais pas... Respire. J'essayai de reprendre mes esprits, de me calmer, respirant doucement. Est-ce que j'avais bien fait de le laisser faire ? D'accord, j'en avais rêvé et, c'est vrai que je le voulais. Jamais je n'aurais cru que ça arriverait si vite ! Wow, en fait c'était génial.
— Il n'est pas celui que tu crois.
Je sursautai, me retournai et aperçus les cheveux rouges de Lise. Elle se tourna vers moi :
— Il ne te montre que ce qu'il veut que tu vois.
Sur ces mots, elle tourna les talons.
Que voulait-elle dire ? C'était déplacé de sa part, au vu de son comportement avec moi...
✧
Voilà pour ce chapitre 5 ! N'hésitez pas à me laisser un commentaire avec votre avis si le coeur vous en dit !
Pensez-vous qu'Emilie a bien fait de laisser Thomas l'embrasser ? Ou aurait-elle dû lui dire d'attendre ?
Des avis sur Mike qu'on a déjà pu apercevoir via les messages ?
À demain pour le chapitre 6 !
Honey.
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