➳ Chapitre 43

A était Anna. Tout s'expliquait et s'éclaircissait dans mon esprit. Les questions que Luke me posaient quand il voulait savoir si j'étais proche de Simon, son air nostalgique et rêveur à ma réponse, tout. Ce n'était pas sa mère qui lui remettait sa chemise correctement, mais sa sœur, comme je le faisais à Simon. La réponse me sautait aux yeux, à présent. Cela ne pouvait pas être quelqu'un d'autre que sa sœur.

Il m'avait menti, bien-sûr, quand il avait dit ne pas avoir de frère et sœur, mais je ne lui en voulais pas. Je crois que j'aurais fait la même chose que lui.

Je ne m'étais pas attendue à une telle histoire. Ne pas savoir si un être cher est mort ou vivant était pire que tout. Il ne savait même pas s'il aurait la chance de la revoir un jour.

Je regardai mon poignet sur lequel il avait accroché son bracelet. Non, pas son bracelet, celui d'Anna. Il y tenait beaucoup et me l'avait pourtant donné, en disant qu'il préférait que je le porte.

— Demain après-midi, j'irai au commissariat, déclara Luke, brisant le silence qui régnait entre nous

Nous étions tous retournés dans la salle commune après un câlin groupé à six, suivi d'un goûter à la cafétéria. Je m'étais retrouvée collée contre Luke et lui s'était retrouvé enlacé de toute part.

Serrée entre Luke et Mike sur un canapé, je repensais à tout ce que Luke nous avait confié. Pas étonnant qu'il soit perpétuellement triste et sombre.

— D'accord, acquiesça Caitlin, tu veux que je t'accompagne ? proposa-t-elle

Elle était assise entre Alice et Gaël, pour le plus grand bonheur de ce dernier – je suppose, soit pile en face de moi.

— Ce ne sera pas nécessaire, répondit Luke, Em va s'en charger. Enfin, si tu veux, ajouta-t-il, in extremis en tournant son visage vers moi

— Bien-sûr, opinai-je avec un sourire ravi qu'il s'empressa de me rendre

🎶🎶🎶

— On y va ? proposa fébrilement Luke

Depuis qu'il avait décidé de s'y rendre aujourd'hui, il était nerveux et impatient. Ce qui était compréhensif. J'hochai la tête et me levai de table.

— Bonne après-midi ! s'exclama Alice, enfin, j'espère, ajouta-t-elle, tout bas

— Ne t'inquiète pas, la rassura Caitlin

— Luke ! héla Lucie, ne la perds pas dans New-York !

Ce dernier lui adressa un grand sourire moqueur :

— Ça serait tellement drôle...

Je l'ignorai et déclarai à mes amis, en lançant un regard insistant à Alice :

— A plus !

Luke m'entraîna hors de la cafétéria sans dire un mot de plus. Nous arrivâmes dans la cours et il se décida à briser le silence qui flottait jusqu'alors. Il s'arrêta à l'entrée du bâtiment.

— Il faut que je trouve un moyen de te faire sortir du lycée avec moi, m'annonça-t-il simplement en se frottant le menton

— Tu es pourtant bien sorti sans problèmes, il y a un mois, rappelai-je

— C'est différent : la surveillante connaît mon histoire et mes parents m'ont écrit une autorisation de sortie, au début de l'année, expliqua-t-il

— Je vois, souris-je, et donc comment comptes-tu t'y prendre ? demandai-je, persuadée qu'il avait déjà une idée

— J'ai bien une idée, répondit-il, en se grattant la nuque et en se recoiffant, un peu gêné

Je lui jetai un regard interrogatif, l'incitant à continuer.

Il réfléchit un bref instant puis se reprit :

— Ça peut marcher si tu es convaincante, prévint-il, avec son sourire au coin, mais cela ne risque pas de poser de problèmes, ajouta-t-il, plus bas, une lueur moqueuse brillant dans les yeux

— Comment ça ?! fis-je, en fronçant les sourcils

— Tu comprendras, répliqua-t-il, mystérieusement, et ne t'étouffe pas, sois juste crédible et laisse-moi faire

— Quoi ?! Luke ! Donne-moi plus d'explications !

— Non, rétorqua-t-il, ça sera bien plus amusant de cette manière-là, j'ai hâte de voir ta tête, me taquina-t-il

Sur ce, il attrapa ma main et me tira dans la cours en la serrant.

Satanées hormones, râlai-je, intérieurement, en sentant mon coeur cogner plus fort et satané cœur à la noix incontrôlable ! rajoutai-je, dans ma tête.

— Bien, reprit malicieusement Luke, alors que nous étions à quelques pas de la porte, aie l'air crédible, et si tu rougis, ce sera encore mieux...

Il me sourit d'un air railleur avant d'entrer dans la petite pièce où était la surveillante, toujours en tenant ma main.

— Bonjour, la salua-t-il, avec confiance

— Oh ! Salut, Luke ! s'exclama-t-elle, en relevant la tête, comment vas-tu ? Oh, mais je vois que tu as ramené de la compagnie, commenta-t-elle en me regardant

— Bonjour, fis-je, avec moins de confiance que Luke

— Je suppose que vous voulez sortir ? Luke, tu sais que je ne peux pas laisser quelqu'un d'autre sortir, le réprimanda-t-elle

Luke serra ma main plus fort. Je devinai que j'allai connaître son idée...

— J'ai déjà laissé ta meilleure amie et ton meilleur ami sortir, il y a quelques mois, mais je les connaissais... Là, c'est différent, s'expliqua-t-elle

— Vraiment ? s'étonna-t-il, avec une pointe de déception

— Vraiment, répéta la surveillante

— Même si elle est ma petite amie ? demanda-t-il, la voix pleine d'assurance

Ses paroles eurent l'effet d'une bombe. Alors la voilà, son idée... Je sentis mes joues chauffer, et je baissai les yeux. Je n'étais plus capable de soutenir le regard de la surveillante, tant j'étais gênée. Je jetai un regard au coin à Luke et remarquai que ses joues avaient pris une teinte rosée. Tiens donc, le blondinet serait-il en train de perdre sa confiance ?

— Luke, soupira-t-elle, je sais très bien que tu essaies de trouver une bonne excuse, je te connais bien... Dis-moi juste où tu comptes l'emmener, et je te dirai oui uniquement parce que ce sont les vacances vendredi prochain.

— Là où je vais chaque mois, répondit-il, et si on va autre part, je vous préviendrai, assura-t-il

— Tu as intérêt, rétorqua-t-elle, suivez-moi, je vous ouvre

   Nous la suivîmes jusqu'à la grande porte d'entrée aux grilles sombres et nous sortîmes de l'établissement.

— Je veux que vous soyez rentrés avant dix-sept heures précise, sinon gare à vous ! menaça-t-elle

— On sera rentré, affirma Luke, avant de me tirer dans une rue adjacente.

Un sourire victorieux étirait ses lèvres.

— Alors, aimes-tu mon idée ? demanda-t-il, malicieusement

— Tu as fait exprès ! m'exclamai-je

— Peut-être que oui, peut-être que non, répondit-il, en tout cas ça a plutôt bien marché ! Tu es douée pour improviser !

— Je n'ai rien improvisé du tout, grommelai-je

— J'en conclus que ça t'a plu, répliqua-t-il avec un sourire au coin

Je ne répondis pas et continuai de le suivre à travers les rues de New-York, dévorant des yeux tout ce que je voyais.

— Ne te cogne pas encore contre un lampadaire, cette fois ! me prévint Luke

— Je fais attention ! protestai-je

— Je te parie une glace que tu te cogneras contre quelque chose avant qu'on arrive, s'esclaffa-t-il

— Tenu ! m'écriai-je en lui serrant la main

— Je vais gagner, me railla-t-il, sûr de lui

— Ne sois pas si confiant, répliquai-je

— J'ai mes raisons, se défendit-il, regarde, fit-il en me tirant d'un coup sec

— Aïe !

Je venais de me cogner contre son épaule.

— Tu vois ?! Tu te cognes même contre moi ! s'exclama-t-il

— Tu fais exprès, Lucas...

Il haussa les épaules en riant.

— On verra qui gagnera, commenta-t-il, moqueur

  Nous traversâmes encore quelques rues, sans qu'aucun de nous deux n'ouvre la bouche, et nous arrivâmes dans une rue parallèle à Central Park, selon Luke.

— C'est au bout de la rue, indiqua Luke, en désignant la devanture du dernier bâtiment

J'hochai la tête et pour le faire sourire, je ne pus m'empêcher de rajouter :

— Je vais gagner notre pari !

— Oh, vraiment ? s'étonna-t-il, d'un air joueur

— Vraiment, affirmai-je, je ne suis pas si maladroite !

Il secoua la tête et m'entraîna à travers la rue grise, sous le brouhaha du trafic et des new-yorkais, en souriant légèrement. À quelques pas du commissariat, il me tira vers lui, toujours avec son léger sourire et posa sa main sur mon épaule. Surprise, je lui jetai un regard interrogatif et il me répondit par un haussement d'épaules non-chaland, pour finalement me donner un coup de hanches pour que mon bras rencontre le mur d'une boutique de souvenirs...

— Aïe ! me plaignis-je, en frottant mon coude douloureux

Il se pencha vers moi, en souriant de toutes ses dents :

— Je t'avais prédit que je gagnerai, susurra-t-il, moqueur

— Tu as triché, grognai-je

— Je ne vois absolument pas ce que tu veux dire. Ton bras voulait juste saluer le mur de cette boutique, c'est tout.

— Et je peux savoir pourquoi ? répliquai-je, entrant dans son jeu

— Le coup de foudre, que veux-tu ! Tu ne peux pas t'y opposer. Mais, de toute façon, cela n'ira pas plus loin : le mur a repoussé ton bras. Il a le cœur brisé et il...

— Tu t'enfonces, l'interrompis-je

— D'accord, capitula-t-il, j'arrête. Mais, j'ai gagné une glace ! ajouta-t-il, en riant

— Si tu veux, soupirai-je

— Je ne t'ai pas poussée trop fort, au moins ?!

— Tu aurais peut-être dû y penser avant, tu ne crois pas ?! répliquai-je, sarcastiquement

— Oh, je vois, tu veux un bisou magique ? demanda-t-il, avec une moue enfantine

— Non merci, je pense pouvoir m'en passer...

— Comme tu veux ; si tu changes d'avis je peux-...

— Stop, coupai-je

— J'arrête. On est arrivé, m'annonça-t-il.

En effet, nous étions devant un grand bâtiment grisâtre d'allure ancienne, aux larges vitres qui laissaient transparaître l'intérieur. Une grande porte transparente, elle aussi, se dressait devant nous. Sur la devanture, les mots « commissariat de police » y étaient gravés.

Je sentis Luke se crisper à côté de moi. Il regardait le commissariat, l'air singulièrement angoissé, le regard à la fois résolu et vaincu.

— Ça va ? m'inquiétai-je

— Oui, je suis juste un peu anxieux. J'ai peur d'apprendre de mauvaises nouvelles, comme à chaque fois, m'expliqua-t-il, tendu

— Ça va aller, le rassurai-je, tu n'es pas tout seul. Et puis, tu auras peut-être une bonne nouvelle.

— C'est gentil, répondit-il, mais il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.

À ces mots, il ouvrit la porte d'un coup sec, s'effaça pour me laisser entrer et la referma. Je le suivis, marchant sur la moquette noirâtre, et regardai autour de moi. Les murs étaient beige pâle et quelques photographies de New-York les décoraient. Quelques personnes patientaient sur des sièges en lisant des revues. Un silence pesant régnait dans la pièce, et je ne m'y sentais pas à mon aise.

— Ils attendent les personnes qui sont en garde-à-vue, chuchota Luke

J'acquiesçai, le remerciant par un sourire.

Luke se dirigea vers le comptoir en bois clair au fond de la pièce, derrière lequel se dessinait un long couloir blanc aux multiples portes, qui me fit songer à un labyrinthe. Une secrétaire d'une trentaine d'années aux cheveux blonds coupés au menton s'y tenait, le nez dans la paperasse.

Luke et moi échangeâmes un regard – le sien légèrement inquiet, le mien rassurant –.

— Bonjour, la héla timidement Luke

La secrétaire releva la tête et sourit en voyant Luke.

— Bonjour, Luke, comment vas-tu ?

— Ça peut aller, répondit-il en jouant nerveusement avec ses doigts posés sur le comptoir

— Bonjour, la saluai-je poliment, alors que mon regard croisait celui de la secrétaire qui m'adressa un sourire chaleureux que je lui rendis

Elle pris le dossier sur lequel il était inscrit « Anna Fidelings ».

— Vous... Vous avez du nouveau ? questionna Luke, avec espoir

Elle secoua négativement la tête.

— Je suis désolée, Luke. Nous n'avons aucune piste.

Il baissa la tête, déçu.

— Cela va faire trois ans, en septembre, et nous n'avons toujours rien trouvé. Je suis sincèrement désolée. Il faut aussi que tu te prépares à l'éventualité proche que nous classions l'affaire. Nous n'aurons peut-être jamais la réponse.

Je lui pris doucement la main et lui caressai délicatement le pouce. Il la serra si fort que ses jointures blanchirent légèrement.

— Néanmoins, reprit doucement la secrétaire, un petit garçon du même âge que ta petite sœur a disparu aussi mystérieusement qu'elle il y a deux semaines. Le shérif pense qu'il y a un lien, donc cette éventualité est sûrement loin. Nous ferons notre possible.

Il hocha simplement la tête, abattu, et desserra son emprise sur la main sans pour autant la lâcher.

— Il y a peut-être un espoir, Luke, murmurai-je

La secrétaire me sourit affectueusement :

— Il y a toujours de l'espoir.

— Merci, lui souffla Luke

— Passez une bonne après-midi ! Et ne te laisse pas abattre, Luke, ajouta-t-elle, avec douceur

Il hocha la tête, lui sourit et me traîna par la main en dehors du bâtiment, silencieux.

— N'espère pas me faire croire que le sourire que tu viens de faire était franc, déclarai-je, quand nous fûmes à l'extérieur, avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche

— Ça m'énerve que tu puisses lire en moi comme dans un livre ouvert, soupira-t-il, j'imagine que je ne peux rien te cacher...

— Ton sourire faux se voyait à des kilomètres, rétorquai-je

— Je sais, souffla-t-il, je n'arrive plus à être crédible et à ne rien laisser transparaître.

— Eh bien, n'essaye plus et laisse tout transparaître.

— J'ai déjà commencé, répondit-il en souriant, et je dois admettre que c'est agréable, m'avoua-t-il

De la déception se lisait dans ses tristes prunelles, malgré qu'il essayât de faire bonne figure devant moi.

— Tu dois te changer les idées, décrétai-je, ça ne pourra te faire que du bien !

J'étais décidée à lui redonner le sourire, et pour cela, rien n'était mieux que d'aller manger une glace – lui qui s'était arrangé pour gagner notre pari – et de discuter de tout et de rien.

— Viens avec moi, déclarai-je en lui prenant le bras, on va aller manger une glace !

   Je commençai à marcher dans la rue aux immeubles imposants avant de me rendre compte que je ne connaissais pas New-York et que j'étais incapable de m'orienter. Je m'arrêtai d'un coup, en plein milieu du trottoir et me tournai vers Luke, qui me fixait de manière moqueuse. Ses lèvres rosées avaient dessiné son fameux sourire au coin.

— Alors, tu t'es rendue compte que tu ne savais pas où aller et que sans moi tu étais perdue ? clama-t-il

— Tu redeviens toi-même, soupirai-je

— Viens, dit-il en prenant ma main avec un sourire chaleureux, je connais un très bon glacier pas très loin d'ici.

Nous marchâmes quelques minutes et traversâmes deux autres rues avant d'arriver devant une petite boutique qui proposait des tas de parfums de glace. Une fois nos glaces payées, nous décidâmes de profiter du temps qui nous restait en rentrant à Saint-Mathew à pied, en faisant un gros détour pour pouvoir nous promener dans New-York.

— Si je m'écoutais, je passerais mon temps à parler d'Anna, commença-t-il, doucement

— Eh bien, parle d'elle alors, répondis-je avec franchise. A ce propos, avec ce que tu nous as dit hier, j'ai pu faire quelques déductions, annonçai-je

— Je t'écoute.

Titanic est son film préféré, débutai-je

— Tout juste, confirma-t-il, je n'ai pas compté le nombre de fois que j'aie regardé ce film avec elle. Et parfois même avec Caitlin et Mike. Anna pleurait à chaque fois, et je devais toujours la réconforter. Par contre, il y avait quelques scènes gênantes que je ne voulais pas qu'elle voie, mais Mike disait que cela lui apprenait la vie. Et elle ne voulait pas comprendre pourquoi Jack ne pouvait pas rester sur la planche avec Rose. Elle disait qu'ils auraient dû alterner. Et qu'elle ne comprenait pas ce qu'ils faisaient dans la voiture...

— Ne me dis pas que tu l'as traumatisée en lui expliquant avec des détails

— Non, je lui répondais qu'elle était bien trop jeune tandis que Mike déclamait la fameuse phrase « quand deux personnes sont attirées... » et que Caitlin lui bouchait les oreilles. C'était extrêmement drôle ! Quelle est ta prochaine déduction ?

Imagine est sa chanson préférée, continuai-je

— Oui, acquiesça Luke, Anna aime beaucoup rêver. Et elle aime l'idylle que raconte la chanson. L'idée qu'un monde comme celui décrit par les paroles puisse exister lui plaisait. Elle disait que s'il n'existait pas, elle le créerait.

— C'est tellement beau de penser de cette manière, murmurai-je

— Oh ça oui, ses pensées étaient merveilleuses. As-tu une autre déduction ?

— C'est la dernière : la lettre A dans The Clam, votre ancien nom de groupe, est un hommage, une manière de se souvenir. Une manière de dire qu'elle est à vos côtés même si vous ne la voyez pas, qu'elle est toujours là.

— Tout bon. Je n'ai rien à ajouter, tu as tout dit.

— Par contre, dis-je en fronçant les sourcils, Thomas et Lise étaient au courant pour Anna, et je ne sais pas comment ils ont pu deviner.

Luke s'arrêta net, surpris :

— Quoi ? Tu en es sûre ?

J'hochai la tête, étonnée par sa réaction. Je pensais qu'il pouvait m'éclairer là-dessus, mais il ne semblait pas en savoir davantage que moi.

— Je crois que je sais, énonça-t-il, pensif

Je lui jetai un regard interrogateur.

— Cameron, dit-il, simplement

— Comment ça ? fis-je

— Elle est la correspondante de Lise, expliqua-t-il, et elle était dans mon collège, dans ma classe qui plus est. Comme tu t'en doutes, quand... c'est arrivé, tout le monde l'a su et ça a fait le tour de l'école. Elle a dû le raconter à Lise qui l'a répété à Thomas.

— J'avais émis cette hypothèse, déclarai-je, mais elle m'avait paru peu probable sur le moment.

— Tu avais émis des hypothèses à mon sujet ? s'étonna-t-il

— Oui, avec Alice. On voulait tellement comprendre ce qui te dévastait autant et te réconforter. On y réfléchissait souvent, très souvent, avouai-je, un peu confusément. Désolée. Dès le début, tu nous as intriguées.

— Ne t'excuse pas. Mike n'a pas été très discret. Je ne savais pas que je vous intriguais autant, surtout toi, répondit-il, en passant une main dans ses cheveux clairs, ce qui est étonnant, poursuivit-il, c'est que Caitlin, Mike et Gaël n'aient pas vendu la mèche.

— Chacun d'entre eux m'a fait comprendre que c'était à toi de me le dire. J'imagine qu'ils ne voulaient pas nous en parler sans ton accord, supposai-je

— Sûrement. À ce sujet, que penses-tu de Gaël ?

— C'est un bon ami, même s'il est jaloux de toi et impulsif, déclarai-je

— Il aime Caitlin, et c'est réciproque. On aurait pu éviter de se disputer, lui et moi. Il aurait dû venir me voir et m'en parler, j'aurais compris.

— C'est ce qu'Alice et moi lui avions conseillé de faire, mais il avait refusé.

— Quoi ? Vous lui aviez dit de venir me voir ?

— Oui, nous voulions éviter une éventuelle dispute en toi et lui, mais c'était inévitable.

— Vous vous inquiétiez à ce point ? questionna-t-il, frappé d'étonnement

— Bien-sûr, Luke, tu es notre ami, c'est normal qu'on s'inquiète pour toi et qu'on cherche à te réconforter. Gaël ne pensait pas tout ce qu'il a pu te dire hier, c'était sous le joug de la colère. Je suis certaine qu'il regrette ses paroles.

— Je le sais aussi. Je regrette aussi les miennes, mais elles m'ont tellement libéré que j'aie honte de les regretter.

— Tu regrettes tout ce que tu as dit ?

— Non, seulement les mots que j'aie prononcés avant de sortir de la salle commune, quand j'étais très en colère.

— Je vois...

— En tout cas, poursuivit-il en riant, je n'ai pas intérêt à dire à Gaël que j'aie embrassé Caitlin !

Je m'arrêtai net, surprise, alors que lui continuait de rire

— Quoi ?

— J'ai embrassé Caitlin, répéta-t-il, mais rassure-toi, ce n'était pas parce que j'étais amoureux.

Je le regardai sans comprendre, mal à l'aise et attristée.

— Mon premier baiser, expliqua-t-il, je ne savais pas comment m'y prendre pour embrasser une fille, alors elle m'a montré. Et j'ai été aussi doué qu'une machine à laver... Elle en garde un très mauvais souvenir.

— Sérieusement ?

Il hocha la tête en riant à moitié :

— Je ne voulais pas avoir l'air trop nul. Au moins, je savais comment m'y prendre..., fit-il en plissant les yeux

— Effectivement, évite de le dire à Gaël, il risque de ne pas apprécier.

« Et moi non plus » pensai-je

— Je n'aurais pas besoin d'en arriver là pour qu'il ait le courage de lui avouer ses sentiments. Je te pronostique qu'ils sont ensemble avant demain.

— Aussi rapidement ?

— Il ne perdra pas de temps, tu peux me croire. Il a déjà attendu neuf mois, c'est entièrement suffisant, blagua-t-il, et Caitlin n'osera jamais aller le voir la première. C'est beau de former des couples ! commenta-t-il

— Il faut qu'on s'occupe d'Emma et de John, lui fis-je remarquer

— Tu as raison, ils prennent trop de temps ! Ils sont tout le temps ensemble, presque jamais avec nous, et aucun d'eux n'a été capable de faire comprendre à l'autre que c'était réciproque...

Alors que cela fait depuis novembre, terminai-je

— Oui, John nous bassine depuis longtemps, confirma Luke, et Emma ?

— Elle n'a pas besoin de le dire pour qu'on le sache... On a tous deviné.

Il hocha la tête :

— Ils sont assez grands pour se débrouiller tous seuls.

J'acquiesçai et me remis à marcher.

— Tu crois que si je laisse échapper, malgré moi bien entendu, que John aime Emma devant eux deux, je ne vais pas me faire frapper ? questionna innocemment Luke

— Non, ton visage angélique se rapprochera juste du sol démoniaque, rien de plus, ironisai-je

— Angélique ? répéta-t-il, en s'arrêtant, tandis que je prenais conscience de ce que je venais de dire et que je rougissais un peu

— Tu as les cheveux blonds et les yeux bleus, me justifiai-je, maladroitement, me stoppant devant lui de quelques pas

— Je crois plutôt..., commença-t-il, en se rapprochant

— Que..., continua-t-il, en en enlaçant ma taille par derrière

Il enfouit son visage dans mon cou et je frissonnai légèrement, le coeur ardent, les mains tremblotantes et les joues empourprées.

— Je te fais de l'effet, chuchota-t-il à mon oreille, en écartant quelques mèches de mes cheveux

Ses lèvres déposèrent un doux baiser au coin des miennes, et je fermai les yeux.

— Je tiens à toi, murmura-t-il, en se reculant

— De la même manière qu'à Anna et Caitlin, compris-je, troublée

— Peut-être un peu plus.

Hello ! Ne me tuez pas pour cette fin, s'il vous plaît ! Il faut bien que je vous laisse encore mariner un peu... non ?

Que pensez-vous de ce chapitre qui est l'avant-dernier ? Un cookie en attendant la suite ? 🍪

Merci de m'avoir suivie jusqu'ici 🖤
A demain pour le dernier chapitre !

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