➳ Chapitre 30
— Prêtes ? cria Alice
— Oui ! hurlâmes-nous
— On y va !
Et je m'élançai à toute jambe derrière Alice sous la pluie battante, quittant l'arrêt de bus, bagages en main et talonnée de près par Lucie et Emma.
Je me précipitai dans le hall de l'aéroport, trempée jusqu'aux os, malgré notre course effrénée. Le triste ciel gris et la pluie torrentielle de Paris ne me manqueront pas !
Je jetai un coup d'oeil à mes trois amies : les cheveux roux d'Emma étaient plaqués contre son visage, le mascara de Lucie avait quitté ses yeux noisette pour venir se loger le long de ses joues, et enfin; le tee-shirt blanc d'Alice devenait transparent. Je réprimai un éclat de rire : elle venait de s'en apercevoir ; elle avait croisé les bras sur sa poitrine et avait commencé à taper du pied :
— Ce sale temps à la noix ne va pas me manquer ! vociféra-t-elle. Et Antoine aura intérêt à me prêter son pull !
Cette fois, je ne pus m'empêcher de rire, tout comme Lucie et Emma. Alice nous jeta un regard noir. Nous riions encore lorsque le reste de notre petit groupe franchit les portes, quelques secondes plus tard, accompagné par une Mme Jones ruisselante.
Alice se précipita sur Antoine :
— Donne-moi ton pull ! s'égosilla-t-elle
— Je vais te le donner, ne t'énerve pas ! lui répondit-il, en lui tendant son sweat-shirt bleu électrique ; non sans avoir quelque peu rougi, ce qui déclencha quelques rires.
Mme Jones nous compta, pour « vérifier si tous les canards franglais étaient présents » puis nous distribua nos billets. Elle nous informa que nous irions nous enregistrer dans une dizaine de minutes. Je n'arrivais pas à y croire !
Dire que je ne tenais pas en place serait un euphémisme... Les dix minutes s'écoulèrent rapidement – pour mon plus grand bonheur –, et bientôt, nous nous retrouvâmes derrière les portiques de sécurité, trépignant d'impatience et excités comme des puces.
Le vol était programmé deux heures plus tard, l'attente risquait d'être très longue.
Tout le monde semblait heureux, d'Emma à Lise, en passant par Thomas et Antoine. Les rancoeurs avaient été mises de côté, et nous avions formé un grand groupe, chacun parlant à tout le monde, à toute allure, fort et en faisant de grands gestes. Certains sautillaient sur place, d'autres se contentaient d'arborer des sourires francs, et d'autres faisaient les cent pas en piaffant d'impatience.
🎶🎶🎶
Lorsqu'enfin Mme Jones nous informa que nous allions embarquer, je sautai de joie. Cela se concrétisait !
— Emmy ! On part ! cria Alice, surexcitée , en sautant, elle-aussi, sur place
— Dépêche-toi, Alice, ou on te laisse ici ! plaisanta Mme Jones, tandis que nous prenions tous nos bagages.
Elle nous guida dans un long couloir lumineux, au sol recouvert d'une moquette grise d'apparence rugueuse. Il était en forme d'arc-de-cercle, semblable à un tunnel, formé uniquement par des fenêtres.
Finalement, nous descendîmes des marches, avec uniquement nos sacs-à-dos – et ma guitare dans mon cas –, nos valises étant déjà dans la soute de l'appareil, et nous nous retrouvâmes à nouveau dehors, sous une pluie diluvienne.
Mme Jones nous emmena vers un gigantesque avion blanc, qui nous surplombait tous, tant par sa grandeur que par sa splendeur.
Nous embarquâmes, et je me retrouvai assise à côté de Clara, conformément à mon billet. J'étais du côté de l'allée, et Clara était assise entre moi et une vieille dame.
— Je n'arrive pas à me rendre compte qu'on part ! s'écria-t-elle
— Moi aussi ; j'ai tellement rêvé de ce voyage ! m'exclamai-je, en attachant ma ceinture.
Je voulais absolument arriver à New-York dans les secondes qui suivaient, mais je devais attendre un peu plus de huit heures. Huit longues heures et quinze longues minutes.
— C'est parti, murmura Clara, alors que l'avion avançai sur la piste de vol, prenant lentement de la vitesse...
🎶🎶🎶
« It's a party in the USA ! »
Comment ne pas chanter cette chanson alors que nous nous rendions aux Etats-Unis ?
Je devais admettre que « chanter » n'était pas le mot approprié ; fredonner ne l'était pas non-plus. Écouter serait plus juste : l'avion était plongé dans le silence et quelques ronflements se faisaient déjà entendre. Nous avions quitté Paris aux alentours de 9 heures, heure française. Nous arriverons donc un peu avant 11 heures 30, heure locale. Et il était seulement 6 heures 30, selon l'heure de New-York. Qu'est-ce que c'était long !
Et, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Je jetai un coup d'œil à Clara : elle s'était endormie, un sourire aux lèvres.
De là où j'étais, je ne parvenais pas à voir Alice, assise à côté de Lucie. J'étais allée les voir il y a quelques minutes. Elles non plus ne dormaient pas.
Je décidai de lancer une playlist de chansons douces. J'espérais qu'elles me permettraient de me relaxer et de m'endormir. Après tout, le temps passerait plus vite si je dormais.
Je me laissai bercer par les délicates note de piano, les voix douces, ... Et, bientôt, presque automatiquement, les bras de Morphée m'accueillirent.
🎶🎶🎶
— Emmy ! Emmy ! Emmy ! me cria Clara, en me secouant. Réveille-toi ! On va atterrir dans quelques minutes !
J'ouvris immédiatement les yeux : avais-je bien entendu ?
— Enfin ! m'écriai-je, parfaitement éveillée.
Je retirai de suite mes écouteurs, attrapai mon baladeur et fourrai le tout dans mon sac à dos, que je glissai sous mon siège. Je rattachai ma ceinture, tandis que des hauts-parleurs annonçaient dans plusieurs langues que nous allions atterrir.
L'avion amorça lentement sa descente. Nous trépignions tous d'impatience. Plus que quelques minutes et nous pourrons les revoir. L'avion frôla le sol.
— Vite, plus vite, murmura Clara.
Les roues crissèrent sur le sol, émettant un bruit plutôt désagréable. L'avion ralentit, avant de s'arrêter définitivement sur le sol new-yorkais. Enfin.
Je me détachai puis m'étirai. Je me retins de gesticuler dans tous les sens.
L'avion commençait déjà à se vider. Je récupérai mon sac et ma guitare que je portais sur mon dos. Alice se faufila jusqu'à moi :
— On est arrivé ! On est arrivé ! se réjouit-t-elle
— Est-ce que tu crois que si je le dis encore et encore, j'y croirai ? demandai-je, heureuse
— Essaie et tu verras !
Nous sortîmes de l'avion.
— Alice, on y est enfin ! On a tellement attendu ! lui criai-je, en descendant les marches
— On les voit dans quelques minutes ! hurla-t-elle, pour couvrir le bruit de l'avion.
J'hochai la tête en souriant.
Nous rejoignîmes Mme. Jones, qui nous faisait de grands signes. Une fois que nous fûmes tous là et qu'elle nous eût comptés, nous nous dirigeâmes vers l'aéroport, plus précisément dans une grande allée au sol clair et aux murs munis de fenêtres rectangulaires, laissant filtrer les rayons du soleil.
Nous passâmes à la douane. Nous franchîmes les portiques de sécurité et j'aperçus les cheveux rouges de Mike dans la foule. Luke ne devait pas être loin. Vite, je m'empressai de reprendre ma valise, m'excusant et poussant quelques personnes au passage, avant de sillonner la foule jusqu'à Mike, qui m'ouvrit ses bras dès qu'il m'aperçût.
— Emmy ! cria-t-il, en me voyant arriver
— Mike ! m'exclamai-je, en posant précipitamment mes affaires, avant de lui sauter dessus
— Tu m'as manqué ! s'écria-t-il, en m'étreignant
— Toi aussi !
Il me relâcha, un grand sourire dessiné sur ses lèvres.
— Mais, dis-moi, reprit Mike, une lueur amusée dans ses yeux émeraudes, où est donc passé le Chapelier Toqué ?
Je retins un rire.
— Sans doute avec le petit blond ! répondis-je
— Je suis juste derrière toi, rétorqua une voix grave
Je sursautai.
— J'arrive, Chaperon Rouge ! ajouta la voix d'Alice.
Je me retournai pour apercevoir Alice fondre sur Mike. Et je vis Luke. Mon coeur bondit lorsque je l'aperçus. Il arborait son sourire au coin et me fixait de son air non-chaland.
— Tu n'as pas grandi, commenta-t-il, moqueur
— Et toi, tu n'as pas perdu ton sens de l'humour, répliquai-je, amusée
Je ne savais pas quoi faire. Me jeter dans ses bras comme je brûlais de le faire ? Il s'approcha de moi et n'y tenant plus, je me précipitai sur lui.
— Hé, doucement ! Je sais que je t'ai manqué, mais ne m'étrangle pas, murmura-t-il, alors que j'en roulait mes bras autour de son cou et qu'il plaçait les siens sur ma taille, provoquant les battements frénétiques de mon coeur.
Je restai contre lui un instant, trop bref. Mes mains ne tremblaient pas, je ne bafouillais pas. Encore une fois, je me sentis stupide : pourquoi m'étais-je inquiétée ?
J'entendais sa respiration, lente et régulière. Ses doigts caressaient le bout de mes cheveux.
A contre-coeur, je finis par le relâcher, et je laissai un court instant mes yeux dériver sur lui. Il n'avait pas changé. Ses cheveux blonds étaient toujours ébouriffés et ses yeux bleus brillaient d'une joie sincère.
— Emilie ! Tu m'as oubliée ! s'écria une voix
Je me retournai pour apercevoir Caitlin. Elle non-plus n'avait pas changé. Ses longs cheveux noirs étaient attachés en une queue-de-cheval et sa frange encadrait toujours son joli visage. Lucie se tenait juste à côté d'elle, souriante. Je l'étreignis.
— Ne t'inquiète pas, Em, ce n'est pas un oubli important ! railla Luke
— Ecoute-moi bien, le Spaghetti, commença Caitlin
J'étouffai un rire
— Spaghetti ? répéta Luke. Sérieusement ? Tu n'as pas trouvé mieux ?
— Tu préférerais plutôt Asperge ? Ou Allumette ?
— Non, j'aime bien les pâtes, répondit-il, avec un sourire taquin
— Je te disais donc que tu ferais mieux d'être gentil avec moi, car je te rappelle que je possède des tas de dossiers sur toi, et que je pourrais – malencontreusement bien-entendu – glisser ces petites merveilles que sont ces photos, dans le sac d'Em, et casser ton image !
— Quoi ? Tu as encore ces photos-là ?
— Quelles photos ? demandai-je, avec curiosité
— Rien, répondit-il, immédiatement
— Celles de l'année dernière, quand la coupe de cheveux de Luke ressemblait à la forêt amazonienne !
— Arrête, j'avais la coupe emo, ce n'était pas si terrible, répliqua l'intéressé
— Ô si, renchérit-elle
— J'aimerais bien voir cela ! commentai-je, après avoir jeté un coup d'oeil à Luke, qui toisait Caitlin en affichant une moue boudeuse.
— J'en ai aussi une où il dort la bouche ouverte, ajouta-t-elle, fièrement
— Avec le filet de bave ! précisa Mike, qui avait tout écouté.
Alice et Lucie les regardaient, amusées.
— Mike ! s'exclama Luke
— Et avec des mèches roses car on lui avait fait une blague ! surenchérit sa meilleure amie
— Caitlin ! râla le concerné
— Tu devais ressembler à une Barbie, lança Alice
— Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi !
— C'est Emmy qui t'a appelé comme ça, l'autre jour ! rétorqua-t-elle, non sans m'avoir jeté un regard clamant « vengeance ! »
— Em ? Toi aussi ? Qu'est-ce que je vais faire ? se plaignit-il
— Changer de nom ? proposai-je
Il croisa les bras d'un air blasé.
— Excuse-moi, répliquai-je, en riant, tu es plutôt grand et blond aux yeux bleus ; la ressemblance est frappante !
— Mais je ne suis pas un jouet ! grimaça-t-il
— Oh, alors tu préfères être une poupée vaudou ...
— Attends que je me venge, petite poupée russe ! Ou de cire, comme tu veux !
— Une poupée de cire reste quand même plus belle qu'une Barbie, répondis-je, du tac au tac
— Mais elle fond au soleil, objecta-t-il
— Belle et majestueuse, ajoutai-je
— Serait-ce une manière de me faire comprendre que tu as compris que je t'ai fait un compliment indirect ? suggéra-t-il, en penchant légèrement la tête et en me regardant droit dans les yeux
Je me sentis rougir jusqu'aux orteils. Il venait de me prendre au dépourvu. Je cherchai quelque chose à dire mais non, rien ne venait.
Alice me sauva :
— Où est Antoine ? questionna-t-elle
— Avec Gaël, mais je crois qu'ils sont en pleine conversation, répondit Caitlin, en les observant
— Ils parlent de... commença Mike
Il fut interrompu par Mme Jones :
— Allez les jeunes, vous discuterez plus tard ! On y va !
Nous hochâmes la tête, ravis.
Je repris mon sac à dos et ma valise. J'étais sur le point de prendre ma guitare quand une main la saisit avant moi :
— Laisse, je m'en occupe. Tu as déjà suffisamment d'affaires à porter.
— Merci, Luke.
✧
Hey ! Comment allez-vous ? :)
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Content(e)s qu'Emmy soit enfin à New-York ?
Merci d'avoir lu ce chapitre ! <3 À très vite !
Honey <3
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