➳ Chapitre 17

Hey ! J'ai entendu dire que vous étiez les deux nouveaux membres de notre groupe ! s'extasia la voix enjouée de Caitlin

Je lui souris à travers l'écran de mon ordinateur.

— Oh oui, c'est merveilleux ! renchérit Alice

— Je suis contente pour vous ! s'exclama Lucie, aux anges

— Du coup, on a réfléchi à un nouveau nom pour le groupe et on... commença Mike

— Que penses-tu de Sad Joy ? coupai-je

Un sourire illumina le visage de Caitlin. Elle lança un regard étrange à Luke et me répondit :

— J'adhère ! On ne peut pas garder The Clam ! Oh, mais attendez ! Ce nom nous sied parfaitement, on peut tous s'y retrouver, c'est parfait ! détailla-t-elle, un air jovial flottant sur le visage

Encore une fois, je me demandais qui pouvait bien être A. Mais, j'étais sûre d'une seule chose : cela avait un lien avec Luke. Le regard que Caitlin lui avait lancé le confirmait.

— C'est Emmy qui a eu l'idée, lui annonça fièrement Mike

— Très bonne idée ! me complimenta-t-elle alors

Je lui souris alors, songeant à Claire. En fait, c'était elle qui, quelque part, m'avait donné l'idée. J'ignorai la douleur, bien plus terrible et lancinante que celle de Thomas, que ces souvenirs me procuraient.

Hey, DobbleKay ! la héla Luke, coupant le fil de mes pensées, on a visité la place Bellecour, la Tour Rose, la cathédrale Saint-Jean et son quartier, et la colline de Fourrière ! s'exclama-t-il en brandissant les photos qu'il avait prises.

Caitlin et Mike se sourirent, complices.

— Il devait être intenable ! ne put-elle s'empêcher de lui glisser tandis que Mike opinait fébrilement de la tête

Luke n'eut pas le temps de répondre :

— Emilie m'a emmenée chez Lush et Primark ! leur raconta Alice

Mike rit :

— C'est ce qu'elle a préféré...

Celle-ci leva les yeux au ciel :

— Pas du tout !

— Bien-sûr que si, tout le monde sait que la visite d'un magasin frivole te motive bien plus que la visite d'un respectable monument ! la taquina Luke

Alice lui tira la langue.

— Quand seuls les vieux trucs poussiéreux sont notre passion et qu'on utilise le mot « frivole », on se tait ! répliqua-t-elle

— C'est moi ou je m'exprime de manière plus distinguée que toi ? la moucha-t-il, une lueur espiègle dans le regard

🎶🎶🎶

— Simon ? questionnai-je, quelques heures plus tard, en passant ma tête dans l'ouverture de sa porte

— Oui ?

— Peux-tu nous prêter ta caméra ?

— Bien sûr ! Voyons, pas la peine de demander, sœurette !

Il s'empressa d'ouvrir un tiroir de son bureau pour en sortir le fameux appareil. Il vérifia l'espace libre, changea la carte SD et me la tendit.

— Elle s'appelle « Je reviens aux mains du meilleur frère du monde », prévint-il

— Tu veux rire ? Je t'ai toujours rendu tes affaires, protestai-je

— Pas mon jeu de DS Super Mario Bros ! s'exclama-t-il, alors que nous quittions la pièce

— Hé, j'avais 11 ans ! ne pus-je m'empêcher de lui rappeler

La dernière image que j'eus de lui avant de refermer sa porte fut sa grimace que je lui rendis. De retour dans ma chambre, je m'assis sur le canapé à côté d'Alice, avec ma guitare. Luke me rejoignit pendant que Mike s'amusait à monter le trépied et à poser la caméra dessus. Il râla plusieurs fois à cause de la lumière qui changeait tout le temps, et lorsque enfin, tout fut parfait, il leva ses deux pouce, victorieux.

   Il s'assit sur le sol, devant moi. Luke et moi étions à la guitare acoustique et au chant, Mike à la basse et au chant, et Alice juste au chant, étant donné qu'elle n'avait pas sa batterie. Nous nous étions entraînés toute l'après-midi, et déjà, la cohésion de groupe me paraissait bonne. Il y avait eu peu de mésententes et, lorsque cela avait été nécessaire, nous avions su faire des compromis. C'était vraiment dommage que Caitlin ne soit pas là !

« Hi ! We're Sad Joy and we're going to sing Hotel California ! We hope you'll enjoy ! »

     Mike nous présenta rapidement, Alice et moi. Nerveusement, mes doigts caressèrent les cordes de ma guitare. Je fermai les yeux. Seules les vibrations de nos voix et de ma guitare étaient là. Tout le reste, tout le reste avait disparu. Les sons, les notes, l'harmonie voltigeaient de nos instruments et se répandaient, çà et là. La musique vibrait en moi.

« Welcome to the Hotel California. Such a lovely place »

Je sentais que quelque chose se produisait, un peu comme la fois où j'avais rencontré ma toute première guitare. Je souriais, plongée dans la mélodie.

🎶🎶🎶

    Mike, qui s'était autoproclamé « dieu du montage », venait tout juste de mettre en ligne la vidé, et comme nous ne savions pas quoi faire et que Noël approchait à grands pas, je proposai de décorer la maison. J'avais envie que notre maison sente le pain d'épices jusqu'à en avoir la tête qui tourne !

— Simon ! Simon ! Maman ! Maman ! Que quelqu'un vienne m'aider ! criai-je en prenant une lourde pile de carton qui manqua de peu de tomber au sol et de m'entraîner dans sa chute.

— Je suis là ! fit la voix de Mike

   Il attrapa les cartons restants, me délesta de mon poids et m'interdit de soulever encore un seul carton, prétextant que c'était beaucoup trop lourd pour moi.

Je remontai dans le salon et demandai à Luke et Simon de descendre aider Mike. Ma mère, assise sur le canapé, me regardait bizarrement. J'haussai un sourcil.

— Tu as de la chance d'avoir Alice, me dit-elle, elle est bien meilleure que toutes tes autres copines que j'aie pu voir !

Je lui souris. Evidemment que j'étais chanceuse ! Elle plissa les yeux :

— Par contre, Simon m'a parlé d'un certain Thomas. Je t'interdis de lui reparler. Je devrais même lui dire deux mots et appeler ses parents. Mais je n'ai pas leur numéro. Cela aurait pu être bien plus grave que ça !

« Simon, tu ne sais pas garder un secret ! Et Alice, pourquoi le lui as-tu dit ? » pensai-je

— Ne t'inquiète pas maman, la rassurai-je, je ne lui adresserai plus la parole !

Comme je fais depuis ce fameux jour.

— Alors tant mieux.

— Regardez ce que j'ai trouvé ! s'écria Alice en revenant dans le salon les mains pleines de CD, des chants de Noël !

— Pour une fois, tu écouteras des chants de Noël au bon moment, lança ma mère, tandis que Luke, Mike et Simon remontaient, pliés en deux sous le poids des cartons. Il fallait dire que nous avions beaucoup de décorations !

— C'est parti, souffla Simon, en mettant un CD dans la chaîne hifi.

— Je vous laisse, je vais vous préparer des cookies, déclara ma mère, avant de se rendre à la cuisine.

— J'aime bien ta mère ! s'écria Mike.

   Il était dommage que mon père soit absent. Le courant entre mes amis et mes parents était extrêmement bien passé : ils adoraient voir Luke se prendre pour un tragédien et commencer à déclamer Le Cid ainsi que l'énergie de Mike et Alice. Mon père avait d'ailleurs été très étonné que Luke connaisse Corneille. Mike avait alors expliqué que Luke lisait beaucoup trop de livres... Leur bonne humeur constante et leur joie de vivre étaient contagieuses.

« All I want for Christmas is you » chantai-je en accrochant des boules au sapin.

Mike fit écho à ma voix à l'autre bout du salon, avec une voix affreusement aiguë, presque sifflante. J'ouvris un autre carton, posé au sol, rempli de guirlandes, et logeai mon visage dedans, humant ce que j'aimais appeler « l'odeur de Noël ».

— Que fais-tu ? questionna Mike, interloqué

J'allais répondre, la tête dans les guirlandes, mais Simon me devança :

— Laisse-la, il n'y a rien à comprendre... elle prend sa dose ! se moqua-t-il

— Je vois, sourit Mike.

Je ne répondis pas. Je me relevai rapidement et lançai des guirlandes sur Mike, qui se mit à rire :

— Tu veux m'enguirlander ? lança-t-il, fier de son jeu de mots.

J'haussai les sourcils, trouvant sa blague médiocre mais souriant tout de même. Puis, je regardai autour de moi. Luke et Simon accrochaient un jeu de lumières au-dessus d'une fenêtre, Alice farfouillait dans un carton et Mike essayait de se dépêtrer des guirlandes.

— Tu ressembles à un sapin de Noël, le complimentai-je

— Peut-être, mais je suis plus beau que celui-là, me rétorqua-t-il, le visage rieur en désignant le sapin vert qui trônait au centre de la pièce.

— Non, répliquai-je en lui tirant la langue, tu es un sapin de Noël en décomposition, oui !

Il prit un air affligé avant de rire.

Je retournai à mes recherches : je cherchais l'étoile qui devait être au sommet de l'arbre. Je passais de cartons en cartons ; je fouinais. Je voulais absolument l'accrocher. D'habitude, Simon se précipitait pour le faire : c'était un jeu entre nous. Mais, cette année, il ne l'avait pas fait.

Après des minutes de fouilles archéologiques, je mis enfin la main sur l'étoile. Elle n'avait pas changé. Elle était simple, dorée avec des traits de paillettes argentées. Elle renfermait de nombreux souvenirs...

Je m'approchai du sapin et tendis la main. Alors que je me mettais sur la pointe des pieds pour tenter d'atteindre la cime, une main se posa délicatement sur ma hanche, me faisant frissonner. Luke. Je tournai mon visage vers lui, tandis qu'il me prenait l'étoile des mains, la mine concentrée, et la déposai au sommet. Il me lâcha et afficha un sourire satisfait.

— Je suis sûr que tu n'as jamais pu l'accrocher, railla-t-il, moqueur.

   Je secouai négativement la tête en grimaçant, avant de retourner prendre des décorations. Cette année, Simon et moi étions tous les deux hors compétition !

   Quelques minutes plus tard, nous finissions le sapin, et nous observions la pièce, satisfaits.

— Après l'effort, le réconfort ! résonna la voix de ma mère, alors qu'elle entrait dans la pièce avec un plateau sur lequel se trouvaient des chocolats chauds et des cookies, ainsi que ... des films de Noël !

Quelques secondes plus tard, nous étions installés. Le Grinch n'avait qu'à bien se tenir !

Merci d'avoir lu ce chapitre !

À très vite !

Honey.

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