➳ Chapitre 16
Je sentis une main me secouer secouer légèrement. J'entrouvris les yeux – me demandant qui pouvais bien m'arracher à mes rêves si doux – pour apercevoir Mike assis au bord de mon lit. J'allais ouvrir la bouche pour lui demander ce qu'il lui prenait, mais il m'en empêcha en mettant sa main sur ma bouche et en plaçant son index sur ses lèvres.
— Alice et Luke dorment encore, chuchota-t-il
— Quelle heure est-il ? questionnai-je, en me frottant les yeux
— Il va être dix heures !
J'hochai la tête en bayant aux corneilles.
— As-tu un marqueur ?
— Oui, pourquoi ? murmurai-je, un peu dans les vapes
— Je veux dessiner des moustaches sur leurs visages !
— Je le fais aussi ! dis-je, à voix basse, en me levant.
J'étais, à présent, parfaitement réveillée et prête à leur faire une petite blague. À l'aide de ma lampe de poche, j'attrapai mon pot à crayons et pris deux marqueurs.
— Je m'occupe d'Alice et tu t'occupes de Luke, me souffla Mike.
J'acquiesçai et me dirigeai vers le canapé-lit.
Ma chambre était très encombrée. En tant normal, mon canapé était juste à côté de mon bureau, lui-même à côté de la fenêtre, et ne prenait pas de place. Mais, je l'avais déplié, et Simon avait transporté un lit de camp, ce qui signifiait que se rendre de mon lit au canapé était digne du parcours du combattant, surtout dans la claire obscurité.
Mike et Luke avaient, bien évidemment, pris le canapé, et Alice s'était jetée sur le lit.
Je m'en approchai doucement, et vis l'adorable bouille endormie de Luke. Son visage était détendu, ses lèvres s'étiraient en un léger sourire et ses cheveux blonds lui tombaient sur le front. J'eus presque honte de lui dessiner des moustaches pendant son sommeil...
Une fois notre « travail » accompli, Mike et moi rangeâmes mes marqueurs et nous décidâmes de les réveiller tout en douceur.
— S'ils nous demandent pourquoi on est réveillés, on prétexte qu'on meurt de faim ! glissai-je, à l'oreille de Mike.
Il hocha frénétiquement la tête, les yeux brillants.
La pièce était à moitié plongée dans l'obscurité, seuls quelques rayons de soleil filtraient à travers les volets. Il faudra éviter de les ouvrir, ne pas allumer la lumière, et faire en sorte qu'Alice ne voit pas Luke et inversement.
Je décidai de réveiller Alice, parce que j'étais sûre à mille pour-cent de rire, si je voyais de suite le visage de Luke maculé de feutre.
Alice s'éveilla lentement et s'assit, en s'étirant. Du coin de l'oeil, je vis Luke se retourner et esquiver Mike, qui le secouait brutalement. Je pensais qu'on devait les réveiller doucement.
— Qu'est-ce que vous faites debout ? demanda Alice, d'une voix un peu endormie
— On a faim, expliqua Mike
Luke se mit à rire :
— Je ne suis pas étonné !
Heureusement que la pénombre les empêchait de se voir. J'ouvris la porte de ma chambre :
— Venez !
Je fis passer Luke devant moi et l'empêchai de se tourner vers Alice. Je dus me mordre les joues pour ne pas rire en voyant leurs visages.
Simon sortit de la salle de bains au même moment :
— Bonjour, bien dormi ? nous demanda-t-il, amusé
Alice se frottait les yeux, et Luke avait les mains devant ses yeux.
Nous hochâmes la tête et continuâmes vers le salon. Mon frère nous fit un clin d'oeil, à Mike et moi.
— Je veux voir la réaction de maman, me glissa-t-il.
Je souris.
Ma mère était institutrice, c'est pourquoi elle était à la maison. Quant à mon père, il était médecin et travaillait aujourd'hui.
Quand nous entrâmes dans le salon, où nous vîmes ma mère assise devant la télévision, elle se mit à rire aux éclats, en voyant les visages de Luke et Alice décorés par des moustaches. Ces derniers, qui étaient à présent complètement éveillés, se regardèrent, étonnés, avant de se moquer l'un de l'autre :
— Alice ! Aurais-tu décidé d'essayer un nouveau style ? lança Luke, en riant
— Et toi, tu veux devenir mousquetaire ? Mexicain ? riposta-t-elle
— Je ne vois absolument pas de quoi tu parles !
C'en fut trop pour moi et Mike... nous rîmes aux éclats, fiers de nous.
— Emilie ! s'exclama Luke, en s'avançant vers moi, tu n'as pas osé ?
– C'était l'idée de Mike ! me défendis-je, en riant et en reculant
— Je vais me venger, rétorqua Luke, avant de me chatouiller.
Je ris jusqu'à en avoir mal au ventre... J'étais contre le mur, et j'avais failli tomber. Heureusement qu'il m'avait rattrapée par le bras, car sinon, j'étais sûre que je me serais blessée.
🎶🎶🎶
Cette après-midi, j'avais décidé d'emmener Alice, Mike et Luke sur la place Bellecours. Simon nous avait accompagnés.
C'était magnifique. La place était décorée de lumières de Noël. Le fait de voir les visages chaleureux des vendeurs dans les magasins, les visages émerveillés des enfants et les sourires ravis de mes amis m'emplissaient d'une douce joie ; mais aussi d'une triste mélancolie : je revoyais les Noël de mon enfance, les virées que Simon et moi faisions étant enfants. Nous aimions aller dans la Grande Roue, avec un chocolat chaud, et profiter de la vue qu'offrait le manège sur la Ville des Lumières.
Comme je regrettais cette innocence, cette candeur !
— Emmy ? Sur quelle planète es-tu ? interrogea brusquement Simon, en agitant ses doigts devant mon visage.
— Je disais donc, reprit-il, qu'on pourrait aller faire un tour !
— Avec un chocolat chaud ! m'empressai-je d'ajouter.
Simon me fit un grand sourire. Puis, il expliqua à Mike, Alice et Luke que c'était dans nos habitudes...
A présent, nous étions tous installés dans la Grande Roue. Nous étions presqu'en haut et nous avions déjà fini nos boissons.
Luke était debout, face à la vitre. Il fixait un point de l'horizon, absorbé par ses pensées. Je le rejoignis, rêveuse, et posai délicatement ma tête sur son épaule. Il eut un éclat de sourire et posa timidement sa main sur ma taille.
Bientôt, le reste de notre petit groupe nous rejoignit, et je vis Simon poser sa main sur l'épaule de Luke et sur celle de Mike. Alice était juste à côté de Simon. J'étais étonnée par le geste de ce dernier, mais ne le montrai pas. Mike s'affala à moitié sur moi.
J'avais l'impression d'être dans un rêve, car j'avais l'impression que tout était possible. J'étais avec des personnes extraordinaires, auxquelles je m'étais attachée très rapidement.
Des sapins clignotaient en face de moi. Les étoiles surplombant leur cime brillaient, tels des paillettes d'or. Je souris, en me rappelant que la maison n'était pas encore décorée pour Noël, ce qui signifiait que ce serait à nous de le faire...
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