Chapitre 15 : Bonne-Nouvelle, quatrième secret
Bernard venait de faire son entrée dans la pièce où s'étaient installés Ewen et Maggie pour débriefer de tout ce qu'ils avaient découvert jusqu'alors. Visiblement, il était bien à la recherche des détectives et fut heureux de les trouver enfin.
« —Ah ! lâcha ce dernier avec la mine grave. Vous étiez donc là !
—Oui ? l'encouragea Ewen à poursuivre. »
Le nouvel arrivant prit soin de bien refermer la porte derrière lui avant de s'avancer vers les deux détectives. Il prit une grande inspiration et se lança :
« —Je sais que j'ai l'air d'un idiot. J'ai toujours eu l'air débile à côté de ma brillante femme. Tous se sont toujours demandé ce qu'elle pouvait bien me trouver. »
Ewen et Maggie ne surent quoi répondre. C'était un discours pour le moins inattendu.
« —Mais je ne suis pas aussi bête que j'en ai l'air, poursuivit Bernard devant les têtes dubitatives de ses interlocuteurs. Et je vois des choses.
—Qu'est-ce que vous voyez ? l'incita doucement Maggie à se révéler.
—Je vois que ma fille n'est pas amoureuse de ce Norman. Elle nous a déjà présenté des petits-amis. Et cet homme n'en est pas un, encore moins son fiancé. Ma femme le sait, j'en mettrais ma main à couper. Elle est préoccupée. Évidemment, elle vient de perdre son père, donc quiconque le serait à sa place. Sauf que c'est un autre genre de préoccupation. Je ne sais pas comment mieux vous l'expliquer, mis à part vous dire que je suis marié avec elle depuis 31 ans et que je la connais par cœur.
—Qui pensez-vous que ce soit ?
—Je n'en ai aucune idée. Je ne sais même pas pourquoi ma femme et ma fille me cachent tout ça. Pourquoi ne rien me dire à moi ?
—Vous pensez que ça peut être en rapport avec votre fils ?
—Je pense que c'est complètement en rapport avec mon fils. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il a disparu pendant plusieurs mois sans nous donner aucune nouvelle. Il vient seulement de réapparaître il y a peu.
—Et vous ne vous êtes pas inquiétés de sa disparition ?
—Vous voulez rire ? Nous étions morts d'inquiétude. Comme sa petite start-up venait de couler, nous avions eu peur qu'il se soit fichu en l'air quelque part. Nous sommes allés au commissariat afin de signaler son inquiétante disparition.
« Très vite, ils nous ont rassurés en nous expliquant qu'il allait bien, mais qu'il ne souhaitait pas entrer en contact avec nous. Ça a été très difficile à accepter. Nous avons toujours essayé de le soutenir dans tout ce qu'il entreprenait, et voilà qu'il ne voulait plus nous voir. Le droit à disparaître, vous voyez ?
—Avez-vous trouvé une explication à ce comportement ?
—Sur le coup, j'ai pensé qu'il avait honte d'avoir échoué dans son entreprise et qu'il a voulu s'éloigner un temps de son entourage. Aujourd'hui, je n'en suis plus si sûr. Surtout avec tout ce qu'il vient de se passer. Pire encore, j'ai peur que son grand-père ait réussi à découvrir son secret et que Mathias ait essayé de le faire taire à jamais. »
Bernard marqua une pause emplie d'émotions avant d'ajouter :
« —J'ai une peur encore plus grande. »
Il prit une inspiration plus profonde que la précédente et lâcha :
« —J'ai peur qu'il essaie maintenant de s'en prendre à sa mère et sa sœur. Si elles ont compris quelque chose avec Norman, elles ne devraient plus être très loin de la vérité pour Mathias. Peut-être même qu'elles sont déjà au courant et que leurs heures sont comptées. S'il vous plaît, faites en sorte qu'il n'y ait pas d'autres victimes.
—On va tout faire pour, tenta de le rassurer Maggie. Merci de vous être livré à nous. »
Bernard venait de lâcher tout ce qu'il avait eu sur le cœur. Il était soulagé à présent.
« —Vous avez trouvé d'autres secrets ? questionna-t-il le ton plus léger.
—Oui, lui répondit Ewen. Mais nous préférons ne rien vous dire pour l'instant, dans l'intérêt de tous.
—Je comprends. Bon courage à vous dans la recherche des derniers. »
Sur ces mots, le vigneron quitta la pièce, laissant seuls les deux détectives plongés dans leurs réflexions. Portés par l'ambiance exotique de cette pièce atypique, ils cherchaient une explication logique pour démystifier tout ce qu'ils venaient d'apprendre.
« —Visiblement, dit Ewen en sortant peu à peu de son monde intérieur, notre prochaine piste semble être toute dirigée vers Mathias et Norman.
—J'en ai bien l'impression, lui répondit Maggie.
—Mais qu'est-ce qui peut bien lier ces deux hommes ?
—Je crois qu'on ne cherche pas à répondre à la bonne question en premier.
—Comment ça ?
—Je pense que, si on arrive à trouver ce qu'a fait Mathias pendant tout ce temps où il n'a pas donné de nouvelles à sa famille, on va pouvoir mettre la main sur le lien qui l'unit à Norman.
—Il y a un million de choses qu'il pourrait avoir faites pendant ce laps de temps.
—On va commencer par éliminer les plus évidentes.
—Qui sont ?
—Laisse-moi juste un instant. »
Maggie s'éloigna un peu de son collègue avec malice, et elle passa un coup de fil. C'est environ cinq petites minutes plus tard, après avoir remercié son interlocutrice, que la jeune femme revint vers lui.
« —Parfois, dit-elle en n'arrivant pas à dissimuler sa fierté, les évidences sont bonnes à prendre en compte.
—T'as trouvé ?!
—Oui, et je suis étonnée que tu n'y aies pas pensé toi-même.
—Comment ça ?
—Rappelle-moi quel métier tu faisais avant d'être embauché par Patron ?
—Je... »
Ewen s'arrêta net et un grand sourire prit possession de son visage.
« —Il était en prison, c'est ça ?
—C'est ça. »
Avant d'être détective, Ewen avait été surveillant pénitencier. Un passé qui lui semblait bien lointain alors que, quatre an en arrière, il était encore plongé dans ce quotidien bien moins palpitant que celui que lui avait ouvert Patron en le recrutant.
« —Je viens d'avoir Djamila au téléphone, lui expliqua Maggie après avoir passé son coup de fil à l'une de leurs collègues détective qui avait de grandes aptitudes à fouiller dans les archives en tout genre. En quelques clics elle avait l'info.
—On en sait quoi de son incarcération du coup ?
—Il y est resté dix mois. Il avait déjà un sursis de cinq, et il a pris cinq en plus. Sans parler des amendes.
—Donc ce n'était pas son coup d'essai. Les motifs ?
—Toujours le même : trafic de drogue. Il s'est servi de son entreprise comme couverture. Il bossait dans le coin, pour avoir accès aux ports de commerce. Au vu de ses antécédents, il a directement été envoyé au centre de détention de Bonne-Nouvelle, dans Rouen.
—Il s'est fait prendre comment ?
—Dénoncé par un client qu'il a essayé d'entourlouper.
—Norman ?
—J'aurais aimé. Mais non, le client en question s'est aussi fait coffrer et il y est toujours.
—Je me demande donc ce qu'a à voir Norman dans cette histoire alors.
—Moi aussi. »
Les deux détectives réfléchirent ensemble à la suite de leur enquête. Ainsi, ils décidèrent que leur journée était terminée et qu'ils reviendraient le lendemain pour cuisiner Mathias, Eugénie et Norman afin d'enfin déceler quel lien pouvait bien les unir.
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