19. Myriam

« Non ! Il n'en est pas question !

- Je vous dis que c'est dangereux de rester ici, commença le pompier. On a pour obligation de déplacer toute la population dans un espace sécurisé !

- Je ne bougerai pas ! »

Myriam ne voulait pas quitter son logement qu'elle et son mari - décédé quelques semaines auparavant - avaient construit de leur propre main. Malgré les diverses paroles du pompier, ce dernier voulut la prendre de force mais voyant la femme le frapper de toutes ses forces, il la lâcha. Il n'avait pas le droit d'obliger les autochtones à le suivre, il devait se charger de les avertir et de leur conseiller fortement de partir d'ici.

Que se passait-il ? 

Catastrophes naturelles. Plus précisément, glissements de terrains. Il y en avait eu deux la veille, à quelques kilomètres de là, et les géologues annonçaient un déplacement de terrain sur cette ville, où logeait Myriam. 

Elle avait décidé de vivre en montagne, elle savait qu'il pouvait y avoir des risques, mais cela ne lui faisait plus du tout peur. Elle voulait garder sa maison qui était le cadeau que lui avait donné son mari, un des seuls souvenirs qu'il lui avait légués. 

« Vous allez le regretter, madame, vous êtes en danger, avertit le pompier.

- Je m'en fous, laissez-moi tranquille ! Vous ne m'enlèverez pas ma maison. »

Le pompier, qui avait une dizaines d'autres maisons à avertir, la laissa donc là, culpabilisant de ne pas avoir fait assez pour la lui faire entendre raison. 

A peine Myriam avait refermé la porte de sa maison qu'une grande secousse se fit ressentir. Elle eut du mal à rester debout et se tint aux murs, essayant de garder un équilibre constant. Elle marcha doucement, en direction de la cuisine, puis regarda par la fenêtre. Devant elle, un horrible spectacle : des maisons qui bougeaient devant elle, en direction le bas de la montagne. Un écoulement de boue, d'arbres, et de maisons. Myriam pouvait entendre des voix hurler, elle fut terrifiée.

Ce sont les dernières images qu'elle vit car, en effet, à peine quelques secondes plus tard, ce fut son tour d'être ensevelie sous les décombres, sous les pierres, sous les arbres.


Myriam Kris, 1984-2016, catastrophe naturelle.

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