Après_ Chapitre 8
Bonsoir à tous !
Bon, tout d'abord je voulais m'excuser de ne pas avoir publié une nouvelle partie des Soeurs McMorrow vendredi, j'ai eu quelques soucis et du coup cette histoire est passée à la trappe juste pour cette fois. Désoléééeee :s
Je publie ce chapitre de La Mort, j'adore un jour à l'avance pour vous amadouer, je l'avoue sans honte et sans crainte ^^ Il se trouve que je pars quelques jours en vacances, donc il n'y aura PAS DE NOUVEAU CHAPITRE mercredi prochain. Ne me tuez pas, je suis une gentille fille ! Ne vous inquiétez pas, c'est juste une petite pause d'une semaine et après je reviens en force !
Je vous embrasse fort et vous souhaite une bonne lecture ♥
Et au fait... 1.1k de lectures *^* J'ai du mal à y croire, merci beaucoup ! Vous êtes les meilleurs ! Les plus gentils ! Les plus extraordinaires ! Les plus beaux ! Les plus.. ok, ok, je m'arrête là et je vous laisse lire, j'ai compris ;)
Je ne m'étais jamais rongé les ongles, mais j'imaginais qu'il y avait un début à tout. Ouais, mais si je continue ainsi je vais aussi me dévorer les phalanges... Je me demandais où était passée la vivacité légendaire de Than et son intelligence immense. Peut-être était-il périmé, que sa date de péremption était dépassée... Il me fallait sans doute me décider à le changer pour une nouvelle version améliorée, un Than 2.0. J'espère que j'ai gardé la garantie...
- Avec tout le respect que je te dois, Mickaël, cela ne te regarde pas et je ne pense pas qu'elle souhaite que tu saches ce qu'elle fait.
Je grimaçais, il invoquait sa position de divinité, évoquait ma condition d'asociale pour se tirer de là. Une dérobade bâclée et louche, donc.
Les yeux bleu d'orage et gris tempête de l'Archange s'assombrirent un instant, et je me tendis. C'était une très mauvaise idée de contrarier une telle créature surtout lorsqu'il nous manquait la force nécessaire pour lui faire face.
- Pourquoi ce Nephilim n'a pas été éliminé, Judicaël ?
Les ailes de celui-ci frémirent, signe imperceptible qu'il était agacé et peut-être bien intimidé. Jude alla se placer devant Ky qui me lança un regard éperdu. Je comprenais sa terreur, et ne lui tenais pas rigueur de la perte de ses moyens. La puissance angélique qui coulait à flot de l'Ange était à la limite du supportable, donnait envie de se jeter à ses pieds pour le supplier de nous épargner, donnait aussi envie de l'adorer. Ce n'est que maintenant que je pouvais comprendre la peur terrible que j'étais capable de semer sur mon passage, je saisissais enfin l'effet que je pouvais produire sur les plus faibles.
- Il est jeune, il est innocent. Il n'y a donc aucune raison de le tuer. Il n'est pas coupable des mêmes actes que ces prédécesseurs. -dit le Déchu.
Les sourcils de Mickaël se froncèrent, et je sus qu'il allait falloir un miracle pour que Kyrian soit épargné.
- Il ne t'appartient pas de décider de qui doit vivre ou mourir, parjure. La Vie a donné ordre que cette engeance soit décimée, et il est de mon devoir de lui obéir.
L'énergie du Premier Archange était à l'image de l'humide lourdeur d'un climat tropical, cet air moite et irrespirable qui pesait sur la poitrine comme une chape de plomb. Sa peau cuivrée prit un aspect plus métallique sous l'afflux de pouvoir qu'il rassemblait, et je fis la chose la plus stupide de ma vie : je m'interposai entre l'adolescent et l'équivalent de plusieurs bombes nucléaires.
- Ça suffit ! -ordonnai-je.
Ma subite poussée d'autorité sembla l'intriguer, alors il s'approcha de moi et posa son index sur mon front, entre mes deux sourcils. Sa magie tambourina aussitôt violemment dans mes tempes.
- Que se passe t-il à l'intérieur de ton crâne pour que tu interviennes dans mes actes, mortelle ?
Vraisemblablement, il se passait des choses vraiment très étranges puisque je repoussai sa main d'une petite claque.
- Laissez Ky tranquille ! -articulai-je, les dents serrées- Il est sous la protection de la Mort ainsi que moi-même.
- Tu crois qu'avec cette position tout t'est permis ? Comme par exemple interférer dans mes ordres ?
Je rejetais les épaules en arrière, pointai le menton en avant et croisai les bras en le foudroyant du regard. Than vint se poser à côté de moi dans un soutien silencieux.
- Ky est le protégé de la Mort, donc intouchable !
- Que m'importe sa condition quand elle entre en contradiction avec les désirs de ma Maîtresse ? -s'amusa t-il.
La moutarde me monta au nez, et l'envie de lui arracher les dents pour m'en faire un collier me démangea. Je craquai :
- J'envoie chier la Vie, bordel !
La nature elle-même sembla s'arrêter de respirer tandis que les traits irréels de Mickaël se tendirent de colère. Je poursuivis rapidement, ne le laissant pas me désagréger immédiatement.
- Faut que je le dise en quelle langue ? C'est le protégé de la Mort ! -martelai-je- Tu le touches, et elle t'arrachera les intestins par les narines, se fera un sac à main avec ta peau et fabriquera une brosse à chiottes avec tes cheveux ! Vas-y, demande à ta Maîtresse si elle a envie que tu te mettes la Mort à dos ! Franchement, je ne la crois pas si cruelle !
Je ne rompais pas le contact visuel. J'en avais ras-la-cafetière de me faire marcher sur les pieds tout ça parce que j'avais perdu mes pouvoirs. J'étais une humaine, pas un paillasson, zut ! Il était hors de question que je continue à me faire intimider de la sorte, et il était hors de question qu'il arrive quelque chose à Ky.
Mickaël sembla prendre une profonde inspiration et prendre sur lui pour ne pas me décapiter, et je lui en fus assez reconnaissante.
- Judicaël, que font ces personnes ici ? Je ne souhaite pas ébruiter le sujet sur lequel nous allons nous entretenir.
Je laissai échapper un soupir, soulagée. Il devait penser comme moi qu'Arhiel n'avait pas envie que nous nous confrontions, et préférait m'ignorer. J'avais quand même une chance assez impressionnante. Si on peut considérer comme chanceux d'être désormais humaine et en position d'infériorité...
- Tu veux parler des mystérieuses disparitions de surnaturels ? -s'enquit Ky.
Mais quel crétin, c'est pas vrai ! Cela se passa trop vite pour mon pauvre petit cerveau mortel, mais un instant l'Archange s'adressait au Déchu, et l'instant suivant sa main s'enroulait autour du cou du Nephilim.
- Comment es-tu au courant de cette affaire ?– susurra t-il, les ailes déployées autour de sa victime empêchant quiconque de venir au secours de l'adolescent.
Contrairement à Than qui se mit à brailler et à paniquer totalement, un grand calme m'envahit et je m'accroupis au sol. Je saisis une branche, la soupesai avec satisfaction pour finir par la brandir au dessus de ma tête avec un grand cri ridicule censé être menaçant.
Je m'apprêtai à l'abattre sur le dos de cet abruti quand un bras me saisit à bras-le-corps.
- Stop ! Mickaël, toi aussi ça suffit ! C'est moi qui leur en ai parlé ! -s'écria le Déchu en tentant de me maîtriser.
Immédiatement, le courroux de l'Archange changea de cible et se dirigea sur Jude. Je serrai plus fermement ma massue improvisée, la mine farouche. Un pas de plus, mon gros, et je t'éclate la tronche à coup de bûche. J'étais prête à défendre aussi Jude qui mentait pour nous sauver la mise.
- Explications !
Apparemment, le Premier des Cieux était trop en colère pour former une phrase correcte avec sujet, verbe et complément.
- On ne peut pas se passer de l'assistance d'un Dieu, même si c'est Tétanos. Il va pouvoir nous apporter toute l'aide qu'il nous faudra si en retour nous lui donnons un petit coup de pouce. Tu sais que j'ai raison, Mickaël, ne laisse pas la rage t'aveugler. Il a juste besoin que tu défasses son Sceau, et il sera à notre disposition.
Nuka, démontrant ainsi qu'il avait beaucoup de courage, prit la parole :
- S'il te plaît, Seigneur, rends lui ses pouvoirs. Il est mon âme-sœur.
C'était sûrement une hallucination auditive, mais il était possible que Mickaël ait chuchoté à ce moment « toutes mes condoléances ». Le petit marrant.
Il se passa quelques instants où personne ne parla ou n'osa respirer, puis dans un claquement brusque qui souleva air et cheveux, l'Archange décolla du sol. Les battements fluides et puissants l'emmenèrent rapidement au dessus de la cime des arbres et le cacha de notre vue.
- Ça veut dire qu'il est d'accord ? - interrogea Than.
- Ça veut dire qu'il va se calmer, réfléchir et demander l'opinion de la Vie. -répondit Jude, une pointe d'envie dans la voix.
Mon meilleur ami se tourna vers moi, ses yeux noirs brillant de soulagement et de malice.
- Tu peux baisser ton gourdin maintenant, tu sais.
Ce que je fis, mais très lentement. On n'était pas à l'abri d'une soudaine attaque vicieuse venant du ciel, et j'étais prête à jouer au base-ball avec le pif d'un être à plumes. Faut pas me chercher.
- Tu allais vraiment me défendre avec ce misérable bout de bois ? - demanda Ky d'une voix rauque à cause de son œsophage abîmé.
Je posai le bout de ma matraque artisanale sur mon épaule.
- C'est du chêne, mon petit. C'est solide le chêne. Assez en tout cas pour faire des dégâts.
- Surtout qu'elle ne se serait pas contentée d'un seul coup. Non, elle se serait acharnée. -ajouta Than.
- Comme je le dis constamment « toujours frapper un homme à terre ». -souris-je.
- Je suppose que ça va avec « toujours viser la tête » ?
- Non Ky, tu te trompes. Moi je dis « toujours viser les burnes ». Largement plus efficace.
- Mais quel genre de personne est la Mort pour faire d'individus tels que vous ses protégés ?
Nous sursautâmes tous les trois dans un bel ensemble. L'Archange était déjà de retour et nous regardait avec une infinie perplexité mêlée de dégoût.
- Elle doit avoir un sacré sens de l'humour ! -pouffa Jude.
Dans un réflexe purement instinctif, ma branche alla cingler le séant du Déchu, ce qui augmenta son hilarité. Un sourire fleurit sur mes lèvres mais se fana lorsque je croisai le regard de Mickaël. J'avalai presque ma salive de travers. Il y avait une telle concentration dans ses prunelles, une telle intensité, que j'avais l'impression qu'il me fendait en deux pour observer à la loupe tout ce qui me constituait.
- Qui es-tu ? J'ai l'éphémère sensation de t'avoir rencontré... -murmura t-il presque pour lui-même.
ALEEEEEEERTE ! Cela aurait été trop beau s'il m'avait complètement oublié. Pourtant, il ne connaissait de moi que ma voix, mais apparemment ça lui était suffisant pour semer le doute dans son esprit.
- Tu es sûr, Mickaël ? -demanda Than- Après tout, vu ton âge, Alzheimer n'est pas une théorie à écarter...
Je lançai un regard noir dans sa direction en agitant imperceptiblement ma massue. Sa propension à toujours faire le malin allait nous attirer nombres d'ennuis, je le sentais...
- Ne teste pas mes limites, dieu de pacotille. Si ta tête est encore attachée à ton corps c'est parce que ma Maîtresse souhaite te garder en vie. Mais je ne pense pas qu'elle me tienne rigueur d'un léger moment d'égarement.
J'eus une pointe d'admiration devant sa réplique qui réussit si bien à moucher mon meilleur ami. Il devrait me donner des cours.
- Comment va t-elle ? -demanda Judicaël d'une voix très douce.
Il paraissait tellement mélancolique, plein d'une douleur qui dépassait ma compréhension, que j'écrasai le pied de Than pour l'empêcher de parler, et laisser un semblant d'intimité aux deux créatures.
- Tu sais qu'elle ne peut pas aller « bien » ou mal », elle est au-delà de ça. -répondit Mickaël sur le même ton.
- C'était une façon de parler, tu as compris ce que je voulais dire.
L'Archange étendit une aile dont l'extrémité des plumes, qui étaient d'un mauve très clair brodé d'or, alla effleurer l'épaule du Déchu.
- Elle pleure encore la perte d'un de ses enfants...
Jude prit une brusque inspiration tandis que des larmes remplirent ses yeux, et un seul battement de cils les firent disparaître. Ok, je réduis à néant toute ma réputation si je le serre dans mes bras ?
- Tu connais la marche à suivre pour que ce vide cesse, mon frère – ajouta l'Ange.
Ce n'était évidemment pas la chose à dire puisque que les traits du fameux parjure revêtirent une dureté peu commune.
- Je servirai la Vie pour le restant de mes jours, mais en aucun cas je ne regretterai mes gestes, Mickaël. Ou plutôt, mon absence de geste. La différence entre toi et moi, c'est que toi tu obéis bêtement aux ordres. Moi, je refuse de commettre des actes qui bafoueront tout ce que en quoi je crois.
Cela ne m'étonnait pas outre mesure qu'on lui ait apposé un Sceau s'il discutait les ordres d'Arhiel quand il avait encore sa place dans les Cieux. Ari haïssait qu'on la remette en question, c'était son plus gros défaut.
- Nous poursuivrons cette conversation plus tard. J'aimerais débarrasser Thanatos de son Sceau au plus vite pour que nous puissions enfin nous concentrer sur ce qui est important.
Than m'adressa un regard inquiet. Par ce coup d'œil, je compris parfaitement ce qui l'embêtait : il allait être libéré et moi non. Je ne le vivais pas trop mal, en fait je m'y attendais. L'Archange ne possédait pas assez de puissance en réserve pour déverrouiller deux Sceaux, et de plus le mien était tellement perfectionné, si complexe qu'il était fort probable que personne ne soit capable de m'en défaire. A part Arhiel. Et visiblement elle ne souhaitait pas me l'enlever pour le moment, puisqu'elle connaissait très bien ma situation et qu'elle aurait pu permettre à Mickey de m'aider. Je retiens Arhiel... Celle-là tu me la paieras !
- Montrez-moi le Sceau, divinité en perdition.
Que de mots doux entre ces deux-là, dis donc ! Than pinça la bouche mais obtempéra, retirant d'un geste fluide son pull et offrant son dos nu à toutes les personnes présentes. Le tatouage qui le couvrait, telle une dentelle d'écriture fine, contrastait violemment avec la blancheur nacrée de son épiderme.
- Frérot, tu es en train de baver... -marmonna l'étrange louve Amara qui me plaisait de plus en plus, surtout car sa bête levait une patte fantomatique parodiant le fait d'uriner sur les chaussures d'Abigaëlle.
En effet, Nuka ne ratait rien du charmant spectacle que nous offrait mon meilleur ami, et semblait se retenir de soit lui sauter dessus pour le proclamer comme sien, soit pour lui enfiler son haut de force. Than foudroya le pauvre géant de ses prunelles noires.
- Approche-moi sans mon consentement et dès que j'ai retrouvé mes pouvoirs, je te congèle les testicules ! -menaça t-il.
Jude tourna la tête sur le côté pour éviter que tout le monde ne voit son air hilare, mais Mickaël ne cacha pas son exaspération. L'Archange devait être quelqu'un de particulièrement coincé, avec autant d'humour qu'un ours mal léché. Vous le grattouilliez sous le menton et il vous bouffait la main.
- Pourrais t-on commencer ? - s'exaspéra Mr Manche-à-balai-dans-le-cul.
Than hocha la tête, et tout le monde retint son souffle lorsque l'Archange rassembla son pouvoir. Une fois encore, le climat tropical fut de retour, j'eus la sensation de remplir mes poumons d'eau et je suffoquai lentement mais sûrement. Les mains de Mickaël dégoulinaient d'énergie, celle-ci s'échouait au sol dans un ruissellement de cuivre liquide tandis que cette Dimension vacillait sur ses fondations, et il posa ses paumes crépitantes sur le dos de Than.
L'onde de choc nous souffla tous, et je me retrouvais à terre, la respiration coupée. La déflagration magique avait été si forte que tous mes membres bourdonnaient, et un liquide chaud s'échappait de mon nez et de mes oreilles.
Tandis qu'une brise glaciale me décoiffait, un craquement audible par moi seule se fit entendre alors que la pression constante de mon Sceau se relâcha encore un peu. La marque perdait de plus en plus de son emprise. Cette constatation me procura un soulagement infini.
Puis alors que je tentais de retrouver mes esprits, un froid polaire s'abattit sur nous. L'herbe se couvrit de givre tandis que mes expirations formaient des petits nuages de vapeur, et je me redressai en grognant de douleur.
L'énergie dense, profonde, chargée de senteurs de bruine et de bourgeons, flatta mes narines. C'était comme un matin du printemps, l'exhalation d'un renouveau. C'était l'odeur de la renaissance de Thanatos.
Des pleurs me firent pivoter vers mon meilleur ami, et mon cœur se serra. Il était à genoux, les poings serrés sur les yeux, le corps entier secoué de sanglots.
- Oh, syini mea. Tout va bien maintenant – murmurai-je en l'enveloppant de mes bras.
Le fait que je venais de parler la Langue Originelle alors que je n'étais censée ne rien connaître d'elle me passa totalement par dessus la tête. Je pouvais enfin recommencer à appeler mon meilleur ami ainsi, dans un surnom un peu bateau qui signifiait « mon flocon », et rien ni personne ne m'empêcherait de renouer avec cette habitude si douce.
Than releva la tête, les joues ruisselantes de larmes qu'il ne chercha même pas à essuyer et je perçus immédiatement la grâce immatérielle qui accompagnait ses mouvements. Il émanait de lui une sensation d'éternité retrouvée et de puissance récupérée.
Et alors qu'il nichait son visage dans mon cou, je sentis mon propre pouvoir s'activer pour guérir mes plaies autant physique que psychique. J'étais encore entravée, mais largement moins qu'avant.
Thanatos le Dieu de la Mort était enfin de retour.
Et la Mort avait enfin les moyens de se défendre.
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