Le calme


Deux jours auparavant.

— Qu'est-ce que tu fous ?

Puifai me fusille du regard. Nous sommes dans la cage d'escalier, parlant à voix basse.

— Ça va aller, nous avons encore le temps.

Ma tentative pour la rassurer ne doit pas être très convaincante, vu le regard meurtrier qu'elle me jette.

— As-tu, oui ou non, réussi à récupérer ce dont nous avons besoin ?

Je secoue la tête de gauche à droite. Elle serre les poings, n'appréciant pas ma réponse.

— Je vais le tenter à la sauvage, je n'ai pas besoin de ça, essayé-je de la convaincre.

Les événements de la matinée me reviennent en mémoire. Le moment que nous avons partagé dans cette pièce sombre, ma main tellement proche de lui, que je pouvais sentir les battements violents de son cœur... ou était-ce les miens ? Et nos caresses pendant le prélèvement de salive. Je sens encore la sensation de ses mains gantées sur ma gorge. Je suis de plus en plus perturbé par Mew, je ressens beaucoup trop de choses pour lui, je me sens incapable de le trahir.

— Ce soir, Gulf, ne rentre pas trop tard.

Elle change de ton subitement, quand quelqu'un descend les escaliers pour se diriger vers la porte de l'étage où nous nous trouvons. Elle pose un doigt sur ma poitrine, menaçante.

— Ne fais pas tout foirer ! chuchote-t-elle.


****


Allongé sur les tatamis, Gulf dans mes bras, je dépose doucement de tendres baisers sur sa nuque, son épaule et le haut de son dos. Sa peau a un petit goût de paradis. Alanguis, contre moi, il somnole après nos fougueux ébats, ses doigts caressant paresseusement mes bras qui l'entourent.

— Merci... chuchote-t-il.

— Merci pourquoi ? demandé-je contre la peau délicate de son cou.

Il se tourne vers moi et plonge ses yeux brillants dans les miens.

— Pour tout... Pour ce moment que nous venons de partager. Pour le plaisir immense que tu m'as donné, pour ta compréhension face à mes blocages. Pour t'être offert à moi.

Il pose avec délicatesse ses lèvres sur les miennes.

— Merci pour tout ça.

L'émotion me serre la gorge. Je sens les larmes me picoter les yeux. Je ne sais pas quoi répondre. J'inspire profondément son odeur dans le creux de son épaule, pour me ressaisir et cacher mon trouble.

— C'est moi qui devrais te remercier, murmuré-je, le visage enfoui dans son cou.

Il se tourne un peu plus vers moi.

— Tu aimes les femmes et pourtant... c'est moi que tu as choisi.

Je trouve assez de courage pour prononcer ses derniers mots en le regardant droit dans les yeux. Je vois dans son regard qu'il est aussi ému que je le suis. Nos lèvres se lient, comme pour confirmer ses sentiments que nous partageons. Nous prenons notre temps, nous échangeons un long baiser doux et tendre. Je n'ai pas envie de bouger, je voudrais profiter le plus longtemps possible de son corps nu et chaud contre le mien. Il se recule lentement, avant de revenir à sa position initiale, pour mieux se lover contre moi. Lui non plus ne semble pas vouloir quitter cette bulle de douceur qui nous entoure. Nous restons longtemps, immobiles et silencieux, profitant de la chaleur de l'autre. Au bout d'un temps infini, je pose ma joue sur son épaule et décide de tenter ma chance pour en apprendre un peu plus sur lui.

— Je me pose une question... commencé-je, innocemment.

— Hum...

Je le sens complètement détendu, ses doigts glissants nonchalamment le long de mes bras.

— Ça t'est souvent arrivé de faire ce genre de mission ?

— Ce genre de mission ?

Sa voix est traînante, comme s'il était sur le point de sombrer dans le sommeil.

— Devoir séduire un homme...

Je le sens se tendre immédiatement à ses mots. Sa réaction me stresse un peu. J'ai peur de sa réponse. J'ai peur de découvrir qu'il a déjà dû utiliser plus que son charme pour arriver à ses fins.

— J'ai déjà dû approcher des hommes, oui.

Aïe, ça fait plus mal que je l'aurais cru. Le cœur battant, j'attends qu'il continue.

— En général, j'utilise le chantage ou l'attrait pour l'argent. Très rarement, j'utilise la séduction.

— Mais, tu l'as déjà fait ?

Mon cœur tambourine entre mes côtes. Je veux savoir, tout comme j'en ai très peur.

— Ça m'est arrivé, une fois...

Merde... mon cerveau s'emballe, imaginant Gulf touchant et embrassant un autre homme. La jalousie me comprime la poitrine. Il doit le sentir, car il se tourne complètement vers moi. Ses jambes s'emmêlent aux miennes, son bras étreint ma taille et il pose sa tête sur mon torse.

— Mais, tu es le premier que j'ai réellement touché... et surtout, le seul qui m'ait donné envie de le faire. Et j'ajouterai que, de toutes les femmes que j'ai connues dans ma vie, tu es le seul à m'avoir fait ressentir ça.

Il pose ses lèvres sur mon cœur qui se réchauffe grâce à cette confession. Je resserre les bras autour de lui et embrasse son front.

— Et tu en as connues beaucoup... des femmes ?

je ne peux pas m'en empêcher. Il rit doucement face à ma curiosité déplacée.

— Pas tant que ça. Il y en a une seule qui ait compté. Nous nous sommes séparés, ou plutôt, je l'ai brutalement quitté pour m'enrôler dans le groupe quand mon père est mort.

Je sens, au ton de sa voix, que c'est un sujet sensible et décide de ne pas insister en changeant de sujet.

— Pourquoi c'est toi qu'on envoie pour draguer des hommes alors que tu n'es même pas gay ?

Il frotte son nez entre mes pectoraux en riant.

— Que veux-tu, je plais aux hommes... Et de toute évidence, je suis plus gay que je ne le croyais.

Je lui met une claque sur les fesses devant son impertinence. Un nouvel éclat de rire lui échappe, avant d'être étouffé quand il mord mon téton à pleines dents. Je lâche un petit cri de surprise et de contentement. Il ne s'arrête pas là et commence à embrasser goulument les muscles de mon torse, en s'éternisant sur mes tétons. Je ferme les paupières, perdant le fil des questions que je voulais lui poser.

— Gulf. J'ai encore... des choses à te demander.

Il me bascule sur le dos et s'allonge entre mes jambes, les lèvres sur mes abdominaux.

— Plus tard... souffle-t-il contre ma peau.

Je me cambre sous ses coups de langue. Je chavire à nouveau sous les vagues de plaisir. Son torse comprime ma virilité qui ne demande pas mieux et se réveille rapidement. Il commence à bouger contre moi, créant une friction des plus érotiques, mon sexe coulissant entre ses pectoraux. Ses bras entourent puissamment mes hanches, pendant que sa bouche s'affaire sur mon ventre et mes flancs. Je rejette la tête en arrière, grognant de plaisir. Son corps glisse contre le mien, jusqu'à ce que nos lèvres se retrouvent. Ce baiser est profond et passionné, me laissant pantelant. Je me recule pour reprendre mon souffle et lui demande, un sourire taquin sur les lèvres.

— Gulf... Qu'est-ce que tu fais ?

— Je vérifie à quel point je suis gay... dit-il, les yeux pétillants de malice et d'autre chose, une étincelle bien plus sensuelle.

Il plaque ses hanches contre moi, pour me faire sentir qu'il en a déjà une idée assez précise. Je gémis doucement, ce contact échauffant mes sens. Avec une lenteur démoniaque, il commence à onduler, frottant son sexe tendu contre le mien. Je décolle, emporté par des ondes d'extase.

— Mew... gémit-il. Ce que tu me fais ressentir est tellement...

il crispe les mâchoires, accélérant la cadence, incapable de dire un mot de plus. Son corps, sa peau qui glissent sur moi, sa chaleur, son odeur créent en moi des sensations intenses. Mais, j'en veux plus. D'un coup de bassin, je nous bascule sur le côté, pour glisser ma main entre nous et empoigner sa hampe dure. Aussitôt, il m'imite, tandis que sa main libre se cramponne à ma nuque pour s'emparer de ma bouche. D'un même mouvement, nos mains montent et descendent sur toute la longueur de nos sexes gorgés de désir. Il resserre sa poigne, me faisant hoqueter de ravissement.

— Tu veux me rendre dingue ? demandé-je, avant de reprendre possession de sa bouche.

Il prend le temps de se délecter de notre baiser avant de répondre.

— J'en ai bien l'intention.

En représailles, je passe mon pouce sur la fente sensible de son gland. Un long frisson le parcourt.

— Tel est pris qui croyait prendre... me moqué-je dans un sourire, satisfait de mon petit effet.

— Fini de jouer, souffle-t-il, avant de me dévorer les lèvres et d'infliger un rythme infernal à mon sexe palpitant.

Une bouffée de plaisir extrême me submerge complètement, faisant bouillir mon sang dans mes veines. Ma main s'immobilise, incapable de résister à l'orgasme qui se forme dans mes reins.

— Gulf... arrête... je... vais... haleté-je.

Pour toute réponse, il pose sa main au-dessus de la mienne, pour imprimer le même mouvement rapide sur nos deux virilités sur le point d'exploser.

— Jouis avec moi, Mew.

Sa voix se perd dans un grognement. Son corps se tend, pendant qu'il se déverse entre nos corps. Un éclair de jouissance me transperce et nous atteignons l'extase, dans une harmonie parfaite.

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