Chapitre 34



Kyara se mit à tortiller ses doigts nerveusement tout en l'invitant à poursuivre. Le vampire était la, planté au milieu de la pièce, portant une expression indéchiffrable voire inquiétante.

- Tu vas devenir ma femme, lâcha-t-il sans vergogne, le regard fermement ancré dans le sien.

Kyara sentit alors ses lèvres frémir d'un sourire contenu. Puis elle éclata de rire, incapable de maîtriser les émotions qui se succédaient en elle.

Vexé, le cyan la fusilla du regard.

- Je peux savoir ce qui te fait autant rire ?

Kyara porta une main sur son ventre, cherchant désespérément un moyen de contrôler son fou rire.

- Je croyais que c'était un....une demande pas un ordre, parvint-elle à dire entre deux éclats de rire.

Runner grogna doucement, puis se passa une main derrière la tête pour se masser la nuque...visiblement gêné par la situation.

- Je ne suis pas très doué pour ce genre de chose, marmonna-t-il en évitant son regard.

Kyara cesse de rire, le coeur gonflé d'un bonheur indescriptible. En fait, Kyara trouvait cette demande très charmante. C'était bien la première fois qu'elle le voyait perdre autant ses moyens.

- Peut-être que tu pourrais recommencer, proposa-t-elle en se pinçant la lèvre.

Il jeta quelques coups d'œil à la dérobée dans sa direction avant de s'approcher...brisant le dernier espace qui les séparait.

Il s'installa au bord du lit et prit sa main dans la sienne. L'instant était très intense, Kyara avait déjà les larmes aux yeux.

- Mademoiselle Lewis, voulez-vous devenir ma femme ? Demanda-t-il d'une voix grave et toujours percée d'une détermination implacable.

Kyara ne put réprimer des larmes de bonheur.

- Je t'aime Kyara Lewis et l'attente que j'ai affrontée pour être avec toi, m'a permis de comprendre enfin qui je suis.

- Runner, murmura-t-elle d'une voix émue.

Kyara déglutit lentement avant de reprendre :

- J'accepte Runner, bien-sûr que c'est oui.

Elle se lova contre son torse laissant des larmes de bonheur rouler sur ses joues. Il la serra contre lui si fort qu'elle grimaça.

- Je te promets, de te protéger, pour l'éternité...bordel quel...idiot !

Kyara cilla, renifla en s'écartant.

- Quoi que se passe-t-il ? S'enquit-elle en battant énergiquement des cils.

- Je n'ai même pas de bague, je fais une demande sans bague, c'est parfait, répondit-il en se grattant l'arrière de la tête.

Kyara lui sourit avant de l'enlacer.

- Ce n'est pas grave, murmura-t-elle en fermant les yeux.

- Bien-sûr que si c'est grave, rétorqua-t-il en posant ses paumes de mains sur ses joues ; Tout aurait dû être parfait et je fais tout dans la précipitation.

- Je t'assure que je suis heureuse Runner, rien ne pourra ternir ce bonheur, pas même ma mère qui voudra probablement te tuer.

Enfin...il lui sourit avant de lui voler un furtif baiser.

- Viens, tu dois te nourrir et prendre des forces.

Runner souleva la jeune femme dans ses bras, déposant un baiser sur sa tempe tout en réfléchissant à toute vitesse. Sa demande en mariage avait été de loin la plus catastrophique. Dicté par la précipitation et la puissance qui l'avait envahi Runner n'avait pas pu résister à l'envie de la demander en mariage. Des siècles en arrière Runner n'avait jamais songé à se marier ou éprouver le besoin de trouver sa promise. Il était l'exact opposé de ses frères. Rebelle et insensible, il avait passé plusieurs centaines d'années à fuir la clarté que voulait lui offrir sa mère. Aujourd'hui, cette femme dans ses bras était parvenu à lui montrer cette clarté pour que les ténèbres dans lesquels il était plongé lui prouvent que le bonheur existait.

Mais à quel prix ?

Runner ne put s'empêcher de faire tomber son regard sur la morsure.

- Masson semblait très inquiet pour le meurtrier.

Arraché à ses sombres pensées Runner la déposa sur l'un des tabourets avant de répondre.

- Maintenir notre secret dans ce monde est essentiel à l'équilibre de l'enclave. Les morsures laissées sur les victimes peuvent susciter de nombreux intérêts.

- Et dans ce cas précis que pourrait-il se passer ?

- Je n'ai jamais réellement réfléchi à la question puisque vous sommes plus fort que les humains et dotés de dons surnaturels.

La jeune femme demeura silencieuse quelques secondes avant de poursuivre, mais Runner ne lui laissa guère le temps.

- Mais mon frère a raison, le temps presse car il en a après toi.

- Comment comptes-tu t'y prendre ? Qui ça peut bien être ?

- Un obsédé, un psychopathe, un tueur, dit-il en sortant une poêle.

Runner entendit le cœur de la jeune femme redoubler d'allure.

- Tu n'as pas le souvenir d'avoir été observée, abordée avant notre rencontre ?

Elle se mit à réfléchir une main appuyée sur sa plaie enfermée dans une compresse.

- Non, je t'assure que je ne vois pas qui ça peut bien être. La plupart des étudiants que je connais ne m'ont jamais parut suspect.

- Bien que je connaisse ta vie sur le bout des doigts j'ai été quelques fois absent...commença Runner en appuyant ses mains sur le plan de travail ; Tu n'as pas été courtisée sans que je le sache ?

Elle releva les yeux sans cacher sa surprise.

- Premièrement plus personne ne dit ce mot depuis un demi-siècle et deuxièmement, aucun garçon de cette fac ne m'a un jour intéressé.

Runner se redressa, les yeux plissés pour se donner un air jaloux.

- Je suis sérieuse Runner, je ne vois pas qui j'aurais pu intéresser, insista-t-elle en mordillant dans l'aile de poulet qu'il venait de lui servir.

- Je t'en prie Kyara, je peux lire dans les pensées et je peux t'assurer que beaucoup d'hommes avaient des pensées très prononcées à ton sujet. Tu es magnifique et je ne compte plus le nombre de fois où j'ai cru devoir massacré la moitié de la fac pour apaiser mes nerfs.

Il pointa la spatule en bois vers elle en souriant diaboliquement.

- La jalousie peut parfois conduire à de vilaines folies, ne l'oublie jamais pour le reste de l'éternité, chuchota-t-il.

Les joues en feu Kyara parvint difficilement à avaler son morceau de poulet. Derrière ce côté enjoué, Runner donnait la vive impression d'être très sérieux.

- Je ne dois pas écarter la moindre piste susceptible de m'aider Kyara, ajouta-t-il en faisant le tour du plan de travail pour s'installer sur l'autre tabouret.

- Avant de devoir me mordre une seconde fois pour y voir plus clair n'est-ce pas ?

Runner se rembrunit, laissant entrevoir qu'elle avait raison. Kyara n'était pas dupe et avait bien compris qu'il s'agissait de la mordre pour obtenir plus de révélation sur ce fameux tueur. Runner essayait seulement de gagner du temps.

- Pas forcement, nous ne serons pas obligé de passer par-là pour le retrouver, expliqua-t-il en caressant sa joue avec son index ; Je suis fort maintenant et peu à peu le lien qui nous unis enfin sera indéfectible.

- Il faut protéger ma mère, le temps presse peut-être sans que nous le sachions. Ta mère a été catégorique à ce sujet. Elle m'a dit...

- Qu'un danger approchait, intervint une voix qu'elle croyait ne plus jamais entendre.

Ils se retournèrent en même temps et si elle était sous le choc, Runner lui, leva les yeux ciel.

- Tiens ! Ma très chère mère est de retour ! Que me vaut cet honneur ?

- Je pensais que tu serais heureux de me voir mon fils, dit-elle en faisant mine d'être irritée.

- C'est-à-dire que...au cours des dernières années chaque fois que j'ai eu l'honneur de votre présence c'était pour me reprocher d'être long à la détente. Or comme vous pouvez le voir j'ai été  exemplaire !

Il désigna Kyara d'une main légère avec un sourire sardonique aux lèvres.

- Le danger approche Runner, répéta sa mère.

- Oh mais quel danger ! S'agaça Runner en se levant précipitamment.

- À toi de le découvrir Runner, le plus tôt sera le mieux avant qu'elles soient toutes les deux en danger...

Runner pivota en direction de sa mère qui avait déjà disparu.

- Merci mère pour cette petite précision qui me...

Runner s'interrompit brusquement prenant peu à peu conscience que sa visite n'était pas seulement pour l'avertir de ce danger mais pour laisser entendre autre chose de bien plus important et qui rendait la situation bien plus grave.

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