Chapitre 11
Un chasseur ?
Kyara attendit qu'il se redresse pour confronter son regard énigmatique. Un sourire presque machiavélique couvrait ses lèvres mais son regard demeurait fermé.
- Un chasseur ? Répéta-t-elle d'un souffle presque coupé.
Il la dévisagea sans mot dire puis lui tourna le dos subitement. Tenaillée par la peur Kyara resta contre le mur sans bouger.
- Kyara, commença-t-il en se tournant vers elle l'expression toujours aussi impénétrable ; Lorsque tu apprendras la vérité tout changera.
Il marqua une pause dans laquelle il s'approcha d'elle, une lueur indescriptible dans ses yeux noirs.
- La question est de savoir si tu es prête à l'entendre.
Kyara s'entoura de ses bras probablement par un besoin urgent de se protéger. Runner n'était pas comme les autres et cette certitude la poussait à connaître la vérité. Était-ce un homme qu'elle avait connu par le passé ? Avait-il un lien avec sa mère biologiques qui l'avait abandonné sans rien lui laisser, si ce n'est le désagréable souvenir d'une femme instable ?
Kyara mourait de découvrir la vérité. Hélas toute vérité n'était pas sans conséquence.
- Je suis prête, murmura-t-elle d'une voix qu'elle voulait sans hésitation.
Runner voyait bien dans son regard qu'elle n'était pas sûre de ses propres dires mais brûlait littéralement à l'idée de découvrir son secret. Il pouvait entendre les battements de son cœur et ils étaient aussi affolés qu'un cheval au galop.
Était-il temps pour lui de l'emmener dans l'enclave ?
Il savait qu'Holda n'était pas là pour les trois prochains jours. L'idée de l'emmener dans son monde était pour le moins excitant mais savait pertinemment qu'il serait contraint de se dévoiler à elle.
Il en assurerait les conséquences.
Au contraire de ses frères Runner acceptait d'être une créature de la nuit...un cyan...un vampire assoiffé qui au cours des siècles avait fait de nombreuses victimes. Au fil des années il avait fini par contrôler sa soif jusqu'à ce fameux soir...
Le soir où il l'avait trouvé sans même tenter de la chercher.
Ce fameux soir où toute sa triste et ennuyante vie avait littéralement basculé.
- Alors si tu es prête comme tu le prétends acceptes-tu de m'accompagner chez-moi ?
Runner se voulait franc et direct. L'odeur de son sang devenait de plus en plus enivrant. Ses grands yeux de biche perdue lui criaient silencieusement de ne pas la brusquer alors que son instinct animal lui hurlait de la posséder là, maintenant.
Pour reprendre le contrôle Runner serra ses mâchoires tout en la scrutant du regard. Ses lèvres étaient teintées d'une couleur framboise rehaussant le rouge vif de sa bouche. Son kimono révélait secrètement la naissance de ses seins...
À ce moment-là c'est avec une immense peine et dans la retenue qu'il attendit sa réponse.
- Oui j'accepte, l'entendit-elle murmurer en baissant les yeux sur le sol.
Bien que content Runner s'approcha d'un pas ferme et décidé vers elle pour lui faire relever le regard
- Tâche de ne plus baisser les yeux devant moi querida, la prévint-il doucement.
Runner lui tendit la main avec prudence.
- À présent si tu as confiance en moi...
Patiemment il attendit qu'elle se saisisse de sa main et lorsqu'elle le fit, Runner sentit chaque parcelle de son être se tendre.
Prudemment il la guida à l'extérieur du club et prit possession de sa voiture. Son sang chaud et enivrant courait dans ses veines comme si l'appréhension la contrôlait.
- Puis-je savoir où tu habites ? Demanda-t-elle d'une voix qu'il devinait tremblante de l'intérieur.
- J'habite à l'extérieur de la ville, avec mes frères.
Il espérait que cette bribe d'information lui soit suffisante. Il tourna brièvement son regard vers elle, observant ses joues colorées de rose. Ses lèvres étaient serrées comme si elle s'obligeait de les sceller. Quant à ses mains...celles-ci étaient jointes l'une contre l'autre.
Son but n'était pas de la blesser, encore moins de lui faire peur. D'ailleurs il comptait sur ses frères pour la mettre en confiance.
- Ma mère est absente ce week-end, lança-t-elle avec un faible sourire en coin.
- Tu n'aimes pas être seule ?
Runner quitta la route des yeux pour l'envelopper d'un regard presque possessif et s'en rendit compte trop tard.
- Si, j'aime la solitude, répondit-elle peu sûre d'elle.
- Tu n'as pas l'air bien convaincue de tes propres dires, remarqua Runner intrigué mais dans le refus de posséder ses pensées.
- Je n'arrête pas de penser au tueur qui sévit dans la ville alors l'idée d'être seule me donne des frissons.
Elle avait peur, constata-t-il en serrant le volant d'une main ferme.
- N'aie pas peur querida, il ne t'arrivera rien, assura-t-il d'une voix presque dure.
Kyara observa le profil de Runner, troublée par l'extrême tension qui se lisait sur son visage. Bientôt elle connaîtrait ce mystère lisible dans ses yeux, songea-t-elle en se pinçant les lèvres.
Remettant une mèche rebelle derrière son oreille Kyara tourna la tête vers le pare-brise et retint presque son souffle en constatant qu'ils avaient quitté la ville animée.
Cinq minutes plus tard il gara sa voiture dans allée bordée de plantes sauvages et non loin de là, il y avait un gigantesque portail noir surmonté de hautes et dangereuses grilles en fer.
- Mademoiselle...déclara l'homme en lui ouvrant la portière.
Kyara sortit de la voiture sans quitter le portail des yeux. Pour dire vrai ce dernier lui fichait la chair de poule.
- Alors c'est ici que tu vis ?
- Exactement, par ici, lui indiqua Runner en posant une main légère dans son dos.
Kyara accepta de le suivre mais savait avec certitude qu'elle était poussée par sa curiosité dévorante.
Quand elle eut franchi les grilles Kyara remarqua une lignée de belles et grandes maisons au style très sombre.
- Est-ce que....ce sont des manoirs ? S'exclama Kyara en se tournant vers lui.
- La plupart oui, répondit-il en lui souriant.
- Alors tu es riches, conclut-elle en esquissant une moue dubitative ; Définitivement riche.
Il éclata de rire, un rire de gorge qui la troubla malgré elle.
- Cela te pose un problème ?
- Non, bien-sûr que non, s'empressa de répondre Kyara en le suivant dans l'allée principale.
Ils parcoururent une longue distance avant qu'il s'arrête devant une villa au style très moderne, l'exacte contraire de toutes les maisons qu'elle avait admiré deux minutes plus tôt.
- Bienvenue dans mon antre querida, chuchota-t-il en poussant la porte.
Kyara entra sans se poser de question et fut immédiatement charmé par le décor très moderne. Néanmoins l'endroit était très froid et silencieux comme si c'était la première fois qu'une présence s'y trouvait.
Il referma la porte sans la quitter des yeux et ce fut elle qui lâcha son regard en premier afin de détailler le haut plafond immaculé.
- C'est magnifique, je n'ai jamais vu une aussi belle maison, nota-t-elle en se tournant vers lui.
Ce dernier inclina légèrement sa tête en guise de réponse, l'air impassible.
Kyara exhala un soupir tremblant.
- Désires-tu boire quelque chose ou veux-tu poursuivre la visite ?
- Je voudrais poursuivre la visite, répondit-elle en levant son regard vers l'escalier immaculé.
Runner allongea alors son bras avec un sourire presque content aux lèvres. La tentation se lisait dans ses prunelles noisette, ce qui lui indiquait que la jeune femme aspirait à découvrir son univers.
- J'espère, commença Runner en la prenant par les épaules, l'arrêtant au sommet de l'escalier ; J'espère Kyara que tu as conscience de ce que tu fais ?
- Que veux-tu dire par-là ?
- Eh bien tu suis volontairement un homme dans sa maison alors que tu le connais à peine et...
Runner fit courir son regard sur elle, une lueur amusée dans les yeux.
- Tu sembles excitée à l'idée de connaître son secret.
- Si tu essayes de me faire peur c'est réussi, cependant je crois qu'il est trop tard pour les regrets, rétorqua la jeune femme avec un sourire crispé ; Je fais un rêve chaque nuit et tu t'y trouves, le visage déformé en un monstre émergeant des ténèbres.
Runner perdit son humeur taquine. Ses traits se crispèrent soudain. Affecté par la description qu'elle venait de faire, Runner se redressa de toute sa hauteur, les mâchoires crispées.
- Quoi d'autre encore ? Qu'est-ce que je fais dans ce rêve ?
- Tu m'embrassais, avoua-t-elle sans honte ; Puis ensuite ton visage se transformait et ensuite...je me réveille en sueur.
Enfin quelques rougeurs couvrirent ses joues. Sans permission elle pivota les talons et se dirigea à l'endroit exacte où il souhaitait qu'elle aille.
Sa chambre.
Kyara entra dans la pièce immense et son souffle se bloqua, brisant au passage un hoquet d'effroi.
Cette chambre ne lui était pas méconnue. Elle était celle de son rêve...
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