Chapitre 10



C'était le week-end, Kyara observait son reflet dans le miroir pour la énième fois. Cheveux tressés, lèvres légèrement maquillés, elle descendit pour rejoindre Holda dans le salon. En découvrant le Cherif Dowan Kyara s'arrêta net, observant de loin leur conversation avant de déclarer ;

- Maman ?

Celle-ci se leva du canapé avec un léger sourire aux lèvres. Une tension palpitait dans la pièce et le chérif posa un regard étrangement pensif sur son corps. D'instinct Kyara referma les pans de son kimono tissé de fresques florales puis se tourna vers sa mère.

- Ma chérie voici le chérif Dowan.

- Enchanté mademoiselle Lewis, il me semble que nous nous sommes déjà croisé.

Son sourire en coin alerta Kyara qui s'empressa d'acquiescer murée dans le silence.

- Puis-je savoir ce qu'il se passe au juste ?

- Je suis de passage afin de vous poser quelques questions.

- C'est à propos de David ? S'enquit-elle en gardant ses distances.

- Tu le connaissais particulièrement ? Questionna-t-il en sortant son calepin.

Kyara haussa des épaules.

- Un peu, il était dans mon cours d'histoire mais nous n'avons jamais parlé ensemble.

- Que peux-tu me dire sur lui ? Son comportement, ses amis...

Kyara croisa les bras en exhalant un soupir tremblant.

- Il était populaire, mais sa réputation n'était pas sans agacer d'autres étudiants.

Le chérif l'invita à lui en dire plus d'un simple regard intrigué.

- Il s'amusait beaucoup avec les filles, certaines d'entres elles ont dû faire face à des photos d'elles diffusées sur le net.

- Mon dieu, murmura Holda en posant sa main sur son épaule.

- Je vois, cela pourrait donner de bonnes raisons de le tuer.

Kyara frissonna.

- Je l'ignore mais les deux autres étudiants qui ont disparu avant David n'avaient rien avoir avec lui. Ils étaient tous les deux un exemple pour les autres.

Le chérif referma son calepin.

- Merci, Kyara pour ton aide.

Malgré l'impression qu'il renvoyait...Kyara ne put s'empêcher de lui poser une question.

- Des rumeurs ont circulé, certains disent qu'il portait des morsures d'animal est-ce vrai ?

Kyara sentit la main de sa mère se presser sur son épaule.

Hésitant, le chérif haussa des épaules.

- Je suis navré Kyara mais je ne peux pas te répondre, l'enquête ne fait que commencer.

Il s'approcha lentement et lui tendit la main afin qu'elle lui serre.

- Au revoir Kyara, c'était un délice de vous revoir.

Sa mère avait-elle aperçut ce regard de concupiscence qu'il venait de lui adresser ?

Elle récupéra sa main et attendit qu'il quitte leur maison pour enfin respirer profondément.

- Cet homme est très étrange, je ne l'aime pas.

- C'est le chérif, il fait juste son travail ma chérie.

Kyara se pinça les lèvres nerveusement tout en considérant sa mère avec incrédulité.

- Tu te méfies de Runner mais tu donnes ta confiance à ce vieux pervers juste parce qu'il est de la police ?

Sa mère écarquilla les yeux.

- Le chérif n'est pas un pervers Kyara enfin tu as perdu l'esprit !

Inutile de poursuivre, songea-t-elle en attrapant son sac à main.

- Tu as raison peut-être que je perds l'esprit.

- Où vas-tu comme ça ?

- Me balader un peu, j'essayerais de ne pas être trop longue.

- Kyara tu oublies que je pars dans l'après-midi, précisa Holda d'une voix posée mais rieuse.

Kyara ouvrit la bouche en grand.

Elle avait complètement oublié qu'elle serait seule ce week-end.

- Mince j'avais complètement oublié, quand rentres-tu ?

- Lundi matin, répondit sa mère en la rejoignant pour lui frotter les épaules, une lueur inquiète dans le regard ; Est-ce que...tu pourras te débrouiller seule ?

- Évidemment, ce n'est pas la première fois que tu t'en vas.

Presque machinalement sa mère lui frictionna les épaules visiblement très inquiète à l'idée de la laisser seule.

- Tout ira bien, je te le promets, j'ai vingt-deux ans. Je suis en âge de me débrouiller seule.

- Tu as raison, abdiqua-t-elle en esquissant un mince sourire : Fais attention à toi ma chérie.

Elles s'enlacèrent tendrement puis Kyara quitta la maison pour prendre la direction du grand centre-ville.

Pourquoi ?

Parce qu'elle n'avait plus revu Runner depuis la soirée. Seuls ses rêves semblaient hantés par sa présence. Pire encore...à chaque fin de rêve l'homme mystérieux lui apparaissait tel un monstre muni de crocs acérées. Pour elle le seul moyen de le revoir était ce fameux club privé. Elle avait espoir qu'il s'y trouve pour exiger des réponses.

Elle gara sa voiture près du club qui semblait fermé. Tant pis songea-t-elle en s'approchant des portes closes. Guidée par sa vilaine curiosité elle fit le tour du bâtiment et y trouva une porte en fer restée ouverte.

Son instinct la poussait à entrer, mais son esprit lui criait de faire demi-tour au risque de le regretter.

Kyara pénétra dans le club par l'arrière et se retrouva nez à nez avec le bureau de Runner. Un frisson glacial la parcouru. Il était vide et silencieux, la lumière du soleil de l'après-midi filtrait à travers les rideaux laissant à la pièce un aspect plus qu'érotique.

Les lèvres pincées Kyara s'approcha du bureau et ouvrit un tiroir au hasard mais ce dernier était vide.

Que recherchait-elle au juste ?

La quête d'une vérité n'allait certainement pas se trouver dans des tiroirs.

- La curiosité est un vilain défaut...

Kyara sursauta tout en étouffant un cri.

Runner de chair et d'os se trouvait à l'entrée du bureau, vêtu d'un tee-shirt gris anthracite et d'un pantalon noir. Son regard perçant captura le sien...comme dans ses rêves.

- Que cherches-tu jeune fille ? Lança-t-il en s'approchant d'un pas de félin comme s'il s'apprêtait à couvrir sa proie.

Kyara déglutit péniblement tout en reculant si loin qu'elle rencontra la mur froid. L'homme mystérieux en profita pour la piéger, plaquant ses mains de chaque côté de son visage.

- Ri...rien je te cherchais parce que tu as disparu depuis deux jours.

Une étincelle illumina son regard opaque.

- Comme tu peux le remarquer ma douce Kyara, je n'ai pas disparu...en revanche je viens de te prendre en flagrant délit.

S'il n'y avait pas d'amusement dans sa voix Kyara l'aurais pris au sérieux.

Son cœur tambourinait si fort qu'elle crut s'évanouir.

- Tu ne veux plus me voir ? S'enquit-elle alors qu'il la tenait encore captive.

- Comment pourrais-je songer à une chose pareille alors que tu hantes chaque parcelle de mes pensées, dit-il d'une voix chaude et rauque.

Kyara vacilla avec le souvenir de ses crocs acérées.

- Alors pourquoi je n'avais plus de nouvelle ?

- Parce que ma présence à l'université n'est plus à l'ordre du jour, je n'en ai plus besoin, répondit-il avec un sourire satisfait.

Kyara fronça des sourcils.

- Et pour quelle raison ? S'enquit Kyara d'une voix qu'elle espérait calme.

- Parce que tu es venue à moi...

Kyara cligna rapidement des cils sous le choc devant l'arrogance de ce dernier.

- Et cela semble te faire gonfler les chevilles, commenta-t-elle en redressant les épaules pour se donner le courage de l'affronter.

Il éclata de rire, rejetant sa tête en arrière. Malgré elle et presque inévitablement, son rire de gorge s'insinua en elle.

- J'aime quand tu rougis de colère, tu es tellement...adorable.

- Le problème c'est que je ne suis pas venue ici pour paraître adorable mais pour obtenir des réponses.

- Lesquelles je te prie ?

Enfin il se recula, se dressant devant elle telle une armoire à glace.

- Qui tu es et pour quelle raison...

- Qui je suis, la coupa-t-il en faisant mine de réfléchir ; Je crains querida que la définition que je pourrais employer ne te convienne pas.

Kyara remarqua que son expression était redevenue impassible voire énigmatique.

Les mains moites Kyara décida néanmoins le défier du regard.

- Essaye toujours, s'entendit-elle murmurer.

Alors il se rapprocha, se mouvant tel un félin visiblement satisfait de sa demande. Il se pencha lentement, plaquant la paume de sa main sur le mur.

- Je suis un chasseur, chuchota-t-il à son oreille si lentement qu'elle put sentir son souffle glacial couvrir sa peau...

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