Chapitre 9- Assassinat
Lorsqu'il eut fini, Sethi se laissa tomber lourdement sur le lit à côté de la princesse, essoufflé.
Par Osiris, pensa-t-elle, c'était pas trop tôt !
Elle affrontait toujours ces moments horribles avec son mantra en tête et l'image d'un autre dans les yeux...
Au lieu du visage grimaçant de Sethi au-dessus d'elle, elle imaginait celui, harmonieux, du dieu du Désert. Au lieu du souffle chaud et putride que son frère lui soufflait au visage, elle sentait l'haleine fraîche de Seth sur sa peau. Ça l'aidait à supporter ces instants désagréables.
La respiration de son mari se calma rapidement et il s'endormit sans lui adresser un seul mot. Il valait mieux, pensa la princesse, elle n'aurait pas supporté qu'il soit tendre avec elle.
Elle repoussa les draps, s'habilla d'une longue nuisette blanche qui laissait transparaître sa silhouette sous les rayons de la lune, et sortit des appartements royaux.
Dans les corridors sombres, des sentinelles montaient la garde et faisaient des rondes. Au-delà du chant des sauterelles et du bruissement des sycomores dans la chaude brise d'été, elle entendait leurs pas réguliers.
Sekhmet décida rapidement qu'elle décidait ne pas être vue. Si jamais on faisait le lien entre une de ses promenades nocturnes et ce qui allait se passer... Nul ne devait la soupçonner.
Elle sortit donc par une des larges terrasses de grès du palais et, dissimulée par les ombres des énormes arbres, se faufila en silence jusqu'à la fenêtre d'un appartement.
Elle enjamba l'encadrement ouvert de la terrasse qui donnait sur la chambre et écarta le rideau de lin pour se glisser jusqu'au lit, où une silhouette sommeillait, étonnamment paisible.
Sekhmet toucha son épaule doucement, mais à peine l'eût-elle effleurée que la lame effilée d'un couteau lui érafla la peau tendre de la gorge. Elle déglutit, sentant une unique goutte de sang dévaler son cou, pour aboutir dans son décolleté.
Des yeux noirs de chacal, perçants malgré le peu de lumière qui filtrait dans l'habitation, la fixèrent. Elle soutint pourtant ce regard dont la flamme obsidienne aurait fait frémir plus d'un.
Mais elle n'était pas n'importe qui, et cette violence sous-jacente qu'elle percevait chez Amonbophis était jumelle à la sienne.
– Que fais-tu ici, amira ? murmura le vizir, une intonation tranchante dans la voix.
– Ne me parle pas de cette façon, cracha Sekhmet, offensée. J'ai un autre travail pour toi.
Le jeune homme soupira et retira finalement le couteau de sa gorge. L'arme disparut sans que la princesse pût voir où Amonbophis l'avait cachée.
– Tu veux encore me faire faire ton sale travail ? s'écria-t-il, exaspéré. Il t'en coûtera cette fois, princesse. Même tes jolis yeux ne valent pas que je risque de me faire couper la tête.
Sekhmet leva ces derniers au ciel. C'était bien son amant, avide comme personne et n'aimant que lui-même. Elle aurait aimé qu'il soit un peu plus comme Aton, plus sentimental. Il aurait fallu un battement de cils et il se serait lancé dans la plus périlleuse des missions pour elle.
Malheureusement, Amonbophis n'était pas aussi malléable. Il lui faudrait user de ruse. Heureusement qu'elle avait prévu le coup.
– Mais certainement, minauda-t-elle en sortant de sa nuisette le petit sac de bijoux qu'elle avait préparé. Il y a là lapis-lazuli, or, onyx, cornaline, perles, ivoire... Des millions de debens (NDA: Unité de monnaie égyptienne utilisée au Nouvel Empire, avec comme référence le poids d'un métal précieux comme l'or ou l'argent.) au bas mots.
Un sourire cupide fleurit sur les lèvres de l'homme alors qu'il fouillait dans le sac et testait la qualité de rubis, d'émeraudes et autres matériaux précieux.
Finalement, il leva son regard vers elle, toute maussaderie effacée de son expression.
– Je suis à tes ordres, belle amira. Qui désires-tu voir périr ?
Sekhmet lui rendit son sourire. Si elle avait un jour eu un quelconque ami, ç'aurait sûrement été lui. Ils s'entendaient si bien, et elle le comprenait mieux que personne. C'est pour cela qu'elle devrait se débarrasser de lui. Mais pas avant qu'il ait eu son utilité dans son plan.
– Je veux que tu assassines mon mari.
Cela ne surprit nullement Amonbophis, qui se contenta de la regarder un moment. Il ne posa aucune question, et c'était aussi bien de cette façon, pensa la princesse. Le moins elle en savait, le mieux c'était.
En attendant, elle pouvait bien s'amuser un peu. Espérant que Seth ne lui en voudrait pas trop, elle happa les lèvres du vizir des siennes et caressa son torse nu et musclé. Une dernière nuit de plaisir avant qu'Amonbophis disparaisse.
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Le confinement c'est top, ça me force à écrire ! J'espère que vous avez aimé ce chapitre, même si l'action manque un peu. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que vous avez tout de même apprécié ? Que prévoyez-vous pour la suite ?
N'oubliez pas le vote qui fait plaisir (svp lol) et pourquoi pas un petit commentaire:) À plus tard mes canards, et mille mercis pour vos encouragements ! Vous n'avez aucune idée à quel point ils me font chaud au coeur !
Bisoux,
lecrivaine123
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