Chapitre 6- Exécution

– La mort de ma sœur est une tragédie impardonnable, s'écria Sekhmet en s'adressant à la foule amassée devant le palais.

La princesse retint un sourire satisfait. Elle s'était pratiquée des heures durant à ajouter le juste tremblement dans sa voix et la note harmonieuse de tristesse dans son ton, et elle jouait maintenant son rôle à la perfection. Elle laissa même une larme unique courir sur sa joue.

– Le coupable, reprit-elle d'une voix tranchante en désignant l'homme maigre à ses côtés, devra payer de sa vie cette impudence. On ne s'en prend pas à la dynastie des Enfants des Dieux sans en subir les conséquences.

Plusieurs l'encouragèrent de leur voix, mais elle les fit taire, exaspérée.

– Maintenant, tandis qu'Akhmet...

Elle brisa volontairement sa voix. (Tandis que son âme est engloutie par la Grande Dévoreuse !)

– Tandis qu'Akhmet, guidée par Anubis, rejoint le repos éternel aux côtés d'Osiris, roi des morts, je châtie celui qui lui a enlevé cette vie pour laquelle elle s'est tant battue.

(En fait, je devrais le féliciter pour nous avoir débarrassé une fois pour toutes de cet être inutile !)

Elle s'approcha du roturier. À mesure qu'elle s'approchait, celui-ci se tassait de plus en plus sur lui-même. On aurait dit un squelette brun perdu dans une tunique crasseuse.

La princesse fit signe aux gardes, qui s'emparèrent du malchanceux. L'homme criait à en perdre la voix qu'il était innocent, que quelqu'un l'avait payé pour écraser Akhmet.

Sekhmet saisit cette chance que les dieux lui offraient sur un plateau d'argent pour punir un autre malotru qui avait fait offense à Pharaon et à sa famille : Ahmès.

- Il dit vrai, j'ai ouï d'un complot contre ma soeur bien-aimée, s'adressa-t-elle à la foule et à sa famille, assise dans les estrades un peu plus loin. Si j'avais pris ces rumeurs au sérieux, peut-être Akhmet serait-elle encore des nôtres en ce jour.

- Mais dis-moi, ma fille, de qui est-il question ici ? Quelqu'un que nous connaissions serait-il assez sot pour nuire aux fils de Rê ?

Sekhmet hocha la tête, un air grave plaqué sur le visage, et serra les lèvres.

- Ahmès, déclara-t-elle après un moment de silence, est celui que vous cherchez. J'ai entendu des servantes jacasser à ce propos l'autre jour. Si... si seulement je les avais crues... Elle serait en vie.

Elle essuya une larme de crocodile sur sa joue pour convaincre son audience de sa performance. Pharaon, naïf comme toujours, se leva et serra sa main dans la sienne.

- Sekhmet, tu n'as pas à te reprocher sa mort. Les rumeurs sont instables comme le feu lors d'une tempête, et aussi trompeuses qu'un mirage dans le désert. Tu ne pouvais savoir que celle-ci était véridique.

La princesse le serra dans ses bras et son père envoya immédiatement les gardes chercher Ahmès. Elle jubilait. Tout se passait exactement comme prévu !

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Elle nettoyait encore le sang du fermier et d'Ahmès sur ses mains. Oh, comme elle avait aimé voir la vie s'éteindre dans leurs yeux, surtout ceux de l'amant de sa soeur. Il l'avait narguée durant tant d'années, à se rapprocher du pouvoir plus qu'elle. Et voici que maintenant, c'était elle, fille d'Isis, princesse de la dynastie de Rê, qui monterait bientôt sur le trône du royaume de la Haute-Égypte.


Le fermier était un dommage collatéral malheureux, mais la fin justifiait les moyens. Il avait été jouissif pour elle de voir Ahmès clamer son innocence et réaliser que personne ne le croyait, qu'il était condamné à mourir. Sekhmet retint un ricanement au souvenir de sa mine défaite lorsqu'elle avait enfoncé la lame du couteau cérémonial dans sa poitrine.

Un raclement de gorge interrompit ses agréables pensées. Elle se retourna et fut surprise de voir Sethi, son frère aîné. Il s'approcha d'elle tandis qu'elle finissait de laver les taches couleur rouille sur ses ongles.

- Ne t'a-t-on jamais appris à faire annoncer ta présence, cher frère ?

Sethi passa une main dans ses cheveux acajou et secoua la tête, un sourire narquois aux lèvres.

- Te souviens-tu, ma soeur, qu'il n'y a pas si longtemps, nous dormions dans les appartements l'un de l'autre ?

Et Sekhmet se souvenait. C'était l'un des seuls souvenirs qu'elle chérissait, celui d'elle et son frère s'amusant jusqu'au petites heures du matin à compter les étoiles, à dessiner les nuages et à disputer des parties de senet déchaînées. Son frère continua à parler en plaçant les deux mains sur ses épaules.

- Je suis fier de toi, petite soeur. Tu es une descendante digne de la lignée des fils de Rê, et Pharaon ne pourrait rêver d'une meilleure fille. Tu serais une souveraine exceptionnelle. Dommage que tu sois une femme.

L'irritation la gagna et elle se dégagea lorsque Sethi tenta de passer ses bras autour d'elle.

- Comment oses-tu ? Pour ta gouverne, je serai un jour la première Pharaonne de l'histoire de la Haute et de la Basse-Égypte. Et personne ne pourra m'arrêter, pas même les dieux.

Sethi parut amusé par cette éventualité et s'assit nonchalamment sur le lit de sa soeur.

- Je n'en doute point. Écoute, j'ai une proposition à te faire, Sekhmet.

Intriguée, elle détourna son regard du coucher de soleil sanglant- exactement comme celui de son précédent rêve !- et planta ses yeux dans ceux, d'un ton chocolat chaleureux, de Sethi.

- Je t'écoute.

Il se leva et de nouveau s'approcha d'elle. Il se trouvait maintenant à une distance inconfortablement proche de la princesse, mais elle ne recula pourtant pas. Reculer revenait à se soumettre, ce qu'elle n'admettrait jamais faire. De plus, cela enverrait à Sethi un signal de froideur, alors qu'elle désirait rester dans ses bonnes grâces. Après tout, n'était-il pas le second prétendant au trône ?

Elle se laissa donc faire lorsqu'il posa ses lèvres sur les siennes et répondit à son baiser, malgré le dégoût qu'une telle action lui inspirait. Elle se répéta son mantra en silence :

La fin justifie les moyens, la fin justifie les moyens. La fin justifie les moyens...

Tout de même, elle fut soulagée lorsqu'il s'écarta enfin pour la regarder dans les yeux.

- Épouse-moi, dit-il, et nous régnerons ensemble sur l'Égypte.

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Bon, l'inceste est un sujet sensible, mais il me faut quand même préciser qu'il était commun - seulement pour la famille royale- de se marier et d'avoir des enfants entre frères et soeurs. Cela créait de nombreuses faiblesses à cause du manque de diversité génétique, d'où les diverses malformations de feu Akhmet.

Ne vous inquiétez pas, il n'y a aucune scène décrivant de l'inceste, seulement quelques sous-entendus. Je ne le fais pas par plaisir, mais bien parce que c'est réellement ce qui s'est passé et que cela est nécessaire au déroulement de l'histoire. Je ne supporte pas ce genre de comportement - c'est carrément dégueulasse et très mauvais pour la santé.

Donc, avez-vous aimé ce chapitre ? Moi, couci-couça, mais je vais tout réécrire lorsque l'histoire sera terminée.

Que se passera-t-il par la suite ? Sekhmet acceptera-t-elle la proposition de Sethi ? Reverra-t-elle Seth ?

Rdv la semaine prochaine pour le savoir ! Allez, si  vous avez aimé, laissez-moi un petit vote (svp) et dites-moi ce que vous pensez de tout ça et de l'histoire à date !

À la prochaine,

lecrivaine123


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