Chapitre 2: Hantise
L’orage se déchaînait derrière les immenses baies vitrées, projetant des ombres dans ces pièces épurées, à l’image de leur propriétaire. Car pour moi, Dante restera à jamais le véritable maître des lieux, en dépit de mon nom au bas des documents.
-Je vous laisse, madame Valens, fit le notaire. Dès demain, la rumeur de la succession arrivera à de mauvaises oreilles. Je vous enverrai des gardes du corps dès que possible.
-Bonsoir, monsieur Manneville, murmurai-je, prostrée sur le canapé.
La porte se referma derrière lui, murant dans le calme la maison de Dante Thurston. Abrutie par l’enterrement, le testament, l’odeur de mon ex sur chacun de ces meubles, je sursautais en entendant un bruit, provenant de la cuisine. Combien de temps étais-je restée là, à fixer le vide ? J'aurais été incapable de le dire.
Un craquement ?
Je me levais, pour aller vérifier que rien n’était tombé, quand mon portable sonna, manquant me faire faire une crise cardiaque. Une photo de Lévine, prise en pleine milieu d’un fou rire, s’afficha sur l’écran.
-Allô, mon chéri ?
-Ha, Hélène ! Comment vas-tu, mon amour ? Je suis désolé d’avoir dû partir pour Paris, je…
-Ce n’est rien, Lévine, soupirai-je en me dirigeant vers la cuisine. On se verra ce week-end.
-Je reviens le plus vite possible. Tu vas bien ?
-Oui… Oui…
Je n’osais pas lui parler du testament. Tout cela serait trop compliqué à expliquer par téléphone. Surtout que j’allais devoir lui dire que Dante avait été plus, bien plus, que mon voisin d’enfance.
-J’aurais juste aimé t’avoir près de moi, en ce moment…
Ma voix se brisa. Je m’arrêtai sur le seuil de la cuisine, afin de me reprendre.
-Je suis désolé, mon amour…
Des appels raisonnèrent derrière lui, assez fort pour faire grésiller la ligne.
-Oh, mes collègues s’impatientent… A plus tard, Hélène. Reposes-toi bien. Détends toi, prends un bain, lis un livre, fait…
-Ne t’en fais pas, Lévine. Je gère la situation. Bonne nuit.
-Bonne nuit, ma puce.
Je raccrochai, allumai la lumière de la cuisine. Fatiguée, je lançais mon téléphone sur le comptoir, pour faire le tour des lieux. Sobre, bien équipée, surtout dotée d’une impressionnante cafetière à moudre les grains de cafés, elle ne respirait pas l’antre du cuisinier par excellence.
Tout Dante.
Un nouveau craquement, plus fort celui-là, me fit pivoter vers le frigidaire. Rien. Le cœur en vrac, je me traitai d’idiote. L’orage était certainement responsable de ces bruits. Le tonnerre, certainement… Hum, non, il éclata justement à ce moment-là, en un roulement inquiétant.
J’allais pour sortir de la pièce, peu rassurée, lorsque la porte grise d’un placard s’ouvrit brusquement devant moi. Dedans, juste des assiettes et des verres. Prudente, je reculai, buttai contre un tiroir emplit de couteaux, clos jusque-là.
Qu’est-ce que…
Tous les meubles s’ouvrirent d’un seul coup, me pétrifiant sur place. Les assiettes se mirent à voler contre les vitres, les couteaux à se planter dans les murs, passant à un cheveu de moi. Je me jetai à terre pour éviter une casserole, qui se fracassa sur le frigidaire dans un fracas assourdissant. Dans le maelström de couverts et d’assiettes autour de moi, les éclats de porcelaine et de verre pleuvant sur moi en une pluie coupante, je me ruai hors de la cuisine, à quatre pattes.
Une fois dans le salon, je ne pris pas le temps de réfléchir : je tentais d’ouvrir l’une des grandes baies vitré, me jetant presque dessus. Et m’arrêtai net, lorsque Dante me renvoyant son regard.
Je tombai avec un cri de stupeur, mais la silhouette qui frappait dans la vitre avait déjà disparu, laissant la pluie ruisseler sur elle. Un éclair déchira l’orage, le chaos dans la cuisine s’arrêta soudain, tous les ustensiles tombèrent sur le sol dans un assourdissant fracas.
Je ne devais pas rester ici !
Bondissant sur mes pieds, je courus vers la porte d’entrée. Le cœur au bord des lèvres, je cherchais désespérément une sortie. Le soudain silence de la maison m’affolait encore plus. La buanderie ! Manneville m’avait montré une sortie donnant sur le jardin, en passant par-là !
Pourtant, une fois dans la buanderie sombre, je ralentis. Jetai un coup d’œil vers la baie vitrée, où j’avais vu le reflet de Dante. Etais-je devenue folle ? Je venais de croiser Dante, et je partais en courant ?
Dégoûtée de ma réaction, je revins sur mes pas. La vitre était nue de toute silhouette. En revenant dans la cuisine, une boule se forma dans ma gorge.
Rien. Il n’y avait pas de couteaux plantés dans le mur, pas de casserole ni de vaisselle brisée sur le sol. Perdue, je tournais sur moi-même, cherchant des traces du chaos auquel j’avais assisté. Je ne décelais rien. La fatigue m’avait joué un sacré tour.
Avec un soupir, je m’apprêtais à réellement partir.
Pour me statufier devant la porte. Mon cœur, mon souffle se figèrent, mes pieds furent de plomb en croisant le regard bleu de Dante. Appuyé contre le chambranle de la porte, haletant, ruisselant de pluie, il me fixait sans détour, les lèvres entrouvertes sur une respiration hachée.
Une hallucination ? Encore une ?
Les larmes me montèrent aux yeux. C’était trop réaliste. C’était trop dur de me jouer un tel tour, à moi-même. Je reculai, le chagrin me comprimant la poitrine. J’en avais assez. Je voulais rentrer chez moi, me mettre sous la couette et pleurer.
Son grondement sourd me fit arrêter de penser. Il s’arracha à sa posture, pour s’avancer vers moi. Il n’avait rien perdu de sa grâce, sa démarche quelque peu agressive, des cernes soulignant son regard bleu rivé au mien.
-Da… Dante ? balbutiai-je.
Mes fesses butèrent contre la porte du jardin. Les mains de Dante s'abattirent de part à d’autre de mon visage, faisant trembler le battant. Il se pencha vers moi, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Une odeur de pluie et de terre humide envahit mes sens, me faisant tourner la tête.
Je fermai les yeux, haletante. La peur, le bonheur, l’incrédulité et le chagrin se battaient en moi. Mais le combat fut brutalement arrêté par son corps se pressant contre le mien, ses lèvres prenant possession de ma bouche avec une exigence sauvage. A laquelle je répondis avec ferveur. Mon dos se cambra, mes doigts glissèrent dans ses cheveux humides, mon gémissement rauque se mêlant au sien.
-Dante…
Il me fit taire d’un baiser farouche. Ses mains effleurèrent mes hanches, déclenchant des myriades de petites étincelles. Il remonta le long de mon ventre, caressa la courbe de mes bonnets. En quelques secondes, mon soutien-gorge vola, libérant le chemin à ses pouces jusqu’à tétons durcies. Tremblante, je m’agrippais à lui, enfouis mon visage dans sa nuque. Il était trempé de pluie, pourtant une fragrance dominait tout. Son parfum… Le sien…
Mes jambes se dérobèrent sous moi, à l’instant où sa main glissa sous ma jupe. A genoux sur le sol, le rouge aux joues, je m’appuyai sur la porte… Et il entoura ma taille de ses bras, m’enlaçant par derrière.
-Hélène…
Son souffle rauque me fit plus d’effet encore. Me mordant la lèvre inférieure, je me cambrai, allant à sa rencontre. Son grand corps humide plaqué contre moi, débarrassé de ses vêtements comme par magie, il fit glisser ma petite culotte le long de mes cuisses, fit jouer ses doigts le long de ma peau. Je saisis ses fesses à pleines mains, plaquant ses hanches contre moi, me tordant le cou pour cueillir ses lèvres. Il m’embrassa en me tenant le menton d’une main, l’autre découvrant mes secrets les plus intimes. Mes halètements se muèrent en gémissements, et bientôt, le tourbillon de plaisir prit le contrôle.
Je le suppliai de me prendre là, à genoux dans la cuisine. Et c’est ce qu’il fit. Il s’enfonça en moi, avec une telle force que je dus m’appuyer contre la porte. Mon désir se décuplant, je fis onduler mes hanches, pour l’inciter à aller et venir en moi, vite, encore plus vite. Ses mains sur mes seins, son souffle à mon oreille, je me perdais dans ses coups de reins puissants, oubliant tout, de mon nom aux hallucinations. Plus rien ne comptait d’autre que lui, et le plaisir sauvage.
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