#1 | Welcome in your new world ~

Avant même qu'elle ne reprenne connaissance elle se sentait différente. Ou plutôt elle l'était. Tout en elle avait changé... mais elle ne savait sûrement pas à quel point. Son corps voulait s'en souvenir, son esprit résista un instant mais ne put résister totalement.

Seul un souvenir tentait de se débattre, voulait revenir et la faire se réveiller mais, après une ultime tentative pour s'imposer, il se dissipa à son tour dans son subconscient.

Elle n'avait pas conscience de tout ce qu'elle avait enfoui dans un coin éloigné et brumeux de son esprit, préférant s'abandonner à cet état second. Instinctivement, pour protéger de quelque chose qui aurait dû la détruire, elle s'était plongée un état de transe. Son esprit était isolé dans un univers mental, coupé du monde extérieur et de ses dangers.

Elle avait la sensation de flotter dans l'espace, ni vraiment retenue ni vraiment lâchée. Sous ses paupières se déroulait un univers immense et infini, autour de sa projection mentale d'elle même voyageaient du rouge, du bleu et du jaune, les couleurs se mélangeant et se séparant grès de ses envies. Elle n'avait plus ni besoins, ni attentes, ni responsabilités. Le poids des problèmes avait quitté ses épaules et la seule chose à laquelle elle pensait était à quel point elle se sentait bien. Ce fut sa première pensée qui la tirait de l'inconscience. Elle se sentait légère et libre de se détendre.

La tension contenue dans ses articulations coulait littéralement hors d'elle, laissant chacun de ses membres plus relaxé. Ce sentiment de bien être s'altéra lorsque que quelque chose s'échappa, une pensée qui vint la déranger.

Elle savait quelque chose de terrible, un sentiment d'inconfort qui, au fond de sa mémoire lui disait que quelque chose n'allait pas. Qu'au fond elle n'aurait pas dû être en train de flotter dans ce rêve. Ce fut cette certitude qui la poussa lentement hors des bras de Morphée.

Une pression dans son esprit, une barrière qui craqua et ses sens lui revinrent. Ils se réveillèrent un à un, s'étirant lentement, ne saisissant rien d'abord, puis tout ensuite, une palette de sensations qu'elle avait presque oublié avec le reste.

Le premier sens à se ressaisir fut son l'ouïe, les sons lui apparurent brouillés, comme si elle essayait de saisir un ultrason, puis ils se . Le clapotis de l'eau était apaisant. Un va et vient au rythme lent des vagues lointaines, aux sonorités devenues musicales

Il remplissait tout et la gardait apaisée, léthargique. Sa transe devenait chaque seconde un peu plus lointaine mais la conscience pleine, elle, l'approchait chaque seconde un peu plus.

Quand ce fût le tour de l'odorat, elle respira l'air salé de la mer avec délice. Elle en était sûre, elle rêvait. La mer chez elle était lointaine... peut-être ? Elle n'en était plus sûre.

Elle commença à sentir son corps, le toucher la réconfortait dans ce sentiment d'inconscience. Elle distingua ses bras à moitié immergés qui glissaient entre les remous, sa poitrine montant puis s'affaissant au rythme de sa respiration, ses jambes légèrement repliées sous elle qui ballottaient au grès des courants. Ses cheveux flottaient lentement derrière elle, comme une couronne mouillée, effleurant de temps en temps ses épaules. Elle sentait l'eau, fraîche, tellement agréable, qui glissait entre ses doigts, mais pas sous ses vêtements, lesquels d'ailleurs lui semblaient légers et agréables bien que collants.

Le rêve prit fin lorsque revint son goût.
Sa bouche lui semblait sèche, terriblement sèche. Un parfum salé prégnant la faisait grimacer, mais elle n'arrivait pas à cracher. Sa langue était raide comme une pierre. C'était comme si tout son corps s'était desséché, incapable de bouger.

Elle se réveilla complètement, repoussant l'inconscience qui la guettait de ses bras soporifiques. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, couchée à la surface de l'eau, sans faire le moindre geste, à dériver au gré des courants. L'angoisse de savoir ce qu'elle faisait ici la saisit si vite que les battements de son cœur accélérèrent soudainement, lui coupant presque la respiration.

Sa peau était chauffée par le soleil depuis le début, et cela l'avait conforté dans son bien-être, mais la sensation de réconfort devint soudainement brûlante. Toute sa peau exposée lui sembla prendre feu.

Elle ouvrit brutalement les yeux. La première chose qu'elle vit fut le bleu immense, éclatant, du ciel d'été.
Elle les referma aussitôt, agressée par tant de lumière d'un coup. Portant toute son énergie dans ce geste, elle leva son bras gauche, décrivant une courbe au dessus de son visage. L'ombre lui soulagea un instant les yeux, qui même derrière les paupières continuaient d'être aveuglés par le soleil brillant trop fort.

Des gouttes salées lui coulèrent sur le visage, avant de lentement rouler sur ses joues, apaisant la brûlure de l'étoile. Déséquilibrée par ce geste, son torse roula sur lui même et plongea dans l'eau, ses pieds se retrouvèrent emportés vers le fond et sa tête se retrouva immergée.
La brûlure cessa, remplacée par la fraîcheur de l'eau, mais elle ne s'y était pas préparé. De l'eau lui empli la bouche et le nez, fa forçant à bloquer brutalement sa respiration. La sensation d'étouffement ne dura que quelques secondes, le temps que ses orteils tendus n'effleurent les roches plates qui couvraient le fond. Elle prit appui de plein pied, retrouvant enfin le contrôle total de son corps et se propulsa vers l'extérieur.

Sa tête creva la surface et elle hoqueta, l'air chaud emplissant difficilement ses poumons. Elle avait le nez rempli d'eau de mer, le sel lui brûlait douloureusement les sinus. Elle souffla de toute ses forces pour soulager la douleur, ses pieds battant pour la maintenir à la surface. Ses mains étaient serrées sur ses yeux, craignant l'éblouissement.
Lorsque la douleur fut assez atténuée, elle retira ses mains et regarda légèrement autour d'elle, plissant les yeux pour échapper aux rayons du soleil. Elle ne vit que de l'eau, aussi loin que son regard pouvait porter. Paniquant à l'idée d'être perdue en pleine mer, elle se retourna, cherchant la moindre parcelle de terre.
C'est là qu'elle la vit.

Une île immense. Une montagne dont le sommet devait jouer avec les nuages et une forêt épaisse et luxuriante de laquelle s'élevait une brume dorée.

La roche du mont était brune avec des nuances de rouge, striée de gouffres dans lesquels la forêt qui avait des allures de jungle s'engouffrait largement. La brume qui s'envolait du cœur des arbres tourbillonnait au dessus de l'île dans une danse hypnotique et multicolore. La plage qui entourait l'île était en larges rochers plats et blancs superposés les uns sur les autres, les mêmes qui se trouvaient sous ses pieds.

Lentement, elle nagea jusqu'à une pierre ou elle pourrait avoir pied. Lorsqu'elle eut atteint une profondeur où son torse sortait de l'eau sans avoir besoin de se poser sur les doigts de pieds, elle laissa ses jambes se détendre et soupira de soulagement.
Le soleil tapant dans son dos détrempé ne l'aveuglant plus, elle commença à se relâcher légèrement, ouvrant enfin grand les yeux et porta ses mains devant elle.
Sa peau était bronzée et calleuse, mais ses articulations de doigts étaient rouges et entaillés. Ses bras étaient recouverts de griffures et ce qui devait être sa manche droite était en lambeaux. Sa manche gauche, elle, avait été visiblement arrachée. Le tissu était mince, soyeux et collant, une matière souple et résistante qui semblait repousser l'eau. Son haut était tout blanc mais avait des reflets dorés lorsqu'elle le faisait couler entre ses doigts. Sous l'eau, son pantalon bien que déformé lui semblait être rouge foncé. Partout, des trous et des éraflures avaient détruit les vêtements.
Elle sentit sa gorge se serrer, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver... mais elle était incapable de s'en souvenir. Elle parla à voix haute pour se donner un peu de courage :

« Allez, tout va bien se passer, de toute façon on va trouver comment survivre. Hein ma... »

Une boule monta dans sa gorge, fulgurante. Sa bouche lui semblait pâteuse, et sa nouvelle inspiration lui sembla plus dure, comme si on était en train de l'étrangler.

« Ma... Ma... »

Sa voix se brisa net, et elle faillit perdre pied. Ses yeux fixèrent le vide, cherchant désespérèrent un repère auquel se raccrocher. Une larme tomba lentement, glissant de son œil, roulant sur sa joue séchée avant de tomber droit vers l'océan. Une perle salée unique parmi toutes ses sœurs.
Elle avait été incapable se rappeler qui elle était. Incapable de se souvenir de son prénom, de son nom de famille, de qui elle était tout simplement. Pas de souvenir d'amis, de famille, de foyer. Aucunes racines. Aucun passé. Juste un vide effroyable.

Elle se concentra mais se retrouva incapable de se souvenir quoi que ce soit.
Comme si les souvenirs étaient à portée de main mais inaccessibles quoi qu'elle fasse. De nouvelles larmes suivirent leur première sœur et elle se retrouva figée, respirant en hoquets et incapable de s'arrêter de pleurer.
Sous elle la surface paisible de l'eau se troublait, l'océan si clair, si pur, si immense... le soleil éclairait les dalles blanches qui se teintaient de reflets roses et jaunes. Malgré sa peine elle ne pouvait que se dire que toute cette nature autour d'elle était merveilleusement belle.

Se forçant à respirer calmement, elle sécha douloureusement ses larmes et essuya son nez. Pour le moment elle ne pouvait pas se lamenter sur son sort, elle devait trouver quoi faire.

Un bruit d'éclaboussures dans l'eau juste derrière elle la fit soudain se retourner...

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Hello !

Alors voici une nouvelle histoire qui, j'espère, vous donnera envie de découvrir la suite ;)

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