Chapitre 28


Nous sommes tous dans le jardin. J'ai tellement mangé que je peine à rester éveiller. Caden s'est absenté un moment avant de nous rejoindre. Kildan, lui, j'ignore où il prend toute son énergie, mais ce dernier s'amuse à faire le pitre devant nous. Assise parterre, je me tords de rire, tandis qu'Alissa soupir. Je crois que certaines anecdotes que notre ami raconte sont vraies, mais un plus romancée. Du coin de l'œil, j'aperçois Caden s'asseoir à ma gauche en effleurant ma jambe. Un léger frisson me parcourt la peau, mais j'essaie de rester concentrer sur Kildan.

N'en pouvant plus de rire, je m'allonge sur le dos sous le regard de mes compagnons. Amusé, ce dernier vient s'allonger devant nous en me disant :

— Tu sais, si tu n'avais pas été la fille de mon compagnon, je t'aurais invité dans mon lit.

Je m'assois à nouveau en fronçant les sourcils, mais surtout en cherchant dans son regard si ce dernier est sérieux. Il joue avec un brin d'herbe et rien dans son visage, n'indique un quelconque amusement. Soudainement, à ma gauche, Caden se met à grogner tel un animal qui tente d'avertir.

— Oh ! Ça va. Tu n'as pas besoin de faire le gros dur. S'exclame Kildan. Tu ne peux pas nier que Jennyfer n'est pas une belle mortelle.

— Je ne le nie pas, non. Je t'interdis de la toucher. Menace Caden.

Amusé, son frère lève les mains en guise de paix, tandis que le commentaire du prince me fait rougir. Je ne devrais pas me comporter comme une jeune adolescente pour un simple commentaire, mais cela est plus fort que moi.

— Alissa et moi, nous nous sommes bien amusés dans le passé, enchaine Kildan.

— Ce qui s'est passé ou se passe entre vous ne me regarde pas, grogne une nouvelle fois Caden, tant que vous êtes consentant, ça ne me dérange pas. Alissa est ma meilleure amie et je veux que son bien; même si elle prend plaisir avec un libertin.

Je regarde la concernée qui secoue sa tête en riant. Celle-ci semble plutôt amusée par les propos que tiennent ses amis. Jamais, je n'aurais pensé qu'il y aurait eu quelque chose entre Kildan et Alissa. Est-ce que c'était bien ? Non, ce n'est pas une question que je devrais poser. Je ne suis pas si curieuse que cela, non ? Je réponds, finalement :

— Quoi qu'il en soit, je n'aurais jamais accepté votre invitation.

— Pourquoi ? Ne suis-je pas un beau spécimen ?

— Vous possédez un certain charisme, je dois admettre, mais vous ne m'intéressez pas.

— Et qu'est-ce que qui vous intéresse chez un mâle... ou plutôt chez un homme ?

— Euh...

— Oui. S'exclame Alissa, qu'est-ce que vous aimez chez un homme ?

Pourquoi veut-on savoir cela ? N'est-ce pas censé être personnel ? Mais qu'est-ce que je cherche chez un partenaire ? Est-ce que je le sais vraiment ? Je n'ai connu que le peu de considération que Sebastian me donnait. Je n'y ai jamais vraiment pensé. Je voulais seulement qu'on me donne de l'importance, ce qu'il faisait un peu, je crois.

— Je ne sais pas, avoué-je, je croyais avoir un idéal... Je croyais que je le savais.

— Ton idéal était ce chasseur ? ricane Kildan. Vraiment, tu n'as pas beaucoup d'estime.

Je baisse la tête en tournant mon regard. Je suis blessée. Je n'ai rien connu d'autre. Comment puis-je comparer ? Je décide de me lever et entrer dans la maison. En arrière de moi, j'attends quelque chose qui ressemble à une dispute, mais je ne prête pas attention. On a toujours ri de moi ; que ce soit en face ou derrière. Je devrais être habituée après toutes ces années. J'ai toujours pris la défense de Sebastian auprès des autres et je crois que c'est cela qui me chagrine un peu.

Ne sachant pas où aller, je me retrouve dans la chambre qu'on m'a assignée à mon arrivée. Il y a qu'un seul grand lit entouré d'un drap de filet. Je crois que c'est pour éloigner les moustiques, car il y en a dans mon monde. Je fais un peu le tour en découvrant une tuyauterie vraiment plus complexe que chez moi. J'ai l'impression que nous n'avons pas évoluée si je regarde tout autour. Même si tout est de pierre, tout est spectaculaire. Je finis par m'asseoir près de la fenêtre qui donne vue sur la ville, si je dois l'appeler ainsi. Chaque maison est illuminée. Je me demande s'ils sont conscients de mon monde ou ils en ont connaissance. Leurs ancêtres ont-ils emporté quelque chose ici de là-bas ? Je soupire. À quoi bon de me poser autant de questions.

Soudainement, j'entends la porte de la chambre s'ouvrir et je détourne la tête pour connaître la personne qui ose me déranger dans mon silence. C'est Caden. C'est la première fois que je le vois s'avancer la tête basse, comme un chien et la queue entre les jambes. Pourquoi agit-il ainsi tout à coup. Je fronce les sourcils en le voyant si près. Je ne sais jamais comment ce dernier va se comporter.

— Je suis désolé pour le comportement de Kildan, s'excuse-t-il, il peut être parfois lourd à supporter.

Je rêve. Caden s'excuse.

— J'accepte vos excuses, Caden. J'imagine qu'il peut se permettre de plus de liberté en tant que fils illégitime.

— Trop même. Il ne comprend pas le poids qui pèse sur mes épaules. Un royaume déchiré entre les partisans de la reine et de ce faux roi.

D'un mouvement rapide, je tourne la tête vers lui. Il est donc au courant. Son frère en est-il au courant ?

— Vous le savez donc ? Vous savez que le roi...

— N'est pas mon véritable père ? Oui, je le sais.

Caden commence à arpenter la chambre sans but, réfléchissant à ce qu'il pourrait dire. Je me demande depuis combien de temps il sait que c'est le faux jumeau qui usurpe le trône. De plus, ce dernier ne semble pas plus surpris que cela que je connaisse cette information. La reine le dit-elle à qui veut l'entendre ?

Le prince finit par revenir vers moi et s'assoit lui aussi, sur le rebord de la fenêtre. Sans me regarder, il dit :

— Au départ, je ne la croyais pas, pensant que le poids de la couronne la rendait folle. Il était mort bien avant ma naissance.

— Qui vous la dit ?

— Kildan. Il avait des soupçons, lui qui a pu le connaitre. Bien sûr, sur le coup, je ne l'ai pas accepté, croyant à une jalousie envers moi, puisque je lui ravissais le trône par ma naissance. Lorsque la reine s'est fait bannir, j'ai gardé un œil sur elle, sans qu'on le sache.

— Et c'est là que vous avez tout découvert.

— Il hoche la tête. Oui. Je l'ai suivi, gardant une bonne distance jusqu'au champ de la dernière bataille. C'est là que je l'ai vu déterrer le corps presque en parfait état d'un homme. Le regard qu'elle lui portait, j'ai compris.

— Alors, vous saviez que le reste de votre père est dans le lit de votre mère.

— Aussi étrange que ce soit, oui, je le sais. J'ignore ce qu'elle attend au juste, mais je suis préparée. Il me regarde droit dans les yeux. Je ne laisserais personne te faire du mal, sur ma vie, j'en fais le serment. Je tuerais quiconque s'oppose à moi.

— Pourquoi ? soufflé-je.

— Tu ne peux pas encore comprendre. Du moins, pas pour l'instant. Silence. J'imagine que tu aimerais te changer de vêtements et te laver.

Il a le don de passer du coq à l'âne. Néanmoins, je suis fatiguée de cette journée et je souhaite vraiment me débarrasser de ces vêtements. J'acquiesce silencieusement de la tête et le prince me prépare l'eau.

****

Tout est tellement différent ici. La douche n'est vraiment pas comme dans mon monde. Je peux en prendre que l'été, et ce dehors dans un abri. Nous devons tirer sur un sceau rempli d'eau chaude et nous nettoyer en vitesse. Ici, l'eau sort d'un tuyau comme une fine pluie doucereuse et bienfaisante. Étrangement, cela me fait du bien. Peut-être que je m'habituerais à ce monde.

Lorsque je finis, je m'enroule dans un drap et découvre qu'on m'a laissé un nouveau vêtement. Une chemise de nuit en lin blanche. J'ai l'impression qu'on voit tout au travers et je sursaute lorsque j'aperçois Caden assis dans un coin de la chambre. Est-ce qu'il m'a observée ?

— Si tu t'inquiètes, non, je ne t'ai pas observé. Je suis également fatigué pour m'embrouiller ce soir.

Il se lève pour se diriger vers le lit. Ce dernier attache ensemble m'expliquant que c'est pour empêcher au mieux les moustiques de nous piquer la nuit. En le voyant faire, je tique, lorsque ce dernier s'allonge dans le lit. Je me montre réfractaire, mais je me rappelle la nuit dans cette auberge. Bien sûr, je suis certaine qu'il doit y avoir plein d'autres chambres dans ce château, cependant, je n'ai pas la force de m'en aller. Grognant, je me glisse sous les couvertures en disant :

— Je suis trop fatiguée pour me battre.


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Voilà pour cette semaine. J'espère que vous appréciez l'histoire.

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