Chapitre 26
— J'ai l'impression d'avoir interrompu quelque chose. Ricane Kildan.
— Vous n'avez rien interrompu, tiqué-je, il ne se passait rien du tout.
— Ce n'est pas ce qui paraissait.
— De toute façon, il doit faire cela avec toutes ces femmes qui lui tournent autour et qui s'y frottent.
— Je perçois une pointe de jalousie.
Moi ? Jalouse ? Non, je ne le suis pas. Je lui fais que rappeler les nombreuses femmes qu'il a eues dans cette maison close. Je n'aime pas les coureurs de jupons et encore moins ceux qui se croient trop confiants. Je réfute cette idée de jalousie. Ce n'est pas moi et cela ne le sera jamais.
— Bref ! balayant d'une main cette parole. Pourquoi Emmery est-elle ici ?
— Si je le savais, je ne serais pas ici.
— Hmmm.
— Vous voulez savoir ce qui se dit ?
— Sans qu'on apprenne que nous sommes là ? Je crois que cela est impossible.
— Cela du talent des gens. Viens.
Kildan semble s'amuser à mon escient et étrangement cela ne me fait rien. Je hausse les épaules et le suis jusqu'au-dehors. Au moins, je sais que je peux sortir en dehors de ces murs. Ce dernier cherche quelque chose et trouve grâce sous un saule pleureur. En quelques secondes, il disparait et j'accours pour voir où Kildan est parti. Sous le feuillage, je ne le vois pas.
— Bou !
J'étouffe un cri en me retournant, mais surtout en le voyant percher vers moi. Il est sérieux. Ah oui ! Kildan est vraiment sérieux. Il m'offre sa main pour m'aider à grimper. Je n'en reviens pas. Les branches de cet arbre ont poussé de manière à pouvoir marcher à travers son feuillage. Je devrais plutôt les trois arbres qui sont faits ainsi. Je soupçonne de la magie au travers de cela.
— C'est Athan qui a fait pousser ces arbres de cette manière. Il disait que nous avions droit à notre endroit secret. Nous avons passé beaucoup de temps ici.
— Mais tu es plus vieux que Caden, non ?
— D'une quinzaine d'années, mais cela ne parait presque pas. À un moment, on croyait que Caden était le plus vieux... Ah. Là! Ça y est.
Il me fait signe de me baisser ce que je fais immédiatement sans me poser de questions. À travers les feuillages, nous pouvons voir dame Emmery et Caden parle ensemble, elle agite ses mains ce qui semble le contrarier. À un moment, Kildan fronce les sourcils et je comprends que c'est le seul qui les entend. Pourquoi ? Est-ce unique à son peuple ? Peut-être. Avide de savoir ce qui se dit, je lui demande :
— Vous pouvez entendre ce qu'ils se disent ?
— Oui.
— Et ?
— Emmery le met en garde contre vous.
— Quoi ?
— Elle dit de ne pas aimer ce qui se passe et les actions qui s'en découlent. Que le roi, en fait Minark...
Je tic. Il est donc au courant. Pourquoi n'en parle-t-il pas ? Certes, Kildan est plus vieux que Caden et doit avoir connu un peu plus leur père que ce dernier. Est-il vraiment le seul à connaitre ce détail ?
— V-vous êtes au courant, dis-je surprise. Je croyais que personne ne voulait croire la reine.
Sans surprise, ce dernier hausse les épaules.
— Je suis même certains que tu es au courant de bien autres choses que tu n'as pas dévoilées au prince.
— Vous non plus.
— Qu'en sais-tu ?
— ...
— Bref. Caden la menace de ne plus revenir. Qu'elle n'a aucun pouvoir sur lui et encore moins sur le royaume. Mon frère lui rappelle que ce n'est qu'une concubine royale et qu'il pourrait toujours la tuer.
— Il ne devrait peut-être pas dire cela. Il n'est pas encore roi.
— Mais pour le peuple de Lustopale, oui.
J'aperçois Emmery qui rougit par la colère qui tourne le dos à Caden qui la regarde partir sans broncher. Pourquoi est-ce elle qui est venue le voir au lieu du faux roi ? La concubine n'a pas vraiment de pouvoir d'après ce que je viens de comprendre. Si Kildan est au courant que Minark n'est pas le vrai roi ou même son père, pourquoi n'a-t-il pas aidé la reine ? Est-ce pour la couronne ? Bien qu'illégitime, ce dernier pouvait prétendre au trône avant la naissance de Caden. Cependant, il était bien trop jeune pour y songer à moins qu'on y ait semé l'idée en grandissant. Kildan serait-il vraiment en mesure de trahir son demi-frère ?
Caden finit par revenir dans la cour et jette un coup d'œil aux arbres. Mince ! Je crois qu'il a compris que nous y sommes. Cela prend à peine quelques secondes que ce dernier nous rejoint en s'assoyant. Nous faisons de même. Nous sommes tellement proches les uns des autres que cela ne semble pas leur déranger. Les doigts de Caden frôlent les miens avant que je joigne mes mains sur mes genoux. Il soupire en levant la tête vers les branches. Son expression est indéchiffrable, même Kildan de nature plutôt enjoué, reste silencieux.
— Ça fait longtemps que je ne suis pas venu ici, se remémore-t-il, ça me semblait plus grand dans mon esprit.
— Nous étions plus petits, je te rappelle. Réponds son demi-frère.
— Pas faux.
— Pourquoi voulait-il te punir, cette fois-ci ?
— Les mêmes choses que d'habitude, haussant les épaules, je ne le crains pas.
— Tu as raison, tu n'as pas à le craindre.
Kildan a raison, mais ce dernier doit rester quand même sur ses gardes. Si Minark sait qu'un des fils est courant de son plan, il pourrait arriver quelque chose de grave. Est-ce que cela serait bien pour Lustopale ? Non, je ne le crois pas. Les peuples sont déchirés. La couronne est fragilisée. Un mort cherche vengeance. Rien dans tout cela n'est sain.
— Dans d'autres circonstances, j'aurais aimé te faire découvrir Phyodate. Dit-il. Il y a tellement de choses à découvrir en dehors de ces murs, mais je ne peux pas. Toutes les menaces. Tous les attentats d'assassinat contre moi, je ne peux te faire courir un tel risque.
— Je comprends, mais je le répète, je ne suis pas sans défense. Je sais me défendre.
— C'est différent ici... Tu ne sembles pas le remarquer.
En colère, je me lève en évitant de me frapper la tête contre une branche.
— J'ai conscience. Vous me croyez faible. Je ne suis pas de genre de femme qu'on sauve d'une sorcière de sa tour et du méchant loup qui veut vous croquer.
— Ah non ! ricane Kildan, le grand méchant loup veut bien plus que cela.
Je le toise du regard et ce dernier se tait en étouffant un rire. Caden se lève à son tour en disant d'une voix étonnamment calme :
— Tu crois que je ne le sais pas. Nos âmes sont liées. Une partie de moi voudra toujours te protéger, même si tu ne le désires pas. Alors, je passe outre que tu le veuilles ou non.
— Si nos âmes étaient vraiment liées, ne devrais-je pas ressentir quelque chose ?
De nouveau, il me regarde, mais d'une manière différente ; comme dans le salon plutôt. Cependant, ce dernier sait que nous ne sommes pas seuls et se ravise en s'assoyant. Je souffle, mais je veux comprendre. Comprendre le sens de tout cela.
— C'est plus compliqué pour un mortel.
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