Chapitre 25
Quelques heures plus tard, je retrouve ma hutte en pensant à tout ce qui a été dit près de la rivière. Bien que je ne sois pas vraiment une prisonnière ici, je souhaite partir. J'ai l'impression d'être en danger partout dans ce monde. Athan qui peut éliminer la reine et moi de surplus. Cette petite fille qui essaie de m'empoissonner à toutes occasions. Le faux roi qui souhaite ma mort parce que je suis une fille de l'autre monde. Emmery, ma grand-mère, qui ne semble pas me voir d'un bon œil. À qui devrais-je avoir confiance ? Kildan ? C'est vrai que ce dernier a été le seul à me montrer un peu de sympathie. Père ? Avec tous ces mensonges ? Je crains de ne plus avoir confiance en lui. Caden ? Celui qui m'a enlevée. Je ne sais plus quoi en penser. Athan a-t-il raison ? Et si Sebastian vient me chercher ? Arggg ! Je suis tellement mélangée.
Je m'affale sur mon lit de fortune. Il est bien, mais pas aussi bien que les bottes de foin sur lesquelles j'ai dormi avec Sebastian. Cependant, je ne reste pas longtemps seule avec mes pensées. La reine Drayna s'invite sous ma hutte en m'ordonnant :
— Lève-toi et suis-moi.
Je fronce les sourcils avant de me lever. Que se passe-t-il donc ? Un de ses espions a-t-il attendu la possibilité que Athan l'élimine ? Une boule de nervosité se forme dans mon estomac. Dès que je sors, je remarque que personne n'est au-dehors hormis les parents de la petite fille. Tiens, où est-elle passée ? Je suis silencieusement la reine Drayna jusqu'aux abords de la forêt oubliée. Que faisons-nous là ? Je reste perplexe. A-t-elle prévu de me tuer bien que son défunt mari m'ait transmis le reste de sa magie ?
Mon regard se pose surpris de voir Caden et Kildan accompagnés de trois autres hommes. Que viennent-ils faire ici ? Le fils illégitime me fait un clin d'œil en souriant que je ne comprends pas.
— Caden. Dit-elle.
— Mère.
— Je suis heureuse de te voir.
— Dans d'autres circonstances, je l'aurais été. J'aurais dû me douter que vous alliez tenter un coup d'État.
— Moi ? Tu me connais très mal, mon garçon. Que veux-tu ?
— Je veux que vous me rendiez Jennyfer.
Elle s'esclaffe.
— Pourquoi te la rendrais-je ? Tu n'as aucun moyen d'échange.
C'est au tour de Caden de sourire. Il regarde vers sa droite et je suis son regard. Un homme sort du boisé avec la petite fille bâillonnée. Je trouve cette situation curieuse. Pourquoi l'avoir prise en otage ? Je sais qu'elle fait partie de la cour de la reine, mais celle-ci a-t-elle plus de valeur que je le pensais ? Peut-être. Je jette un regard vers la reine qui pousse un grognement. Sa colère est palpâmes. C'est un sujet de sa cour et un enfant après tout.
— Tu n'oserais pas, dit-elle, ce n'est qu'une enfant.
— Une enfant en apparence, crache ce dernier, je ferais tout pour récupérer Jennyfer.
— Et si je ne le veux pas.
L'homme approche la petite fille de Caden qui la prend par la gorge. Le visage de cette dernière change. Elle ressemble à une vieille femme à moitié momifiée. Le dégoût peut se lire sur mes lèvres, moi qui ai cru à tort que c'était une pauvre enfant. Je me secoue la tête et je l'entends dire :
— Un mouvement et son cou se rompt.
— Non ! Ne fais pas ça, implore-t-elle, ne la tue pas.
— Alors, libère Jennyfer.
Ses lèvres tressautent. Elle ne veut pas me voir partir pour mettre son plan en exécution. Son plan échoue si je m'en vais. À nouveau, la reine pousse un grognement lorsque Caden resserre la gorge de l'empoisonneuse.
— C'est d'accord ! Je la relâche. Relâche-la, à ton tour.
— Pas avant que Jennyfer soit à mes côtés. Je vous connais mère.
Une nouvelle fois, un grognement sort de sa bouche et avant de pousser vers Caden, elle me chuchote :
— Souviens-toi, tu es l'instrument de notre vengeance.
— Comment pourrais-je l'oublier ? craché-je tout bas.
Je m'avance d'un pas non rapide vers Caden. Je crois toujours qu'à la dernière minute quelqu'un va venir m'attaquer. Je regarde autour de moi, jusqu'à ses côtés. Il relâche la petite fille en apparence, mais au dernier moment, Caden s'avance rapidement en lui arrachant la tête. Tous, nous pouvons entendre un ''non''déchirant provenant de la reine. La scène qui se déroule sous mes yeux se passe d'une vitesse folle. La reine court vers moi, le regard rempli de haine, tandis que Kildan me pousse derrière lui et que Caden attrape sa mère par la gorge. Je suis effrayée par ce qui se passe. La pauvre femme se débat, les pieds battants, griffant les bras de son propre fils.
— Écoute-moi pour la dernière fois, menace Caden, tu t'en prends à nouveau à elle et je te tue de mes propres mains. Je ne serai pas aussi clément la prochaine fois.
Comme une poupée, il l'envoie valser en atterrissant contre un arbre qui se casse en deux. Caden se retourne vers moi, les yeux rougis de colère et ce dernier nous fait signe de partir. J'ignore si je dois être soulagée qu'il soit venu ou le craindre. Tant qu'il en est, je les suis silencieusement avant d'apercevoir Athan caché derrière un arbre et qui sourit.
****
De retour entre les murs du royaume, on ne m'amène pas au château, mais dans un autre immeuble qui lui ressemble. Les portraits que je vois aux murs sont différents de celui de l'habitation principale. Des peintures représentant la déesse sont accrochées ici et là et des plantes grimpantes.
Des claquements de pas me font tourner la tête vers le grand escalier. Alissa y descend avec un large sourire. Cette dernière m'enlace en disant :
— Je suis heureuse de vous voir saine et sauve, Jennyfer.
Le peu de temps que nous passer ensemble suffit pour reconnaitre son sentiment de sincérité. C'est le première personne en dehors de Kildan qui m'offre de la sympathie. Je lui retourne donc un sourire en me détachant d'elle et lui confie :
— Je suis également heureuse de vous revoir.
— Bien. Elle regarde Caden. J'ai fait le tour de la propriété et jeté des sorts de protection sur toutes les fenêtres et les portes. Personne en dehors de tes amis proches ne pourra entrer dans la cour, sinon je serai au courant.
— Tu peux rester ici le temps que ça prendra. Lui, dit-il.
— Je ne crois pas que ça soit une bonne idée Caden. Cela serait très mal vu et...
— Et je me fous de ce que les gens disent. Nous sommes que des amis. Ce qui se passe sous mon toit ne regarde personne.
— Je me ferai petite alors. Je prendrais la chambre de la tour ouest. Je sens mieux l'eau de cet endroit.
— Comme tu veux.
Alissa me sourit à nouveau avant de disparaitre. Les hommes qui ont été Caden ont également pris la poudre d'escampette. Il ne reste que Kildan, lui et moi. Silencieusement, le prince se dirige vers une autre pièce et je regarde son frère afin de connaitre la marche à suivre. Ce dernier hausse les épaules en me faisant un signe de la tête. Je le suis donc vers un petit salon où Caden semble avoir pris ses marques en buvant quelque chose qui ne nous offre pas. Je m'assois à mon tour en gardant mes gardes. Je l'ai vu tuer une personne et menacer sa mère, après tout, je peux craindre pour ma vie.
— J'aimerais, dit-il en prenant une nouvelle gorgée de son nectar, que tu me dises ce qui s'est passé là-bas. Pas de mensonges, Jennyfer.
— Que voulez-vous que je vous dise ? Que j'ai été bien traitée malgré une mince tentative de m'empoisonner ? Que je n'aie pas eu l'impression d'être une prisonnière, c'est cela que vous voulez entendre.
— La reine...
— Votre mère, je le lui rappelle.
— Ma mère aussi douce qui y parait, cette dernière peut-être aussi méchante que perfide. Au cours de ma misérable vie, j'ai vu des gens être tués pour un oui ou pour un non. Des personnes empoisonnées, lors des fêtes de la couronne, des membres du conseil royal d'être empalés parce qu'ils n'étaient pas en accord avec ses choix. Pardonne-moi, si je mets en doute ta sécurité dans cette maudite forêt.
— Jamais vous ne vous êtes posé la question sur les actions qu'elle commettait ? Derrière tout cela, il devrait avoir des raisons.
— Et toi, tout droit arrivée dans notre monde, tu connaitrais les plus sombres secrets de la reine Drayna. Permets-moi d'en douter.
Je me tais en me pinçant les lèvres. J'aurais aimé lui déballer ce que j'ai appris auprès de sa mère, mais je crains sa réaction. Pour l'instant, je crois qu'il est plus sûr que je garde certaines informations pour moi, pour ma sécurité. À quoi dois-je jouer ? À la fille en détresse ? Non, je ne suis pas de ce genre. Je dois rester moi-même tout en faisant attention.
— Vos doutes sont légitimes, Caden. Je ne mets pas en doute votre préoccupation au sujet de ma sécurité.
— Mais ? répond ce dernier en haussant un sourcil.
— Il ne faut pas croire que je suis une femme sans défense. Je sais que je ne suis pas chez moi et que tout ici est différent. Je le garde bien à l'esprit.
— Je ne crois pas rien de tout cela, mais cela est une chose qui est plus fort que moi.
— Expliquez-moi.
Il lève les yeux vers Kildan qui disparait de la pièce en souriant. Caden se lève pour s'assoir à mes côtés. Je tourne légèrement vers lui afin de le regarder dans les yeux. Voir ce qui se cache au fond de lui-même. Sera-t-il sincère ou mentira-t-il ?
— C'est quelque chose, confie-t-il, quelque chose au plus profond de moi qui me pousse à vouloir te protéger. Quelque chose encré dans mon âme qui me rend fou. J'ai conscience que tu ne me connais pas. Que pour toi, je suis juste un monstre.
— J'ai été un peu dure avec vous, j'admets, personne ne sait jamais vraiment soucier de moi, hormis...
— Votre maudit chasseur, me coupe-t-il avec haine.
— Oui, mon chasseur. Mère ne se souciait pas vraiment de moi. Elle voulait vivre un rêve en procuration. Mes frères plus vieux n'avaient guère de temps pour m'accorder. Et Brandon se souciait seulement de l'image que je pouvais donner à notre famille. Mon père m'adressait peu la parole, me montrant peu d'affection. Pardonnez-moi d'avoir mis tant d'espoir chez la première personne qui m'a réconfortée.
Il se tourne vers moi.
— Je ne suis pas un monstre. Répète-t-il tout bas pour lui ou pour moi. Je ne suis pas un monstre.
Doucement, sa main caresse ma joue. Intérieurement, j'ai l'impression de fondre littéralement sur place. Sans m'en rendre compte, je me mords la lèvre inférieure en fermant les yeux. Je suis tellement faible pour une caresse. J'essaie de prendre une grande respiration. Lorsque j'ouvre les yeux, son visage s'est approché davantage du mien. Pourquoi voudrais-je que ses lèvres effleurent les miennes ? Pourquoi devrais-je avoir ce sentiment après tout ce qui est arrivé depuis le soir du bal ? Sebastian m'attend, mais je souhaite également ce contact chaleureux qu'on m'accorde. Je me secoue la tête intérieurement avant d'attendre un raclement de gorge. Caden pousse un soupir avant de grogner contre l'individu. Il se recule et je lève les yeux sur Kildan apparemment nerveux.
— Pardonne-moi de te déranger, mais quelqu'un souhaite te parler.
— Pourquoi ne peut-on pas me laisser tranquille ? rétorque Caden.
— Parce que tu es le prince. Emmery est...
— C'est bon, j'ai compris.
Caden ne m'offre aucun regard avant de partir. Pendant un instant, je suis déçue, mais je crois que cela est mieux comme ça.
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Voilà pour cette semaine. Que pensez-vous du déroulement ?
Pensez-vous à une relation entre Caden et Jennyfer, même si elle ne croit pas au âme-soeur ?
Pensez-vous que nous allons revoir Sebastian ?
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