Chapitre 21


Le lendemain, Caden m'attache et me traine partout avec lui dans le royaume sans dépasser la grande muraille. Des hommes et des femmes l'interpellent pour des raisons que j'ignore. Ce dernier s'adonne même à jouer avec des enfants dans une ruelle. Le plus déroutant c'est de le regarder, assis avec des femmes à moitié nues tourner autour de lui. Je ne sais pas pourquoi, il m'a entraînée dans cette maison close, mais cela est dégradant. Caden semble jouer à des jeux que je ne saisis pas. Jamais, il ne les regarde droit dans les yeux. Tandis qu'elles s'y frottent, c'est moi que ce dernier regarde. Ce jeu ne m'intéresse pas.

Je finis de détourner le regard lorsqu'une femme l'embrasse en pleine bouche et qu'il lui attrape le derrière de la tête. J'ai l'impression d'être une voyeuriste et je n'aime pas cela. Mes prières sont exaucées lorsqu'un homme d'un grand gabarit entre dans la maison close et vient parler avec Caden. Il pousse la fille sur ses genoux et se lève en grognant. Quelque chose se passe, j'en suis certaine. L'expression de son visage devient vite en colère et nous sortons pressé de la maison close. A-t-il oublié que je suis toujours attachée à lui ? Je manque de trébucher plusieurs fois avant qu'on s'arrête devant les grandes portes. C'est là que je le vois soupirer avant de se retourner vers moi en grognant :

— C'est ta faute !

Nous allons dans une autre direction pour entrer dans une autre maison beaucoup plus spacieuse et décorer que la précédente. Une femme arrive. Elle est d'une beauté saisissante. Sa robe ne couvre presque rien, mais cela semble faire ni chaud ni froid à Caden. Il se penche à son oreille et glisse la corde à son poignet. Sur le moment, cette dernière est surprise, mais acquiesce en me regardant. C'est comme cela que je me retrouve attachée à une femme que je ne connais pas.

Une fois hors de notre vue, elle m'amène dans un salon afin de nous y asseoir. Le décor ressemble à ceux des Grecs. Un bleu poudre sur les murs et de l'or comme ornement. Ça sent la fraicheur, comme si je pouvais sentir la mer depuis cette pièce.

— Alors, dit-elle, tu es...hmm... la nouvelle attraction de Caden. Je m'appelle Alissa.

— C'est comme cela qu'il m'a décrit, dis-je offusquer, comme une attraction ?

— Non, mais je connais Caden depuis toujours. Officiellement, nous sommes fiancés.

Cette femme à la beauté digne d'une déesse est la fiancée de Caden. J'ai peine à croire que ce dernier refuse de se marier avec elle. À sa place, je n'y songerais pas longtemps. Peut-être que cette femme cache quelque chose dans sa manche que j'ignore.

— Et non officiellement, qu'est-ce que vous êtes ?

— Des amis sans intérêt commun. Nous avons grandi ensemble. Je suis issue d'une noble lignée. J'aime Caden, mais comme un frère. C'est le roi qui a voulu de cette union, pas nous.

— Pourquoi ne pas refuser ?

— On ne refuse jamais au roi, du moins ceux qui en ont le luxe.

— Que vous n'avez pas, je conclus, mais Caden, si.

— Caden, sourit-elle, à un certain luxe que je n'ai pas à cause de son peuple, de sa race.

— Sa race ?

— Vous ne le savez donc pas, s'esclaffe Alissa, c'est une chose intéressante. Il a omis de vous dire ce qu'il est précisément. En revanche, par amitié avec lui, je ne suis pas en mesure de vous dire ce qu'il est, mais je vais prendre soin de vous pour la journée, comme ce dernier me l'a demandé.

C'est comme cela que je me retrouve avec Alissa, la fiancée de Caden. Les questions sur sa race se bousculent dans ma tête. Certes, il a fait allusion aux loups, ce que je crois absurde.

Nous passons donc la journée, dans le jardin fleurit de ma nouvelle soi-disant amie. Nous ne sortons que de sa maison, le soir venu. Le plat de poisson qu'elle m'a fait manger avant de partir m'a donné le mal de mer et pourtant, j'en mange beaucoup habituellement. Nous nous promenons dans les rues du royaume et étrangement personne ne nous regarde avec étrangeté. Est-elle habituée de se trimballer une femme ou est-ce son statut de fiancée de Caden ?

Soudain, une foule se met à courir, nous faisant basculer. Mon poignet me fait mal. Alissa arrête un passant en lui demandant :

— Que se passe-t-il ? Pourquoi les gens courent-ils ?

— Il y a des ennemies à nos portes. Ils ont créé une diversion pour que les loups s'éloignent. Nous devons nous mettre à l'abri. Ils tuent tout ce qui s'oppose à eux.

À peine que cet homme finisse sa phrase qu'un autre ras de marée de gens nous bouscule. Quelqu'un m'attrape par-derrière en me bouchant la bouche. Je ne peux pas crier. Ce dernier murmure quelques mots dans un dialecte et la corde à mon poignet se détache d'elle-même. On me bande ensuite les yeux et je perds connaissance lorsqu'on me frappe.

***

— Tu n'étais pas obligé de la frapper ! hurle un homme. On nous a dit de ne pas lui faire de mal.

— Nous ignorons tout de cette femme. Pourquoi s'intéresse-t-il à elle ? Nous allons entrer dans une nouvelle guerre, ça ne me plait pas.

Ces voix sont des échos, mais je les entends très bien. Où suis-je ? Où m'a-t-on emmenée ? De qui parlaient-ils ? Je commence à bouger et on me retire le bandeau. Je regarde autour de moi, réalisant que je suis au milieu des bois en compagnie de deux hommes. Ils me regardent avec fascination que je ne comprends pas et je souhaite comprendre ce qui se passe.

— Où suis-je et qui êtes-vous ? leur demandé-je, confuse.

— Nous sommes assez loin du royaume de Caden. Dis celui qui ressemble à un voleur.

— Nous sommes l'autre peuple, continue celui près du feu, qui a toujours protesté le pouvoir du roi Xaros, premier roi loup de Lustopale.

— Pourquoi m'avoir kidnappée ? Je ne comprends pas.

— Un roi sans reine est faible. Un homme sans sa compagne, encore plus. Plus un loup sans son âme sœur.

— Je ne suis rien de tout cela. Vous faites erreur sur la personne. Caden est fiancé...

— Oui, sourit le voleur, à la jolie et douce Alissa. Mais tout sait que ce ne sont que pour les apparences. Le roi n'a que faire des désirs du prince. Si le roi est sur le trône, c'est grâce à la reine.

— Je croyais que la reine n'avait pas de pouvoir.

— C'est compliqué...

Je ne comprends plus rien à cette histoire. D'un coup, on dit qu'elle n'a pas de pouvoir, mais d'un autre, oui. Oui, cela semble plus compliqué qu'il y parait. Toutefois, j'aimerais connaitre le commanditaire de mon kidnapping. Cette histoire ne me dit rien qui vaille. Est-ce que je ressemble vraiment à une demoiselle en détresse ?

— Sous l'ordre de qui m'avez-vous kidnappée ?

— Tu connaitras bientôt la réponse, dit l'homme près du feu, pour l'heure, nous devons prendre la route.

— Il fait nuit, m'exclamé-je, on n'y voit rien. Cela peut être dangereux.

— Et un bon moyen pour s'éloigner des loups.

— Nous devons marcher vite, ils ne sont pas très loin.

Encore une fois, on me ligote afin qu'on s'assure que je ne m'échapperais pas ; chose absurde. Je n'y vois rien et mes pieds se prennent dans toutes les branches de notre route. Je déteste vraiment cette situation.

***

Des hurlements se font entendre lorsque nous approchons d'une forêt morte. Tout ce qui autour de nous a l'apparence de mort. Des torches illuminent un chemin pavé qui me fait penser à ma maison dans l'autre monde. Qu'est-ce que c'est cette forêt ? Plus nous y pénétrons, plus je distingue des hutte à travers les arbres morts. Des hommes, des femmes et même des enfants sortent pour nous regarder. On chuchote et les gamins me pointent du doigt. Mon arrivée était-elle attendue ?

— Jennyfer Flamescream ! s'exclame une voix féminine.

Je lève mon regard vers un trône sculpté à même un arbre mort. La femme porte une couronne de rose noire et de couteau. J'ignore qui est le commerçant qui a fait cela, mais elle est magnifique. Toutefois, la femme me semble familière. Je crois l'avoir déjà vu quelque part. Mais oui ! Dans les couloirs du château.

— Reine Drayna. Soufflé-je. 

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