Chapitre 16
Cela fait des heures que je fais semblant de dormir et personne ne prête attention à moi. Mon père a été le premier à faire le tour de garde. Pourquoi lui font-ils confiance ? N'est-il pas un déserteur ? Il y a beaucoup trop de questions qui me trottent dans la tête. Caden a été le deuxième à surveiller ou plutôt à m'observer. Savait-il que je ne dormais pas ? Quand c'est l'heure de Kildan, au bout de deux heures il disparait dans les buissons et j'en profite pour me lever. Caden est endormi près du feu. Je suis certaine que ce dernier doit avoir un couteau pour cette ficelle. Lentement, tel un chat, je m'approche de lui. Il semble si serein quand il dort. Je pourrais presque dire que mon ravisseur est un bel homme. Je dis bien presque.
Je n'en crois pas mes yeux, quand a-t-il enlevé son haut ? Ses muscles sont si découpés, rien à voir avec Sebastian que je trouvais bien plus muscler que les autres garçons de notre âge. Je me secoue la tête lorsque je réalise que ma main s'apprête à toucher son torse. Mes joues rougissent quand je pense devoir fouiller dans ses pantalons. Doucement, je palpe et soudainement je me retrouve plaquée au sol.
Caden est au-dessus de moi et grogne. Dans ses yeux, il y a une lueur animale que je pourrais décrire. Ses narines se dilatent. Cet homme hume mon odeur ? Mes mains se retrouvent d'un mouvement brusque au-dessus de ma tête et je sens une main baladeuse se promener sur mon corps. Malicieusement, il dit :
— Tsss. Tsss. Tsss. Tu joues à un jeu dangereux, bichette.
— Alors, détachez-moi.
— Hors de question. Tu sais, je pourrais te prendre ici même et personne n'en parlera.
— Allez vous faire foutre.
— De si vilains mots pour une si belle bouche.
Tout à coup, je sens quelque chose de dur cogner contre mon bas-ventre. Je fronce les sourcils tandis que ce dernier se frotte contre moi. Ce n'est pas vrai ! Dites-moi que je rêve ! Son... Son... est...
— Sens, comme tu m'existes. Je sens que je vais m'amuser avec toi.
Il descend son regard vers ma poitrine en se léchant les lèvres, action que j'ai toujours détestée chez un homme. Sa main baladeuse s'aventure sous ma jupe et j'étouffe un gémissement. Cela est sorti bien malgré moi. Caden est ravi de ma réaction et approche ses lèvres de mon visage. Que dois-je faire ? Ne pas bouger ? Le laisser-faire ? Lorsque sa bouche effleure la mienne, je suis prise par la folie. Je lui mords la lèvre et ce dernier gémit en se relevant. Au lieu de voir de la colère dans ses yeux, j'y vois de l'amusement. Est-il fou ?
— Tu es une créature étrange, dit-il, personne ne m'avait manqué autant de respect que toi. Il est dangereux de se frotter contre moi.
— Ce sont des menaces ? dis-je en m'assoyant.
— Des avertissements ; nuance. Je vais bien m'amuser avec toi.
— Je ne suis pas un jouet, je le lui rétorque, on ne joue pas avec moi.
— Non, c'est vrai. Sinon, je t'aurais déjà brisé, même tuer par pur plaisir.
— Pourquoi me gardez-vous, alors ? Je sais ce qui attend aux femmes de la lignée de mon père.
Caden ne répond pas. Son regard est absent pendant quelques minutes, assez pour me demander s'il ne souffre pas d'une maladie que je ne connais pas. Ce dernier finit par se secouer la tête et au même moment Kildan revient en nous regardant tous les deux. Son regard va de lui à moi et de moi à lui plusieurs fois.
— Que se passe-t-il ici ? demande l'ami de mon père.
— Rien. Rétorque Caden.
— Pourquoi est-elle réveillée ?
— Vous pouvez m'adresser la parole. Je ne suis pas invisible.
— Je ne sais pas, confesse Caden, mais tous deux, nous savons très bien pourquoi, elle allait justement se coucher à nouveau.
— Hmm... D'accord.
Kildan nous tourne le dos et Caden tire sur la ficelle afin d'attirer mon attention. Je lui envoie une œillade qui ne lui plait guère et la même chose qui m'a forcée à me coucher plutôt recommence. J'ignore comment il fait ce tour de passe-passe, mais cela me vide de mon énergie. Je m'allonge contre ma volonté en fermant les yeux. Maudit, soyez-vous ! maugréé-je tout bas.
***
Je suis réveillée en sursaut par le son d'une corne. Tout le monde se lève et je vois de l'inquiétude dans le regard de Caden. Il peut ressentir cette émotion ? De quoi peut-il bien être inquiet ? Kildan abandonne les sacs de voyage et détache les chevaux. Celui de mon ravisseur arrive près de nous au galop et l'on m'attrape par la taille. Encore une fois, c'est lui. On ne prend pas la peine de m'installer que l'animal part dans une foulée incomprise. Du coin de l'œil, je vois Kildan arriver près de nous en hurlant :
— Comment peuvent-ils savoir ?
— Je ne sais pas, Kildan. Rétorque Caden. Cela est impossible. C'est trop tôt.
— Tu crois qu'ils sont venus ou ils savent pour....
— Tais-toi !
Savoir quoi ? Sur qui ? Sur mon père ? Des gens qui lui seraient fidèles ? Cela peut-il être possible ? Je veux comprendre, mais, on ne me le n'autorise pas. Nous chevauchons toute la matinée sans nous arrêter un instant, tellement que nous arrivons devant de grandes portes de marbre. Où sommes-nous ? Nous sommes accueillis par des hommes musclés, mais moins que Caden. Ce dernier pose une main possessive sur ma taille n'indiquant à personne de m'approcher. Je tente bien de m'extirper de sa poigne, mais cela ne fonctionne pas. Au lieu de cela, il me traine partout comme un petit chien. Bien sûr, je lui montre mon désaccord le plus souvent possible qui n'échappe pas aux nouvelles personnes que nous croisons.
Nous finissons par entrer dans des appartements, comment pourrais-je le décrire ? Tout est fait de pierre et d'un mélange de métal que je ne connais pas. Est-ce du cuivre ? S'en a, la couleur, mais cela semble plus dur. Il y a des rideaux transparents dans toutes les pièces. Où suis-je arrivée ?
Au moment, où je m'apprête à lui poser la question, un homme et une femme font leur entrer dans la pièce. L'homme possède des airs familiers avec mon ravisseur. Sont-ils parents ? Et la femme ? Qui est-elle ? Je ne vois aucune ressemblance., du moins pas avec Caden. Celle-ci fait une révérence devant ce dernier qui l'ignore et l'homme prend mon geôlier dans ses bras.
— Mon garçon ! s'exclame-t-il. Je suis heureux de te revoir. Ça fait combien de temps que nous ne nous sommes pas vus ?
— J'ai perdu le compte. Réponds à Caden.
— Presque une année entière. Depuis l'annonce de vos fiançailles.
Fiançailles ? Je tic, à ce mot. Personne ne m'a parlé de fiançailles, même pas Kildan. Pourquoi suis-je ici ? Néanmoins, je l'attends grogner. Je crois qu'on lui rappelle quelque chose qui ne lui plait pas ou du moins cet évènement. Du coin de l'œil, je vois sa mâchoire se crisper. Pas de doute, il est vraiment énervé.
— Vous savez très bien que je m'y oppose. Dit-il enfin.
— Tu es un seigneur et le futur roi de Lustopale, dois-je te le rappeler.
— Non. Mais j'ai le droit de choisir ma future compagne... Rien, n'est écrit dans les lois. Je peux prendre une épouse, qui je veux.
— Cependant, la couronne est fragilisée depuis quelque temps... Tu ne peux pas nier.
— Comment pourrais-je, grogne-t-il, néanmoins, ce mariage politique ne fera que des malheureux. Vous n'aurez jamais de descendant après moi.
— Ce sont des menaces ?
— Non, des faits.
L'homme que je présume être le roi et le père de Caden pousse un long soupir. Il abdique que le fait que son fils ne veut pas faire de mariage politique. Est-ce un bon choix ? Je ne connais rien d'ici et cela m'est difficile de juger. Son regard se pose sur moi en fronçant les sourcils. De sa main, il caresse sa longue barbe grisonnante. Dois-je me soucier de ce qui va bientôt se produire ?
— Qui est cette jeune femme, mon fils ? lui demande-t-il un poil perplexe.
— Quelqu'un que j'ai ramené de l'autre monde.
— Quoi ? Hurle ce dernier. Quelle est donc cette folie ? Les mortels n'ont pas le droit de venir ici selon le traité établi depuis des siècles. Tu as enfreint l'une de nos lois les plus sacrées.
— Je n'ai rien enfreint père. C'est la fille d'Andras Flamescream.
— Pire, une demi-mortelle.
— Non... Je vais vous expliquer, mais tout cela en priver.
La femme me regarde d'une autre manière. J'ignore si elle voit de la fierté en moi et de la joie, mais cette dernière semble ravie de ma présence. Les hommes sortent de la pièce, mais je reste cependant attachée à Caden. J'ignore qu'elle est l'étendue de cette magie et je garde espoir de me défaire de cette corde.
Ne sachant pas où me mettre, je reste debout devant la femme ne la regardant pas. J'essaie d'évaluer toutes mes chances de m'échapper, tandis qu'elle me contemple. Je ne saurais dire si cette dernière est plus vieille que le roi, mais cette dame parait d'un âge assez avancé. Est-ce que l'âge d'ici diffère de mon monde ?
— Alors, tu es la jeune fille de mon Andras.
Son Andras ? Je fronce les sourcils pendant un instant. Maintenant, je voyais où j'avais aperçu ce même regard. Cette femme qui se tient devant est la mère de mon père ; ma grand-mère, Emmery. Je vois où je croyais la voir vue. Esmelda et elle sont jumelles. Mais pourquoi est-ce que la femme qui se tient devant moi parait bien plus jeune que sa sœur ? Étrange. Et pourtant, je ne suis jamais vraiment posée la question à quoi ressemblait sa famille, je n'en jugeais pas l'importance. Que savais-je de toute façon ?
— Oui. Mais j'ai également des frères.
— S'ils étaient ici, ces derniers seraient traités en roi.
— Même après sa trahison ?
Elle soupire.
— Ce qui s'est passé ne relate pas la réalité. Andras avait ses raisons.
— Une raison pour trahir le roi.
— Il ne l'a jamais trahi.
— Quoi ?
— C'est la reine qu'il a trahie.
— Quelle est la différence ? Ne porte-t-elle pas également la couronne ?
Encore une fois, cette dernière pousse un soupir avant de se tourner vers la porte. Avant de sortir, elle dit sans se retourner :
— Je n'ai pas le droit d'évoquer ce qui s'est passé. Tu trouveras quelqu'un pour en parler. Peut-être que Caden t'en parlera. Si tu es en ces lieux, ce n'est pas par hasard, fille de l'autre monde.
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