Chapitre 55

La personne qui m'a accueillit m'emmène dans une pièce isolé dans le bâtiment, il y a un canapé, je me pose dessus, ça fait du bien. J'entends mon ami bouger dans la pièce, il finit par se planter devant moi avec un verre dans les mains, je lève les yeux vers lui.

-C'est de l'eau. J'ai senti l'alcool chez toi et je reconnais ces yeux.

-Merci.

Je prends le verre avec plaisir et avale l'eau, elle me fait du bien. Je pose le verre au sol, reste encore quelques secondes à regarder dans le vague puis je me tourne vers Max.

-T'as vraiment une tête de déterrée Charlie.

-Je sais. Je viens de me disputer avec ma soeur. Enfin, j'ai gueulé sur elle, comme une conne.

-Ça arrive à tout le monde ça.

-Pas entre Zoé et moi. C'est vraiment rare quand je crie sur un membre de ma famille !

-Tu m'as bien dit que tu te tapais une sale dépression l'autre soir, non ?

-Oui, mais c'est pas une raison.

-Ça excuse quand même.

-Si tu le dis. En attendant, je ne suis pas venue pour ça.

-Je sais bien. Qu'est-ce que tu veux ?

-Un truc, ce que tu veux, mais qui me fasse un peu planer.

-Juste un peu planer ?

-Tu sais bien que je ne touche pas trop à tout ça. 

-Un joint pour commencer ?

-Parfait. Merci. Et je te paierais.

-T'es une amie, pas besoin.

Max se tourne vers un meuble et s'occupe de mon joint alors que je me blottis au fond du canapé. J'ai déjà consommé, mais jamais je ne suis devenue accro. Je sais me contrôler et là, j'en ai vraiment besoin, pour me détendre, pour m'évader. Et je sais aussi que Max ne me fera déconner. Il revient d'ailleurs avec mon joint, je le prends, il l'allume et je tire une longue taffe, qui me fait un bien fou. Je ferme les yeux en calant ma tête contre le dossier et me laisse aller. Ça y est, enfin je me sens un peu bien. Je fume tranquillement, sans qu'on vienne m'embêter, au calme. 

Je reste ici toute la journée, Max me fait rire et m'initie à d'autres drogues légère, je finis stone, mais si bien !

-Bon, je t'emmène chez moi ? Tu vas pas dormir dans un endroit aussi nul.

-Pourtant tu y passes tes journées.

-Ouais, mais tu sais bien pourquoi.

-T'es un putain de dealer, je sais. Mais tu sais quoi ? Je ne refuserais jamais un lit confortable.

Max sourit alors que je me lève enfin du canapé, je tangue vraiment, je ne me suis presque pas levée aujourd'hui. Je retrouve mon équilibre après quelques secondes puis je suis mon ami en prenant mon sac. Il ne m'emmène pas loin, son appartement est à quelques pas de l'immeuble où il passe son temps. 

Nous arrivons chez lui en quelques minutes, il me laisse aller prendre une douche, je me décrasse un peu, j'en ai bien besoin. Max m'a donné un tee-shirt, je l'enfile avec une culotte propre que j'ai toujours dans mon sac. Je vais dans la cuisine, mon ami y est, il prépare un petit repas. Je décale tout sur le plan de travail et me pose dessus.

-Qu'est-ce que tu fais à manger ?

-Rien de bien fou, des pâtes, avec une sauce au saumon.

-Ça sent bon.

-J'espère bien. C'est prêt dans deux minutes.

-Cool !

Je regarde Max finir le repas, nous mangeons directement sur le plan de travail, c'est très bon ce qu'il a fait. Simple, mais bon. On rigole bien pendant le repas, puis on va se poser sur le canapé du salon, à fumer une dernière fois. Mais la soirée avance, la fatigue arrive.

-Bon, je suis crevée. Je peux aller dans ta chambre ?

-Si tu veux. Je vais dormir sur le canapé.

-Merci.

Je me lève, Max me suit et m'emmène dans la chambre. Elle est un peu bordélique, mais j'ai juste envie de me coucher. 

-Voilà mon palace. Je te laisse t'installer, si jamais t'as besoin de quelque chose, je suis toujours là.

-Merci Max. 

Je m'avance vers lui et me hisse sur la pointe des pieds et vais pour lui poser un simple bisou sur la joue, mais il tourne la tête et mes lèvres atterrissent sur les siennes. Je recule d'un pas aussi sec, Max a un petit sourire sur son visage.

-Max, non.

-Quoi ? T'aimais ça à une époque.

-Et à cette époque, j'étais une jeune femme à peine majeure qui voulait découvrir la vie. J'ai vingt quatre ans aujourd'hui, j'ai grandis.

-OK, OK ! Mais je ne vais pas m'excuser pour ce baiser même furtif.

-Tu fais ce que tu veux. Moi je veux juste dormir, pour avoir l'esprit plus clair demain.

-D'accord. Je te laisse dormir.

Max s'en va, je vais enfin me poser sur le lit, je m'effondre de sommeil.

Le lendemain matin.

Je me réveille tranquillement, la nuit a été ... agitée. J'ai eu beaucoup de mal à dormir, ma nuit a été entrecoupées de rêves bizarres, de cauchemars et de phases d'éveil plus ou moins longues, l'effet de la drogue et de l'alcool je suppose. J'ai une migraine aussi, plutôt intense, la fatigue n'aide pas à la soulager. Je finis par trouver la force de me lever, je vais aux toilettes puis dans la cuisine. Je me sers un grand verre d'eau, enfin trois ou quatre, ça soulage un peu. 

-Mal de crâne ?

La voix de Max me fait sursauter, je pose mon verre dans l'évier et me tourne.

-Ouais, mal de crâne. Carabinée.

-Un médicament ?

-Si c'est un bon médicament, je veux bien.

-J'ai ça. 

Max vient ouvrir un placard et en sort une boite de doliprane, j'en prends un avec grand plaisir. Il prépare ensuite un petit-déjeuner, que nous prenons rapidement, puis on retourne au squat. Je retrouve la même place qu'hier, à refaire les mêmes activités. Je refais la même le lendemain, abusant un peu plus, à chaque fois que mon coeur me fait mal.

Mais ce samedi, j'abuse un peu plus et Max ne me calme pas du tout. Il me laisse faire, il voit bien que c'est la seule chose qui m'apaise. Je sais aussi que ma famille est à ma recherche, heureusement que j'ai pas mon portable, ils ne vont pas me retrouver et ils ne connaissent pas Max.

Enfin, je commence à me sentir un peu trop stone après un énième cachet pris, je m'allonge sur le canapé, ailleurs. Je regarde le plafond, puis m'endors, ça m'a assommé. 

Du bruit finit par me réveiller en sursaut, je ne capte pas ce qu'il ce passe, jusqu'à ce que je sente ma gorge piquer. Je me mets à tousser en bougeant sur le canapé, tirant  sur mon tee-shirt, il fait une chaleur à crever. Je lève les yeux sur le bâtiment, je suis terrorisée par ce que je vois : il y a un incendie ici, les flammes sont impressionnantes. Comment dire que tout ce que j'ai pris ne me fait plus d'effet, je veux juste sortir d'ici. Je me lève du canapé, restant au plus proche du sol, la fumée est déjà vraiment dense. Je vais chercher un tissu, trouve de quoi l'humidifier et le pose devant ma bouche et mon nez, cherchant une sortie.

Le feu et la fumée me font perdre mes repères, je ne trouve aucun point où sortir. Les escaliers sont condamnés, impossible de passer. J'essaie les fenêtre, mais toutes ont explosés et sont inaccessible, trop de fumées ou de feux. Je finis quand même par descendre, mais pas par ma volonté, le sol s'effondre totalement sous mes pieds. Je tombe à l'étage inférieur, la chute me fait vraiment trop mal, je galère à me relever. Ma jambe gauche, celle sur laquelle j'ai atterri, me provoque de grosses douleurs, mais je les ignore, je dois sortir, l'adrénaline me porte. J'ai perdu en plus mon tissu, la fumée me pique encore plus la gorge et les yeux. 

Je me dirige comme je peux dans cette fournaise, je me brûle un peu partout, jusqu'à tomber enfin sur quelque chose de rassurant : un pompier.

-Merci seigneur.

Je le murmure, j'ai pas la force de parler, mais le pompier vient vers moi et me pose aucune question, il me prends dans ses bras alors que tout me lâche, il me sort enfin d'ici. On m'éloigne du bâtiment et on me pose sur une civière, l'air frais est une caresse sur ma peau qui a souffert, le masque à oxygène fait du bien à mes poumons.

-Charlie !

Des gens crient mon nom, je tourne la tête, ma mère arrive en courant vers nous. Elle réussit à passer le barrage qui s'est formé devant elle et prends ma main.

-Mon bébé, maman est là. Ne t'inquiète pas.

-Maman...

-Chut, ne dit rien. Les pompiers vont t'emmener à l'hôpital, on parlera là-bas. On t'y attends avec ton père et ta soeur.

Ma mère réussit à poser un rapide baiser sur mon front, puis les pompiers me mettent dans l'ambulance, sa main me lâche. Je n'ai plus aucune énergie en moi, mes douleurs reviennent pire qu'avant, je m'endors après une piqûre.

* * *

Une odeur aseptisée m'arrive au nez, je suis à l'hôpital. J'ouvre doucement les yeux, la lumière est tamisée, le bruit du moniteur assez bas, je suis en vie, dans une chambre d'hôpital, avec quelques douleurs, mais rien d'intense. Je sens une main caresser doucement la mienne, je me tourne vers la personne, c'est ma mère. Elle me regarde avec un petit sourire, rassurée visiblement.

-Bonjour mon chaton. Comment tu te sens ?

Mal, comme une merde, je sais parfaitement ce qu'il c'est passé pour que je finisse ici. Je hausse les épaules, ma mère émets un petit rire, qui a un effet incroyable sur moi.

-La question est bête, tu ne dois pas être au top de ta forme. Est-ce que je peux faire un truc ? Te donner à boire, appeler un médecin ... ?

-De l'eau.

-D'accord.

Maman lâche ma main et récupère un truc sur le côté, je sens mon lit se redresser. Ma mère me présente un gobelet avec une paille, je bois à mon rythme, ça apaise ma gorge sèche et douloureuse.

-J'ai appelé le médecin, il va arriver, annonce ma mère en posant le verre. Tu nous as fait une belle frayeur hier, on a vraiment cru qu'on allait te perdre.

-Pardon.

-Tu n'as pas à t'excuser. Pas pour ça. Et ne te sens pas forcée de nous parler maintenant, mais il va falloir le faire. Le médecin nous a dit que tu avais de la drogue et de l'alcool dans le sang en grosses quantités, on se demande vraiment ce qu'il ce passe dans ta vie en ce moment pour en arriver là.

Zoé n'a rien dit ? Elle sait ce qu'il ce passe, j'aime un homme qui est à  six milles kilomètres de moi, qui se tape tout ce qui bouge, j'ai eu une fausse couche, mon boulot, c'est pas ça. Zoé y sait tout ça, elle aurait pu en parler aux parents. Elle a juste du parler de ma fuite, sans rien dire du reste, pour que ce soit moi qui en parle.

-J'espère qu'un jour, tu arriveras à nous dire ce qu'il ce passe. Que ce soit à moi ou à ton père, tu sais qu'on est toujours là pour toi. T'es notre bébé, personne n'a le droit de te faire du mal.

Ma mère passe sa main sur ma joue, la caressant comme seule une maman sait le faire. Je blottis mon visage contre sa main, ça me fait du bien. Ma maman, c'est la seule à pouvoir me réconforter, même sais dire un mot.

Le médecin finit par arriver, il m'ausculte en prenant son temps, j'ai quelques brûlures superficielles, sauf au bras gauche, qui est une brûlure au second degré assez costaude, ma cheville est cassée et j'ai des côtes fêlées, mais je m'en suis sortie sans rien de grave. Que des choses qui vont guérir avec le temps. Mes poumons ont pris aussi, mais avec le tissu humide, j'ai limité grandement les dégâts et je vais devoir m'occuper de mes yeux, ils étaient vraiment secs en arrivant ici. Je dois rester encore quelques jours à l'hôpital en observation, mais je devrais sortir d'ici jeudi si tout cicatrice bien et si mes poumons vont mieux.

Le docteur s'en va après une prescription, mon père entre à son tour et vient me prendre doucement dans ses bras, je comprends un peu plus la douleur aux côtes, c'est horrible.

-Chéri, ta fille a mal.

-Oh, pardon ma puce.

Mon père me lâche aussi vite, me cale contre l'oreiller, puis il me fait un bisou sur le front. Ma soeur entre à son tour, je n'ose à peine la regarder, même quand elle prends ma main dans la sienne et quand elle caresse mes cheveux. J'ai trop honte de ce que je lui ai dit l'autre jour, je n'avais pas à me fâcher de la sorte. Elle est ma soeur, elle aurait compris...

Ma famille reste avec moi un petit moment, ils échangent entre eux, je ne parle pas, j'en ai pas envie, pas encore. Je m'expliquerais un jour, ils ont le droit de savoir.

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