Chapitre 43
Je m'avance devant la porte, toujours intriguée par la personne au bout de ma rue. Je dépose ma valise dans l'entrée de mon immeuble et le rejoins, ma curiosité l'emporte. Le monsieur se redresse, j'arrive à sa hauteur, il est vraiment âgé, environ l'âge de mon père, début de la soixantaine.
-Bonjour, vous êtes qui ?
-Un ami de ta mère.
-Un ami de ma mère ? C'est drôle, mais ça me rappelle quelqu'un qui a dit ça avant de faire du mal à ma soeur. Vous êtes qui ?
-Seb Williams.
Il me tends sa main, mais son nom me dit quelque chose. Je cherche dans mon esprit où j'ai vu son nom, ça finit par me revenir.
-Je ne vais pas vous serrer la main. Je sais qui vous êtes.
-Et je suis qui ?
-L'ex qui a battu ma mère. Vous n'avez rien n'à faire ici.
-J'ai quand même payé ma dette.
-Vous avez été violent, jamais elle ne sera payé. Vous devriez être dans un hôpital psychiatrique.
Je me tourne et file, je ne le sens pas me suivre, mais me regarder les fesses. Gros porc ! Je rentre rapidement chez moi et essaie de joindre ma mère, elle décroche rapidement.
-Charlie ! Quel plaisir que tu m'appelles !
-Ça fait plaisir aussi. Mais je t'appelle pour une toute autre raison. Papa est avec toi ?
-On est sur la terrasse. Je te mets en haut-parleur ?
-S'il te plaît.
Ma mère appelle mon père et branche le haut-parleur.
-C'est bon, tu peux parler Charlie. On t'écoute.
-Seb Williams, ça te dit quelque chose ?
-Oui, évidemment. Pourquoi ?
-Il était dans ma rue aujourd'hui. Il m'a dit qu'il était un ami.
-Pas du tout. Mais il n'était pas en hôpital psy ?
-Il a du être libéré, ça commence à faire un paquet d'années, réponds mon père.
-Chéri, tu sais bien qu'il était instable, il a faillit tué des compagnons de cellules.
Ce que ma mère dit me donne des frissons, un malade pareil est dehors, ça me fait vraiment peur. Surtout après ce qui est arrivé à Zoé avec l'autre connard d'Eden.
-Hello, je suis toujours là.
-Oui, pardon Charlie. S'il te plaît, fais attention à toi.
-Je sais. Zoé m'a vacciné.
-Et ma chérie, je vais demander à envoyer quelqu'un pour ta protection. Et je vais voir ce qu'on peut faire avec l'avocat.
-Une ordonnance d'éloignement serait bien. J'ai pas envie de craindre.
-On y fera. Je te tiendrais au courant et on va voir avec ta mère pourquoi il est dehors. Son avocat nous avait pourtant dit qu'il allait rester en hôpital pour le reste de sa vie.
-J'espère que c'est une évasion et que la police française pourra l'arrêter. J'ai pas envie de vivre dans la peur.
-Je vais faire vite, ne t'inquiète pas. Demain tu as quelqu'un pour te surveiller.
-Merci papa.
-Sinon, comment ça ce passe ? Ça fait un petit moment que tu nous as pas appelé.
-Tout va bien à Paris, j'adore le boulot et je profite de mon temps libre. C'est vraiment sympa.
-Tant mieux si tout va bien pour toi !
-Si ça n'allait pas, je serais déjà rentrée.
-Et ton patron t'apprends des choses ?
-Oui, il m'apprends pas mal de trucs.
Même s'il va me faire une session d'apprentissage intensive entre octobre et février, ce qui est grand temps de faire.
-Attends deux secondes chérie.
Ma mère raccroche, je la vois me rappeler à peine une minute plus tard en face time. Ils sont bel et bien à la piscine, ça me fait vraiment rire.
-Ah oui, vous profitez bien de votre dimanche !
-Bah que veux-tu, on a envie de se détendre !
-Venez donc à Paris. En plus, vous me manquez.
-Tu nous manques aussi ma chérie, mais on a beaucoup de choses à faire à New-York.
-J'imagine bien.
-Et qu'est-ce que tu as au front ? Demande ma mère
-Oh, c'est rien ! Je suis tombée hier soir, rien de bien grave.
-Sûr ?
-Oui maman.
Je souris et nous continuons notre petite discussion un petit moment. On parle boulot, de Zoé, la petite à naître, le mariage, tout ça, puis je finis par raccrocher, il se fait tard ici. Je suis vraiment contente d'avoir appelée mes parents et je sais que mon père va s'occuper de l'autre. Je resterais quand même sur mes gardes un petit moment, j'ai pas envie d'un mauvais coup. Je commande mon repas, autant en profiter.
Je reste un petit moment sur mon canapé, jusqu'à ce que mon repas arrive. Je le récupère et file me préparer un bon bain. J'en profite pour enfin vider ma valise, ranger mes produits et je vais m'installer dans la baignoire une fois que tout est prêt. Je me pose devant ma série, une soirée calme c'est bien aussi !
* * *
Voilà maintenant trois semaines qu'on a attaqué novembre et j'ai un mois plutôt chargé ! Nathan m'a donné un planning, je n'aurais pas beaucoup de temps à moi, mais ce n'est pas grave, ça m'occupe bien. Il m'a enfin prise sous son aile, j'apprends mes futures missions de responsable. Julia se tient au courant de mes avancées, apparemment j'évolue bien depuis un peu plus de dix jours. Nathan est vraiment très pro avec moi, ce que j'apprécie beaucoup. Nous voyageons aussi pas mal, j'ai jamais pris autant le train et l'avion que depuis que je suis ici.
Et nos voyages me forme non seulement à mon futur rôle, mais en plus notre relation est vraiment pas mal ! On a fait quelques soirées qui se sont à chaque fois terminées au lit une fois à l'hôtel.
Aujourd'hui nous sommes à Londres, dans les bureaux de nos collaborateurs anglais, j'assiste à un rendez-vous entre Nathan et le responsable anglais. Je prends quelques notes, mais je me concentre vraiment sur ce qui est dit. Nathan n'a pas besoin de m'expliquer le rôle de responsable, je le comprends à force de faire des rencontres.
Notre rendez-vous avec le responsable se termine après deux bonnes heures, nécessaire pour garder de bons liens avec eux. Nous visitons les locaux et nous partons enfin ! J'en peux plus d'être ici, les bureaux me font presque mal au crane. Je pousse un long soupire une fois dehors, ça fait du bien !
-Waouh, le premier truc que tu trouves à faire en sortant d'un rendez-vous important c'est soupirer ?
-Je me retiens même de bailler ! Qu'est-ce que les anglais sont fatiguant !
-Charlie, quand même !
-Quoi ? Je ne vais pas te mentir ! J'ai quand même aimé ce rendez-vous, mais je rêve d'un café là. Ou d'un bon plat.
-Fish and chips, ça te dit ?
-Pourquoi pas ! J'adore ce plat.
-Ça ne te dérange pas qu'on prenne à emporter ? J'ai envie qu'on aille se poser ailleurs.
-Pas de soucis.
Je souris et me cale contre un mur, j'ai besoin de changer mes chaussures rapidement. Nathan le comprends, il s'arrête à son tour et se mets face à moi. Je retire mes bottes à talons pour des baskets, plus confortable. On se dirige ensuite vers un food truck qui sens vraiment bon, on commande rapidement et on file dans un parc non loin du palais de Buckingham. On trouve un banc, ça fait du bien de se poser à l'extérieur.
-Alors, ça fait maintenant une vingtaine de jours que tu me suis, qu'est-ce que tu penses de mon rôle ?
-Il est compliqué, mais passionnant. Rassure-moi, tu ne vas pas me demander un exposé en février ?
-C'est exactement ce que je vais te demander. Pas un exposé scolaire, mais tu devras me faire un compte-rendu de ce que tu as appris.
-Super. J'ai l'impression de retourner à l'école.
-Mais nécessaire. Je dois bien vérifier que tu aies les compétences pour ton futur rôle. Et ne crois pas que je serais cool.
-J'espère que tu ne seras pas cool. Pardon. Je l'espère bien que vous saurez bien juger mon travail, monsieur Cooper.
Nathan rigole en m'entendant l'appeler monsieur, c'est rare. J'aime bien l'appeler comme ça quand on est au lit.
-N'importe quoi toi.
-Quoi ? Je prends les choses aux sérieux !
-Et c'est très bien ! Et rassurant. Tu prends vraiment ton boulot au sérieux.
-Bah oui.
-Et ce type, il va te suivre combien de temps encore ?
Je lève la tête vers mon garde du corps, qui est là depuis un moment maintenant. Depuis le mardi après mon appel.
-Jusqu'à ce que mon père soit sûr que je suis en sécurité.
-Tu sais que ça commence à m'agacer ?
-Moi aussi, mais ça me rassure.
-Pourquoi ?
Je soupire et croque dans le poisson frit, c'est vrai que je ne lui ai pas raconté. Juste dit que j'avais un garde du corps.
-Ma soeur a été enlevé il y a quelques années par un ennemi de mes parents qui a passé vingt-cinq ans en prison. Il a tué son compagnon de l'époque, ça nous a vraiment marqué. Alors mes parents font attention maintenant.
-Et qui est là pour que tu sois suivie ?
-L'ex de ma mère, un dégénéré mental. On ne sait pas s'il pourrait me faire du mal, mais on ne sait jamais.
-Ah oui ! Quand même. Sacré famille.
-Je confirme.
-Rassure-moi, ils n'ont pas d'autres ennemis tes parents ?
-Non, heureusement ! Mon père a toujours fait attention avec des contacts d'affaires et ma mère est toujours délicate avec les gens chiants.
-Il faut bien l'être pour éviter des ennuies ...
-Ouais.
-Mais t'as jamais eu peur ?
-Peur ? De quoi ?
-Que quelqu'un s'attaque à toi.
-Gomez ou non, j'ai toujours cette crainte. Et j'avais surtout peur les semaines suivant l'agression de ma soeur. Là je ne faisais pas la maligne.
À chaque fois que j'y repense, ça me donne de sales frissons dans le dos.
-Enfin, j'ai pas envie d'en parler. Et tu sais que tu connais ma famille quand je ne sais même pas si t'as un frère ou une soeur ?
-Parce que je suis plutôt secret.
-Je vois ça. Mais tu ne veux pas me parler un peu de toi ?
-Hum, non.
-Nathan, s'il te plaît. Une petite info ?
Il soupire, mange quelques frites et se tourne vers moi.
-OK, une info. J'ai été adopté.
-Adopté ? Sérieux ?
-Ouais. Quand j'avais trois ans.
-Je ne l'aurais jamais cru. Je pensais que tu avais toujours tes parents.
-Mes adoptifs oui. Mes vrais parents, j'en sais rien.
-J'ai envie de te poser pleins de questions, mais c'est déjà important ce que tu m'as dit.
-Merci de ne pas insister.
-J'ai quand même une dernière question.
-Je t'écoute.
-Pourquoi t'es aussi secret sur ta famille ou même ton appartement ?
-Parce que je n'aime pas parler de tout ça. Et mon appartement, c'est mon refuge que j'ai pas envie de partager.
-Donc si demain tu rencontres la femme de ta vie, tu ne la ferras jamais venir chez toi ?
-Si je rencontre la femme de ma vie, je le saurais. Après, l'amour, bon, ça ne me dit rien.
-Vraiment ?
-Ouais.
-Donc t'aimais pas Louise.
-Elle n'est jamais venue chez moi et même si notre relation était cool, c'était physique. Il n'y avait pas de sentiments.
-Comme avec moi.
-Exact.
Au moins c'est clair, notre relation est purement physique ... Je suis quand même un peu déçue, je pensais qu'elle était plus particulière. Ça fait quand même un petit moment qu'on couche ensembles. Mais c'est comme ça pour lui, tant pis pour moi.
Je change complètement de sujet de conversation, nous restons dans le parc un petit moment puis on file au prochain rendez-vous après avoir pris un bon café. On continue nos petits entretiens puis, vers huit heures, on rentre enfin à l'hôtel !
-Charlie !
Une voix m'interpelle dans le hall d'accueil, je me tourne, je revois l'ex de ma mère, je suis surprise. Je pensais que mon garde avait fait le travail. Il s'approche de moi, heureusement Nathan est toujours avec moi.
-Charlie, ça fait plaisir de te revoir.
-Le plaisir n'est pas partagé. Comment vous avez su que je suis ici ?
-Je t'avoue que je t'ai un peu suivi, mais j'ai vraiment envie de te reparler.
-Pas moi.
Je cherche mon garde du corps, il arrive enfin à l'intérieur. Il vient à notre hauteur et pose sa main sur l'épaule de l'autre con.
-Monsieur, vous allez me suivre.
-Vous êtes qui ? Je vous connais pas.
-C'est mon garde du corps. Mes parents l'ont embauchés quand vous avez débarqué à Paris.
-Laura a vraiment fait ça ? Elle me déteste à ce point ?
-Elle ne vous déteste pas. Elle rêve de vous voir pourrir en enfer pour ce que vous lui avez fait. Maintenant, ce cher Tony va vous ramener aux Etats-Unis, vous n'avez rien à faire à côté de moi ou à côté de ma famille.
-En plus, vous avez une injonction d'éloignement. Suivez-moi.
Le garde essaie de l'emmener, mais l'ex est récalcitrant.
-Charlie, s'il te plaît, je veux juste connaître les enfants de Laura !
-Et moi j'ai pas envie de vous connaître.
Je commence à partir, mais ce malade réussit à me prendre le bras et à le serrer fort, trop fort, ça me fait mal.
-S'il te plaît ! Je suis resté trop longtemps enfermé chez les fous !
-Et vous méritez d'y retourner ! Lâchez moi.
Tony prends le relais, il réussit à faire lâcher l'autre taré, qui hurle jusqu'à sortir de l'hôtel, assisté par la sécurité de l'établissement.
-Ça va Charlie ?
Je me tourne vers Nathan en me frottant le bras, il m'a vraiment fait mal l'autre.
-Oui, ça va. J'ai juste envie de me poser.
Je commence à partir vers l'ascenseur, je suis surprise quand je ne vois pas Nathan avec moi. Je regarde un peu le lobby, puis monte dans la cabine, je veux retrouver ma chambre et sa sécurité.
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