Un bruit agaçant troubla mon sommeil. Ce n'était que mon réveil, il fallait que je me lève sinon j'allais être en retard. Le souvenir de Tom et ma secrétaire me revient rapidement en tête. Il avait gagné la première manche en embrassant cette femme. J'avais éprouvé de la frustration, je n'aimais pas ça du tout. Il avait atteint son but, haut la main. Je n'avais plus ressenti ce sentiment depuis fort longtemps et je ne préférais plus me souvenir de la personne qui me l'avait fait éprouver. Tom l'avait embrassé avec un tas d'arrière-pensées sinon jamais il n'aurait eu cette lueur de défi dans son regard. Pour répondre à cette provocation, je devais me montrer totalement indifférente dans un premier temps. Ensuite, je trouverais le moyen de gagner la prochaine manche.

Hier soir, juste après les avoir surpris, j'avais pris le chemin de ma chambre sans broncher. De toute façon cela avait été la meilleure réponse sur le moment. Il fallait quand même que je me renseigne sur cette histoire. Je devais savoir ce qu'il se tramait vraiment entre eux.Un baiser n'est pas anodin. Je regardais l'horloge, je n'avais qu'une heure pour me préparer au rendez-vous de neuf heures avec monsieur Thomson. J'étais légèrement anxieuse, pourvu que tout ce passe bien. Je pris une douche, mis une robe tailleur rouge. Cette couleur était ma préférée, elle avait tellement de signification à la fois.

Je pris ensuite le chemin de la cuisine, ils étaient tous les deux attablé silencieusement. Ma secrétaire n'osait me regarder contrairement à Tom qui affichait un visage dépourvu de toutes émotions. Je lui fis mon plus beau sourire, je voulais lui rappeler mon pouvoir de séduction, surtout dans ses vêtements luxueux. Je ne le pensais pas insensible lorsque je le vis observer ma bouche, tout en passant sa main droite sur la nuque. Au fond, je n'avais qu'une envie c'est de l'étriper mais si j'avais appris une chose dans la vie, c'est de ne laisser filtrer aucune émotion comme lors d'une partie de poker.J'avais mon masque de femme d'affaires ce matin, je me concentrerais sur mon travail. C'est précisément ce que je faisais tout le temps pour n'avoir aucune idée noire et de mauvaises pensées. Je me plongeais dans le travail quand tout allait mal.

—Bonjour à vous deux ! Vous avez bien dormi ? Pour ma part comme un vrai bébé.

—Euh oui madame! Dit ma secrétaire.

C'est très bien qu'elle culpabilise de ses actes de la veille, j'aimais savoir qu'elle ressentait ce genre de sentiment.

—Et vous Tom ?

—J'ai assez mal dormi, j'ai hésité à venir vous déranger en pleine nuit.

Quel culot, il se pensait assez irrésistible pour que je le laisse jouer sur deux tableaux.

—Je vois.

Je me servis un café en leur tournant le dos. Je pouvais désormais me permettre de supposer par l'affirmation de Tom que tout ce petit manège s'était arrêté à l'épisode de la cuisine.

—Madame Brown vous avez tous les dossiers ? Nous partons dans dix minutes.

—Oui Madame !

Je la regardais à peine elle ne méritait pas un seul regard. Tom non plus, je descendis la première pour rejoindre la voiture. Tout le chemin se fit en silence je ne savais pas vraiment ce qui se passait entre eux mais Tom était vraiment fort s'il avait réussi à faire fauter une fille fiancée qui semblait particulièrement sage habituellement. J'étais rentrée dans un jeu sans connaitre la véritable puissance de mon adversaire, très grosse erreur mais je ne me laissais en aucun cas décourager. On mit environ vingt minutes à arriver. Monsieur Thomson, mon nouvel investisseur était un homme fraîchement divorcé de trente-cinq ans qui avait la vilaine manie de me draguer. Il m'amusait quand même la plupart du temps parce qu'il n'était pas du tout discret et fin dans sa technique. J'espérais que ses avances me feraient rire une fois de plus et me changeraient les idées par rapport à hier.

—Mademoiselle Dixon vous voilà, c'est un plaisir de vous revoir. Vous êtes toujours aussi ravissante.

Il sentait la richesse à des kilomètres, je pris la main qu'il me tendait et la serra.

—C'est "Madame Dixon" et c'est un honneur aussi de vous revoir.

J'avais insisté sur le "Madame".

—Bien sur suivez-moi ! Nous allons nous installer.

—Je suis contente de pouvoir collaborer avec vous pour ce projet.

Il fallait toujours en faire un peu trop avec ses collaborateurs.

—Moi aussi, une femme aussi belle et intelligente que demandait de plus?

J'avais oublié à quel point il pouvait être lourd.

—Oui je sais.

Il se mit à rire devant mon assurance. Je restais de marbre pour ma part.

—Bon on peut y aller, on n'a pas toute la nuit, intervient Tom, agacé.

On se tournait tous vers lui. Un secrétaire qui osait intervenir de la sorte ce serait fait virer pour même moins que ça, cependant je n'en avais pas fini avec lui. Je l'observais en essayant de comprendre ce qu'il lui était passé par la tête. Une telle audace n'était pas compréhensible surtout devant une personne aussi importante que Monsieur Thomson. J'avais besoin de lui pour mon projet, il ne fallait pas qu'il change d'avis à cause de Tom. Je le remis donc à sa place :

—Monsieur Jenson vous pouvez faire preuve d'un minimum de patience!On a suffisamment de temps devant nous. Une prochaine réflexion comme ça et vous me remettez votre lettre de démission.

Il baissa la tête se rendant compte de sa bêtise. Son attitude me plaisait à ce moment, j'en sourie presque. J'aimais qu'il se souvienne qui commandait. Monsieur Thomson me fit signe de le suivre.

—Installons-nous !

Tom s'assit à ma gauche et Madame Brown à ma droite. Monsieur Thomson se trouvait en face. On se mit à relire chacun nos dossiers pourvoir si tous convenaient. J'étais particulièrement concentrée lorsque soudainement Tom se mit à me caresser la cuisse. À son premier contact, j'avais ressenti comme un choc électrique. Je me tournais discrètement pour voir ce qu'il lui prenait mais il faisait mine d'être plongé dans sa lecture des dossiers. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Il pensait que je n'allais pas réussir à rester impassible. Sa provocation m'amusait, j'avais vraiment un sérieux souci de m'amuser dans un moment pareil. Il arrêta enfin mon doux supplice. J'en profitais pour annoncer à l'investisseur:

—Tout est correct pour moi et pour vous ?

—Pour moi aussi ! Signons ce contrat.

Un secrétaire déposa le contrat devant moi, enfin il était temps pour moi de signer. Je déposais ma signature puis l'investisseur fit de même. J'avais réussi, j'étais tellement fière en repensant à ce que j'avais accomplis en seulement six ans.

—Une bonne chose de faite, Madame Dixon viendrez-vous avec moi au restaurant pour fêter ça?

Je n'eus pas le temps de répondre que Tom se rapprocha de moi et annonça :

—Je suis désolé mais elle n'est pas libre.

J'en restais sans voix face à son cran. Je me demandais ce qu'il lui prenait?

—Ah bon, Nora êtes-vous prise cette après-midi ? demanda Monsieur Thomson.

Tom répondit à ma place une fois de plus:

—Oui, elle a quelque chose de prévu.

Je me repris rapidement, j'avais enfin saisi l'occasion de marquer un point dans ce jeu.

—Monsieur Thomson, j'accepte votre invitation avec joie, ce n'est pas comme si j'avais une personne de mieux à voir.

Je venais d'annoncer cela en regardant Tom droit dans les yeux, je pris le bras de l'investisseur. Il semblait tout content et annonça :

—Parfait ! Allons-y, je connais un restaurant très chic dans le coin.

Cependant,avant de quitter la pièce, je dis à ma secrétaire:

-Prenez la voiture je ne sais pas à quelque heure, je rentre.

Tom me fixait furieux. Un point pour Nora soit un point partout. Je commençais à m'amuser dans ce jeu.

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