Chapitre 13
PDV KELLY
Je baissais les yeux.
- Mais...
- Ne t'affole pas. C'est ton passeport pour te faire respecter auprès de certains surnaturels. C'est comme un blason de famille.
Cette voix de femme venait de raisonner dans mon esprit. Je compris que je pouvais communiquer comme ça avec ma grand-mère. Je ressentais sa présence dans l'espace.
- Alors c'est donc ça la "marque" dont tu m'as parlé tout à l'heure... Est-ce que tu m'as aidé tout à l'heure dans ma chute ?
- Non. Mais essaye de ne pas utiliser trop d'énergie sinon ton corps en subira les conséquences...
- Je l'ai fait il y a un moment. Mentis-je à Morgan.
Je voulais garder l'apparition de ma grand-mère pour moi seule...
Je ne savais pas pourquoi mais j'en avais tout simplement envie. Et j'avais aussi le sentiment que je devais faire ça.
La marque n'était pas étendue, elle avait une taille qui ne dépassait pas 5 centimètres. Et l'écriture se trouvait à l'endroit exacte où grand-mère avait touché.
Je crus reconnaitre deux lettres grecs, Α et Ω, elles étaient toutes les deux superposées.
Il acquiesça en silence, il me tendit mon sac à dos. J'y extrais des vêtements de détente un bas de jogging avec un débardeur blanc gris. Je m'habillais rapidement pendant que Morgan me tournait le dos. Par la suite il me donna mon manteau.
Nous reprenions la route vers la meute. Vers ce qui semblait être mon destin...
La journée passa assez vite. Le soleil commençait déjà à tomber. Il nous fallait trouver un endroit pour dormir. J'envoyais cette pensée à Morgan, il l'aperçu et approuva.
- Mais je ne pense pas que dans ces environs il y ait un coin pour ça.
Je soupirais sous sa remarque.
- Tu dois avoir raison... Alors pourquoi pas nous créer un abri ?
- Bonne idée, mais comment ?
Nous avancions à la recherche d'un coin où possiblement s'installer.
- Les deux rochers.
Je pointais du doigt deux énormes rochers. Je me dirigeais vers elles, elles faisaient plus que ma taille.
- Morgan ? Appelais-je.
- Oui ?
- Tu peux déplier l'attirail pour que l'on dorme entre ces deux rochers ?
Il ne me répondit pas, mais obéit. Ce qui me fit tout drôle. Je le remerciais tout de même d'un petit signe de tête.
- Et la neige ? Demanda-il surpris.
- Fait ce que je te dis pour le moment. La neige, je m'en occupe. Répliquais-je sûre de mon plan.
Il déplia la tente et installa le sac de couchage et la couverture à l'intérieur. Puis il installa nos sacs à l'intérieur.
Je l'envoyais uriner autour de notre campement tandis que je me concentrais sur ce que j'avais besoin de créer. L'urine permettait de tenir à l'écart les animaux sauvages.
Morgan retourna sous la tente pour se débarrasser de ses chaussures.
Avec mon index, je dessinais dans le vide des rectangles invisibles pour imaginer ce que je devais faire. J'espérais que mon plan aller marcher !
Il se doit de marcher... Morgan est juste en dessous.
Je me concentrais et je respirais fortement avant de toucher l'air, le vide. La glace se propagea pour créer un toit soutenu grâce aux deux rochers.
Cela me laissa sans voix car voir mon pouvoir se développer un peu partout était assez impressionnant. Pour moi qui n'avais totalement pas l'habitude de voir ce genre de chose j'étais servi. Mais ça me rendait curieuse d'en voir de plus en plus. Je voulais connaître mes capacités exploiter le potentiel.
Je vérifiais qu'il n'y avait pas de sang qui se dégageait de mon nez. Mais heureusement non.
Je jetais un œil à l'homme qui venait de s'endormir dans la tente. Il devait être fatigué.
Je cherchais dans le sac des provisions. J'avais trop faim, bien trop faim.
Je dévorais plusieurs gâteaux, assise à la porte de la tente. Ce n'était pas vraiment des repas, mais-
Morgan se mit à ronfler à côté de moi. Je refermais la tente pour empêcher le froid d'entrer.
Finalement ce n'était pas si mal d'être avec quelqu'un.
Je bus de l'eau et après être plus au moins rassasiée, je me roulais dans ma couverture.
- Dors bien... chuchotais-je en me collant le plus possible à la paroi de la tente.
Bien sûr, uniquement le vent me répondit. Je m'assoupis quelques secondes après.
Je me réveillais à cause d'une vibration. Je ne mis pas longtemps à remarquer qu'il s'agissait du vibreur de mon téléphone. Je frottais mes yeux pour voir le contact de Jake s'afficher sur mon écran. Je grinçais des dents.
Je n'aurais pas dû prendre mon téléphone, mais c'était en cas de réelle urgence. Je le mis sur vibreur et le fourrais à nouveau dans mon sac. Je ne devais pas penser au reste. Je dois me concentrer sur ma mission principale.
à côté de moi Morgan dormait en remuant mollement et en marmonnant.
Le sentiment d'avoir abandonné les autres me rattrapa une nouvelle fois. Le sentiment d'avoir retrouvé enfin Jake pour le perdre une nouvelle fois...
Pourquoi veut-on toujours me séparer des autres ?
Je sortis précipitamment de la tente. La tension en moi montait.
Ma colère emplissait l'espace. Contre toute attente le toit de glace explosa comme un verre qui se brise.
Morgan se leva à cause du vacarme. Il grogna, pas content d'être réveillé si brutalement.
Des grognements remontaient de ma gorge et je tremblais légèrement. Morgan me regardait interloqué par ma fureur. Ses yeux témoignaient de l'incompréhension.
Non, bien sûr qu'il ne peut pas comprendre. Il a toujours vécu avec son espèce. Il a toujours été entouré. Accepté. Avec une famille.
Pas moi.
Je n'avais rien de ça.
Mes tremblements n'étaient que plus forts. J'enroulais mes bras autour de moi. J'allais perdre le contrôle si je ne faisais rien que me laisser envahir. Je tapotais mes épaules avec un rythme frénétique et décalé. Je repris une respiration plus lente.
Je souris afin de duper mon cerveau et de vraiment ressentir de la joie.
Je me retournais souriante vers mon acolyte sous la tente. Cela sembla l'avoir apaisé, celui-ci jusque-là n'avait pas su réagir.
- Whoa ! Regarde ça ! Il y a environ cinq centimètres de neige. On a eu ça en une nuit ! S'écria-t-il étonné.
- Je l'avais dit, la neige c'est super ! Déclarais-je contente.
J'étais consciente qu'il essayait de détourner mon attention sur du positif.
Je remarquais alors que la neige qui s'était logée au-dessus du "toit" de glace avait fondu. Et cela en même temps que le tout avait explosé.
C'est drôle, je ne savais pas que je pouvais la créer et la faire fondre. Au contraire de la créer et la faire disparaître. Ça je le savais.
Rapidement, nous rangions toutes les choses que nous avions utilisé. La tente fut le dernier élément à retrouver le sac.
Je soupirais de devoir encore marcher. C'était trop long et fatiguant.
- Pourquoi on ne ferait pas la route sous forme animale ? Enchaînais-je.
- Oui pourquoi pas. Mets-moi les sacoches.
Il finit sa phrase dans un grognement. Il était déjà en train de se déshabiller.
A la place du beau garçon aux cheveux sablé et aux yeux marron se trouver un loup immense. Sur ses quatre pattes il me dépassait.
Je ne m'étais jamais posé la question sous quelle forme je préférais Morgan...
Le loup jappa ce qui me sortit de mes rêveries, j'accrochais l'un des deux sacs sur le dos du loup. Je gardais cependant le mien.
Il me lécha la main me laissant une trace baveuse. Je le bousculais pour jouer avant de me mettre à courir.
Mes jambes avaient besoin de cette petite course. Morgan me rattrapa, il me dépassa bientôt. Cependant je m'agrippais à son encolure touffue et je me hissais sur son dos en rigolant. J'avais l'impression de monter un cheval. Je serrais ses poils entre mes poings, le loup galopa entre les arbres et les fougères.
Nous parcourions à peine deux heures de cette façon.
Morgan sembla soudainement sur ses gardes. Il marchait depuis un moment maintenant.
Sans prévenir je tirais fortement sur les poils de Morgan, il s'arrêta en grondant sur moi. Je n'y prêtais pas attention.
Je me laissais glisser le long du flan du loup et je retirais mon sac de mon dos. Une fois au sol, je commençais à me déshabiller alors que Morgan détourna le regard. Je me mutais en loup. Mon pelage blanc comme la neige me permettait de me fondre dans le décor.
Je flairais l'air puis le sol. Des empreintes familières dans la neige, les mêmes que celles de mes pattes sauf que ce n'était pas les miennes ni celles de Morgan.
- Que se passe-t-il ? Demanda Morgan.
Il s'approcha, voyant les traces il les renifla. Il releva la tête, une étincelle s'était allumée dans son regard.
Je ramassais à coup de dans mes affaires et mon sac. Morgan trottina en direction du chemin qu'avaient emprunté les marques.
Je lui emboîtais le pas, près des traces il y avait des traînées de sang. Cette découverte fit accélérer le pas à Morgan.
Nous arrivions devant une tanière, nous entrions. J'entendis des gémissements, l'adrénaline poussa mon corps à devancer Morgan.
Là, une louve gris pâle parsemée d'endroit blanc. Des ailes qui ressemblaient à celles d'un ange étaient repliées contre ses flans. Elle était allongée, elle léchait une plaie à sa patte qui n'arrêtait pas de saigner. Je remarquais également qu'une de ses ailes avait une entaille.
Je lâchais tout ce que je tenais avec mes mâchoires, ébahis de voir ça. Un loup ailé. Comment est-ce possible ?
La louve leva la tête, fixa de son regard vert Morgan. Il semblait qu'elle lui souriait, son regard me souris également lorsqu'elle posa les yeux sur moi. Du moins, je pense que c'était un sourire.
Je sortis de mes songes en attrapant mes vêtements au sol et en trottinant hors de la tanière. Je repris ma forme humaine et j'enfilais mes vêtements.
Je retirais la sacoche du dos de mon ami. Il ne semblait pas vouloir reprendre forme humaine. Je n'allais pas l'obliger.
Je m'accroupis pour fouillais dans mon sac et sortir la trousse de secours. Je pris tout ce qu'il me fallait. La louve écarquilla les yeux en regardant tout ce que j'avais retiré du sac.
À ce moment, Morgan se retourna et me confia doucement :
- Claire est comme ma sœur on est ensemble dans la meute depuis... Depuis ma naissance.
Comme je ne disais rien il continua :
- Elle n'a pas vu ce matériel depuis qu'elle a quitté sa maison. Avant de rejoindre la meute, Claire habitait en ville.
Il la regarda tristement.
- Je peux te soigner ? Demandais-je doucement à Claire.
Claire me regarda de ses yeux vert animal. Elle ne me dévisagea pas de façon impolie mais surprise.
Comme elle restait silencieuse à me dévisager, j'ajoutais :
- Je ne veux pas te faire peur, ni te faire de mal...
Je lui souris, et je crus apercevoir une lueur de soulagement dans son regard.
- Je-Je... D'accord merci. Bafouilla Claire d'une voix cristalline.
Je m'approchais doucement afin de ne pas trop l'effrayer ou la brusquer.
Je pris le désinfectant et les compresses, elle fixait chaque mouvement que j'effectuais.
J'examinais les plais de Claire ainsi que toutes ses affreuses blessures. Je commençais par son aile, je la nettoyais grâce au spray désinfectant. J'essuyais délicatement la plaie.
- Ça va aller. Rassurais-je Claire.
Celle-ci se contenta d'un hochement de tête. Elle reprit forme humaine dans un soupire et se recroquevilla.
Une jolie femme, aux longs cheveux ondulant descendant en cascade dans son dos. Au premier abord j'étais étonné de la couleur argentée de sa chevelure.
Son visage était magnifique, un nez un peu retroussé lui donner un petit air enfantin en plus de ses tâches de rousseurs. Contrairement à ses lèvres pulpeuses qui lui donnait un air de femme fatale. Ses traits délicats et saillants, elle avait les joues creusées.
Elle tourna alors sur moi ses yeux verts, ils n'avaient rien à voir avec ceux de Léonie. Ceux de Claire semblait doux et bienveillant tandis que ceux de Léonie dégageait sa nature de prédateur...
Elle trembla soudainement, je reculais. Elle reprit sa forme animale, cependant cette fois-ci ses ailes n'étaient plus présentes. Celle-ci devait se sentir en insécurité, ou autre... Je ne lui en voulais pas.
J'examinais ensuite la coupure à la patte avant gauche de Claire, elle saignait. J'appuyais des compresses sur la blessure, après un moment le sang arrêta de couler. Après cela je désinfectais, elle grogna sous la douleur, je soufflais dessus pour essayer d'atténuer la sensation. Puis j'enroulais une bande autour.
- Merci pour ça... Me gratifia Claire d'une voix incertaine.
- De rien. Répondis-je en lui souriant de toutes mes dents.
- Que l'horizon te protège. Ajouta-t-elle doucement tandis qu'une brise caressa ma joue.
C'était comme si une main tendre avait effleuré ma peau. Je souris doucement, c'était agréable.
- Tu fais partis de la meute avec Morgan ?
Elle hocha la tête.
- Hum... Moi... Je m'appelle Kelly. J'aurais bientôt 20 ans. Et je suis ravie de faire ta rencontre.
- Enchantée, je suis Claire et j'ai 30 ans. Je te remercie pour tout ça... (elle agita sa patte)
Je fus surprise, voire choquée de son âge en décalage à son apparence qui la rendait beaucoup plus jeune.
- Donc tu es là pour...
Je rangeais mon matériel, ne sachant pas comment énoncer ma mission ici. Je ne savais pas comment répondre.
- En fait, on en parlera plus tard. Il faudrait retourner là-bas. Si notre présence est détectée par des sentinelles sans qu'on se soit annoncé ça ira mal.
J'étais reconnaissante que Morgan me sauve de ma posture par son intervention.
La louve se releva et prit appui sur sa patte blessée. C'était douloureux d'après le reflet de ses yeux.
Je me remis sur mes jambes et je fixais Claire des yeux.
- Avant d'y aller, je voudrais savoir qui t'a fait ça et la raison ?
Elle tourna son regard brillant vers moi, puis baissa les yeux, hésitante.
- Sarah... Chuchota-t-elle d'une façon presque imperceptible.
- Quoi ? Aboya Morgan.
- Calme-toi... J'ai manqué à mon devoir, ça n'a pas été très bien perçu de sa part. Elle a estimé que je lui avais manqué de respect. Sa voix était montée dans les aigus.
- Je ne trouve pas cette attitude convenable. Ce n'est pas une solution d'être si entêtée et régler les choses par la violence. Elle devrait avoir honte ! Désapprouvais-je tandis que mon corps picotait d'énervement.
J'entendais au fond de moi, l'animal s'échauffer à l'idée de planter ses crocs dans la gorge de cette pitoyable chef et lui briser la nuque-
Je refreinais cette idée. N'est-ce pas de cette façon que celle-ci agit ? Je n'étais pas comme cette Alpha.
- Tu as raison je lui dirais deux mots. Grogna Morgan en dévoilant ses crocs.
- Non ! Nous nous retrouvions surprise d'avoir parlée d'une même voix. Ce qui m'arracha un sourire alors que je regardais Claire qui semblait du même avis.
- Tu voudrais lui faire regrettais ? Lâchais-je en avançant vers Morgan.
Je commençais à enlever mes vêtements. Il détourna les yeux et recula doucement tandis que j'envahissais peu à peu son espace.
- Oui... Si elle n'existait pas-
- Si elle n'existait pas, tu n'aurais pas souffert ? C'est faux, car on souffre toujours. Elle n'est pas la seule cause de ton malheur. Elle n'est pas celle qui décide si tu vis heureux ou malheureux. Toi seul le décide.
Il s'aplatit, au sol et tourna la tête.
Je mutais instantanément, mes pattes se posèrent non loin de lui. Je lui donnais un coup amical avec ma truffe sur sa joue.
- Tu peux choisir de passer au-dessus de ça. Sarah ne pouvait pas te rendre heureuse. Vous n'étiez pas compatible. Me soutient Claire.
Je fus surprise de ces paroles. Morgan était amoureux de Sarah ? Et il s'est fait rejeter. Si Sarah est l'Alpha, ça aurait fait de Morgan un Alpha. Je compris cette colère qu'il essayait de me cacher. Est-il passé à autre chose ? Ou alors... Il essaye d'oublier avec moi.
Je soupirais. Je comprenais un peu mieux la situation, ça allait peut-être se corser.
Soudainement Claire perdit son courage. Elle se posta à côté de moi.
- On va affronter Sarah...? Souffla-t-elle effrayé.
- Oui ! répondit Morgan en se relevant.
- Non ! Il est hors de question de vous mettre en danger, et d'entrainer la meute en plus de ça. Déclarais-je fermement.
Claire ne cacha pas son étonnant, la gueule béante. Ses yeux s'arrondirent.
- Tu es la fille de la prophétie...? Questionna Claire surprise.
- Peut-être bien ? Peut-être pas ? Mais votre situation ne peut juste plus continuer. Répondis-je simplement.
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