CHAPITRE 37

J'étais éperdument amoureuse de Weiss, d'une manière si profonde et si intense que je ne pouvais plus me le cacher. Chaque pensée, chaque battement de mon cœur semblait résonner avec son nom, et cette passion me consumait de l'intérieur. Mais alors que je réalisais l'ampleur de mes sentiments, une douleur fulgurante se mit à irradier de la marque sur ma poitrine, me rappelant à quel point j'étais loin de lui, à quel point il me manquait.

Je fermai les yeux, me concentrant sur ce lien invisible qui nous reliait. Si je parvenais à canaliser suffisamment d'énergie, peut-être pourrait-il ressentir ma présence, peut-être saurait-il où je me trouvais. L'espoir et la peur se mêlaient en moi.

Mais en même temps, une vague de honte m'envahit, me submergeant comme une marée noire. Que devrais-je lui dire si jamais il parvenait à me retrouver ? Voudrait-il encore me regarder, me toucher, après avoir découvert que j'étais la fille du meurtrier de ses parents ? L'idée de lui révéler ma véritable identité me terrifiait. Je me sentais comme une traîtresse, une ombre du passé qui menaçait de détruire tout ce que nous avions construit, tout ce que je ressentais pour lui.

Les larmes me montèrent aux yeux alors que je luttais contre cette marée de culpabilité.

Soudainement, la sensation de brûlure qui m'assaillait s'évanouit, comme si un voile de fraîcheur avait été déposé sur ma peau. Un frisson d'espoir parcourut mon échine alors que je comprenais qu'il n'était pas loin d'ici. Mon cœur s'emballa à cette pensée, et je fermai les yeux, essayant de visualiser Weiss dans mon esprit. Oui, je pouvais presque le sentir, à quelques mètres seulement de l'entrée de la grotte.

Je me concentrai intensément, cherchant à établir un contact, à lui faire comprendre que j'étais là, que j'avais besoin de lui. Mais alors que je tentais de détacher mes chaînes, un bruit métallique résonna dans l'obscurité, attirant l'attention de mon géniteur. Le cliquetis des chaînes, qui s'entrechoquaient dans ma précipitation, brisa le silence pesant de la grotte, et je sentis une vague de panique m'envahir.

— Tu comptes déjà me quitter si tôt ? S'écria-t-il.

Avant que je n'aie le temps de formuler une réponse, un mouvement rapide dans l'ombre attira mon attention. Le loup de Weiss jaillit de l'obscurité, sa silhouette dangereuse se découpant contre la lumière tamisée de la grotte. Son pelage noir luisait, presque scintillant, tandis qu'il avançait avec une grâce féline, ses muscles puissants se contractant sous sa fourrure.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, une montée d'adrénaline me traversant alors que je réalisais la gravité de la situation. Les yeux de Weiss brillaient de rage, une lueur sauvage qui illuminait son visage.

— Weiss, tu m'as manqué, mon neveu, commença mon père d'une voix mielleuse, presque moqueuse. Tu vois, j'ai passé un peu de temps avec ma fille, ajouta-t-il, un sourire sinistre se dessinant sur ses lèvres.

Je regardai la scène irréaliste qui se déroulait devant moi, mon esprit peinant à assimiler la gravité de ce face-à-face. Sans plus attendre, mon géniteur se métamorphosa à son tour. La transformation était rapide et fluide, ses os se réorganisant dans un craquement sinistre. Un loup noir, aussi grand et puissant que Weiss, apparut à sa place. Mais ce qui me glaça le sang, ce furent ses yeux : d'un rouge incandescent, le rouge des damnés.

Weiss attaqua le premier, son loup bondissant avec une agilité impressionnante sur celui de mon géniteur. L'air vibra sous la puissance de son saut, et je vis les muscles de son corps se contracter, prêts à libérer toute leur force. Le choc entre les deux loups résonna dans la grotte, un fracas de griffes et de crocs qui s'entrechoquaient. Mon cœur battait à tout rompre alors que je regardais la scène, incapable de détourner le regard. Il s'attaquait à mon père avec une rage contrôlée, chaque mouvement calculé, chaque coup porté avec une précision mortelle.

Je ne pouvais pas rester là, immobile, à ne rien faire. Je n'étais pas déficiente ; mes gènes étaient simplement scellés, et je savais que je pouvais renverser le sort. Mes yeux croisèrent ceux de Weiss, et un flot d'énergie intense déferla en moi, comme une vague déferlante qui brisait toutes les barrières.

Je sentis mes os craquer un à un, une douleur à la fois aiguë et libératrice, tandis que mon corps se transformait. Un hurlement échappa à mes lèvres, un cri primal qui résonna dans l'air, annonçant ma métamorphose. Je me transformais en louve, brisant les chaînes qui me liaient à la terre.

La puissance de la transformation m'envahit, chaque fibre de mon être se réajustant et se renforçant. Mon pelage blanc brillait sous la lumière de la lune, mais je n'eus pas le temps de me contempler. Ma louve réclamait de protéger son âme sœur. Je bondis en avant, tandis qu'ils me regardaient tous les deux, stupéfaits. Profitant de ma distraction, Weiss porta le coup final. Ses griffes se plantèrent au niveau du cœur de mon géniteur.

— C'est ce que tu as fait à mes parents, dit-il, alors qu'il le déchiquetait.

Le cœur tomba à terre, roulant à quelques pas de mes pattes, et je reculai instinctivement, le souffle court. Mes yeux se levèrent vers lui, et je plongeai mon regard dans le sien, où la rage et la douleur brillaient avec une intensité dévastatrice. Ma louve, en moi, força les failles de sa carapace, cherchant à comprendre ce qui se tramait derrière cette façade de puissance.

Non, ce n'est pas possible.

Un tourbillon de souvenirs envahit mon esprit, se mêlant aux siens. Je le voyais enfant, innocent et vulnérable, pleurant la mort de ses parents. Puis, je revivais notre première rencontre, ce moment où nos destins s'étaient entrelacés. Mais maintenant, tout prenait un sens sinistre. Il savait depuis le début, tous ces mois, il avait toujours su. Je n'étais qu'un jeu pour lui, un pion sur son échiquier. Il ne m'a jamais aimé.

Notre mariage n'était qu'un stratagème, une manœuvre habile pour attirer mon père et venger la mort de ses parents.

La trahison me frappa comme un coup de poing dans le ventre, et je réalisai avec horreur que tout ce que nous avions partagé n'était qu'un mensonge. Mon cœur se serra, et la colère, mêlée à la douleur, s'enflamma en moi.

J'étais dévastée, le poids de la trahison écrasant mon cœur. Mes pensées tourbillonnaient, chaque souvenir partagé avec lui se transformant en une lame acérée qui me transperçait. Il s'approcha de moi, ses yeux remplis de regret, une lueur de douleur et de remords qui semblait vouloir percer la carapace de ma colère.

Je pouvais voir la lutte intérieure qui se jouait en lui, la façon dont il tentait de trouver les mots justes pour apaiser la tempête qui faisait rage en moi. Mais je savais que rien ne pourrait réparer ce qui était brisé. Dans un geste instinctif, je levai ma patte pour l'arrêter.

Je ne voulais pas entendre ses excuses, ni ses promesses vides. Dans un dernier regard, je plongeai mes yeux dans les siens, cherchant une once de sincérité, mais je ne trouvai que des ombres de ce qu'il avait été. Je le laissai là, me détournant de lui, le cœur lourd. 

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