CHAPITRE 32

Mes jambes tremblaient de peur et d'une chaleur grandissante à chaque fois que nos regards se croisaient. Sentant ma gorge se nouer d'appréhension, nous fîmes face à la grande porte qui s'ouvrit lentement, nous invitant à entrer.

Autour d'une imposante table, plusieurs personnes étaient installés, mais aucune trace des Amarokić. Perplexe, je levai les yeux vers Weiss, cherchant des réponses dans ses traits légèrement crispés. Sans un mot, il m'entraîna à sa suite dans la salle, où mon cœur manqua un battement en reconnaissant au loin deux visages familiers : ceux de ma sœur et de mon père.

Mes doigts se crispèrent instinctivement autour de ceux de Weiss, sentant la chaleur de sa peau sous la pression de mes mains moites. Une nausée s'empara de moi, faisant monter un goût amer dans ma gorge.

La vision fugace de ma sœur et de mon père s'effaça lentement pour laisser place à Koda, dont le sourire, plus proche d'une grimace, nous guida vers nos sièges. Alors que nous traversions la salle, plusieurs personnes nous saluèrent d'un léger mouvement de tête. C'est à ce moment que je réalisai que toutes ces personnes étaient des alphas, leur aura puissante et leur posture témoignaient de cela.

Weiss tira la chaise à côté de la sienne, m'invitant silencieusement à m'asseoir. Je baissai les yeux, préférant éviter tout contact visuel, surtout celui de ma famille. Malgré mes efforts pour ne pas les regarder, je sentais leurs regards peser sur moi, comme des poids invisibles scrutant chacun de mes mouvements.

Au moment où la grande porte s'ouvrit, les résidents de ce château firent leur entrée, remplissant la pièce de leur présence imposante. Leurs pas résonnaient dans la salle, annonçant leur arrivée et imprégnaient l'atmosphère d'une tension palpable.

Les murmures se turent et toutes les personnes autour de la table à se levèrent respectueusement tandis qu'ils prenaient place sur leurs trônes imposants. Cependant, je remarquai qu'il y avait six trônes, mais seulement quatre Amarokić étaient présents. Je me demandai s'il y avait d'autres membres de cette famille que je n'avais pas encore rencontré.

— Bienvenue, mes chers alphas. Nous sommes ravis de vous voir tous réunis ici pour une affaire d'une grande importance. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de vous inviter à un dîner. Après votre long voyage jusqu'à nous, vous devez certainement avoir faim ! S'exclama la blonde, plus âgée que les autres, dont j'ignorais encore le nom.

Un homme au teint blafard et aux longs cheveux blonds se leva, arborant un collier de perles orné de crocs autour de son cou. Il saisit un verre et le brandit en l'air devant les Amarokić.

— Merci de nous avoir conviés à partager ce repas en votre compagnie. Levons nos verres en l'honneur des Amarokić ! proposa-t-il d'un ton flatteur.

Les Amarokić le regardèrent d'un air sceptique avant que Renan ne prenne la parole.

— Nous n'avons pas besoin de cela, tu peux te rasseoir, alpha de la meute des crocs.

Embarrassé, l'alpha se rassit rapidement sous le regard des convives, une lueur d'humiliation passant dans ses yeux. Il vida son verre d'une traite, tentant de dissimuler son malaise derrière une expression neutre.

Le jeune couple d'Amarokić leva les mains en l'air, et les domestiques commencèrent à affluer, disposant une multitude de plats sur la table. Ils prirent aussi l'initiative de remplir nos coupelles d'une boisson aux reflets dorés, dont j'ignorais le goût.

Soudain, je sentis un regard peser sur moi et levai les yeux pour en identifier la provenance : c'était la blonde plus âgée des Amarokić. D'un air tout à fait satisfait, elle fixa la marque qui ornait ma peau. Weiss, sentit ma nervosité et posa sa main sur ma cuisse là où la petite pochette était discrètement accrochée provoquant une onde de frissons.

Je détournai rapidement mon regard vers lui, cherchant inconsciemment un soutien silencieux dans ses yeux profonds. Les paroles qu'il avait prononcées plus tôt résonnèrent dans mon esprit avec une intensité troublante : " Tu es mienne." Un sentiment étrange se répandit en moi alors que je me remémorais la fermeté de ses paroles.

Mes pensées furent interrompu lorsqu'une femme entra dans la grande salle titubant à moitié ivre. Renan se leva presque immédiatement et se retrouva en un instant à ses côtés. Je sentis Weiss se crispai à côté de moi, ses yeux scrutant la scène avec une minutie glaciale.

La femme, aux traits bruns et aux cheveux coupés courts, arborait une silhouette élancée moulée dans une robe noire. Ses lèvres rouge vif contrastaient avec son teint pâle. Renan tenta de la soutenir, mais elle repoussa ses efforts avec une force surprenante.

Son regard erra dans la salle avant de se fixer sur moi, puis dériva vers Weiss. Une lueur fugace d'étonnement traversa ses yeux, elle nous observa intensément à travers le voile de son état d'ivresse, levant la bouteille qu'elle tenait à la main dans un geste à la fois défiant et provocateur.

Un sourire énigmatique étira ses lèvres alors qu'elle croisait le regard de la plus ancienne des Amarokić présente dans la pièce. Sa voix, teintée d'une assurance insolente, résonna dans le silence tendu de la salle.

— Chers Alphas, demain sera une soirée mémorable. Vous êtes tous invités, s'écria-t-elle alors que Renan l'entraînait hors de la pièce.

Les Amarokić se levèrent d'un même mouvement, le visage figé, ils suivirent Renan et la jeune femme. Les portes se refermèrent avec un grincement sourd, isolant la pièce du reste du monde. Les murmures des Alphas emplirent l'espace, créant une symphonie étouffée de voix autoritaires. Mon regard dévia vers mon père et ma sœur, qui échangeaient des mots à voix basse et j'eus malgré moi un pincement au cœur.

Soudain, Weiss se leva d'un mouvement fluide et saisit mon bras pour m'attirer à ses côtés. Son geste possessif m'arracha à mes pensées, me ramenant brutalement à la réalité de la situation. Sans un mot, il nous éloigna rapidement de la salle, sa démarche assurée contrastant avec ma démarche maladroite dans cette robe moulante qui entravait mes mouvements.

La porte de notre chambre se referma lentement derrière nous. Weiss relâcha enfin sa prise sur mon bras, me laissant libre de mes mouvements. Je frottai doucement ma peau là où sa poigne avait laissé une marque fugace, sentant encore la pression de ses doigts sur ma chair.

— Que ce passe-t-il ? demandai-je alors qu'il me tournait le dos, son regard perdu dans le vide.

Je pouvais percevoir les muscles de son dos se contracter à chaque mouvement de sa mâchoire. La lumière tamisée de la chambre accentuait les contours de son dos, révélant la définition de ses muscles puissants, tandis qu'il se tenait là, immobile. Finalement, il se tourna lentement vers moi, et ses yeux, d'un profond éclat, se plantèrent dans les miens avec une intensité qui me fit frissonner. Son regard était chargé d'émotions contradictoires.

— Rester ici présente un danger pour nous ! Pour toi ! Ce n'est plus que les Amarokić à présent, tous les Alphas sont là !

Je fronçai les sourcils, sentant la frustration monter en moi comme une marée montante.

— Je le sais, j'ai vu ce que tu as vu, Weiss. Ça va aller, j'ai passé toute ma vie à dissimuler ma déficience, je vais pouvoir gérer.

Mon cœur battait la chamade, mais je tentais de garder mon calme, de ne pas céder à la panique qui menaçait de m'envahir.

— Ce n'est pas que ça, quelque chose se trame, il y a bien longtemps que tous les Alphas n'ont pas été réunis autour de cette table, dit-il, les yeux fixés sur un point invisible, comme s'il pouvait y lire un avenir sombre.

Son ton était grave, et je pouvais sentir l'angoisse qui émanait de lui, une tension palpable qui flottait dans l'air. Je savais que cette réunion n'était pas anodine, que des enjeux bien plus grands que nous se jouaient dans l'ombre, et cela me terrifiait.

Des coups soudains à la porte me firent sursauter, interrompant notre conversation. Weiss, avec un air grave et déterminé, se dirigea rapidement vers la porte. Lorsque la porte s'ouvrit, Koda apparut.

— Veuillez m'excuser de vous déranger, Alpha Weiss, dit-il d'une voix respectueuse mais pressante. Vous êtes demandé par les Amarokić.

Weiss, d'une stature imposante et stoïque, ne laissa transparaître aucune émotion sur son visage impassible. Ses traits restaient figés, comme sculptés dans la pierre. Avant de suivre Koda, il me lança un dernier regard et disparu dans le couloir.

Je soupirai profondément, sentant un poids s'installer dans ma poitrine, comme si une ombre pesante s'était abattue sur moi. L'angoisse me rongeait, et je savais que cette convocation n'était pas anodine.

Je m'approchai de la porte, restée entrebâillée, et posai ma main sur la poignée, prête à la refermer. C'est alors qu'une silhouette familière attira mon regard. C'était ma sœur, Tania. Ses traits, finement sculptés, étaient empreints d'une détermination farouche qui la caractérisait toujours. Sa beauté, à la fois sauvage et élégante, irradiait d'une lueur intense.

Ses longs cheveux dorés cascadaient autour de son visage, capturant la lumière ambiante et mettant en valeur l'éclat de sa peau lumineuse. Ses yeux se posèrent sur moi avec une intensité telle qu'un frisson parcourut mon échine. Il était impossible de ne pas ressentir le poids de son regard, dont le dégoût était particulièrement palpable. Elle avança d'un pas rapide et assuré vers moi, sa démarche empreinte d'une confiance qui contrastait avec l'angoisse qui m'étreignait.

Son regard scrutateur balaya mon corps, et je ne pouvais ignorer le mépris qui s'y glissait, comme une ombre indésirable. Chaque détail de ma tenue, chaque imperfection, semblait être noté et jugé dans son esprit.

— Je vois que tu es toujours vivante ! lança-t-elle d'une voix tranchante, presque sarcastique, comme si ma survie était une surprise déplaisante pour elle.

Je fronçai les sourcils, tentant de maîtriser l'inquiétude qui me rongeait de l'intérieur. J'essayai d'adopter une posture qui ne trahirait en rien mon anxiété. Mes épaules se redressèrent légèrement, et je pris une profonde inspiration, cherchant à ancrer mes pieds au sol. Je ne voulais plus être la proie facile, celle qui se laissait écraser par le poids du mépris et des jugements. Non, cette fois-ci, je refusais de me laisser faire. Une flamme de défi s'alluma en moi, et je me préparai à affronter le regard de Tania avec une assurance que je n'avais jamais ressenti devant elle.

— Ne t'en déplaise, je suis toujours en vie et la femme d'un alpha, contrairement à toi. Corrige-moi si je me trompe, dis-je d'un ton ferme, ma voix résonnant avec une force que je ne savais pas posséder.

Tania plissa les lèvres, visiblement irritée par ma réplique.

— Oh, quelle arrogance ! siffla-t-elle, ses yeux lançant des éclairs. Mais dis-moi, est-ce que cela te rend vraiment heureuse ? Être la compagne d'un alpha alors que tu es déficiente, tu ne dois certainement pas répondre à ses attentes.

Je m'approchai d'elle, le cœur battant, mais déterminée à ne pas laisser son sarcasme m'atteindre.

— Je ne suis pas ici pour vivre dans l'ombre de quelqu'un d'autre, comme toi, Tania, qui reste perpétuellement dans l'ombre de notre père. Je suis ici pour être moi-même.

Elle haussait les sourcils, visiblement surprise par ma réponse. Son expression trahissant un mélange d'incrédulité et de mépris.

— Vraiment ? Tu penses que tu peux être toi-même en étant simplement une pièce dans son jeu ?

— Je ne suis pas une pièce, je suis sa compagne, et cela signifie bien plus que tu ne peux l'imaginer, rétorquai-je, ma voix se faisant plus forte, plus résolue.

Tania secoua la tête, un sourire dédaigneux se dessinant sur ses lèvres, comme si elle trouvait ma détermination risible.

— Tu es naïve, Layla. La réalité est bien plus complexe que tu ne le crois.

— Peut-être, mais je préfère ma naïveté à ton cynisme. Au moins, je choisis de croire en moi et en mes capacités, même si cela te semble absurde.

Elle plissa les yeux, son expression se durcissant alors qu'elle me lançait une question qui me glaça le sang. Je redressai la tête, refusant de me laisser intimider par ses paroles.

— Les menaces ne marchent plus avec moi, Tania. Vous m'avez caché bien des choses avec père, et je commence à comprendre le véritable jeu qui se joue ici. Je ne suis peut-être pas si déficiente que vous avez voulu me faire croire. Je ne possède peut-être pas de louve, mais mon odeur ne me trahit pas, et j'ai été marquée. Comme tu l'as souligné, je suis toujours vivante, et cela en dit long sur moi.

Je m'approchai d'elle, réduisant la distance entre nous, et lui chuchotai à l'oreille, ma voix basse mais ferme, chargée d'une menace implicite.

— Si les Amarokić le découvrent, tu mourras aussi pour complicité. Ils ne feront pas de distinction entre nous.

Son visage blêmit légèrement, une lueur de peur traversant ses yeux, trahissant un instant de vulnérabilité que je n'avais jamais cru possible chez elle. Je reculai alors, savourant ce moment et un sourire sarcastique se dessina sur mes lèvres.

— Sœur, ce fut un plaisir de discuter avec toi, dis-je, ma voix teintée de moquerie.

Puis, sans lui laisser le temps de réagir, je tournai les talons et lui claquai la porte en plein visage. Je la laissai derrière moi alors que je m'éloignais de la porte, mon cœur palpitait d'une satisfaction amère.

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Hello, mes petits lecteurs ^^

J'espère que vous allez tous bien ♡

Je voulais vous remercier pour tous les votes et commentaires que vous avez la gentillesse de laisser.

Ce chapitre est un peu plus long que d'habitude, j'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à me donner votre avis.

Je suis impatiente de lire vos retours, prenez soin de vous et à bientôt. Bisous !

Un grand merciii à @_Nehalennia_  pour la magnifique couverture  ♡

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