CHAPITRE 26

 — Tu mourras !

— Comment peux-tu en être si sûr ? Tu as toi-même mentionné que mon odeur était similaire à une louve !

— Je ne prendrai pas le risque de te mordre sur de simples hypothèses. Je ne te marquerai pas, affirma-t-il d'un ton ferme.

Un silence pesant s'installa entre nous, nos regards se défiant mutuellement. Nos respirations se mêlaient au vent qui soufflait doucement, agitant les feuilles autour de nous.

— Nous finirons par trouver une solution. Tu devrais aller te reposer, ton corps n'est pas encore complètement rétabli, dit-il comme s'il se souciait réellement de moi.

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Les enfants couraient joyeusement autour de moi, leurs rires cristallins résonnant dans l'air. Certains d'entre eux se chamaillaient gentiment, tandis que d'autres tournoyaient en riant. Leur excitation était visible, impatients que la fête des révélations commence.

Alors que les enfants jouaient autour de moi de vieux souvenirs enfouis refirent surface dans mon esprit. Les rires innocents des petits résonnaient en écho avec les ombres du passé.

Meute nocturne - Fête de la révélation

Appuyée contre un arbre, j'observais de loin ma sœur recevoir la bénédiction de mon père et de la meute. Sa louve était apparue, majestueuse avec son pelage d'un blond somptueux, irradiant une aura de puissance et de grâce. Je devais contenir les larmes qui menaçaient de couler à tout moment, partagée entre la joie sincère que je ressentais pour ma sœur et la tristesse profonde qui m'étreignait en pensant à ma propre situation. Alors que les acclamations résonnaient dans la clairière, mon père m'envoya un regard glacial de mépris depuis l'autre bout, un regard qui ne laissait transparaître que du dédain. Je baissai immédiatement la tête, cherchant à fuir son regard accusateur qui pesait sur moi comme un fardeau insupportable.

Je chassai les souvenirs douloureux qui revenaient dans ma tête, alors qu'Aren tirait sur ma robe, cherchant mon attention. Ses petites mains agrippaient fermement le tissu. Je m'abaissai à sa taille en souriant. Je caressai doucement sa joue, sentant la douceur de sa peau sous mes doigts.

— Que se passe-t-il, mon petit loup ? Demandai-je d'une voix douce.

Il me regarda avec ses grands yeux pétillants et me dit avec enthousiasme:

— Est ce que tu nous montrera ce soir ta louve, je veux la voir !

Un pincement au cœur me saisit en entendant ses paroles innocentes. Comment lui expliquer que ma louve n'avait jamais fait son apparition, que mon lien avec elle était inexistant, qu'elle n'existait simplement pas.

Alors que j'étais sur le point de répondre. Je vis alors des mains envelopper délicatement le petit corps de l'enfant et le soulever doucement.

— Arrête d'embêter Layla mon grand !

Le ton autoritaire de l'alpha résonna dans l'air. Aren se tourna vers son oncle avec un mélange de surprise et d'admiration dans les yeux. Je me redressai lentement, sentant le soulagement mêlé à une pointe de gêne en présence de Weiss. Son regard scrutait le mien. Deux jours s'étaient écoulés depuis notre échange tendu, et malgré mes efforts pour dissimuler mes émotions, je sentais que Weiss pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert.

Hochant la tête en signe de remerciement silencieux pour son intervention, je repris Aren dans mes bras, prête à le raccompagner chez lui. Selena devait le préparer pour la fête qui se préparait, et je savais que le petit garçon était impatient de participer à ces célébrations.

Une fois avoir déposé Aren chez sa mère, je retournai seule dans la hutte, laissant un soupir m'échapper. Je m'efforçai de chasser les pensées sombres qui essayaient de s'imposer à nouveau dans mon esprit.

Alors que je me préparais pour la fête, je sentais une certaine appréhension m'envahir. Mon cœur battait la chamade, mes mains tremblaient légèrement et mes pensées étaient en ébullition. J'avais l'impression que quelque chose de mal allait se produire et c'était ridicule de penser cela. Je devais rester forte et garder le contrôle de moi-même.

Je me regardai une dernière fois dans le miroir, ajustant ma tenue et mon maquillage avec minutie. Je voulais être parfaite ce soir, représenter la meilleure version de moi-même. Mais malgré tous mes efforts, une anxiété persistante pesait sur mes épaules.

Inspirant profondément, je me répétai mentalement « Tout se passera bien », cherchant à insuffler un semblant de confiance en moi-même. Sur ces paroles, je quittai la hutte. La nuit tomba lentement, et les premières lueurs des feux de camp dansaient dans l'air. Illuminant les visages des loups rassemblés autour des flammes crépitantes. Les enfants, ayant rencontré cette année leur loup intérieur, se préparaient avec excitation pour la cérémonie à venir, leurs yeux pétillants de joie et d'émerveillement.

Mon regard se posa naturellement sur Selena et Caleb, qui s'affairaient avec tendresse à ajuster la tenue et les cheveux d'Aren, ce dernier bondissant d'un pied sur l'autre dans une frénésie enfantine. Un sourire attendri étira mes lèvres, touchée par l'innocence et la vivacité de l'enfant.

Cependant, malgré la chaleur et l'effervescence qui animaient le campement, mon regard, presque inconsciemment, se mit à la recherche de la silhouette de l'alpha. Une tension imperceptible s'empara de moi à l'idée de croiser le regard intense et scrutateur de Weiss. Sa présence semblait imprégner chaque recoin du camp.

Je me mordis la lèvre, une vague d'appréhension me traversant. C'est alors que le loup de Weiss surgit de l'obscurité, sa silhouette imposante et sa fourrure sombre étincelant à la lueur des flammes environnantes. Il plongea le camp dans un silence absolu.

Les tambours résonnèrent dans l'air. La meute s'ouvrit pour laisser passer l'alpha, dont le regard intense et pénétrant semblait capturer mon âme. Ses iris profonds étaient ancrés dans les miens alors qu'il avançait vers moi.

A ce moment précis, je me rendis compte que j'aurais dû également montrer ma louve. Weiss s'avança avec une grâce prédatrice et s'immobilisa à quelques centimètres de moi, sa présence imposante emplissant l'espace entre nous. Les enfants, alignés en une file disciplinée, se tinrent face à nous, leurs yeux brillants d'excitation et d'admiration.

Je repérai Aren à l'extrémité de la file, inclinant la tête sur le côté pour mieux observer la scène se déroulant devant lui. Un dernier roulement de tambour résonna dans l'air, marquant le début de la cérémonie. Le premier enfant s'avança vers nous, s'inclinant respectueusement avant de se métamorphoser, dévoilant sa louve au pelage brun.

Elle fit quelques pas vers moi, avant de s'arrêter à ma hauteur et d'incliner doucement son museau, signe de respect et d'attente de ma bénédiction. Mon cœur battait la chamade, une émotion indescriptible nouant ma gorge alors que je posais délicatement ma paume sur son museau, scellant ainsi notre lien. L'alpha, silencieux mais imposant, posa sa patte sur ma main dans un geste de validation et d'approbation.

Des hurlements résonnèrent dans l'air nocturne, mêlés aux acclamations joyeuses de la meute alors que la petite louveteau rejoignait ses parents heureuse. Ce rituel se répéta plusieurs fois, chaque enfant dévoilant son loup et recevant les bénédictions de la meute.

Enfin, vint le tour d'Aren, le dernier des louveteaux à être béni, il fit face à son oncle. Rayonnant de bonheur et d'excitation, il se métamorphosa avec une grâce enfantine, révélant son loup avec une fierté palpable. Nos regards bienveillants et protecteurs se croisèrent, scellant silencieusement notre engagement à veiller sur lui.

La fête s'est étirée sur de longues heures, emplissant l'air de rires. J'étais restais avec Selena et Caleb, Weiss avait choisi de rester en retrait, préférant observer la fête de loin. Nos regards se sont croisés à plusieurs reprises, sans que l'un de nous ne fasse le pas d'avancer vers l'autre.

Après avoir salué Selena et Caleb, je refermai la porte derrière moi, laissant doucement retomber le silence de la nuit. Alors que je me débarrassais de mes bijoux dans un geste machinal, je me dirigeai vers la chambre, plongée dans mes pensées. Cependant, à peine avais-je franchi le seuil de la pièce que je m'immobilisai brusquement, surprise par la présence de Weiss.

Il se tenait là, adossé à la chaise du bureau, les bras croisés, fixant intensément le sol. Son regard se leva vers moi et nos yeux se rencontrèrent.

— Je vais te laisser, dis-je prête à faire demi-tour ne voulant pas le déranger.

— Reste, me demanda-t-il.

Je m'arrêtai, surprise par sa demande.

Je me tournai vers lui. Weiss s'approcha de moi, son regard intense fixé sur le mien, comme s'il cherchait à transmettre un message.

— Les Amarokić ne tarderont pas à revenir, déclara-t-il.

Sa mine était grave, et pour la première fois, il semblait pensif, comme si le poids des événements à venir pesait lourdement sur ses épaules. Je hochai silencieusement la tête, consciente de la menace que représentait l'arrivée des Amarokić.

— Marque-moi, Weiss, murmurai-je d'une voix ferme.

Il me regarda intensément.

— La probabilité que tu survives si je te marque est quasiment nulle.

Malgré cet avertissement, la perspective de perdre ma vie aurait dû m'effrayer, pourtant aucune peur ne me traversa.

— J'ai survécu au remède des Amarokić, je survivrai au marquage.

Dans un élan de courage, je franchis les derniers pas qui nous séparait. Mon cœur battait la chamade et j'étais persuadé qu'il pouvait l'entendre. Je plantai mais yeux dans les siens.

Ses pupilles sombres et perçantes semblaient me transpercer. Son regard était intense, comme s'il lisait en moi comme dans un livre ouvert.

Je pouvais sentir son souffle chaud sur mon visage, et l'odeur enivrante de son parfum me rendait encore plus fébrile. Nos respirations se mêlaient, synchronisées, comme si nos corps étaient en parfaite harmonie. Je pouvais presque sentir la chaleur de son corps m'envahir, me brûler de l'intérieur.

Le silence pesait lourdement autour de nous, seulement interrompu par le bruit de nos respirations saccadées. Chacun de nous semblait hésiter, retenant son souffle.

Et puis, sans un mot, il prit mon menton entre ses doigts. De son pouce, il caressa ma joue.

— Es-tu certaine ? Demanda-t-il d'une voix grave.

Je hochai la tête, impossible pour moi d'émettre un son sans qu'il ne soit perçu comme un gémissement.

— Je te marquerai, dit-il, mais pas ici. 

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