CHAPITRE 24

Un lourd silence s'était installé, pesant de tout son poids dans la pièce, semblant s'étirer à l'infini. Levant lentement ma tête vers lui, j'attendais fébrilement une réponse de sa part. Je scrutai son visage impénétrable, dénué de toute émotion. Son regard me laissait dans l'incertitude, incapable de deviner ses pensées.

— Je le sais déjà, Layla, déclara-t-il d'une voix calme, brisant enfin le silence qui nous enveloppait. Perplexe, je fronçai les sourcils, cherchant à comprendre ses paroles. Faisant quelques pas en arrière, il me tourna délibérément le dos, accentuant le fossé qui semblait se creuser entre nous.

— Comment le savais-tu ? demandai-je d'une voix tremblante, essuyant d'un geste hâtif les dernières traces de larmes qui sillonnaient mes joues.

— Tu n'as pas besoin d'en savoir davantage, répliqua-t-il, son dos toujours tourné vers moi.

— Il s'agit de moi, Weiss! Pourquoi ne m'as-tu pas informée plus tôt ?

— Je pourrais te retourner la question. Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt ? répliqua-t-il, soulignant ainsi le poids des non-dits entre nous.

La réponse jaillit de mes lèvres avec une intensité inattendue, empreinte d'une colère contenue et d'une douleur profonde. Mes mots résonnèrent dans la pièce.

— La réponse est évidente. Tu connais le sort réservé aux personnes comme moi, on les condamne à mort. Si je suis encore en vie, c'est uniquement car je suis la fille de l'alpha Sven ! Criai-je, laissant échapper toute la frustration et la peur qui avaient longtemps hanté mes pensées. Je suis une honte pour la meute nocturne, et le serai également pour la tienne, murmurai-je finalement, mes paroles chargées d'une amertume et d'une résignation profonde.

Soudain, il se tourna brusquement vers moi, ses yeux cherchant les miens avec une intensité troublante.

— Tu ne t'es jamais posé la question du pourquoi je n'ai jamais insisté pour voir ta louve? Pourquoi tu portes toujours ton carquois et ton arc sur toi ? Nous n'avons pas besoin de ces artifices pour assurer notre protection, contrairement à toi. Pourquoi t'ai-je portée sur mon dos depuis le premier jour où nous avons dû parcourir de longues distances ? Interrogea-t-il. Layla, toute personne te côtoyant pourrait le remarquer, ce n'est pas quelque chose que tu pourras dissimuler éternellement... Mais ce qui me laisse perplexe, c'est que ton odeur, contrairement à celle des autres, ne te trahit pas.

Ses paroles résonnèrent en moi avec une force déstabilisante, figeant mon être dans une immobilité glaciale. Chaque syllabe semblait résonner en écho dans les méandres de mon esprit, créant une tension palpable qui enveloppait mon être tout entier.

Je me sentais mis à nu devant ses observations acérées, comme si chaque mot prononcé avait le pouvoir de dévoiler une part de moi que je préférais garder cachée. Sa capacité à mettre en lumière ma naïveté, ma fragilité et la complexité de mon être me laissait vulnérable, exposée à ses yeux perçants qui semblaient sonder les recoins les plus sombres de mon être. Son regard intense était comme un faisceau de lumière scrutant les zones d'ombre de mon âme, révélant des aspects de moi-même que j'avais du mal à affronter.

Alors que j'étais plongée dans mes pensées, des coups frappés à la porte retentirent, brisant le silence pesant de la pièce et me faisant sursauter violemment. Weiss, tourna la tête vers la porte avant ses prunelles sombres vienne capté mon regard avec une intensité troublante.

— Tu devrais te reposer, nous parlerons de ça plus tard, déclara-t-il avant de me tourner le dos et s'en aller.

֎

Perdu dans la chaleur réconfortante de la douche, le temps semblait s'étirer sans que je puisse en mesurer la durée exacte, mais suffisamment longtemps pour effacer méticuleusement chaque trace laissée par ces inconnus sur ma peau. Chaque mouvement de mes mains, chaque goutte d'eau qui ruisselait, était dédié à chasser les souvenirs indésirables.

Alors que je frottais chaque parcelle de mon être, une sensation de soulagement mêlée d'inquiétude m'envahissait, tandis que les paroles de Weiss résonnaient en écho dans mon esprit.

J'avais enfin avoué ma déficience et un sentiment de soulagement aurait dû m'envahir pourtant des questions obsédantes tourmentaient mon esprit : depuis combien de temps Weiss avait-il connaissance de ma déficience ? Avait-il remarqué quelque chose dès le début, ou seulement récemment ? Est-ce que Selena le savait également ? Et la meute était-elle au courant ? Toutes ces interrogations restèrent sans réponse, laissant mon esprit tourbillonner dans une vague d'incertitudes. Alors que je devrai m'inquiéter de mon avenir ici, une phrase continue de résonner en moi plus forte que les autres.

Mon odeur était similaire à celle d'une louve. Pourtant j'en était dépourvue. Je m'étais toujours cachée loin de tous, recluse, mon père s'en était assurée. Personne n'avait jamais osé me transmettre une telle information. Peut-être ma louve était présente en moi, simplement cachée et refoulée depuis trop longtemps. Cette lueur d'espoir, bien que je me détestais pour y céder, prenait peu à peu racine en moi, apportant une touche de lumière dans ma sombre réalité.

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Je fixai le bois à travers la fenêtre, laissant mon regard se perdre dans les arbres. Après un moment, je fermai les yeux, cherchant un instant de répit. La nuit précédente, mes pensées m'avaient empêchée de trouver le sommeil. J'avais guetté son retour avec impatience, mais en vain, il ne revint jamais.

Un soupir m'échappa alors que l'envie de me balader en forêt m'envahissait. Cependant, une hésitation soudaine me saisit, ramenant à ma mémoire les souvenirs douloureux que je tentais en vain de refouler.

Des coups résonnèrent à la porte, me poussant à m'y diriger. Lorsque j'ouvris enfin la porte, Selena surgit de l'encadrement et se jeta littéralement dans mes bras, m'enlaçant avec une force empreinte de joie.

— Je suis tellement heureuse de te voir ! s'exclama-t-elle, son visage rayonnant de bonheur. Tu vas mieux ?

Je lui adressai un sourire rassurant.

— Je vais beaucoup mieux, ne t'en fais pas Selena.

Je la laissai entrer dans la hutte, où elle prit place confortablement sur le canapé. Je m'installai à ses côtés. Un silence gênant s'installa, alors que ses yeux parcouraient mon visage remarquant les marques d'hématomes sur ma peau. L'expression dans ses yeux me disait tout ce que j'avais besoin de savoir : elle savait, et elle ne me jugerait pas pour cela.

— Alors tu le savais toi aussi, dis-je, cherchant à comprendre.

Elle fronça les sourcils, manifestant son incompréhension.

— Pourquoi ? demandai-je, cherchant des réponses.

Une lueur traversa son visage. Sa bouche s'ouvrit et se referma plusieurs fois, comme si elle cherchait désespérément les mots justes pour exprimer ses pensées. Son visage reflétait à la fois la surprise et la compréhension.

— Je...je ne pouvais pas. Je voulais...que tu te sentes assez en confiance pour nous en parler, répondit-elle d'une voix empreinte de compassion. Je ne te jugerai jamais, Layla, et j'admire ton courage. Je n'imagine même pas ce que tu as pu vivre, ni ce que tu ressens tous les jours en l'absence de... ta louve, ajouta-t-elle avec une pointe de tristesse dans la voix. Ses paroles résonnaient en moi, réveillant des émotions que j'avais longtemps refoulées. Je sentis les larmes me monter aux yeux. Tu n'as pas à avoir peur, nous te protégerons....nous ne sommes...pas des...

— Assassins, terminai-je.

Elle acquiesça d'un hochement de tête avant avant de me tirer doucement vers elle, m'enlaçant dans un geste réconfortant. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentis comprise. Se retrouver enveloppé dans ses bras était comme recevoir l'affection d'une sœur que j'aurais aimé avoir.

Weiss décida de faire son entrée dans la hutte à ce moment précis. Je me détournai de Selena et nos regards se croisèrent aussitôt, attirés par sa présence. Son regard effleura brièvement Selena, lui adressant un geste de salut, avant de se poser intensément sur moi, scrutant chaque détail de mon visage. Puis, sans un mot, il s'éclipsa dans le couloir.

Selena se leva du fauteuil et m'enlaça une dernière fois.

— Je vais vous laisser, vous devez avoir beaucoup de chose à vous dire, me dit-elle en esquissant un sourire avant de sortir de la hutte.

La porte se referma derrière elle, plongeant la hutte dans le silence. J'empruntai les pas suivis par Weiss il y a quelques minutes. L'eau coulait dans la salle d'eau. Je décidai de l'attendre dans la chambre. L'attente ne fut pas longue, car quelques instants plus tard, il fit son apparition dans l'encadrement de la porte, captivant immédiatement mon regard. Ses cheveux humides retombés négligemment le long de son coup. Quelques gouttes perlaient encore sur son torse dénudé. Une serviette était enroulée autour de ses hanches, soulignant la musculature de son corps. Son aura dominante emplissait la pièce. Je me sentis submergée par une vague d'émotions contradictoires, mon regard incapable de se détacher de sa présence.

Il passa une main dans ses cheveux désordonnés, et c'est à ce moment que je remarquai une entaille fraîche qui parcourait son avant-bras, laissant entrevoir une légère trace de sang séché. Son regard sombre et intense laissait transparaître une colère contenue. Je m'approchai de lui, mordillant légèrement mes lèvres

— Que c'est-il passé ? Demandai-je. Ne me réponds pas que cela ne me regarde pas, le devançai-je.

Il combla l'espace entre nous, plongeant son regard dans le mien.

— J'ai arraché chaque membre, chaque os, un à un, à ces salopards qui ont osé te toucher. J'ai entendu leurs hurlements, leurs supplications pour que j'arrête. Personne n'osera jamais te toucher.

Un hoquet de surprise s'échappa brusquement de ma bouche, comme un cri étouffé par l'étonnement. Ses bras se renfermèrent autour ma taille pour m'attirer brusquement vers lui.

— Ne sois pas étonnée, personne ne peut te toucher sans s'attaquer directement à moi, murmura-t-il à mon oreille, ses lèvres effleurant délicatement le lobe de mon oreille.

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Hello, 

J'espère que vous allez bien et que le chapitre vous a plu !

Je tenais à vous remercier pour vos commentaires très encourageants que j'ai reçus récemment.

Bienvenue également à tous les nouveaux lecteurs. 

J'ai hâte de lire vos commentaires pour ce chapitre, que pensez vous de Layla et Weiss ?

L'une d'entre vous a trouvé l'un des plots twist qui je ne pensais était imprévisible haha. 

J'adore vous voir menez vos petites enquêtes.

Prenez soin de vous !

Bisous à la prochaine ❤❤

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