CHAPITRE 09

Dans un silence pesant, le loup s'approcha lentement de l'alpha. Mon cœur s'emballait dans ma poitrine, et j'avais l'impression que mes membres étaient paralysés par la tension qui régnait dans l'air. J'étais persuadée que l'affrontement entre les deux allait éclater à tout moment.

Cependant, mes craintes furent balayées lorsque le loup abaissa subitement sa tête dans un geste de soumission envers l'alpha. Cette action inattendue me laissa perplexe, mon esprit cherchant désespérément à comprendre la raison de ce revirement.

Ma curiosité s'accrut lorsque mes yeux se posèrent sur le pelage du loup. Une fourrure d'un brun sombre ornée de taches rouges. Mais ce qui attira mon attention, c'était la présence d'une traînée de sang qui se dessinait sur le sol et semblait s'intensifier à chaque pas.

Le loup qui paraissait alors jusque là grand et fier était en réalité en piteux état. Il était affaibli par la blessure qui ne cessait de le faire saigner abondamment. Sa démarche devenait de plus en plus titubante, témoignant des dernières forces qui lui restaient. Puis sans prévenir, il se métamorphosa en sa forme humaine avant de s'effondrer lourdement sur le sol à bout de souffle. 

Un rassemblement s'était formé autour de lui, les murmures se transformèrent en chuchotements, alors que tous se demandaient ce qui avait pu causer une telle détresse à un loup. L'alpha se métamorphosa à son tour, adoptant une apparence humaine. Il s'agenouilla près de l'inconnu pour évaluer l'étendue de ses entailles.

   — Faîtes appeler la guérisseuse et emmenez le dans ma hutte, fit-il savoir gravement.

Un groupe de loups s'empressa de le soulever délicatement et de l'amener prudemment vers notre hutte qui se tenait non loin de là. Les blessures étaient profondes et saignaient abondamment, formant de petits ruisseaux de sang qui se mélangeaient dans une flaque rougeâtre sur le sol. Des crocs tranchants et puissants avaient laissé des marques déchirées sur sa peau, donnant une vision monstrueuse de ce qui s'était passé. Ses membres étaient lacérés, sa poitrine profondément entaillée et son visage était marqué par d'horribles coupures.

Mon regard se posa sur l'alpha, dont la mâchoire était crispée et le regard profondément plongé dans la réflexion. Après un court moment, il décida de se rendre lui-même à la hutte, adressant un signe de tête à Caleb qui reprit forme humaine. Il prit le temps de calmer la meute, usant de mots sages pour apaiser leurs inquiétudes. Cependant, mon regard ne cessait de suivre l'alpha qui s'effaça rapidement derrière la porte de notre hutte. Sans réfléchir, je marchais instinctivement sur ses pas.

À l'intérieur de la hutte, l'atmosphère était empreinte d'une tension palpable. La lueur douce de la lune traversait timidement les fenêtres en bois. Elle éclairait faiblement la scène, donnant aux blessures du jeune homme une teinte encore plus sombre et effrayante. Les loups qui l'avaient transporté observaient silencieusement, leurs regards anxieux fixés sur l'alpha. Il était agenouillé près du blessé. Le jeune homme émettait de faibles gémissements, témoignant de sa lutte intérieure contre la mort. Chaque râle était une poignante symphonie de souffrance, résonnant dans le silence pesant de la hutte.

La porte de la hutte s'ouvrit brusquement et un homme fit son entrée.

    — Où est la guérisseuse ? demanda l'alpha.

    — Je suis allé rapidement dans la meute voisine, mais elle ne pourra pas venir. Une louve est en train de donner naissance, informa-t-il en reprenant son souffle.

Mon regard se tourna vers l'homme blessé, sa peau avait pris une teinte encore plus sombre et effrayante.

    — Je peux aider, déclarai-je.

Et c'était vrai, en vivant seule pendant des années, j'avais appris à me débrouiller lorsque je me blessais en chassant. J'étais la seule personne capable de prendre soin de moi-même. Je m'approchai doucement, mon regard secrètement rempli d'appréhension. Les yeux de l'alpha se posèrent sur moi, prêt à observer chacun de mes mouvements.

   — Laisser nous, déclara-t-il d'une voix ferme.

Après que les personnes présentes eurent incliné respectueusement leur tête en direction de l'alpha, elles quittèrent la hutte, me laissant seule avec lui et l'homme étendu au sol. Il se décala pour que je puisse m'agenouiller près du blessé. J'ai doucement posé ma main sur son front pour vérifier sa température. Les loups avaient généralement une température corporelle très chaude, ils émettaient constamment de la chaleur. Cependant, j'ai été surprise de constater que son corps était en réalité beaucoup trop froid.

Sans perdre un instant, je me suis levée précipitamment et me suis dirigée vers la cuisine, ouvrant chaque placard avec empressement à la recherche d'une bassine. L'alpha me rejoignit, visiblement impatient de savoir ce dont j'avais besoin. J'ignorai sa présence et continuai de chercher frénétiquement. Agacé, il a finalement empoigné mon bras, pressant pour obtenir une réponse.

    — De quoi as-tu besoin ? Demanda-t-il.

    — J'ai besoin d'une bassine remplie d'eau chaude, ai-je finalement répondu, les yeux toujours rivés vers les placards.

Il fit glisser le battant du placard à sa gauche pour en extraire une bassine en bois. Il traversa la pièce pour atteindre la cuisinière à gaz. Avec précaution, il tourna le bouton de la flamme jusqu'à ce qu'il atteigne un niveau de chaleur adéquat pour faire bouillir de l'eau. Il observa attentivement le liquide transparent dans la bouilloire, guettant le moment précis où des petites bulles turbulentes commenceraient à se former à sa surface. C'est alors qu'il se saisit délicatement de la poignée de la bouilloire, laissant échapper un léger sifflement lorsque de la vapeur d'eau s'échappa soudainement par le bec verseur. L'alpha versa avec habileté le contenu chaud dans la large bassine en bois qu'il avait préalablement placée à portée de main.

Pendant que la vapeur d'eau se répandait lentement dans la pièce, brouillant légèrement la vision, mes yeux se posèrent sur une serviette impeccablement pliée, reposant négligemment sur la table à manger. Je la saisi, avant de retourner près du blessé.

Avec précaution, je m'agenouillai à côté de lui, m'assurant de ne pas faire de mouvements brusques qui pourraient aggraver sa douleur. La serviette glissa doucement entre mes doigts alors que je la plongeais dans la bassine que l'alpha avait préparée à côté de moi. Je pris soin de ne pas me brûler. Son regard attentif ne me quittait pas alors que je commençais à essuyer chaque blessure avec soin. Mes mains devinrent peu à peu rouges, maculées par le sang qui s'échappait des plaies. L'eau dans la bassine prenait progressivement une teinte rougeâtre, témoignant de la violence des blessures qu'il avait subies. Chaque coup de serviette, chaque mouvement de mes mains, était minutieusement calculés pour éviter toute aggravation de sa condition.

Les entailles sur sa peau étaient désormais beaucoup plus propres. Je me tournai vers l'alpha, qui ne m'avait pas quitté des yeux une seule seconde. Ma gorge était sèche et je dus faire un effort pour avaler ma salive.

    — J'ai besoin de plantes, sinon ses blessures ne guériront jamais, dis-je d'une voix chevrotante. Je vais avoir besoin de camomille, de sauge et d'aloès.

L'alpha acquiesça silencieusement, sans détacher son regard du mien. Puis, d'un mouvement volontaire, il se leva et quitta la hutte. Mes yeux le suivirent, alors qu'il disparaissait momentanément à l'extérieur. Quelques instants plus tard, il réapparut, tenant entre ses mains trois fioles. Il me les tendit et je l'ai saisie, mes doigts frôlant furtivement les siens. Je m'empressai de les ouvrir une à une pour sentir les herbes médicinales qui s'y trouvaient. La camomille embauma mes narines de son parfum apaisant, la sauge dégageait une fragrance puissante et l'aloès avait cette odeur fraîche et revigorante.

J'avais sélectionné ces herbes pour une bonne raison, la camomille pour ses propriétés apaisantes, la sauge pour ses vertus antiseptiques, et l'aloès pour ses propriétés cicatrisantes. Je les hachai finement, les mélangeant avec précaution dans un mortier, avant d'y ajouter un peu d'eau pour les transformer en une pâte épaisse.

En me saisissant de cette pâte entre mes doigts, je déposai avec une délicatesse extrême une petite quantité sur chaque entaille présente sur la peau, en commençant par la plus grande. L'inconnu avait les yeux fermés, mais son visage se tordait progressivement de douleur alors que la pâte pénétrait les plaies.

Une fois que j'eus terminé d'appliquer la pâte, je pris un dernier instant pour observer l'inconnu. Ses paupières étaient fermées, son souffle régulier signifiant qu'il avait plongé dans l'inconscience. Je me levai et pris la bassine qui était devenue maintenant rougeâtre, ainsi que les différents instruments qui m'avaient servi. Je me rendis à la cuisine et les posais dans l'évier. J'ouvris le robinet et laissai l'eau couler abondamment, je savonnai mes paumes. Le regard fixé sur mes mains, je vis peu à peu la couleur s'atténuer. Le rouge vif se mua en rose pâle, puis enfin en ma couleur normale de peau.

Une question me torturait l'esprit : qui avait bien pu lui faire subir une telle violence ? Il n'y avait plus aucune meute rivale à présent. Alors que je me perdais dans mes pensées, je sursautai en sentant une présence derrière moi. Un frisson me parcourut l'échine.

   — Il est rare de savoir soigner, affirma l'alpha.

Je me tournai lentement vers lui, détaillant chaque trait de son visage.

   — Je le sais, dis-je d'une voix calme en séchant mes mains. Mais pour l'instant, il n'est pas encore tiré d'affaire, soulignai-je.

   — J'en suis conscient, répondit-il d'une voix grave.

   — Je vais veiller sur lui cette nui, l'informai-je.

   — Ce n'est pas la peine, je resterai avec lui.

Je hochai simplement la tête, comprenant son point de vue. Il voulait être le premier à l'interroger, peut-être dans l'espoir d'obtenir des réponses cruciales sur ce qui avait pu lui arriver. Je m'éloignai de l'alpha qui resta près du blessé, l'air tendu. Épuisé, par les événements qui venaient de se dérouler, je me dirigeai instinctivement vers la salle de bain pour me rafraîchir. La robe que je portais, semblait peser sur mes épaules, et j'étais impatiente de m'en débarrasser. En la laissant glisser le long de mon corps, je ressentais un soulagement immédiat, comme si le poids de la robe avait emporté avec une partie de mes tourments. Sous la caresse réconfortante de l'eau chaude, mes muscles s'abandonnèrent enfin et se détendirent, relâchant progressivement toute la tension accumulée.

J'enroulai une serviette autour de mon corps avant de sortir de la salle de bain. Je me retrouvai dans une situation ou je n'avais pas d'autre alternative que de passer la nuit dans sa chambre. Le soupir m'échappa alors que je me dirigeais vers le lit, me demandant comment j'allais gérer cette situation inconfortable. J'avais déjà passé suffisamment de temps avec lui aujourd'hui et me retrouver encore dans une pièce qui me rappelait sa présence était agaçant. Finalement, je me laissai tomber sur le matelas, sentant la fatigue prendre le dessus sur moi. Mes paupières étaient lourdes et je m'endormis presque immédiatement, sans pouvoir réellement m'empêcher de penser à ce qui s'était passé plus tôt dans la journée.

Mon sommeil fut tourmenté, agité par des visions terrifiantes qui s'insérèrent dans mes rêves, me faisant sursauter à plusieurs reprises. Des voix lointaines semblèrent m'appeler, chuchotant des phrases inintelligibles, puis, les voix commencèrent à murmurer. Leurs voix étaient étouffées, mêlées à des sanglots et des chuchotements insaisissables. Ces mots inintelligibles semblaient se rapprocher peu à peu, jusqu'à ce qu'ils résonnent à mes oreilles comme s'ils étaient prononcés juste à côté de moi. Je ne pouvais ni comprendre ni distinguer les voix, mais leur présence obscure me terrifiait davantage. Et puis, des yeux rougeoyants apparurent. Ils flottaient dans les ténèbres, brillants et malveillants. Leur regard était intense, perçant mon âme avec une intention malfaisante. Ces yeux sinistres semblaient me fixer, me sonder jusqu'au plus profond de mon être. J'étais prise au piège, incapable de les éviter ou de les fuir.

Layla, Layla, Layla

Soudain, je me réveillai en sursaut, les yeux grand ouverts, le cœur battant la chamade. L'alpha était devant moi, ses yeux perçant me scrutaient. 

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Hello, mes petits lecteurs 

J'espère que vous allez bien ^^

Je tiens à vous remercier du plus profond de mon cœur pour votre précieuse attention envers mon roman. 

J'espère sincèrement que mon histoire vous plaît et qu'elle vous transporte dans un monde imaginaire pendant quelques instants, aux côtés de Layla et Weiss. 

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 

J'ai hâte de lire et répondre à vos commentaires !

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Bisous 




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