Chapitre 2
Chapitre 2.
— Pour la millième fois : c'est non ! Je ne suis même pas ton âme sœur, Leonidas, tu seras malheureux toute ta vie avec moi !
L'homme costaud suivit Trent jusqu'à chez lui.
— Je te ferai mien à la prochaine pleine lune avec ou contre ton gré, Trent ! promit-il, insistant.
— Il n'en est pas question !
— Ton loup ne pourra pas résister à l'alpha que je suis !
— Laisse-moi tranquille, Leonidas !
— Tu sais que les chances sont faibles de trouver ton âme sœur, alors pourquoi tu ne me laisses pas te prendre comme compagnon ? C'est stupide que d'essayer de m'échapper ! Je pense que j'ai été suffisamment gentleman d'attendre jusqu'à maintenant avant de te marquer, je mérite ton attention et un peu de reconnaissance. Si tu acceptais de ton plein gré, ça rendrait les choses beaucoup plus faciles, tu ne crois pas ? Je te protégerai toi et ton père et vous ne manquerez plus jamais de rien.
— Nous n'avons besoin de rien qui vienne de ta part !
Putain, pourquoi le colosse ne voulait-il pas lui foutre la paix et le lâcher d'une semelle ? Trent mourrait d'envie de lui mettre son poing en plein visage, mais il restait un homme civilisé.
— Tu ne diras plus ça quand la lune ronde sera haute dans le ciel et que mes crocs seront dans ta gorge.
— Eh bien, pour le moment, je le dis ! Merci beaucoup pour ta proposition, mais je refuse ! s'exclama-t-il avant de refermer la porte de sa maison au nez d'un Leonidas sonné.
Il s'effondra contre la porte, soupirant. Il était prêt à tout pour échapper aux crocs de Leonidas, un homme grossier et idiot, mais parfois... il en venait au raisonnement que se lier à lui n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Le commerce n'était pas au plus florissant pour son père ces derniers temps et Leonidas était riche, très riche et reconnu dans la ville. N'importe qui aurait sauté sur l'occasion de se lier avec lui. Surtout qu'il n'était pas laid à regarder. Il était même plutôt séduisant. Il était probablement un bon coup...
Il soupira une nouvelle fois et osa jeter un coup d'œil par la fenêtre pour s'assurer que Leonidas et son égo sur pied soient partis. Parfait, il avait le champ libre. Il rouvrit la porte juste à temps pour voir son père revenir des bois, l'air essoufflé et terrorisé.
— Papa ! s'exclama Trent en sortant de la maison pour courir vers son paternel qui venait de revenir après plusieurs jours de voyage.
Néanmoins, le jeune oméga se stoppa directement en voyant l'expression horrifiée de son père.
— Papa ?
Il fronça les sourcils d'inquiétude.
— Est-ce que ça va ? Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Son père le serra dans ses bras durant de longues minutes. Et le plus jeune renifla une délicieuse odeur de forêt, de neige et de rose, mais ce n'était pas le parfum de son père. Son loup se mit à sautiller d'excitation.
— J'ai eu si peur, Trent, si peur...
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— J'ai pris un raccourci pour revenir à la maison après être allé en ville pour mon rendez-vous d'affaires, j'ai traversé la forêt. C'est alors que j'ai vu un immense jardin de roses. J'en ai coupé une pour te la ramener, comme tu me l'avais demandé, mais le propriétaire des lieux a surgi de nulle part et à menacer de me tuer si je ne lui ramenais pas mon fils en échange...
— Tout ça pour une rose ?
— C'était les loups de la Meute écarlate, Trent. Ils étaient une dizaine et leur alpha, même sous sa forme humaine, était imposant.
— Alors, cette meute n'est pas qu'une légende ?
— Non, elle était bien réelle... Aussi sanguinaire et horrifique que le racontent ceux qui ont eu la chance de leur échapper...
Il se disait des choses horribles sur cette meute et aucune autre meute ne voulait se frotter à eux. Ils avaient même un Traqueur, un loup aux aptitudes spéciales qui pouvait suivre la piste de n'importe qui pour l'abattre, c'était ce qui les rendait aussi dangereux.
— Je vais aller les voir !
— Non, Trent ! Il n'est pas question que tu y ailles !
— Je ne te laisserai pas mourir, papa ! C'est moi qu'ils veulent !
— Ils te tueront si tu y vas !
— Tu ne m'en empêcheras pas ! Je leur ferai comprendre qu'une pareille vengeance pour une unique rose est ridicule !
Franchement, une simple fleur... qu'est-ce qui clochait dans la tête de ces loups ?
Secouant la tête, Trent arracha la rose des mains de son père en faisant attention à ne pas se piquer sur les épines et il courut en direction de la forêt.
— Trent ! cria son père en essayant de le rattraper.
Mais il était déjà trop tard. Trent bondit et il retomba sur quatre pattes velues, la rose dans la gueule, alors que la forêt se refermait derrière lui.
Son père, qui avait recommencé à vieillir depuis la perte de son âme sœur et de la mère de Trent, n'était pas suffisamment rapide et agile pour le rattraper. L'homme s'effondra par terre et pleura, persuadé de ne plus jamais revoir son fils unique.
***
Plus Trent s'aventurait profondément dans la forêt, plus elle s'obscurcissait et devenait inquiétante. Sa fourrure doubla de volume quand ses pattes touchèrent un tapis de neige. Parfois, il arrêtait d'avancer et il pouvait entendre des craquements de branche venant troubler le silence quasiment mystique.
Le froid était polaire et c'était à se demander comment son père avait fait pour cueillir une rose près d'ici.
Après trois longues heures de marche, il parvint à distinguer les contours d'un immense château qui lui faisait bien plus penser à un manoir hanté qu'à un palace de conte de fées, mais qui n'en était pas moins superbe. De grands lions de marbre en gardaient l'entrée et des gargouilles en surveillaient les tours. Et de magnifiques roses poussaient dans la neige. C'était surréaliste, féérique. Il était certain qu'un peu de magie était à l'œuvre par ici.
Nul doute, ce devait être là.
Avant même qu'il n'ait pu approcher de l'entrée, il entendit des grognements et des hurlements, puis une dizaine de loups sortirent de nulle part et l'encerclèrent, dévoilant leurs crocs acérés. Menaçants, ils se rapprochèrent de plus en plus, rapetissant le cercle.
Combatif, Trent montra les dents en laissant tomber la rose et grogna en frappant le sol de ses pattes. Il n'allait pas se laisser intimider !
Le premier loup lui sauta dessus, mais d'un coup d'incisives, Trent réussit à l'écarter, alors qu'un autre canidé se joignait à la bagarre. L'oméga vit sa vie défiler devant ses yeux. C'était impossible, il ne pouvait pas se battre seul contre dix loups agiles et bien entraînés !
Soudainement, le plus gros loup qu'il n'ait jamais vu sauta d'un rocher et heurta son compagnon décidé à tuer Trent en plein vol, le repoussant plusieurs mètres plus loin. Le loup se plaça devant l'intrus comme pour le protéger.
Aussitôt, les autres lycanthropes, s'ils essayèrent de défier leur alpha, ça ne dura que quelques secondes, puis ils se soumirent les uns après les autres, baissant le museau entre leurs pattes.
Celui-ci est à moi.
Même Trent sentit comme le besoin irrépressible de se coucher sur le dos et d'offrir sa nuque au grand loup qui exerçait une aura de dominance sur tout son entourage. Mais il résista et se contenta de baisser la tête et la queue. C'est alors que l'oméga le sentit, le même parfum de neige, de musc, de forêt et de rose qu'il avait reniflé sur les vêtements de son père. Son loup se mit à sautiller partout en criant « âme sœur ! ».
Le gigantesque alpha à la fourrure argentée tourna la tête vers lui et Trent se figea en remarquant la longue cicatrice qui barrait son œil gauche. Sans parler de ses yeux d'un doré brillant. Le loup avisa la rose coupée qui traînait à ses pattes, puis le regarda à nouveau. Après un long moment, il lui fit signe de le suivre.
Jayden vivait un dilemme. Il aurait été facile d'ordonner aux autres loups de sa meute de tuer l'intrus et d'en finir une bonne fois pour toutes avec cette histoire d'âme sœur à la noix, mais dès qu'il l'avait vu et qu'il avait senti son odeur, ça avait été plus fort que lui, son loup avait eu envie de le protéger, mais surtout, de planter ses crocs dans sa gorge pour le marquer définitivement sien. Et son loup était à présent énervé de ne pas l'avoir fait. L'alpha devait avouer qu'il avait envie de savoir à quoi ressemblait son âme sœur sous sa forme humaine. Ça le ferait chier d'avoir atteint l'âge vénérable de 499 ans, d'avoir eu la (mal)chance inouïe de trouver son Lié et de ne pas savoir à quoi ce dernier pouvait bien ressembler avant de le tuer !
Semant la surprise générale, Jayden invita donc le loup inconnu à le suivre dans les murs du château, suivi de toute la meute. Au fur et à mesure qu'ils montaient le grand escalier et pénétraient dans le hall du palais, tous les loups-garous reprirent forme humaine les uns après les autres jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Trent.
Le loup observa le grand homme qui lui faisait face. Jayden devait faire dans le mètre quatre-vingt-dix, figé à jamais à ses trente ans. Il avait une mâchoire virile, des pommettes bien dessinées, des cheveux cendrés dont les reflets argentés rappelaient la lune, des yeux d'un doré perçant et, l'élément le plus frappant, cette grande cicatrice à l'œil gauche dont Trent ne parvenait pas à détourner les yeux.
Il remarqua, près de Jayden, un homme qui lui ressemblait beaucoup avec les mêmes cheveux et les mêmes yeux, qui se tenait la nuque dans une grimace de douleur. C'était le loup qu'il avait mordu en se battant tout à l'heure.
— Allez, ne nous fais pas attendre, lui ordonna l'alpha en le toisant d'un regard mauvais, la bouche crispée.
Après un couinement, Trent décida alors de se transformer.
Jayden eut bientôt sous les yeux un jeune homme aux traits juvéniles, mais virils. Il avait les cheveux bruns, des yeux verts fougueux, une petite fossette à la joue et il devait faire dans les mètres quatre-vingts. Une chose était certaine : il était loin d'être moche. Et voilà qui était dommage, car tout aurait été tellement plus facile si son âme sœur avait pu être laide !
Ils se toisèrent tous les deux du regard durant quelques secondes, sachant pertinemment qu'ils étaient face à face avec leur destinée.
— Je suis Jayden, alpha de la Meute écarlate, finit par dire le plus imposant.
Trent ne se dégonfla pas et ne prit pas peur. Il rassembla son courage.
— Et je suis Trent.
— Tu n'as pas de Meute, je ne sens rien sur toi, pourquoi ça ? demanda Jayden en fronçant les sourcils, l'air agacé.
— Mon père et moi vivons seuls, à l'écart de la ville, de l'autre côté de la forêt, nous préférons nous tenir à l'écart des meutes et de leurs querelles territoriales.
Surtout depuis que sa mère était morte dans l'une d'elles...
— Il n'a pas de meute, pourquoi est-ce qu'on ne le tue pas ? s'éleva une voix énervée derrière lui.
Trent se retourna pour faire face à un homme à la chevelure noir corbeau et aux yeux d'un bleu glacial.
— Ce n'est pas à toi d'en décider, Cain, lui répondit sèchement l'alpha. Dayton, dis à ton frère de se calmer.
Un autre homme qui était la copie conforme de Cain leva les yeux au ciel et murmura quelques paroles à son frère.
— Jayden, les autres parleront si nous le laissons fuir, personne ne doit échapper à notre Meute, il en va de notre réputation. Et regarde ce qu'il m'a fait : il doit être puni pour ça ! mentionna l'homme qui ressemblait à l'alpha et qui devait être son lieutenant à la manière qu'il avait de se tenir près de lui.
Jayden soupira et serra la mâchoire. Son loup piétinait sur place avec énervement.
— Je ne compte pas le laisser repartir, Tyler. N'ayez pas d'inquiétudes, tout le monde, mais je suis à regret de vous annoncer que nous ne pouvons pas le tuer...
Il ne cachait jamais rien à sa meute, à ses frères d'armes. Avant que Cain ou Tyler n'ait eu le temps de s'insurger de sa décision, il préféra s'expliquer en grimaçant :
— Nous ne pouvons pas l'abattre parce que ce loup, qu'il m'en déplaise, est mon âme sœur.
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