Chapitre 8 - Le Choix


Debout dans le salon, je faisais les cent pas. L'horloge semblait tourner au ralenti, un vrai supplice. L'heure fatidique approchait, et je ne savais toujours pas quoi choisir. J'évitai de penser à Alexis, à ma mère ou à mon père que je ne reverrai probablement jamais. Il existait des passerelles entre les mondes : celles qu'empruntaient les émissaires. Une fois dotée de mes pouvoirs, je pourrais retourner dans mon monde. J'inventerai une excuse débile, un road trip seule à l'étranger, et reprendrait ma vie comme si de rien n'était. Du moins l'espérais-je.

-Un émissaire vient te chercher. C'est la procédure. Il t'emmènera au Conclave. Je ne peux pas t'y accompagner, je dois rejoindre la meute.

Tiens, le voilà.

Elle s'écarta pour ouvrir la porte, laissant place au même biker qu'à l'allée, et me chuchota :

-Bonne chance.

Je pris place à l'arrière de la bécane, m'accrochai aux abdominaux de l'inconnu et inhalai son parfum pour me calmer. Je tentai de réfléchir, mais n'y parvint pas. La boule d'angoisse prenait toute la place dans mon ventre. Mon pouls pulsait dans mes tempes et j'avais les mains moites. Désolée pour ta veste, pensais-je. En même temps quelle idée de donner des vêtements en cuir ?

Sur la route d'autres motos nous dépassaient, derrière lesquels d'autres recrues s'accrochaient à leurs chauffards. Toutes ces machines laissaient des traces dorées sur leur sillons, signe de leurs passages.

Miranda m'avait expliqué qu'en cas d'attaque par l'une des créatures, pour réduire les effectifs adverses, évidemment, il était plus facile de repérer le chemin qu'avait prit l'engin.

L'homme s'arrêta dans un crissement de pneu et je descendis devant le Conclave, cette forteresse de verre haute de plusieurs dizaines de mètres me dominait.

-Lâchez-moi, bande de bâtards ! Bordel, arrêtez où je vous mords !

Sur ces mots, une femme de peau mât aux cheveux courts mordit le biker qui l'avait escorté. Il tentait en vain de lui faire lâcher prise, ne pouvant la frapper, un acolyte tira la jeune femme par les bras et la traîna vers la grande salle. Je les suivais, incapable de connaître le chemin.

-C'est bon, j'y vais, je peux marcher, s'énerva-t-elle.

L'homme la lâcha brusquement et elle s'écrasa au sol, sur ses fesses.

-Quel caractère !

Elle me lança un regard noir.

-Je suis Thalia, me présenté-je, en lui tendant la main.

-Lyra.

Je l'aidais à se relever, et elle s'épousseta, d'une humeur de chien.

-Quelle bande de connards, ceux-là.

-Je ne te le fais pas dire, répondis-je. Allez, viens.

En face de nous trônaient deux énormes portes en chêne, et derrière des acclamations de toutes parts, tel un match de catch. Nous nous regardâmes, et d'un mouvement de tête, ouvrîmes les portes en même temps. Ce fut le chaos. On entrait au beau milieu d'un amphithéâtre en marbre noir, strié d'or. A droite, les sorcières. Faciles à repérer, des nuages de cendre à l'apparence d'animaux voletaient tout autour d'elles. L'une de ces femmes bailla et cracha du feu par la même occasion. Une autre s'amusait a faire tomber de la pluie sur les vampires. Tiens, je l'aime bien, elle, pensais-je.

En parlant d'eux, ils se trouvaient sur les gradins de l'entrée, soit derrière nous. Leur teint blâfard et leur air hautain ne trompait pas. Enfin, sur les bancs de gauche, les loups-garous. D'apparence normal, ils ressemblaient à une équipe de quaterbacks, grands et musclés, leur apparente nonchalance cachait une envie d'en découdre. Je repensais aux Omégas. Cette cérémonie était important pour eux.

-Viens, on va s'asseoir, intima Lyra.

Au pieds de l'amphi trônaient des bancs d'école, simple, sur lequel toutes les recrues étaient assises. Un homme au cheveux bleus néons attira mon attention. Sa beauté me coupa le souffle. Son grain de beauté sur la lèvre lui donnait un charme que personne n'avait.

-Sorcières, vampires et loups-garous, bienvenue à cette 302ème cérémonie du choix ! Les recrues, ne soyez pas intimidés, tout va bien se passer. Aujourd'hui, est le premier jour de votre vie, il restera à jamais graver en vous.

Le soir arrive, alors nous allons faire vite, histoire de ne pas laisser vos petits protégés se balader seul dans ces rues.

Son sourire malveillant me décontenança un instant mais je n'en montrais rien.

-Au centre de la pièce, trois symboles. C'est simple, lorsque j'appellerai votre nom, si vous choisissez le clan de la nuit, il vous suffira de tremper vos lèvres dans ce verre en or. S'il vous plaît, ne buvez pas dedans, je n'ai pas envie de devoir encore une fois vider de son sang une pauvre femme qui venait de se faire quitter par son mari.

Les vampires éclatèrent d'un rire moqueur, tandis que le silence régnait dans la salle.

-Cependant, si, au contraire, vous êtes plus attirés par l'odeur de chien mouillé, la forêt et l'apparence d'un clebs...

A ces mots, un grondement sourd surgit de ma gauche. L'homme se raidit d'un coup et la couleur quitta ses traits. Plus un son. La menace tendait chacun de nos muscles, et l'homme paniqua :

-Ce n'était qu'une petite blague pour détendre l'atmosphère, désolé.

Il se racla la gorge, puis repris :

-Ainsi, si vous souhaitez prêter loyauté à La meute de l'Ombre, il vous suffira de poser votre main sur l'empreinte de loup située dans le pot de terre.

D'un regard craintif, il termina :

-Enfin, si vous souhaitez rejoindre le coven, emparez vous du collier muni d'un triskel, le symbole de la magie celtique depuis des siècles.

Une ombre aux yeux lumineux s'approcha doucement du trentenaire qui recula :

-Depuis toujours, désolée mesdames ... et messieurs, je n'ai pas eu le temps de réviser mes fiches.

Soudain, l'ombre disparut.

-Aaron Brendan ?

L'homme aux cheveux bleus monta sur l'estrade. Le cuir moulant ses abdominaux dessinés, il jeta un œil sur sa gauche. Les loups l'observaient avec attention, les yeux de certains avaient même changer de couleur. Leur chef, au premier rang s'était penché en avant, coudes sur les genoux et attendait.

Aaron posa sa main sans hésiter sur l'empreinte, en regardant droit dans les yeux l'Alpha.

Des hurlements de loups emplirent la salle, et l'Alpha eût un petit sourire fier.

-Lyra Elfrid ?

Lyra se leva, droite déterminée, elle semblait déjà connaître son choix. Elle avança vers la table, toisa le brun, prit le triskel dans sa main et l'embrassa. Des gerbes d'étincelles illuminèrent la pièce, les sorcières tapant du pieds pour exprimer leur joie.

-Ethan Jovretchka, annonça le vampire.

Un homme roux, grand, mais très fin se leva, se tourna vers l'assistance et but le verre en entier, faisant une révérence. Quel bouffon, pensé-je.

Il fut accueillit par les ricanements de Jake et de ses amis :

-On va te faire ta fête.

-Ouais, t'es mort ! Se marra le second.

-Thalia Mercy ?

-Qui est-ce ?! s'écria un homme du côté des enchanteresses.

-Elle n'était pas sur la liste, protesta une sorcière. C'est encore un sale coup des vampires !

Le chef du royaume des morts, se cachait se fondant dans l'obscurité savourant le carnage et la discorde qu'avait causé l'interruption de Jake dans ses plans.

-Laissez-la choisir. C'est son droit, annonça l'Alpha.

Oh merde ! J'essuyais mes mains sur mon jean, tous les regards étaient rivés vers moi. Je me mordis la joue, replaçais une mèche rebelle et m'avançait doucement vers l'estrade. Pas les vampire, ça c'était sûr. Je devais faire un choix, et vite ! Quelque part j'avais toujours un faible pour les canidés, sauf pour Emodor, et leur force et leur vitesse, d'après les films tout du moins était impressionnante. Mais je n'étais pas sûre d'avoir la carrure, pour cela. De l'autre, j'avais les sorcières, mais les flammes de ma maison me hantaient. Et si j'avais des affinités avec le feu ?

-Quand tu veux, Thalia ! Railla Jake.

J'étais devant la table. A gauche, la coupe, au milieu l'empreinte de loup posée sur de la terre mouillée, sur la droite un triskel, simple, gris, posé sur une branche d'arbre.

-Fais ton choix, murmura le brun.

Je pris une grande inspiration, et touchai le triskel. Un feu d'artifice éclata dans la salle, lorsque quelqu'un cria :

-Non, arrêtes !

Un loup au pelage d'or me fonça dessus à une vitesse incroyable et me mordit le flan gauche. Je m'écrasai au sol sous son poids, détaillant son regard ambré aux reflets doré tandis qu'une flaque de sang s'étalait sous moi. A ce moment-là, un sort le toucha de plein fouet, et il émit une plainte terrible. Il semblait souffrir horriblement. Mes yeux se fermaient doucement, mes forces m'abandonnaient.

-Laisses-le tout de suite, sorcière, gronda l'Alpha.

D'une carrure impressionnante, il défiait quiconque osait s'approcher.

-Elle nous a choisit selon la tradition, elle est à nous !

-Maintenant qu'elle a été mordue, il lui faut les soins nécessaires. Une transformation ne se prépare comme ça. Si nous ne faisons rien, dans cinq minutes, elle sera morte.

Des bras puissants me soulevèrent, et je perdis connaissance.

-Toi, on verra ça plus tard. Tu ne sais pas ce que tu viens d'engendrer.

Ces deux phrases s'adressaient au loup qui m'avait mordue, et son ton très bas me fit frissonner. 


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L'un de mes chapitres préférés ! Alors que pensiez-vous que Thalia allait choisir ? Sorcières, loups ou vampires ? Que va-t-il lui arriver désormais ? Vous le saurez en découvrant la suite :)

A très vite, 

Lionagle

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