Chapitre 6 - Le Conclave
Je déglutis bruyamment, la gorge sèche. La lueur meurtrière qui dansait dans ses yeux ne me disait rien qui vaille.
-Les émissaires vont bientôt arriver.
Le blond regarda sa montre et compta à voix haute :
-10, 9, 8, 7, 6, 5, 4.
Le bruit de moteur d'une moto hurla au loin. Jake sourit en coin, regardant ses chaussures, il releva légèrement la tête vers moi, une mèche de cheveux rebelle lui retomba devant les yeux. Moi ? J'étais hypnotisée, absolument incapable de bouger sous son regard de glace. Ses menaces de morts flottaient encore dans l'air. Je pouvais presque les sentir.
-3, 2, 1, 0.
Une Suzuki Intruder 1800 dérapa sur le gravier, m'envoyant une gerbe de poussière et de cailloux à la figure et s'arrêta, perpendiculaire à moi, le dos toujours collé contre le véhicule. La moto, noire striée de jaune, était absolument magnifique. Malgré ma peur pour les motos, celle-ci était d'un genre différent : elle m'appelait. Mon père, mécanicien était passionné de moto, bien que son amour pour les bécanes m'ait toujours échappé. Celle-ci était particulière.
-Toujours à l'heure, à ce que je vois, ricana Jake.
L'homme à califourchon sur la moto le dévisagea pendant quelques secondes, son casque noir teinté sur le visage, ne laissait rien transparaître.
Doucement, il se tourna vers moi, et je sentis ses yeux me fixer.
-Tu t'attendais pas à ça, pas vrai ? Une nouvelle de dernière minute, dirons-nous. Je suis sûre que le boss va te remercier quand tu vas la lui ramener.
Le blond se passa une main dans ses cheveux et répondit, d'un ton exaspéré :
-Ca ne sert à rien, Jake. C'est un émissaire. Tu sais bien que même avec un gun sur la tempe il ne pourrait pas parler. Il traverse le passage entre le monde des humains et des créatures surnaturelles. Un peu comme Charon avec le monde des âmes. La dernière fois qu'un émissaire a parlé avec une recrue, il ...
Son pote se marra :
-Oui, je sais, on n'en a plus jamais entendu parler. Secret professionnel, et tout le blabla. Moi, je pense surtout qu'il en sait beaucoup trop, et qu'ils craignent qu'il ne parle. Depuis, aucun émissaire ne peut plus parler, muet comme une tombe, pas vrai ?
Le motard se détourna semblant lever les yeux au ciel. Puis, il me tendit la main. Au même instant, je sentis une piqûre dans mon bras, sorte de rituel :
-Bonne nuit, ma belle, me susurrèrent deux canines acérées.
Rapidement, je sentis qu'on me portait et me plaçait sur la moto, puis mes mains enlacèrent la taille du mystérieux inconnu, et je sombrai. Par moments, je puisais dans quelques rares moments de lucidité, et aperçut des couleurs vives, chatoyantes : du vert, du rose, du jaune, du bleu et du orange, comme des traits qui disparaissent derrière nous. Le moteur faisait vibrer mes mollets et me réchauffait les chevilles, tandis que le ronronnement de l'engin me berçait. Visiblement, nous traversions le passage entre les deux mondes à la vitesse de la lumière.
**
Je me réveillai, engourdie comme lors d'un lendemain de soirée, la joue striée de rouge après avoir dormi sur l'épaule du conducteur et de sa veste en cuir striée de petits pics sur les bras.
-Aie, ma tête, me plaignis-je.
Le casque se tourna imperceptiblement vers moi, et je relevai les yeux. La vue me coupa le souffle. La route sur laquelle nous circulions, bétonnée, était striée de Leds violettes de chaque côté, longeant le fossé. Je baissai les yeux sur la moto, elle produisait des étincelles rougeâtres et orangées à chaque accélération, et notre véhicule laissait une trace dorée sur son passage. La couleur ne ternissait pas, restant sur le sol, comme tracée au feutre indélébile.
Sur ma gauche, un immense lac réfléchissait la ville, plongée sous un ciel aux nuances de mauves. Aucun nuage à l'horizon.
Enfin, sur ma droite se trouvaient d'autres routes comme la nôtre, désertes, surélevées semblables à des ponts. Une immense tour de verre déchirait le ciel, sur laquelle se reflétaient les couleurs du ciel, la peignant de nuances de bleu ciel et de violet.
L'édifice se terminait par un toit d'apparence plat, mais entourée d'une sorte de grille blanche lisse qui descendait jusqu'à la moitié de l'immeuble. Au loin, là où nous nous dirigions, d'autres habitations nous narguaient, de marbre noires. Certaines avaient des nuances de vert sapin, d'autres de dorés ou de blancs, elles étaient semblables les unes aux autres. C'était époustouflant. Le voilà, le conclave.
**
Arrivés devant une maisonnée de marbre noir et doré, mon chauffeur s'arrêta. Il ne bougea pas, mais un regard dans le rétroviseur me fit comprendre que ma route s'arrêtait ici. Je descendis, et le regardai indécise : des dizaines de maisons s'étendaient dans la rue, je ne savais pas où aller. D'un mouvement de tête, il m'indiqua la porte devant laquelle je me trouvais. Je rentrais doucement, la porte était ouverte, l'homme attendait que je sois entrée pour partir, puis refermai la porte.
-Ah, vous voilà ! Vous êtes la dernière, et certainement la plus attendue. J'ai hâte de voir la tête qu'ils vont faire quand vous allez vous présenter !
Je sursautais, le cœur battant à tout rompre. Elle dût lire la peur sur mon visage car la femme blonde se présenta :
-Je ne voulais pas vous faire peur, je m'appelle Miranda. Simplement, seul le clan des vampires est au courant de votre, comment dirais-je ? Sélection de dernière minute. Ca va créer un scandale auprès des loups-garous et des vampires, j'ai trop hâte ! s'exclama-t-elle.
Venez, je vous montre votre chambre, vous pourrez mettre votre tenue de recrue.
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Voici trois chapitres de La meute de l'Ombre, j'espère que vous allez aimer
A très vite,
Lionagle
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