Chapitre 27


Dejun poussa la porte de son appartement bien moins assuré qu'au moment où il avait trainé Johnny en dehors de son lieu de travail. Il n'avait pas réfléchi, il avait quitté son poste sans prévenir personne et il espérait juste que son manager démoniaque n'allait pas rejeter la faute sur Taeyong. L'Alpha derrière lui n'avait pas parlé le temps du trajet, il avait simplement conduit, selon les instructions de Dejun, les mains fermement accrochées au volant. Le brunet se racla la gorge et désigna son canapé d'un mouvement de la main pour inviter Johnny à y prendre place. Il avait un peu honte d'accueillir le blond dans son appartement, ce n'était pas le grand luxe et il s'était laissé aller ces derniers jours, tout n'était pas rangé.

— Est-ce que tu veux boire quelque chose ?

— Un verre d'eau, s'il te plait, répondit Johnny sans le regarder.

Un peu tendu, Dejun alla chercher deux verres et une bouteille qu'il posa sur la table basse. Il s'assit nerveusement sur le rebord de son fauteuil et engloutit sa boisson. Ce silence lui rongeait l'esprit, il allait devenir fou si le chef de meute ne prenait pas rapidement la parole. Johnny se leva brusquement, lui attrapa le poignet pour le faire se lever et le plaqua contre son torse. Dejun hoqueta, le nez contre la poitrine de l'alpha, et ses mains allèrent s'accrocher dans le dos large du blond. Il pouvait se passer de mots pour encore un instant.

— J'ai tellement eu peur, je ne savais pas, je suis désolé. Ne me quitte plus Dejun, je t'en prie, murmura fiévreusement Johnny.

— Je suis désolé, je croyais que tu ne voulais pas de moi.

Un sanglot obstrua la gorge de Dejun qui se blottit plus fort contre le blond. Johnny voulait qu'ils restent ensemble, c'était tout ce qu'il avait besoin d'entendre pour que le soulagement le gagne. Ses jambes faiblirent et le chef de meute l'attrapa sous les cuisses pour le soulever contre lui. Il se laissa ensuite tomber dans le canapé, Dejun au-dessus de lui. Ils restèrent un instant dans les bras de l'un de l'autre, silencieusement, simplement rassurés en sentant la chaleur corporelle et l'odeur de l'autre.

— Je pensais avoir tout fait pour te rassurer, je croyais que tu avais compris que je ne voulais que toi, que je voulais que tu restes à mes côtés. Je suis désolé de ne pas avoir réussi à le faire. Pardon Dejun.

— Je n'avais besoin que d'un mot, renifla le brunet, mais me réveiller tout seul, sans rien de toi... j'ai été blessé.

L'aveu lui serra la gorge, mais la main de Johnny qui lui caressa la joue le rassura un peu, le chef de meute ne lui en voulait pas, il était parfaitement libre de livrer ce qu'il avait sur le cœur. Les traits du blond se contractèrent et l'or fluctua dans son regard. Quand il répondit, sa voix possédait la force du loup.

— Je l'ai fait Dejun, je te jure que je l'ai fait, mais un... élément extérieur est venu tout gâcher.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Une boule dans la gorge, le brunet serra ses doigts autour de la chemise immaculée du dominant. Les événements de cette fameuse matinée se repassèrent à toute vitesse dans son esprit, il n'y avait eu qu'une personne à part eux dans la maison ce jour-là.

— Je t'avais laissé un mot pour te prévenir que je devais partir voir mes parents. C'est assez... ridicule à expliquer, avoua Johnny, mais à force de courir après les écureuils et à fourrer sa truffe partout, mon père s'est coincé un gland dans la narine. C'est l'ancien Alpha de la meute alors ils ont eu besoin de moi pour le maitriser afin de le soigner, il aurait été capable de s'étouffer si on avait attendu. Je suis désolé, ça ressemble vraiment à une mauvaise excuse, mais je te jure que c'est la vérité, crois-moi que j'aurais préféré mille fois te voir te réveiller dans mes bras et t'embrasser pour te saluer.

Dejun cligna des yeux, hésitant entre l'envie de rire et de pleurer. L'explication était tellement loufoque, qu'il était impossible qu'elle ait été inventée par Johnny. De plus il avait déjà entendu des anecdotes sur la maladresse presque chronique de l'ancien Alpha, cela ressemblait à ce qu'il avait appris sur lui.

— Je n'ai trouvé aucun mot, murmura tout de même l'oméga.

— Je sais. Enfin je ne l'ai pas su tout de suite, c'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas compris ta fuite. J'ai cru que je t'avais fait peur.

— Non, pas du tout je-

Johnny le coupa en posant un doigt sur ses lèvres et il lui sourit tendrement.

— Je t'en prie, Dejun, laisse-moi te raconter ce qu'il s'est passé. Je veux que tu connaisses toute la vérité sur cette histoire, et après seulement je pourrais entendre ce que tu penses de moi.

Le brunet hocha doucement la tête et il frissonna en sentant la main de Johnny venir doucement lui caresser le bas du dos. Ce contact intime et léger lui avait manqué, il se sentait soudainement apaisé et à sa place. Cette fois il ne ressentit pas de peur, il avait accepté le fait qu'il désirait Johnny à un point où il ne pouvait pas le contrôler. Il était fait pour être son compagnon, mais avant de l'avouer, de se dévoiler entièrement, Dejun avait besoin de savoir.

— Je t'avais laissé un mot et j'avais même préparé un petit déjeuner, avoua l'Alpha. Ce n'était pas de la grande cuisine, mais je pensais que tu aurais faim alors j'avais préparé deux trois petites choses et j'avais laissé le plateau sur la table de la cuisine. Si je te l'avais apporté dans la chambre, personne n'aurait pu s'en débarrasser.

L'image de Lucas se débarrassant du contenu d'un plateau dans la poubelle lorsqu'il avait pénétré dans la cuisine se remémora aussitôt à lui. Il en fut blessé, il savait que le jeune alpha ne l'appréciait pas, mais ses actes étaient bien plus cruels que ce que Dejun avait imaginé.

— Est-ce que c'est Lucas ? demanda Dejun d'une petite voix.

— Il a dû me voir partir et a trouvé une méthode pour te rendre la vie dure. J'aurais dû être plus ferme avec lui, je lui avais déjà donné trop d'avertissements, j'aurais dû être plus sévère. Je tiens à toi Dejun, mon loup et moi-même te reconnaissons comme notre compagnon et c'était mon rôle, en tant qu'homme et chef de meute, de faire en sorte que Lucas te respecte. Qu'il respecte ta position.

— Tu as fait ce que tu pouvais...

— Non, j'aurais pu faire plus, mais maintenant le problème est réglé. Lucas ne te posera plus jamais de problème. Dejun, je voudrais que tu ne te sentes pas coupable. Avec l'accord du Conseil, nous avons expulsé Lucas, il nuisait à l'équilibre de la meute.

Attristé, le jeune homme s'affaissa légèrement sur le torse du dominant qui le câlina doucement. Malgré les explications de Johnny, Dejun se sentait coupable.

— Si je n'étais pas venu, il n'y aurait pas eu ce problème.

— Il aurait peut-être pris plus de temps à atteindre ces proportions, admit Johnny, cependant ça aurait fini par arriver. L'attitude de Lucas auprès de Jungwoo et des autres alphas commençait à attirer des ennuis, ce n'était qu'une question de temps. Il a eu ses chances, mais il doit apprendre. C'est dommage que tu aies dû en être le déclencheur et qu'on ait dû en arriver là, mais je te promets que tu n'es pas responsable.

L'Alpha l'embrassa doucement sur le bout du nez et réussit à lui soutirer un sourire.

— Quand je suis rentré et que j'ai vu que tu avais disparu, que toutes tes affaires n'étaient plus là, j'étais perdu. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait de mal. Est-ce que je t'avais blessé ? Est-ce que tu ne voulais pas réellement de cette nuit et est-ce que tu regrettais ? J'avais tellement peur que ça soit ça. Cette nuit j'en rêvais depuis le premier jour, tu m'obsédais et tu m'obsèdes toujours Dejun. J'ai l'impression de devenir fou quand tu n'es pas là, je suis perdu.

— Pourquoi t'as mis autant de temps à venir me trouver alors ?

Dejun sanglota douloureusement et tapa faiblement la poitrine de l'Alpha. Il ne voulait pas lui faire mal, mais la blessure était encore là. Il souffrait moins avec les explications, il comprenait qu'ils avaient tous les deux été induits en erreur, mais pourquoi avoir laissé passer autant de temps ?

— J'étais dévasté Dejun, j'ai cru que tu ne voulais pas de moi et j'ai... pété les plombs. Mon loup a pris le dessus et je suis allé m'isoler dans la forêt sous ma forme de loup après avoir appris que tu avais quitté la ville. Je ne savais pas où te trouver ni même si tu voulais que je te trouve. Je ne voulais pas que tu aies l'impression que je te harcelais. Jaehyun a pris la relève pendant ce temps-là et quand je suis revenu l'attitude de Lucas était... différente. Je n'y prêtais pas attention au début, mais Jungwoo est venu me faire part de ses doutes et j'ai compris.

La voix de Johnny vacilla dangereusement.

— J'ai été le voir et je me suis servi de mon autorité de chef de meute pour le forcer à avouer. C'est là qu'il m'a tout dit, son geste, ses paroles. Dejun, j'aurais pu le tuer si une petite voix ne m'avait pas dit que je te perdrais définitivement si je faisais ça.

L'aveu résonna étrangement en l'oméga qui ne s'éloigna pourtant pas. Les mots et les risques lui faisaient peur, mais en même temps il ressentait tout l'attachement que Johnny avait pour lui. Il ne pouvait plus se voiler la face, plus douter. C'était impossible.

— Je suis tellement désolé d'avoir mis autant de temps à te retrouver Dejun, mais si tu veux bien de moi alors je te promets de ne plus jamais te laisser.

— Alors, pourquoi est-ce que tu n'as pas voulu me marquer cette nuit-là ?

La gorge sèche, il sentit les doigts de Johnny se crisper dans son dos et l'alpha plongea son regard doré dans le sien.

— Parce que je ne voulais pas t'imposer une décision que tu aurais pu regretter. Tu avais tes chaleurs et... tu as dit que tu ne voulais pas être en première ligne, être exposé au regard des autres. Si je t'avais mordu, tu serais devenu mon compagnon, le compagnon de l'Alpha de Chungju. Tu aurais été forcément exposé et je ne voulais pas que tu sois obligé d'assumer ce rôle.

Dejun plissa le nez et asséna une tape sèche sur le torse du dominant. Il n'arrivait pas à y croire, il s'était fait des films pour rien. Ils avaient un réel problème de communication.

— Je vais te dire quelque chose que je n'ai jamais dit à personne et je ne pense pas avoir le courage de le redire un jour. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, ce que je ressens quand je suis près de toi c'est unique. C'est fort, puissant, réconfortant et terrifiant. C'est la sensation d'avoir trouvé la personne avec qui je dois passer le reste de ma vie. J'ai peur de ne pas être assez bien pour toi, je ne veux pas te causer de tort et je suis terrifié par le regard des autres, mais il y a une chose qui me fait encore plus peur, c'est que tu ne veuilles pas de moi. Je suis prêt à être entièrement à toi, mais je veux que tu sois à moi aussi. J'aimerais que tu sois mon compagnon, qu'on soit ensemble pour toujours.

La main du blond se glissa dans sa nuque et Dejun sentit la bouche de l'Alpha se presser fort contre la sienne. Il se laissa aussitôt emporter par le baiser et passa ses bras autour du cou du blond, soulagé et heureux.

— Si tu savais à quel point j'en avais envie, à quel point ça a été dur de me retenir, murmura fébrilement le dominant.

— On rattrapera ça, chuchota timidement Dejun.

— Il ne reste qu'une chose à voir. Je veux vivre avec toi, mais je ne peux pas abandonner la meute tout comme je ne peux pas te demander de venir avec moi et de tout laisser tomber ici...

L'oméga plaqua vivement sa main sur la bouche de Johnny et sourit de toutes ses dents.

— J'ai rien qui me rattache ici alors... si tu autorises mon meilleur ami à venir me voir dans la meute, ça te dirait de rentrer à la maison ?

Dejun rougit de sa propre audace, mais l'émerveillement qui s'afficha sur le visage de Johnny lui assura qu'il avait eu les bons mots. Pour la première fois de sa vie, il allait rentrer dans un endroit qu'il pouvait appeler « maison » avec une « famille ».






Nda : 

Hello ! C'était le dernier chapitre de cette fanfic... et ce n'est pas une blague, il ne me reste plus que l'épilogue à poster :) Des bisous ! 

Dalion~ Kiss :3

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