Chapitre 22


Dejun hésita un moment à abandonner sa forme animale pour redevenir humain, le regard furieux de Johnny sur lui lui donnait plutôt envie de rester un loup pour le restant de ses jours. Ils étaient revenus depuis quelques minutes et depuis l'Alpha de la meute les toisait de sa hauteur. Jeno et Jaemin se serraient l'un contre l'autre, la queue entre les pattes et de petits couinements désolés sortaient de leur gueule. Jungwoo lui se cachait comme il le pouvait derrière Dejun, mais il était bien plus grand que lui, ce qui rendait sa tentative parfaitement vaine. Le loup inconnu, lui, s'était éclipsé à leur arrivée à la meute sans chercher à en savoir plus.

Johnny se passa une main sur le visage et le brunet put voir à quel point il faisait des efforts pour garder le contrôle de sa part animale. L'or ne cessait de fluctuer dans le regard brun. Dejun décida de faire confiance à son loup concernant l'attitude à adopter et il se coucha sur le sol, gorge et ventre offerts au dominant. Il espérait que sa soumission totale suffise à apaiser sa colère et les trois plus jeunes s'empressèrent de l'imiter. Johnny gronda sourdement.

— Tous les trois, rentrez chez vous et restez-y jusqu'à ce que je vous autorise le contraire. Dejun, suis-moi.

L'appelé couina piteusement et se releva, la tête basse. Ses cadets lui donnèrent des petits coups de truffes encourageants, mais ils ne pouvaient se soustraire aux ordres directs de leur chef. Ils s'étaient déjà attiré assez d'ennuis comme ça, ce n'était pas la peine de les empirer. Dejun traina des pattes jusqu'à la maison de la meute et Johnny referma la porte derrière eux, avant de s'y adosser.

— Transforme-toi.

Dejun obéit une fois de plus sans manifester la moindre résistance. Il avait conscience d'avoir trahi la confiance de Johnny, même s'il ne l'avait pas fait volontairement et il comprenait que cela allait avoir des répercussions. Il espérait juste que Johnny n'allait pas le rejeter et l'ignorer à cause de ça, il n'était pas certain de le supporter. Les larmes aux yeux, le jeune homme garda la tête baissée vers le sol et les épaules voutées.

Une vague de chaleur l'enroba quand le dominant le prit dans ses bras et le serra fort contre lui. Le visage de Johnny contre son cou, Dejun resta stoïque. Il s'attendait à se faire disputer ou même à être mis hors de la maison à cause de son comportement, pas à être enlacé ainsi. Ses mains se glissèrent doucement dans le dos de l'Alpha et il serra la chemise entre ses doigts alors qu'une larme roulait sur sa joue. Johnny la sentit et vint l'essuyer de son pouce, l'expression soucieuse.

— Est-ce que tu es blessé ? Tu as mal quelque part ?

— Non, je...

Dejun fondit en sanglots et se blottit contre le grand blond qui l'accueillit silencieusement. Johnny lui caressa lentement le dos pour l'apaiser et Dejun se sentit fondre. Si ce grand alpha dont il avait eu si peur au départ venait à se lasser de lui, à le trahir, son cœur n'y survivrait pas. Il s'y était bien trop attaché, avant même qu'il ne s'en rende compte.

— Parle-moi, je suis là, murmura le dominant contre son oreille.

Le brunet renifla bruyamment, son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'il était impossible que l'autre n'en ait pas conscience.

— Tu ne vas pas me disputer ?

— C'était mon intention, avoua Johnny, mais je suis tellement soulagé de te revoir que je n'en ai même plus envie. Ne me refais jamais une peur pareille. Est-ce que tu sais comment je me suis senti quand j'ai vu l'heure défiler et qu'en plus aucun de vous ne répondait à mes appels ? J'ai craint qu'il vous soit arrivé quelque chose.

Les perles liquides coulèrent à nouveau sur le visage de l'oméga qui abandonna l'idée de les retenir. Chacun des mots de Johnny le rassurait et lui donnait la sensation d'être aimé. Ce sentiment chaleureux était malheureusement entaché par une peur qui ne le quitterait jamais : est-ce qu'il était sincère ? Il était persuadé que oui, tout comme son loup et les autres, mais au fond de lui le spectre de son passé le hantait. Plus encore ce soir après les remarques acerbes qu'il avait entendues à son encontre. Il n'était pas beau, il n'était pas mince, il n'était pas particulièrement drôle ou intelligent. Rien ne le démarquait des autres si ce n'était qu'il venait de la ville, alors est-ce que tout ce que Johnny pensait ressentir pour lui n'était-il pas finalement que de la curiosité envers une étrangeté à son quotidien ?

— J'ai peur, pleura Dejun.

Un grondement sauvage fit vrombir la cage thoracique de l'Alpha qui le serra au plus près de lui. Il comptait bien faire comprendre au brunet qu'il le protégerait de tout, que ce soit avec ses mots ou ses gestes.

— Qui ? Ou quoi ? Je m'en occuperai pour toi. Je ne laisserai rien t'effrayer, tu en as ma parole.

— C'est toi, murmura le comptable.

Il sentit Johnny se tendre brusquement et cesser de respirer. Dejun posa sa main sur la poitrine du blond et le repoussa doucement pour instaurer quelques centimètres entre eux. L'Alpha ne résista pas sous sa paume, mais Dejun eut le temps d'apercevoir son expression blessée avant qu'elle ne disparaisse, si vite qu'il crut l'avoir imaginée. Il voulait s'ouvrir un peu, alléger son cœur et exprimer ce qu'il ressentait à ce chef de meute particulier.

— Je n'ai pas peur de toi en tant que personne, j'ai peur de ce que tu pourrais me faire.

— Je ne lèverai jamais la main sur toi ou te manquerai de respect Dejun, murmura Johnny d'une voix tendue.

— Je sais, je le sais, là, sourit doucement l'oméga en posant sa seconde main sur sa propre poitrine. Mais il y a beaucoup d'autres manières de faire souffrir les gens... j'ai parlé un peu avec le trio infernal aujourd'hui et ils pensent qu'il y a des choses que je dois te dire. Je suis d'accord avec eux, mais j'ai peur... j'ai peur que tu me trouves trop... nul, trop faible et pas digne d'intérêt après. J'ai peur que tout ça ne soit pas aussi sérieux pour toi que ça l'est pour moi. J'ai peur que si je te donne ce que j'ai, tu te lasses et m'abandonnes. Je sais que tu ne le feras pas, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher.

Dejun serra les dents et les poings, en colère contre lui-même. Il avait l'habitude de se détester, de ne rien aimer chez lui, mais il ne voulait pas que Johnny pense pareil. Le chef de meute entoura le visage de Dejun de ses mains et plongea son regard dans le sien. Un regard empli de détermination, de tendresse et de l'assurance qu'il ferait ce qu'il était nécessaire de faire.

Johnny passa sa main dans les ondulations brunes et l'oméga ferma les yeux pour apprécier la caresse rassurante. Lui qui n'était pas tactile se surprenait à apprécier de plus en plus le contact physique et même à le trouver réconfortant.

— Qu'est-ce que tu penses d'aller te poser dans ta chambre et que je te prépare un thé ? J'en ai pour quelques minutes, tu peux en profiter pour prendre une petite douche et te détendre, je vais demander à ce qu'on ne vienne pas à la maison cette nuit, tu seras tranquille.

— Tu me rejoins après ?

Johnny lui caressa la joue et frôla la bouche de l'oméga de la sienne après une petite hésitation, comme s'il se demandait si le geste n'était pas déplacé. Le ventre de Dejun se noua et il prit sur lui pour ne pas s'avancer et réclamer plus. Le cachet pour ses chaleurs faisait encore effet, mais elles étaient bien là, prêtes à se réveiller à tout instant.

— Je ne serai pas long, promit l'Alpha.

Le brunet acquiesça et s'éloigna le premier en direction de la chambre. Il sentait qu'une très grosse partie du sujet avait été évitée. Johnny n'avait pas reparlé de leur sortie, du trio infernal ou même de ce loup mystérieux, et il ne semblait pas décidé à le faire.

Dejun prit une rapide douche pour enlever l'odeur de la peur qui lui collait à la peau et se glissa dans un pyjama qui portait le parfum de l'Alpha. Johnny se trouvait déjà dans la chambre quand il revint et une tasse de thé fumant était posée sur la petite table de chevet. Le grand blond lui tendit la main et Dejun s'en saisit en s'installant sur le lit. La sienne était si petite qu'elle disparaissait sous les doigts de Johnny.

— Il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui... est-ce que tu vas me les expliquer ? C'est quoi le problème avec la ville et les gens ? C'était qui ce loup ? Je sais qu'il me surveille, je le sens, pourquoi ?

— Dejun, Dejun calme-toi. Je t'expliquerai, mais ce n'est pas le moment, pour l'instant raconte-moi ce que tu voulais me dire, pourquoi tu as peur de moi. Je t'écoute, d'accord ?

L'oméga baissa les yeux, déçu de n'avoir une nouvelle fois pas les réponses à ses questions. Johnny le maintenait une fois de plus dans l'ignorance, il ne lui faisait pas confiance.

— C'est à cause de mon ancien petit-ami, murmura le comptable. Il m'a fait croire des choses et au final il m'a humilié, il ne ressentait rien pour moi, mais j'y ai cru... j'ai peur de revivre ça une nouvelle fois...

Dejun raconta son histoire, la trahison et les blessures qui en résultaient. Johnny lui prêta une oreille attentive sans l'interrompre, il se contentait de lui caresser le bras ou le dos pour l'encourager lorsqu'il sentait que l'oméga peinait à trouver ses mots, à exprimer ses émotions. Ils finirent par s'allonger dans le lit, Dejun blotti dans les bras de l'Alpha. Il s'était remis à pleurer à un moment, mais n'en avait pas tenu compte, et encouragé par le blond il avait même fini par lui raconter le détail de la soirée et l'altercation qui avait mené à l'affrontement entre les alphas et les jeunes. Johnny se tendit quand il lui raconta ce passage et de l'or passa dans son regard, mais il se contrôla.

L'oméga couina quand Johnny les fit rouler et se hissa au-dessus de lui. Le visage du blond dans son cou le chatouillait et son estomac se serra en sentant le corps ferme pressé contre le sien. Johnny ne l'écrasait pas le moins du monde, mais la proximité lui donnait très chaud.

— Tu sais, Dejun, je lutte très très fort pour ne pas t'enchainer à moi. Au moins je pourrais veiller sur toi à n'importe quel moment, mais je sais que tu ne mérites pas ça alors je me contiens, mais ça, ça me donne des envies de meurtre.

Le brunet frissonna.

— Ces abrutis qui osent te blesser, te dire des horreurs et te faire douter de toi. Ils ne méritent pas de vivre, murmura Johnny contre sa peau.

— J'ai l'habitude, ça va aller... c'est juste que je déteste être au centre de l'attention, je n'aime pas être dans une position où les gens peuvent me voir à cause de ça... tu n'as pas à t'inquiéter, je vais bien.

Johnny releva la tête et le regarda. Son visage se ferma et il embrassa doucement Dejun sur le front avant de se reculer.

— Johnny ?

— Ce n'est rien, je vais te laisser te reposer, tu en as besoin. N'hésite pas à venir me voir si tu as besoin de quelque chose, tu sais où se trouve ma chambre.

Dejun leva la main pour le retenir avant de la laisser tomber sur les draps. Il ne savait pas ce qu'il avait pu dire qui avait fait changer l'état d'esprit de Johnny, mais l'Alpha ne semblait plus vraiment d'humeur câline. Déçu, l'oméga baissa la tête et se glissa sous les couettes. Il entendit vaguement le blond lui souhaiter une bonne nuit avant que les lumières s'éteignent et il ferma les yeux, une larme au bord des cils. Il ne savait pas s'il devait complètement s'ouvrir, s'abandonner à Johnny au risque d'être blessé ou alors s'il devait se protéger et fermer son cœur. Cependant, il était peut-être déjà trop tard et même lui en avait conscience.











Nda :

 J'espère que vous appréciez cette fiction et je vous remercie sincèrement pour l'attention que vous lui portez, vous imaginez pas à quel point ça me fait plaisir ! Je vais continuer à faire de mon mieux pour vous proposer des textes sympa !

Dalion~ Kiss :3

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