Chapitre 2


Dejun plaqua son gros sac de voyage contre sa poitrine, le regard perdu sur le paysage qui défilait derrière la vitre du bus. Il était fasciné par les étendues boisées s'étendant à perte de vue. Pour un garçon de la ville comme lui, c'était une première. Une petite exclamation lui échappa alors qu'un loup sortait de la forêt pour se mettre à courir à côté du bus. Dejun rit doucement en voyant l'animal faire de grandes foulées pour tenir le rythme du véhicule, la langue pendante dans le vent. Le bus finit par creuser l'écart et le jeune homme vit le loup s'arrêter sur la route, l'air frustré.

Un petit sourire étirant à présent sa bouche, l'oméga se détendit un petit peu. Jusque-là, il n'était pas certain d'avoir fait le bon choix en suivant la recommandation de Taeyong, mais à présent il commençait à penser qu'il avait peut-être bien fait. Être loin de tout et de tout le monde pouvait lui faire du bien. Par réflexe il jeta un regard à son téléphone, mais ce dernier indiquait qu'il n'y avait aucun réseau, une précision qui avait été apportée lorsqu'il avait fait sa réservation. Les terres sauvages portaient bien leur nom, la technologie n'y était pas la bienvenue, les gens y allaient pour se reconnecter avec leur part animale. S'il souhaitait utiliser les réseaux mobiles, il allait devoir souscrire à un opérateur compatible en arrivant sur place, mais ce n'était pas dans ses projets immédiats.

Chungju ne se situait pas très loin de Séoul, il fallait un petit peu moins de trois heures de bus pour y arriver, mais Dejun avait à la fois la sensation qu'il était en chemin depuis des heures et à la fois l'impression qu'il venait de partir. Il était angoissé à l'idée de laisser sa réelle nature en liberté, chose qu'il n'avait plus faite depuis son adolescence, et en même temps très excité. Le mélange d'émotions le rendait confus alors, quand le bus s'arrêta à l'arrêt final, il mit quelques secondes avant de comprendre qu'il était arrivé à destination. Dejun se leva maladroitement après avoir laissé les autres passagers descendre et il gagna l'extérieur à son tour.

Il faisait chaud et humide, comme un mois de septembre habituel, et Dejun regretta un peu la veste qu'il avait sur le dos. Il se sentait néanmoins bien plus à l'aise avec que sans alors il ne l'enleva pas, et se concentra sur la recherche de sa prochaine ligne de bus. Il avait loué une chambre dans une petite auberge à la sortie de la ville, pas très loin du lac et de l'orée de la montagne. Il avait aimé les photos du site et avait réservé sans se poser plus de questions, attiré malgré lui.

L'oméga demanda conseil à quelques personnes qu'il croisa et trouva son chemin. Une trentaine de minutes plus tard, il se tenait devant une ancienne maison bordée de fleurs et d'arbustes. La vision champêtre fit sourire Dejun et il inspira le parfum des fleurs fraiches. L'endroit semblait aussi reposant qu'accueillant, il était de plus en plus conquis par les lieux. Il entra de la maison et une femme d'une petite cinquantaine d'années vint lui souhaiter la bienvenue.

— Bienvenue chez nous, avez-vous réservé une chambre ?

— Oui, au nom de Xiao Dejun, répondit le jeune homme.

Il farfouilla rapidement de son sac et en sortit la réservation qu'il avait imprimée avant de partir de chez lui. La femme se présenta sous le nom de Eunbyul et lui demanda quelques informations supplémentaires avant de valider son entrée. Elle lui jeta un regarda suspicieux et sentit discrètement l'air à un moment, mais ne fit aucune remarque, elle alla simplement récupérer une grosse clé sur le mur derrière elle.

— Tout me semble en règle, suivez-moi Dejun je vais vous conduire à votre chambre. Est-ce qu'il y a besoin d'appeler quelqu'un pour vous aider avec les bagages ?

Le brunet baissa les yeux sur son gros sac, unique chose qu'il avait emportée avec lui, et il secoua négativement la tête. Il était parfaitement capable de le porter jusqu'à la chambre. Eunbyul le conduisit donc à l'étage et lui remit la clé ancienne avant de l'abandonner. Intrigué, le jeune homme l'inséra dans la serrure et poussa la porte. Un immense sourire fleurit aussitôt sur son visage sans qu'il ne puisse le contrôler et il laissa tomber son bagage.

Ce n'était pas du tout comparable aux photos qu'il avait pu voir sur le site, enfin si, elles étaient fidèles, mais pas pour ce qu'il avait demandé. Il avait choisi une chambre simple, neutre et impersonnelle, pour ne pas attirer l'attention. S'il envisageait de laisser sa nature d'oméga s'exprimer maintenant qu'il était éloigné des gens qu'il connaissait, il n'était pas pour autant sûr de sa décision. Seulement la chambre qui s'offrait à lui avait été conçue spécialement pour ceux de sa classe et il avouait s'y sentir merveilleusement bien. Le bleu pastel des murs était doux et apaisant, il adorait les tableaux représentant les nuages disposés un peu partout, et ce tapis en fausse fourrure blanche était une merveille. Presque timidement, il enleva ses chaussures et marcha dessus. C'était incroyablement moelleux et Dejun s'y laissa tomber, ses doigts tirant doucement sur les poils synthétiques.

Un éclair de lucidité transperça sa joie et il se redressa, les joues rouges. Il avait dû y avoir une erreur et il se prélassait dans la chambre de quelqu'un d'autre, ce n'était pas possible. Il se releva alors en catastrophe et redescendit à l'accueil où Eunbyul servait des boissons à un groupe de jeunes. Dejun attendit sur le côté qu'on le remarque et se mit à bafouiller lorsque la bêta s'approcha de lui.

— Je peux faire quelque chose pour vous Dejun ?

— Oh heu, oui, je crois... Je crois que je me suis trompé de chambre, ce n'est pas celle que j'avais réservée...

— Ne vous plait-elle pas ? demanda Eunbyul avec un sourire maternel.

L'oméga cligna des yeux, surpris par la question, et lorsque son regard croisa celui de la femme il sut qu'elle avait compris. Cette douceur compatissante qui brillait dans son regard, la gentillesse de sa voix et de son sourire, elle avait compris ce qu'il était. Il baissa alors la tête, un peu honteux, et elle les éloigna assez pour qu'ils soient à l'abri des oreilles indiscrètes.

— L'auberge est assez vide au mois de septembre alors cette chambre n'est pas réservée, en vous voyant j'ai pensé qu'elle était faite pour vous et qu'elle vous permettrait de passer un bon séjour parmi nous. Cependant, si vous préférez prendre celle qui vous était attribuée de base, il n'y a aucun problème, je le comprends tout à fait.

— Merci, je- je peux la garder quand même ?

— Bien sûr.

Elle lui adressa un nouveau sourire plein de douceur et une chaleur réconfortante se logea dans la poitrine du comptable.

— Est-ce que- c'est possible aussi de... de ne pas le dire ? Ce que je suis ? Je ne sais pas encore si je pourrais...

Il se pinça le dos de la main en se maudissant, ses morceaux de phrase n'avaient pas le moindre sens et il ne serait pas étonné que Eunbyul n'en ait pas compris un traitre mot. Il était un cas désespéré.

— Motus et bouche cousue, promit la louve. Ce sont des informations personnelles et nous ne divulguons jamais les informations de nos clients. Vous pouvez vous détendre et avoir confiance Dejun, vous allez passer un bon moment ici.

— Merci et... je n'en doute pas Eunbyul.

— Bien, je vous laisse vous installer confortablement alors, je crois que l'on m'attend en cuisine. Je ne sais plus si je vous l'ai précisé tout à l'heure, mais nous dinons pour vingt heures. Sentez-vous libre de vous joindre à nous !

Comme soulagé d'un poids, Dejun fit le chemin inverse pour regagner sa chambre et il entreprit joyeusement de découvrir les lieux. Tout ce qu'il se forçait habituellement à ne pas aimer se trouvait devant ses yeux et il éprouvait la folle envie de tout tester et de se détendre. Il se dirigea donc naturellement vers la salle d'eau où se trouvait une jolie baignoire qu'il remplit à ras bord d'eau chaude, de sels de bain et de mousse parfumée avant de s'y glisser jusqu'au cou. Ses muscles noués par le travail se détendirent naturellement et il barbota jusqu'à ce que l'eau commence à refroidir. Il se rinça donc pour pouvoir s'envelopper dans un gros peignoir qui sentait les fleurs et il trottina jusqu'à la chambre.

Dans l'un des placards, il trouva du chocolat et il fila s'installer devant la petite télé vintage, un plaid moelleux à souhait sur les genoux. Tout était doux, dans les tons clairs et accueillants, et fait pour la détente. Pour un peu et il en aurait ronronné de bonheur, cette auberge avait un petit goût de paradis. Le temps filait à toute allure, si bien qu'il sursauta lorsque Eunbyul vint toquer à sa porte pour lui indiquer que le diner était servi. Déçu de devoir quitter le petit nid qu'il s'était fabriqué sans même s'en rendre compte, Dejun enfila quelques vêtements et hésita un instant, une flasque de parfum à la main. Il avait tellement l'habitude de camoufler son odeur naturelle que le geste était venu sans qu'il n'y réfléchisse. Il pesa le pour et le contre avant de se décider à s'en asperger quelques pressions, il n'était pas assez à l'aise pour se dévoiler tout de suite, même si l'après-midi l'avait bien détendu.

Une dizaine de personnes étaient installées autour d'une longue table en bois et Dejun s'assit sur l'un des sièges vides après avoir salué les autres du bout des lèvres. Une petite famille se trouvait en face de lui, un couple sur sa gauche, et le plus loin de lui le même groupe de jeunes qu'il avait croisé l'après-midi même. Personne ne s'attarda sur lui et il soupira de soulagement, au moins personne ne le forçait à se socialiser et il ne s'en portait pas plus mal.

Eunbyul apporta petit à petit les plats sur la table tandis que son mari, que l'oméga rencontrait pour la première fois et dont il ignorait totalement le nom, s'occupait de ramener l'alcool. Quelques bières furent réclamées par le groupe et le couple pendant que les autres déclinaient poliment les propositions.

Le repas se termina sans trop de fausses notes, si ce n'était que le groupe de jeunes commençant à abuser de la boisson. L'aubergiste leur retira d'ailleurs les consommations et ils furent invités à aller prendre un bon bol d'air frais pour se remettre les idées en place. Rassuré de les savoir dehors, mais surtout loin de lui, Dejun remercia le couple pour le diner et s'éclipsa dans sa chambre. Il se glissa dans un pyjama, puis sous les couettes épaisses et ferma les yeux. Il pensait avoir du mal à s'endormir dans un lieu inconnu, mais il s'y sentait tellement bien, comme si cet endroit était fait pour lui, qu'il plongea dans le monde des rêves à peine sa tête eut-elle touchée l'oreiller.

Cependant, et au grand désarroi de l'oméga, son repos fut troublé peu de temps après. Il entendait des éclats de voix provenant de l'extérieur de l'auberge et montant en agressivité. Curieux malgré lui, Dejun se faufila jusqu'à sa fenêtre pour voir de quoi il retournait et il soupira. Ces jeunes étaient vraiment des imbéciles finis et lui n'était pas vraiment mieux.


Nda :

Je vous souhaite un très bon week-end et j'espère que vous avez passé une bonne lecture. N'hésitez pas à me donner votre avis :)

Dalion~ Kiss :3

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