Chapitre 17
Il avait fui comme un lâche. Encore. Dejun enfonça la tête dans l'oreiller en retenant un hurlement de colère. Il ne se supportait plus, déjà qu'il ne se comprenait plus, ça n'allait pas arranger les choses. La veille, alors que tout se passait merveilleusement bien et qu'il avait l'opportunité de découvrir ce que cela faisait d'embrasser cet alpha qui lui faisait perdre la tête, il avait fallu que ses chaleurs se manifestent. Pas assez pour dire qu'il était en chaleur, mais assez pour prédire leur arrivée dans les deux jours suivants. La brusque chaleur l'avait décontenancé et le changement soudain dans son odeur avait alerté l'Alpha. Il avait vu que Johnny prenait sur lui pour ne rien dire et rester à distance. Il en était à la fois reconnaissant et en même temps il se sentait insulté.
C'était ridicule. Johnny tenait à avoir son accord pour tout, il respectait ses désirs et envies plus que personne ne l'avait jamais fait ce qui permettait à Dejun de se sentir en sécurité à ses côtés. Pourtant, le fait que le dominant se soit éloigné comme de rien l'avait vexé. Si ses chaleurs n'étaient pas suffisantes pour que Johnny ait envie de lui alors rien ne le pourrait et cela lui faisait mal. Évidemment il ne voulait pas que le chef de meute lui saute dessus, mais...
— Je suis un abruti fini, grogna Dejun contre son oreiller.
Mais il attendait une réaction autre. Une proposition ou un baiser d'invitation peut-être, mais pas à ce qu'ils rentrent au village et retournent chacun dans leur chambre. Après tout ça Dejun n'avait même pas eu l'occasion d'aborder les sujets qui l'ennuyaient et maintenant il en avait un de plus. Le jeune homme soupira et tourna le visage vers les volets fermés de la fenêtre de sa chambre, la joue écrasée contre le moelleux du coussin. Il devait retrouver le trio infernal pour aller en ville, mais il n'en avait pas la motivation, il avait l'impression d'avoir vécu plusieurs vies depuis sa dernière incursion en ville.
La porte de la chambre s'ouvrit sur Jungwoo accompagné de deux loups et ils vinrent tous se jeter d'un même mouvement sur le lit. L'air quitta brusquement les poumons de Dejun qui se retrouva enseveli sous un amas de muscles et de poils. Le prédateur blanc s'empressa de lui lécher joyeusement le visage tandis que le noir fourrait sa truffe humide dans son cou sensible d'humain. L'oméga ne put se retenir plus longtemps d'éclater de rire et tenta de se soustraire, sans succès, aux démonstrations d'affection de ses cadets.
— D'accord, d'accord, rit le jeune homme. J'ai compris, je me lève !
Les loups jappèrent de contentement et sautèrent au bas du lit en battant de la queue. Jungwoo les fit sortir de la pièce et tourna le dos à Dejun pendant que celui-ci se changeait et allait se passer un gant de toilette sur le visage. Le comptable jetait de temps à autre des coups d'œil à son cadet, inquiet. Il voyait que Jungwoo avait des choses sur le cœur et qu'il ne se sentait pas très bien, mais il ne savait pas comment engager la conversation.
— Comment tu vas Jungwoo ? On n'a pas vraiment eu le temps de parler hier avec les essais capillaires de Jaemin.
Le rappel du nid de poussin jaune sur le crâne de l'alpha eut le mérite de soutirer un sourire au châtain qui battit des jambes. De gros cernes s'étiraient sous ses yeux et il avait l'air particulièrement fatigué, une chose étonnante pour le jeune adulte plein de vie qu'il était habituellement.
— Ça va aller, ne t'en fais pas, sourit le jeune homme. J'ai juste mal dormi cette nuit. On devrait y aller, Nono et Nana vont être intenables si on ne va pas rapidement les rejoindre.
Dejun esquissa une petite moue déçue, son ami ne voulait pas lui parler. Peut-être aussi qu'il avait été trop ambitieux, après tout cela ne faisait pas encore deux semaines qu'il se connaissait. Dejun posa tout de même sa main sur l'épaule du plus jeune et lui sourit doucement.
— Je ne veux pas m'imposer, mais si tu as besoin de parler je suis là, je t'écouterai avec plaisir, d'accord ?
— Je sais et je t'en parlerai, c'est promis. C'est juste que... je ne sais pas ce que je dois faire et penser pour l'instant... j'ai encore besoin d'y réfléchir un peu tout seul avant d'en parler à quelqu'un.
— Je comprends, alors allons-y avant que les monstres ne mettent la maison sens dessus dessous. D'ailleurs pourquoi ils sont sous leur forme de loup ? On va en ville, ce n'est pas discret du tout.
— Oh ça, Nana ne veut pas que quelqu'un puisse voir son joli jaune poussin, ricana Jungwoo. Il refuse de prendre forme humaine jusqu'à ce qu'il soit chez le coiffeur et Nono... bah, j'ai arrêté de me poser la question, ils font toujours tout ensemble alors ça ne change pas de d'habitude.
Dejun hésita pendant un court instant à demander si ce qu'il y avait entre les deux alphas était purement fraternel ou s'il y avait plus, mais il se retint. Ça ne le regardait pas, il n'avait pas à se renseigner sur la vie privée de ses cadets. Il avait un problème un peu plus prioritaire à gérer.
— Jungwoo, est-ce que tu sens un truc bizarre sur moi ?
— Non, répondit le frisé en le reniflant rapidement, juste que tu vas avoir tes chaleurs dans très peu de temps. Tu sens le miel, c'est très sucré.
Dépité, Dejun tenta de se sentir lui-même, mais ne remarqua rien de particulier. Cependant il faisait confiance à son ami et n'avait pas envie d'attirer tous les loups des environs avec son odeur et ses phéromones.
— Tu m'attends une minute ? Je vous rejoins dehors.
Il partit dans la salle de bain de la maison en quête d'une odeur à superposer à la sienne sans succès. En dernier recours il se rendit dans le bureau de l'Alpha et toqua rapidement à la porte. Johnny l'invita à entrer sans lever les yeux de ses papiers, mais Dejun le vit se figer après avoir pris une bouffée d'air. Visiblement le nez du dominant était plus fin que celui de Jungwoo.
— Désolé de te déranger, je voulais savoir si je pouvais t'emprunter ton parfum... Jungwoo m'a dit que mon odeur était plutôt forte et je n'ai pas trop envie d'attirer l'attention...
— Personne ne te portera d'attention déplacée ici, je te l'ai promis.
Dejun se tortilla sur place, gêné.
— En fait, je vais en ville, c'est pour ça...
— Avec qui ? Ce n'est pas pour te surveiller, se défendit aussitôt Johnny. Juste que je fasse une évaluation rapide des problèmes que vous risquez de rencontrer.
— Jungwoo, Jaemin et Jeno, on va chez le coiffeur.
Johnny soupira et se frotta les yeux.
— D'un côté je suis rassuré, ces trois-là ne laisseront rien t'arriver s'ils peuvent l'éviter. D'un autre, ce sont des nids à problèmes et je vais avoir encore une montagne de travail pour gérer ça. Très bien allez-y, mais respectez le couvre-feu. Soyez de retour pour vingt-et-une heures maximum.
— Le couvre-feu ? Pour quoi faire ?
— Tu n'as pas besoin de t'en faire, je te demande juste d'être là avec les trois autres à l'heure, d'accord ? Je vais te prêter mon parfum et te donner mon numéro de téléphone. Appelle ou envoie un message si tu as le moindre problème.
— Mon téléphone ne fonctionne pas ici...
Il avait voulu appeler Taeyong lorsque Johnny lui avait ramené ses affaires de l'hôtel, mais il avait dû se rendre à l'évidence, il n'avait pas de réseau dans cette forêt. Le chef de meute claqua sa langue conter son palais et farfouilla dans ses tiroirs pour lui donner un téléphone. Il tapota dessus rapidement, certainement pour y entrer son propre numéro et lui tendit le mobile.
— Il n'est pas tout jeune, mais il fonctionne et a un forfait avec un opérateur qui passe dans la zone. Je t'ai aussi mis le numéro de Jaehyun si tu en as besoin, même si je préférerais que tu passes directement par moi.
— Est-ce que je pourrais aussi m'en servir aussi pour appeler un ami ? Je lui avais promis de lui donner des nouvelles, mais ça va faire deux semaines et je ne l'ai pas fait, il va s'inquiéter et je m'en veux un peu...
— Un ami ?
— Le seul que j'ai en ville pour tout dire, murmura faiblement Dejun. C'est aussi un collègue de travail et on s'entend bien.
— Pardon, je ne voulais pas être aussi intrusif. C'est juste que...
Johnny se leva de sa chaise et vint se poster juste devant l'oméga. Il le prit dans ses bras et glissa son nez dans le cou de Dejun qui se figea. Johnny ne fit rien de plus qu'inspirer profondément, mais quand il se recula, son regard avait la couleur de l'or et sa voix était plus grave.
— Ton odeur me déconcentre un peu pour être honnête. Je t'apporte mon parfum tout de suite, ne bouge pas de là.
Dejun ne sut s'il devait se sentir flatté ou vexé par les paroles du blond et il se renfrogna. Ce manque de confiance en soi qu'il avait était une véritable plaie, pour chaque chose positive il ne pouvait s'empêcher de penser à son exact contraire. Ses phéromones avaient semblé plaire à Johnny, mais peut-être était-ce exactement l'inverse. Peut-être que ce n'était pas parce qu'il craignait de lui sauter dessus qu'il s'était éloigné, mais plutôt parce qu'elles lui donnaient la nausée. Il ne savait pas et cela le rongeait. Pour autant il n'était pas assez courageux pour poser la question alors il s'aspergea simplement du parfum qui lui tendait le chef de meute avant de tourner les talons.
— Dejun ?
L'oméga se figea, la main sur la poignée de la porte. Il entendit des pas approcher dans son dos puis une main se posa avec délicatesse sur son épaule.
— Dejun, regarde-moi s'il te plait, souffla Johnny.
Le jeune homme rentra la tête dans les épaules et refusa de se retourner, il ne voulait pas que le dominant puisse voir sa lèvre inférieure tremblotante et ses yeux humides. Johnny expira lentement puis se colla au dos de l'oméga. Il l'enlaça doucement et ses mains vinrent se croiser sur le ventre de Dejun qui retint son souffle.
— Dis-moi ce qui ne va pas, je sens que je t'ai blessé. Je n'en avais pas l'intention.
— Est-ce que mon odeur est si désagréable qu'elle te dérange ? murmura le brunet.
Il sentit les bras de l'Alpha se resserrer autour de lui et le visage du blond se glissa dans son cou.
— C'est tout le contraire Dejun, elle me donne envie de te croquer tout cru, mais ça ne se fait pas trop. Je ne veux pas te faire fuir, ni que les trois monstres viennent se plaindre que je t'ai empêché de les accompagner en ville.
— Alors tu...
L'oméga se retourna et Johnny se recula pour lui laisser un peu d'espace. Cependant cela ne l'empêcha pas de caresser la joue de Dejun de la pulpe de son pouce ni de le dévorer du regard. Dejun se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux et il se retrouva incapable de terminer sa phrase. Le chef de meute sourit, amusé, et déposa un léger baiser au coin de ses lèvres.
— Je te propose qu'on termine cette discussion après ta sortie en ville. Si tu m'en laisses l'opportunité, je te prouverai de toutes les manières possibles qu'il n'y a rien que je trouve désagréable chez toi, souffla Johnny. J'aime bien que tu portes mon parfum, mais je préfèrerais que ta peau s'imprègne de mon odeur d'une autre façon.
Muet, Dejun écarquilla les yeux. Il avait les jambes comme du coton et quand Johnny effleura sa bouche de la sienne, il crut qu'il allait tomber au sol. Il entendait son cœur tambouriner à ses oreilles avec la force d'un orchestre, toute la maison devait en avoir conscience. Les joues écarlates, il bafouilla rapidement un « bonne journée » à l'Alpha qui le laissa partir dans un éclat de rire. Dejun se tapota le visage en traversant la maison dans le sens inverse, il espérait que les plus jeunes n'avaient rien entendu, mais il sut qu'il se faisait des illusions quand il les rejoignit et qu'ils arboraient tous les trois un air fripon. Il n'y avait aucune chance pour qu'ils le laissent en paix.
Nda :
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre, n'hésitez pas à me partager votre avis !
Dalion~ Kiss :3
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