Chapitre 7

Une fois la journée terminée, je me sentis enfin totalement libre.

Je suis sortie du lycée et je tourne au coin de la rue pour me réfugier au bar tabac en attendant ma sœur.

Je m'assis à une table en jouant sur mon portable.

- Salut ! T'es mineure ?

Je lève la tête de mon téléphone pour regarder et répondre à la personne.

Un serveur ! Un jeune, genre 18 ans, grand, musclé, la peau mate, brun crépu et un air avenant plaqué sur le visage. 

- Salut ! non, je suis lycéenne. Plus grand monde de nos jours travaille à la mine. Enfin j'ose l'espérer, hein !

J'avais pris un ton pince-sans-rire. En disant cela je pensais : " Il n'y a jamais de nouveaux par ici. Ce gars doit connaître tout le monde. Il y a visiblement que des habitués car il tutoie direct. "

- Mais c'est que t'es une drôle toi ! Tu savais que ce genre d'endroit est interdit aux mineurs puisque l'on vend de l'alcool ?

- Ah.

- Mais tu sais si je virais ici toutes les personnes qui sont mineurs, entre nous, le chiffre d'affaire diminuerait de moitié. Je dis rien souvent, je laisse passer. Je fais genre de pas voir la tête du client et puis c'est tout. C'est juste qu'il ne faut pas que ça se communique à la hiérarchie. Tu n'aurais, de toute façon, aucun intérêt à t'en plaindre, n'est-ce pas ?

- Tout à fait.

- Une boisson chaude, froide ou un truc à manger ? Tu viens pour obtenir une clope peut-être ? Il y a des petits jeunes qui viennent dans l'espoir qu'on leur en fournissent. Ne crois pas cela. Je veux bien admettre que je fais des choses contre le règlement mais je tiens quand même à mon travail.

- Non merci. Un ice tea et un coca pour ma sœur à la rigueur s'il te plaît.

Le mec serveur me regarda puis toisa les places vides autour de moi tour à tour, avec l'air de dire : " mais elle n'est pas toute seule dans sa tête ou quoi ? Je ne vois personne avec elle."

Alors j'ajoutais :

- Ma sœur ne va pas tarder à me rejoindre. Elle sort de cours.

Je n'ai pas envie qu'il croit qu'il y a quelqu'un dans ma tête ou que je parle avec moi-même. Je tiens à mon image même si je ne veux sympathiser avec personne.

- Eh mais sans indiscrétion, dis-moi ! t'es nouvelle ici à mon avis ?! J'connais tout le monde ici sauf toi.

- Ouais je m'appelle Dévone. dis-je sans grand enthousiasme. 

Pas très envie de sympathiser, je le rappelle. Même si je le dirai pas ! les gens se vexent d'un rien alors, faut faire attention.

- Cool ! Moi c'est Sasha. Je travaille ici depuis 1 an et demi. C'est un bled paumé ici, hein tu trouves pas ?

- Ouais grave ! dis-je en feignant d'être intéressée par ce qu'il dit.

Sasha sortit une clope de sa poche et me proposa :

- Est-ce que tu as un briquet ? J'ai oublié le mien chez moi.

- Alors toi qui ne voulais pas fournir des clopes aux jeunes comme tu dis, tu oserais leur demander un briquet ?

- Toute façon si ce n'est pas moi qui leur en donne, ils trouvent toujours le moyen d'en obtenir. Beaucoup ont donc déjà ce qu'il faut avec un briquet sur eux.

- J'fume pas !

- Ah pas grave ! J'croyais.

D'un ton pas en colère mais très légèrement inquisiteur, je lui dis :

- Ça veux dire quoi ça ? J'ai une tête de fumeuse moi ?

- Non, non ! rétorqua-t-il confus, mais à ton âge ici tout le monde fume ou commence en tout cas.

- Euh... OK ! J'suis nouvelle dans le coin mais s'il y a une chose que la plupart d'entre vous devrait savoir sur moi, c'est que je ne suis pas et je ne fais pas comme tout le monde. Je refuse qu'on me colle cette étiquette à tort. Je ne ferai jamais quelque chose pour faire comme tout le monde.

J'avais dis cela d'un ton calme mais ferme.

- OK, OK !...

À ce moment là, la sonnette placée au-dessus de la porte du bar, retentit. Signe que quelqu'un entre dans la pièce.

- Evy ! À ta gauche, je suis là. Lui dis-je quand je vis que c'est elle qui venait d'entrer.

Une fois qu'elle m'eût entendu et aperçu, elle s'installa sur la place libre devant moi.

Elle regarda ensuite le serveur avec des yeux interrogateurs, elle se demandait sans doute qu'est-ce qu'il fichait là, à parler avec moi. Elle savait ce n'était pas mon genre d'aller voir quelqu'un que je ne connais pas pour lui parler de la pluie et du beau temps. Je suis souvent dans ma bulle, renfermée sur moi-même. Ça, Evy le sait.

- Ok, bon bah, je vais te chercher ça ! De l'eau gazeuse et un coca, c'est ça ? Me demanda Sasha.

- Non ! Coca, ice tea s'il te plaît !

- Oui c'est vrai ! Je me souviens.

Puis il partit enfin. " Pas méchant mais bavard ce gars. pensais-je. "

- Je rêve ou tu parlais avec lui ? Me demande Evy, ébaubie.

- C'est lui qui me parlait, pas moi, nuances. Je me contentais d'acquiescer à ce qu'ill disait.

- Ah ! soupira Evy en feignant d'être soulagée réellement. Je me disais aussi que sinon ça aurait voulu dire que ma Dévone à moi aurait été enlevée par des extraterrestres.

- Ouais ! C'est sûr, j'irai jamais parler à quelqu'un, de mon plein gré. Et tu vois, le serveur, j'ai crus à un moment donné, quand il m'a demandé un briquet pour sa clope, qu'il essayait de me draguer. Je l'ai vite rembarrée.

- Mais non ! Arrête de voir le mal partout. Si ça s'trouve il avait réellement pas de briquet pour allumer sa cigarette.

- Non, non ! J'm'y connais ! Crois-moi ! L'excuse du gars qui a oublié son briquet c'est typique d'une tentative de drague. Je dis bien tentative : ça ne fonctionne jamais. " La technique briquet oublié " c'est pour voir si la personne de t'essaies de draguer fume aussi donc si elle a les mêmes points communs que toi.

- Uoou uu ! siffla ma sœur. Tu t'y connais dis-donc, c'est louche.

Elle me jeta un regard taquin mais je lui répondis du tac au tac :

- Bien sûr que non ! Tout monde sait ça.

Le sujet de cette conversation fut clos par l'arrivée des boissons. Evy était contente que j'ai pensée à lui prendre un truc à boire. Je lui demandais ensuite comment c'était passé sa journée.

Elle me répondit avec une petite moue au coin de la bouche que c'était une journée normale dans un nouveau collège, sans plus.

Elle rajouta tout de même que certaines filles lui paraissaient sympas dans sa classe et qu'elle aimerait bien devenir amies avec.

17h, nos verres enfin vide, je paye l'addition (avec le peu d'argent que j'économise et reçois de mon père chaque mois) et nous partons du bar pour monter dans le bus.
Evy voulait s'asseoir à côté de moi et je n'eus pas le cœur de refuser.

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