Chapitre 3
Je suis dans le bus, écouteurs noirs sur les oreilles. Je me suis levée et préparée ce matin en essayant de pas appréhender cette rentrée.
J'arbore pour ce jour si particulier un sweat à capuche blanc uni, un jean classique et des Converses noires.
Dans mes oreilles, les écouteurs diffusent du rap. Ils sont reliés à mon téléphone que j'ai réussi à choper en douce avant de partir sans que papa s'en aperçoive. Mais bien évidemment, Evy, qui est dans le même bus que moi, s'est rendue compte que je l'avais pris quand j'ai été obligé de le sortir de ma poche pour envoyer un SMS à mes amis. Je lui ai alors dit en baissant le volume de la musique dans mes oreilles :
– C'est quitte ou double, tu dis rien à papa et en échange je m'arrange pour choper tous les jours ton portable, avec le mien, en douce.
Elle plongea une main dans la poche de sa veste, eut un sourire narquois et dit, tout en sortant de sa poche son portable :
– Y a pas que toi qui a eu cette idée et l'a réussi. Seulement, moi, je comptais me rendre à l'arrière du bus pour pas que tu me vois sortir mon téléphone.
- Ouais, bon ! On est quitte alors, tu dis rien, je dis rien. lui lançais-je.
- Oui, on peut dire ça. On verra qui se fera attraper en première par papa. Dernière chose : tu sais que je n'aime pas le chantage et ça ne marche pas avec moi.
Evy se mit à la recherche d'une place sans attendre ma réaction.
– Ma phrase de chantage était rhétorique. lui dis-je. Au cas où tu n'aurais pas compris, ça veut dire qu'elle ne demandait pas de réponse. Je t'aime ma sœur. Pas besoin de préciser que cette phrase était ironique cette fois ? Si ? Ah ben mince, je pensais que tu avais compris.
Évidemment je pensais pas la dernière chose que j'ai dite et ma sœur l'avait très bien compris. C'était du sarcasme et ma sœur connaît bien mon caractère. C'est une sorte de langage codé entre sœurs fusionnelles !
Toujours au milieu de l'allée du bus pour chercher une place, Evy se retourna et me regarda, une lueur amusée dans les yeux en me disant avec une sincérité cachée (comme je viens de le faire avec elle) :
– Oh tu ne peux pas savoir comment je t'aime ! Ton caractère et des plus déplaisant, j'adore.
Traduction : Je t'aime vraiment ! Ne change pas, reste comme tu es, je t'adore !
Alors je lui dis :
– Je partage le même avis que toi pour une fois. Tu deviens à forte à ce petit jeu-là.
Je lui fis un clin d'œil complice et elle alla s'asseoir avant que le bus démarre.
Oui, en réalité on est très fusionnelles. C'est pour ça qu'on se taquine un peu, ça nous manquerait si l'une de nous deux n'existait pas. Ma sœur c'est comme ma petite chieuse préférée. Ça ne m'empêche pas de l'aimer quand même. Je pense que c'est pareil pour elle, elle me considère de la même manière.
Je remets la musique à fond dans mes écouteurs.
Juste avant que les portes du bus se referme et démarre, un garçon y entre. Il doit avoir un peu près mon âge.
La seule place de libre qui reste est à côté de moi. J'y ai posé mon sac. Je ne vais pas avoir d'autres choix que de le poser par terre pour laisser la place. J'aime bien être dans ma bulle et que personne ne s'assoit à côté de moi dans un bus. Mais là, c'est obligé : il reste qu'une place, alors je ne vais pas me la jouer radine.
Je pose mon sac à mes pieds, à contrecœur. Le gars voyant à cet instant que c'était la seule place de libre, s'installa ici.
Il me regarde de ses yeux perçants, très clair à en devenir quasi déconcertant mais ne dit rien. Il est d'une apparence nonchalante, renfermé et visiblement pas bavard. Maintenant qu'il est à côté de moi, je me rends compte qu'il très grand au fait, près d'un mètre quatre-vingt-dix. Je ne fais qu'un mètre soixante cinq en comparaison.
Ses cheveux brun foncé presque noirs et ébouriffés donnèrent l'impression qu'il ne s'est pas coiffé ce matin. Il cessa de me regarder en détournant la tête et prit lui aussi son téléphone dans sa poche.
Je retournais dans mes pensées. À ce moment mon portable se mit à vibrer, je regardais la notification. C'est un message de mon amie Charlie. Je lui ai demandé de ses nouvelles ce matin. Elle m'a répondu :
Alexandra est une de mes potes aussi. Je suis contente que Charlie m'ait répondu. Je suis contente qu'elle s'amuse. Mais comme c'est sans moi, j'ai l'impression d'être de trop dans sa vie.
Je ne sais pas comment décrire ce sentiment... En fait, si ! Je suis jalouse, OK. Mais c'est dur de me l'avouer à moi-même. Je me convaincs en me disant que c'est normal d'être jalouse dès fois.
Je répondis donc à sa question sincèrement par :
Autant être sincère, honnête et franche avec ses amies. Et elles pourront m'aider à me sentir moins seule.
La réponse de Charlie ne tarda pas à arriver quelques minutes plus tard :
Au moins elle essai de me réconforter et c'est gentil de sa part, mais je ne crois pas qu'on puisse se revoir étant donné qu'elle est à l'autre bout du monde (enfin c'est presque ça, je suis dans le sud elle est dans le nord près de Paris.) Oui je suis parisienne de base et cette campagne pommée dans laquelle je suis, je n'aime pas du tout.
Le bus s'arrêta, je lève la tête de mon portable et découvre par la fenêtre un établissement de trois étages (en comptant le rez-de-chaussée). Sur lequel il y a un panneau avec écrit : " LYCÉE DE SANERO " en lettres majuscules d'imprimerie.
Pour clore la conversation avec Charlie, je lui envoie un :
Certains commencent déjà à détacher leurs ceintures de sécurité. Le gars qui était à côté de moi n'est plus là. Il n'a pas été embêtant, pas bavard, ça m'arrange ! je n'ai aucune envie de faire des efforts d'intégration ici.
Moi, pas pressée, je regarde de l'autre côté de la rue. Un autre bâtiment identique en tout point au lycée s'y dressait à une différence près : sur le panneau fixé au mur il y a d'écrit : " COLLÈGE DE SANERO" en lettres majuscules d'imprimerie. C'est là que doit se rendre ma sœur.
Je détache ma ceinture et me lève de mon siège. Je pris mon sac situé à mes pieds et le déposais sur mes épaules.
Ma petite Evy était derrière moi à la descente du bus. J'en profitais pour lui glisser un mot :
– Courage ! On se retrouve ce soir. Tu sais à quelle heure tu finis ?
– Papa m'a dit que je finissais à 16h30 et le bus passe à 17h.
– Ok, moi je finis à 16h15 le lundi et les autres jours à 16h50. Les mercredis par contre je finis à 13h, donc je mangerai au lycée. Ne m'attends pas du coup ces jours-là. Aujourd'hui, je t'attendrai près du mini bar tabac, là-bas, au coin de la rue. On papotera en attendant que le bus arrive.
Elle hocha la tête :
– Je finis tous les jours à la même heure sauf les mercredis où c'est à midi. me dit-elle.
Nos chemins se séparèrent là.
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