Une fois devant le loup, Jimmy tendit une de ses mains vers le front de l'animal qui ne parut pas hostile. Il me faisait peur tout de même. Étais-je la seule ? 

Quand sa main entra en contact avec le pelage du loup, je crus qu'un meurtre allait avoir lieu. Un humain qui touche un loup à de quoi réveiller son instinct de prédateur. Et l'humain se fait déchiqueter. 

Mais là, non ! Je jure que là, le loup est en train de fermer les yeux en savourant les caresses que lui fait Jimmy à la tête. 

- Ne fais pas ça ! lui ordonnais-je en murmurant et m'efforçant de rester calme. 

- Je sais que tu as peur mais il n'y a aucune raison ! Je connais ces bêtes. 

- Bien sûr qui si, Jimmy ! Il y a des centaines de raisons d'avoir peur. C'est un loup ! Suis-je folle ou c'est toi qui l'est ? Lui demandais-je sérieusement. C'est vraiment un loup ? Ou est-ce un chien-loup habitué à ta présence, comme le supposerait mon père ?

Ma peur était à présent mélangée à de l'angoisse, de l'agacement, puis de l'incompréhension.

- C'est une louve ! Peut-être sommes-nous tous les deux fous ? Pourquoi pas ? Qui n'est pas fou ? dit Jimmy qui continuait à caresser la bête qui n'avait ni bouger, ni changer d'expression. 

Jimmy arborait une expression épanoui en regardant la bête d'une blancheur éclatante. "Comment peut-il savoir que c'est une louve en la regardant simplement ? pensais-je."

- Je rigole pas Jimmy ! Recule ! Elle pourrait être dangereuse ! C'est la meilleure ça, c'est une louve ! UNE LOUVE !

- Non. dit-il de sa voix calme, neutre. Toi, approches ! 

- T'es malade ! lui dis-je. Tu veux qu'on meurt. 

En prononçant ces paroles, je vis que Jimmy c'était raidit.

- Ne me dis plus jamais ça ! Tu entends !

La louve remua la tête sous les doigt de Jimmy comme pour lui intimer de se calmer et de continuer à la caresser.

C'est d'ailleurs ce qu'il fit. 

A cet instant je me demandais qu'est-ce que je faisais encore ici ? Rien ne m'empêchais de m'en aller. Laisser Jimmy ici n'est pas un crime. Il tient tellement à rester avec la louve. Ce n'est pas mon problème. Au tout départ, je n'arrivais pas à fuir, paralysée par la peur. Mais maintenant, Jimmy distrait la bête, alors je peux partir.

Je dis à Jimmy en choisissant bien mes mots :

- Désolée si je t'ai blessé ! Ce n'était pas mon intention ! Je te laisse ! J'veux continuer mon chemin et cet endroit ne m'aspire pas confiance alors je vais le quitter. Par contre, il est hors de question que tu révèles ça à qui que ce soit. Sinon je ne donne pas cher de ta peau... Une louve. répétais-je pour moi-même au comble de l'abasourdissement.

- Pas besoin ! Je dirai rien ! Tout le monde à ses peurs !

- Qui te dit que j'ai peur. Je t'ai juste dit que ça ne m'aspirais pas confiance.

- Tu tremblais tout à l'heure ! dit-il d'un ton détaché, sans aucune moquerie, pour lui ce n'est qu'une constatation. Tu peux me l'avouer, me le dire franchement, ça m'est égal. En tout cas, tu peux te rassurer. Je ne dirai rien.

Il fit une courte pause pour regarder l'animal et me dit :

- Viens ! Viens ! Je t'assure qu'elle ne te fera pas de mal. Je connais bien cet animal. N'aie pas peur ! Il ne t'arrivera aucun mal ! Aies confiance en elle.

Ma curiosité était piquée. Il connaît cet animal ? Un loup domestique que sa famille a elevé ou un truc du genre ? Ces questions restaient bloquées dans ma gorge et je sentais que j'avais besoin de réponses. Peut-être qu'après une dernière folie j'arrêterai de me croire folle, à voir des loups partout – jusque, parfois, dans mon sommeil, dans des rêves étranges – depuis que j'ai croisé le premier loup sur ce chemin ?

Suite à ce que je m'apprêtais à faire je jure que j'avais l'impression d'être dans un rêve justement. Et cette fois, je n'avais plus peur. Quelque chose me disais qu'il fallait que j'obéisse. Je me laissais absorber par ces paroles en finissant par y croire. C'était indescriptible !