Chapitre 6
Mais où était-elle passé ? Elle avait complètement disparue du camps. Caleb se rongea l'ongle du pouce. Elle pouvait être n'importe où, et il pouvait lui arriver n'importe quoi. Pourvu qu'elle ne se soit pas évanouie au milieu de nulle part ! L'île était si vaste, comment savoir où elle était ? Il tourna autours de lui-même, à la recherche d'une réponse magique gravée sur un arbre. Désirée ! Elle savait peut-être où elle était ! Il grimpa à l'échelle de Désirée et secoua son hamac. Elle grogna puis ouvrit les yeux. Elle le poussa et gromela :
- Fous-moi la paix Caleb !
- Myosotis est partie ! s'exclama-t-il, inquiet.
Elle replia son bras sur ses yeux.
- Et alors, elle fait ce qu'elle veut.
- Tu te rends compte des danger qu'elle court ?!
- Tu te rends compte qu'elle n'a plus 5 ans ?! Elle peut se débrouiller sans toi. Tu ne lui est pas indispensable.
Sur-ce elle se retourna et se rendormit. Il resta figé, puis descendit l'échelle d'un air absent. « Tu ne lui est pas indispensable. » Cette phrase passait en boucle dans son esprit. Bien sûr qu'il était indispensable, ça ne pouvait pas se faire autrement. S'il avait besoin d'elle, elle aussi avait besoin de lui. C'était logique. D'ailleurs, il était indispensable à toutes les personnes de ce camp. Sans lui, ils n'étaient rien. Parce que Caleb était important, et s'il disparaissait, ils seraient perdus. Du moins c'est ce qu'il tentait de se dire. Il s'enfonça dans la forêt sombre et croisa les doigts pour retrouver Myosotis.
Alertée par un grognement, Myosotis leva la tête et se trouva face à deux yeux gris étincelants, ainsi que des crocs retroussés. Elle leva les yeux au ciel, en espérant que ce soit une blague, et lorsqu'elle les baisserait de nouveau le loup aurait disparu. Perdu. Bon, il fallait se calmer. Ce genre d'animaux sentait la peur. Elle prit une grande inspiration, et tout doucement, elle s'inclina et tendit les bras et les paumes vers le loup.
- Tout doux, je ne te veux aucun mal. chuchota-t-elle.
Il répondit par un nouveau grognement et s'approcha d'elle. Elle recula d'un pas.
- Chuuut, tout va bien. Je vais partir tout doucement, et toi, tu ne vas pas bouger, ok ?
Elle recula d'un second pas. Le loup resta sur place en la fixant. Encore un pas en arrière. Il tendit les oreilles, mais resta immobile. Elle s'apprêtait à faire un nouveau pas quand elle son dos rencontra quelque chose de dur. Un torse. Elle poussa une exclamation de surprise, et le loup bondit vers elle. Une main l'attrapa et l'entraina en courant. Elle entendit les pas du loup derrière eux.
- Ne te retourne pas. Ca va te ralentir.
Elle écouta ce que lui disait le garçon. Ils gagnaient du terrain. L'herbe sèche craquaient sous leur pieds. « Non, pas ça. » Ils se retrouvèrent dans une impasse. Le loup n'allait pas tarder à les rejoindre. Elle tourna la tête vers le garçon qui lui tenait toujours la main.
- Le malade du premier jour ! s'écria-t-elle.
- Moi ? Un malade ? Je te rappelle que c'est toi qui m'as frappé sans aucune raison ! Je crois que des deux, c'est toi la malade !
Elle ouvrit la bouche pour répliquer seulement le loup était arrivé. Ils se plaquèrent contre la roche qui se trouvait derrière eux. Le loup montra ses crocs et grogna. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il avait prévenu tous ses amis afin qu'ils dégustent ensemble cet immense bonheur qu'était de dévorer deux âmes errantes.
- Si tu ne t'étais pas trouvé derrière moi à ce moment-là, rien de tout cela ne serait arrivé. murmura-t-elle.
Il tourna vers elle des yeux sincèrement étonné vers elle.
- Parce que c'est ma faute maintenant ? Je suis venu pour t'aider!
Elle leva les yeux au ciel.
- Et bien c'est raté.
- En même temps, si mademoiselle ne trainait pas toute seule le soir, on n'en serait pas là ! On ne t'a jamais appris les dangers de la forêt ?!
Les loups se rapprochaient de plus en plus d'eux.
- A cause de toi on va mourir.
- C'est de ta faute.
Les loups poussèrent un hurlement à percer les tympans. Ils étaient de plus en plus proches. Elle serra la main du garçon. Ils glissèrent le long de la roche au fur et à mesure que les loups avançaient.
- On est fait comme des rats. déclara la garçon.
- Non, sans blague ?
Seulement sa voix tremblait, comme tous les membres de son corps. Un pas et les loups étaient jusqu'à eux. « Je ne veux pas mourir. » songea-t-elle. Elle ferma les yeux, et quelque chose d'incroyable se produisit. Son esprit disparut de son corps pour laisser place à une nouvelle Myosotis. Ses pupilles se dilatèrent et des crocs poussèrent à la place de ses dents. Elle les montra et grogna, puis elle dit quelque chose qui n'était pas de leur langue. Non, c'était la langue des loups. Les animaux cuinèrent, s'inclinèrent puis partirent en jappant. La vraie Myosotis revint et son physique redevint normal. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit. Elle se tourna vers le garçon qui avait une mine interloquée.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu les as fait fuir ? demanda-t-elle.
- Attends, tu ne te souviens pas ?
Elle fronça les sourcils. Elle avait un trou noir.
- Non, pourquoi ?
- Tu t'es mise à parler la langue des loups ! Ils sont partis en courant ! C'était dingue ! Mon coeur a failli exploser !
Elle fronça encore plus les sourcils. Elle n'avait aucun souvenir de ce que venait de se passer. Cependant, en passant la langue sur ses dents, elle en sentit une plus pointue. Elle se releva et le garçon en fit de même.
- Je peux savoir pourquoi tu es venu m'aider ?
- J'ai entendu du bruit, alors je t'ai suivi.
- Tu n'aurais pas dû.
Elle lâcha sa main et avança.
- On devrait y aller avant que les autres se réveillent, je ne suis pas sûre qu'ils appréciraient de te voir en compagnie d'une horrible écorchée.
Il haussa les épaules.
- Je m'en moque tu sais.
Ils avancèrent dans le silence, avec pour seul bruit le craquement de l'herbe et le chant des sirènes.
- Merci. finit-elle par dire.
Certes, il l'avait mise plus en danger qu'autre chose, mais malgré tout il avait risqué sa vie pour lui venir en aide.
- C'est pas trop tôt ! s'exclama-t-il. Je ne savais même pas que ce mot pouvait sortir de ta bouche !
Elle lui lança un regard noir. Le garçon sourit, ce qui fit apparaître une fossette sur sa joue.
- Je m'appelle Gabin.
- Myosotis.
- Je peux savoir ce que tu faisais ici en pleine nuit, Myosotis ? demanda-t-il avec l'air de se délecter du son de son prénom sortant de sa bouche.
- Je cherchais les Perdus.
- Pourquoi ?
- Je veux comprendre ce qu'ils leur arrivent.
Il se stoppa et son visage s'assombrit.
- Il faut que tu saches que les Perdus n'apparaissaient que dans le camp des écorchés. Tu peux venir chez nous, tu seras beaucoup plus en sécurité.
Voilà qu'il lui ressortait ce discours ! Seulement elle commençait à y croire de plus en plus. Un sourire mélancolique fendit le visage de la jeune fille.
- C'est trop tard.
Quelque chose l'empêchait de quitter ce camp. Et ce quelque chose c'était Caleb.
Le garçon n'eut pas l'air de comprendre. Son visage exprimait un mélange de surprise et d'inquiétude.
Ils étaient arrivés au niveau de la barrière de fleurs.
- Je repasserais sûrement par ici. Au revoir Gabin, et merci pour tout. fit-elle d'un ton léger pour détendre l'atmosphère.
Il la regarda partir jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'un point noir dans la nuit.
Quand Myosotis arriva au camp, une lueur orangée apparaissait dans le ciel : le soleil. Elle aperçut Caleb qui discutait avec Désirée. Il avait l'air très sérieux, et même Désirée semblait inquiète. Elle s'avança vers eux. Quand ils la virent, l'un fit un poussa un grand soupir de soulagement et l'autre un sourire en coin. Je vous laisse deviner qui est qui.
- Le retour de l'enfant prodigue. déclara Désirée avant de s'éloigner.
- Myosotis ! Mais qu'est-ce qui t'as pris ! Pourquoi es-tu sortie ? Je t'ai chercher quasiment toute la nuit.
- Désolée. Je n'arrivais pas à dormir donc je suis sortie me balader un peu.
- Mais où étais-tu ? J'ai fais le tour de l'île ! Il ne t'ai rien arrivé au moins ?
Il ne valait mieux pas mentionner l'épisode des loups.
- Non, ne t'inquiète pas. Juste quelques ronces qui m'ont griffée.
Son visage se détendit mais sa mâchoire était toujours crispée. Il lui prit la main, et plongea son regard sombre dans le sien.
- Ne refais plus jamais ça. Si tu disparaissais, j'en mourrais.
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