Chapitre 3

Myosotis fut réveillée par un bruit sourd sur le palier de sa cabane. Elle faillit en tomber de son hamac. En ouvrant les yeux et en découvrant le plafond de bois, où du lierre apparaissait par endroit, elle mit du temps à se rappeler qu'elle était bien là, sur cette île. Elle aurait tellement voulu que ce soit un simple cauchemar. Elle soupira et sortit pour voir ce qui avait provoqué ce bruit. Elle trouva à ses pieds un petit paquet, emballé avec une sorte de papier brun et fermé à l'aide de branches. Elle arracha le papier et découvrit des vêtements noirs : son uniforme. Enfin des habits propres ! Elle s'habilla rapidement. Il y avait un morceau de tissus rectangulaire cousu sur son débardeur. Il représentait un coquelicot dont un pétale tombait. Ce pétale ressemblait à une goute de sang. Elle sortit de nouveau. Une vue magnifique s'offrait à elle : l'océan au loin, des arbres gigantesques, et même quelques oiseaux colorés que volaient par endroit. Puis ses yeux se baissèrent, et elle en eut la nausée. Si elle avait réussi à grimper ici, descendre était une autre affaire. Elle prit une grande inspiration.

- Allez la nouvelle, il faut descendre maintenant ! s'écria Désirée, dont le palier rejoignait celui de Myosotis.

Voyant qu'elle restait figée, elle soupira et fit un grand sourire.

- C'est pas compliqué. Tu poses ton pieds sur un échelon, et ta main sur celui au-dessus. Recommence l'opération jusqu'à ce que tu sois arrivée en bas et c'est terminé ! expliqua-t-elle comme si elle parlait à une débile mentale.

Myosotis fit semblant de rire.

- Et comment on fait comme on a la vertige, hein ? répliqua-t-elle avec amertume.

Désirée, qui était descendue jusqu'au milieu de l'échelle, haussa les épaules.

- Tu prends sur toi.

Avec des efforts surhumains, elle finit par réussir à descendre. Dire que certaines avaient des pouvoirs magiques et elle, elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose d'incroyable parce qu'elle avait descendu une échelle. Démoralisant.

- Oh, l'uniforme te va très bien. Tu es ravissante, comme à ton habitude.

Elle regarda Caleb d'un air étonné. D'habitude, elle n'était pas le genre de filles auxquelles on réservait ce genre de compliments. Comme son cerveau commençait à surchauffer car elle ne trouvait pas de réponse, elle pouffa niaisement. Décidément c'était de pire en pire. Il s'approcha et effleura le liseré d'or qui était situé en bas de son débardeur.

- Je demande au couturières d'apporter une note personnelle à chaque uniforme. J'ai trouvé que l'or te convenait bien.

Il fit un sourire énigmatique et se retourna afin de lui montrer un endroit un peu plus loin.

- C'est là qu'à lieu le déjeuner. On retrouve plus tard à l'arbre « Des larmes de cristal ».

Sur-ce il partit. Elle se dit qu'il devait sûrement faire référence à un saule pleureur et se dirigea vers le lieu qu'il lui avait indiqué.

L'arbre « Des larmes de cristal » était comme elle l'avait deviné un saule pleureur. Seulement celui-ci, à la place d'être vert, possédait des branches bleu ciel avec des feuilles d'un bleu pâle presque transparent. Elle n'avait jamais vu un arbre pareil dans le monde céleste.

- C'est partit pour la visite ! s'exclama Caleb.

Il partit vers un chemin sinueux.

- Comme tu es nouvelle et que tu n'as pas de pouvoirs pour l'instant, tu n'as pas de tâches. Mais saches que pour que le camps soit agréable tout le monde doit participer.

Elle hocha la tête. Il se stoppa dans sa marche.

- Ne dépasses jamais cette ligne de fleurs rouges. De un, leur contact crée des boutons. De 2, derrière cette ligne, c'est le clan des plumes d'argent.

Cette limite lui sembla vraiment fine, voir invisible.

- Qu'est-ce qu'il se passe si je dépasse la ligne ?

Son regard s'assombrit.

- On ne va jamais chez les plumes d'argent. C'est comme ça.

Son ton lui glaça le sang. Elle ne préféra pas insister. En passant à côté, elle crut voir des gens aux habits colorés vaquer à leurs occupations. Elle reconnut les vêtements du malade aux yeux bleus qu'elle avait rencontré hier. Elle détourna immédiatement le regard. Caleb lui montra les endroits où on pouvait cueillir les meilleures fruits, et ceux où on pouvait trouvé de l'eau sans se faire attraper par une sirène. Ils s'enfoncèrent encore plus dans la forêt. Il y avait tellement d'arbres qu'on ne distinguait presque plus le soleil. Face à eux se trouvait une oasis. Une étendue d'eau, parfaitement circulaire, qui venait d'apparaître face à eux comme par magie. L'eau aux éclats rosées semblait scintiller.

- L'eau la plus pure. commenta Caleb, avant d'ajouter : ce n'est pas pour ça qu'elle n'est pas infestée de ces fichues sirènes.

Il se tourna vers elle, cette expression que seule Caleb pouvait avoir. Une expression indescriptible, à la fois douce, mais étrangement mesquine derrière tout ça. Comme quelque chose de mal qui se cachait derrière toute cette tendresse.

- C'est le seul endroit de l'île où personne ne peut nous voir.

Il sourit encore plus, et ses yeux s'illuminèrent. Il lui attrapa la main.

- J'ai l'impression que tu es différente. Je sens de puissants pouvoirs en toi.

Pourquoi cette scène qui aurait dû être parfaite semblait si pesante ? Les oiseaux chantaient gaiements et le lieu était magnifique. Myosotis n'arrivait pas à trouver la source de son malaise. Par réflexe, elle retira doucement sa main de la sienne. Pour se changer les idées, elle se mit à chantonner dans sa tête, ce qu'elle faisait souvent quand elle était angoissée.

- J'adore cette chanson. déclara-t-il.

Elle se tourna vivement vers lui, les sourcils froncés. Avait-elle chanté tout haut ? Il éclata de rire.

- Je lis dans les pensées. expliqua-t-il.

Cette révélation renforça son malaise. Il dû le sentir car il demanda :

- Tu as peut-être des questions à me poser ?

Justement, elle en avait plein au sujet des Perdus. Pendant cette petite balade, elle avait eu tout le temps d'y réfléchir. Ce qui était arrivé aux garçons la veille, ce n'était pas une simple crise de nerf. C'était bien plus que ça. Ce n'était pas seulement psycologique, c'était aussi physique. Il n'avait plus le contrôle de lui-même.

- Oui, je voulais savoir où se trouvait les Perdus ? Et qu'est-ce qu'il leur arrivait.

Il soupira et son expression s'attrista.

- On ne sait pas vraiment pourquoi cela se manifeste. Nous avons beaucoup perdu d'amis à cause de ce phénomène. Nous sommes obligés de les mettre un peu à part, malheureusement, mais ce n'est pas dans le coin. Je te montrerais une prochaine fois.


***

Le garçon était perché sur la rambarde de sa cabane, équilibre. Il serrait contre son visage une paire de jumelles. Une main se posa sur son épaule. Elle appartenait à une fille à la peau mate et aux yeux bridés.

- Tu l'observes encore ? demanda-t-elle avec une voix enfantine qui tranchait avec son corps de jeune fille.

Il hocha la tête.

- Tu es vraiment bizarre par moment, je ne t'ai jamais vu flasher à ce point sur une fille.

Elle tira sur son tee-shirt.

- Tu ne veux pas plutôt venir jouer avec moi ? demanda-t-elle.

- Ce n'est pas que j'ai flasher sur elle. J'ai vraiment l'impression de la connaître. J'irais jouer avec toi quand j'en saurais plus sur elle.

Le fille soupira, car elle savait qu'il pouvait encore l'observer des heures durant.

***


- Qu'est-ce que vous avez contre les plumes d'argent ?

- Rien. C'est juste... que c'est mieux si on ne se fréquente pas.

- Pourquoi ?

Il soupira bien qu'il avait un immense sourire et un air amusé.

- Myo, tu poses trop de questions.

Elle haussa les épaules.

- Je suis curieuse, c'est tout.

- Disons qu'Anémone, leur chef, et moi, ne nous entendons pas très bien. Nos idées sont différentes. C'est comme ça, certaines personnes sont faites pour suivre leur chemin séparément.



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