Chapitre 22
Ils étaient assis tous les 4 en cercle sur le sable chaud. La marée leur ramenait des coquillages et l'autre côté de la rive, le vrai monde, semblait les appeler.
- Très bien. Commença Myosotis en chuchotant. 3 personnes sur 4 sont d'accord avec ce plan. Cependant, nous n'avons pas le temps de tergiverser dessus une éternité. S'il faut partir, il faut que nous construisions immédiatement les bateaux.
Gabin tapa le plat de sa main contre son front.
- Mais Myosotis, tu te rends compte de l'énorme risque que tu nous fais courir ? Quand ils remarqueront tout le bois que nous couperons pour les bateaux, ils se douteront forcement de quelque chose !
Elle soutint son regard bleu azur.
- Voyons, les contrôles sont beaucoup plus rares qu'à ton époque. Les gardes ne descendent presque jamais de leur tour. Ils entretiennent cette ambiance de terreur afin de nous empêcher d'entreprendre quelque chose. Mais nous sommes beaucoup plus forts qu'eux. Toutes les punitions ne sont que des rumeurs.
Gabin sembla vraiment énervé. Dans un excès de colère, il releva son tee-shirt blanc et dévoila son ventre, sur lequel était gravé une cicatrice en forme de rond. Mitsuki, soucieuse, posa sa main sur son bras.
- Et ça, c'est une rumeur peut-être ?
Myosotis ouvrit la bouche, déconcertée.
- Qu'est-ce que c'est ?
Il rabaissa son tee-shirt.
- La cicatrice qu'à laisser la balle qui a traversé mon ventre lors de ma tentative d'évasion.
- Je suis confuse, je ne savais pas. Dit-elle mal à l'aise.
Il plongea ses yeux dans les siens.
- Ce que je veux dire, c'est que c'est vraiment trop dangereux. Tu devrais abandonner cette idée.
Alors ça, il n'en était pas question ! Elle s'était donné trop de mal, avait couru trop de dangers pour faire marche arrière.
- Je sais que c'est possible. Je ne vous entrainerais pas avec moi si je n'étais pas sûre de moi. Déclara-t-elle.
Il parut désespéré et leva les yeux au ciel.
- C'est ça le problème ! Tu es complètement inconsciente ! C'est toi qui court le plus grand risque dans tout ça ! Tu ne te rends pas compte que tu es en train de devenir une Perdue ?! Tu veux devenir comme Blizzard, c'est ça ?
Puis il se tourna vers l'intéressée.
- Désolé, je n'ai rien contre toi Blizzard, c'est juste que...
- Je suis une Perdue, je sais. Le coupa-t-elle.
Elle attrapa la main de Mitsuki et se leva.
- Allons-y, ils ont besoin de parler à deux.
Elles s'éloignèrent, les laissant à deux. Myosotis, mal à l'aise, frottait son bras droit.
- Myosotis... souffla-t-il, se rendant compte de la dureté de ses mots.
- Je sais, tu as totalement raison. Je deviens une Perdue. Je me réveille la nuit et je ne me souviens plus qui je suis. Je le sais tout ça. L'île m'a volé une partie de mon être. Mais tu vois, malgré tout le danger qu'on risque de devoir traverser, tu penses vraiment que ça vaut le coup de rester ici ? Tu penses vraiment que c'est une vie ?
- Non.
- Nous sommes restés trop longtemps ici.
Elle se leva et se tourna face à la mer. Peu de temps après, il était à ses côtés.
- Le truc Myosotis, c'est que je m'inquiète toujours pour toi. J'ai toujours peur qu'il t'arrive quelque chose de mal. Alors, tu vois, tout ça, ça me met en colère. Je n'accepterais pas que tu deviennes une Perdue. Je ne veux pas te perdre, pour rien au monde.
Il serra ses poings. Elle glissa ses doigts entre les siens et lui sourit.
- On ne peut pas lutter contre le destin.
- Mais ce n'est pas ça notre destin. Notre destin c'est de faire de grandes choses, d'être libres.
Il y avait tant de colère dans ses propos. Myosotis, quant à elle, restait d'un calme à tout épreuve.
- Je crois que tu viens de trouver les réponses à tes questions. C'est pour ça que nous devons partir. Pour accomplir notre destin.
Elle détourna le regard de son visage pour observer l'horizon.
- Laisser tous les mauvais souvenirs derrière nous. S'éloigner de tout ça. Plein de belles choses nous attendent de l'autre côté. Une belle vie. Ce petit bout de terre perdu dans la mer, au loin. C'est ça notre avenir. Fit-elle.
Alors il resserra son étreinte, comme si la main de Myosotis était son dernier espoir, sa dernière bulle d'oxygène, sa dernière chance de vivre.
Ils finirent par se détacher l'un de l'autre.
- Il faut que j'ailles voir les sirènes.
Aussitôt dit, elle trempa ses pieds dans la mer.
- Myosotis ?
Elle se retourna.
- Oui ?
- Fais attention à toi.
Un grands sourire étira ses lèvres.
- Ne t'inquiète pas.
Elle avança plus profondément dans l'océan. Plus l'eau recouvrait son corps, plus ses jambes se recouvraient d'écailles. Elles finirent par former une queue de sirène et Myosotis s'enfonça dans les abysses maritimes. Une sirène aux écailles bleus la reconnut et vint rapidement à sa rencontre.
- Myosotis ! Ta brosse est géniale ! Regarde ça !
Elle lui montra sa longue chevelure soyeuse qui brillait de mille éclats.
- Heureuse que ça te plaise. Répondit-elle
La sirène passa son bras sous le sien.
- Nous t'attendions ! s'exclama-t-elle.
Elle l'entraina à sa suite et retrouvèrent un autre groupe de sirènes. Une fois tout le petit peuple amassé autour de Myosotis, celle-ci put leur dévoiler sa requête. Alors qu'elle leur racontait son plan, et vit leur front se plisser en un air sceptique. Une sirène avec une couronne d'algue s'avança vers elle. Elle devait sûrement être leur chef.
- Myosotis, nous te sommes très reconnaissantes pour ce que tu as fait, mais ça risque d'être très dur. Déclara-t-elle.
- S'il vous plait. Supplia-t-elle.
- Myosotis, nous ne faisons pas ça pour le plaisir. Les gardes nous retiennent ici, tu sais. Ils nous menacent constamment. Nous ne sommes pas des sirènes comme les autres. Nous sommes des sirènes qui ont commis des crimes, et cet océan est notre prison comme l'île est la vôtre. S'ils apprennent que je m'entretiens avec toi, je suis morte.
Myosotis ne voulait causer de problèmes à personne, mais il fallait absolument qu'ils partent. C'était une question de vie ou de mort.
- Ils ne le sauront pas.
La sirène sembla hésitante, et franchement embêtée. Elle se frotta la tête, l'air songeuse, soupira puis déclara :
- Demain à l'aube. C'est ta seule chance.
- Merci !
Elle la serra chaleureusement contre elle.
- Merci mille fois ! répéta-t-elle.
Elle dit au revoir à tout le monde puis s'éloigna afin de regagner la surface. Seulement, une fois partie, elle eut l'impression qu'il était impossible de remonter. Elle regarda ses jambes qui se dénuaient petit à petit de leurs écailles. Tout d'un coup, sa respiration se coupa et elle commença à s'étouffer. Ses poumons se mirent à la bruler et elle eut l'impression que les forces la quittaient. Elle ne maitrisait plus rien, ni ses pouvoirs, ni ses muscles, ni quoi que ce soit d'autre. Puis soudainement, ce fut doux. Une sensation de plénitude l'envahit alors que ses paupières se fermaient doucement. L'eau l'enveloppa dans un cocon douillet. Plus de peur, plus de danger, plus rien. Elle se sentait légère, libérée des poids de son quotidien.
Un doux sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle coulait, coulait, coulait. k
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