Chapitre 20


Elle se redressa vivement dans son lit. La lune brillait dans l'obscurité de la nuit et le silence régnait sur le camp. Tel un pantin contrôlé par on ne sait qui, Myosotis se leva et descendit l'échelle de sa chambre. Elle avança d'un pas mécanique et s'enfonça dans la forêt. Elle marchait les yeux fermés, endormie. La pierre de lune scintillait dans le creux de son cou. Pierre de lune qui n'avait aucun effet sur elle. Les crises de somnambulismes se répétaient et s'additionnaient. Elle se prit plusieurs fois les pieds dans des branchages et manqua de se prendre des arbres en pleine tête. Des craquements se faisaient entendre derrière elle, mais elle ne les entendait pas. Elle était dans un état second, en plein rêve.

- Myosotis ? fit une voix grave.

Elle se réveilla en un sursaut. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait ici. Elle distinguait l'ombre d'un garçon dans la nuit. Son cœur se mit à battre la chamade.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle paniquée.

Il avança d'un pas, elle recula.

- Mais Myosotis, c'est moi, Gabin.

Elle fit vivement non avec la tête.

- Non, impossible, je ne connais aucun Gabin. Répondit-elle d'une voix tremblante.

Elle n'avait aucuns souvenirs, elle savait à peine qui elle était. Cette soudaine amnésie la plongea dans un état d'effroi profond. Elle se mit à trembler de tout son corps. Il avança tout doucement, les bras devant lui et les mains tendues vers elle.

- Tout va bien Myosotis, ça va aller, je ne te veux aucun mal. Fit-il doucement pour ne pas l'effrayer.

- Allez-vous-en, laissez-moi tranquille, je ne vous connais pas. Bégaya-t-elle.

Bon sang, mais pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Elle resta figée par la peur, les yeux grands ouverts. Doucement, il se rapprocha d'elle et saisit ses poignets. Par reflexe, elle lui donna un coup de pied dans l'entre-jambe. Il lâcha un cri étouffé mais ne la lâcha pas. Il sourit.

- Je peux savoir pourquoi à chaque fois qu'on se retrouve en tête à tête tu es obligée de t'en prendre à mes bijoux de famille ?

- Je ne me souviens pas... dit-elle d'une voix plate.

Elle le regarda dans les yeux, cherchant là-dedans une quelconque familiarité, en vain.

- Mais de quoi te souviens-tu ?

- De rien.

Il lâcha ses poignets et recula d'un pas, l'air soucieux.

- Je, je me transforme en Perdue n'est-ce pas ? demanda-t-elle en s'efforçant de sourire.

Elle avait la gorge nouée, tout comme lui. Parce qu'au fond d'eux, ils savaient.

- Mais non... la rassura-t-il.

Petit à petit, des bribes de souvenirs revenaient.

- Tu es Gabin. Je suis une Plume d'argent. Et tu es mon ami. Récita-t-elle.

Il sourit.

- Oui, exact.

- Alors si tu es mon amie, sors-moi de cet Enfer.

Malgré l'obscurité, elle vit son visage se décomposer.

- Je ne peux pas.

Un nouveau craquement se fit entendre. Ils firent immédiatement volte-face vers l'origine du bruit. Elle ne reconnut pas le garçon qui se trouvait face à elle, mais un sentiment de dégoût l'envahit à sa vue. Le garçon étira ses lèvres en un sourire mesquin.

- Tiens tiens, Myosotis et Gabin, que c'est mignon.

- Dégage Caleb ! vociféra-t-il.

A l'entente de ce prénom, les souvenirs remontèrent à la surface.

- Donne-moi la fille et tu auras la vie sauve. Tu sais très bien que je suis plus puissant que toi.

Gabin se plaça devant Myosotis.

- Dans tes rêves.

Le sourire du garçon s'agrandit alors qu'il pointait sa main vers Gabin. Celui-ci ouvrit grand les yeux, fit demi-tour et partit d'une marche qui ressemblait à celle d'un robot.

- J'ai appris à contrôler les pensées. Expliqua-t-il.

Elle poussa un cri de rage et se jeta sur lui. Il bloqua son poing juste avant qu'il ne vienne rencontrer son visage.

- Tu oublies que je lis dans tes pensées ma belle.

- Ne m'appelle pas ma belle ! ordonna-t-elle.

Ils se regardèrent droit dans les yeux. Elle sentit alors des picotements dans sa tête. Elle devinait qu'il essayait de prendre possession d'elle. Elle fronça les sourcils, luttant contre cette force psychique malfaisante. La douleur lui vrillait le cerveau. Elle serra les dents.

- Laisse-toi faire. Souffla-t-il. Lâche prise, tout ira mieux.

Cette voix était si... ensorcelante. Elle avait la tête qui tournait et l'impression de tomber alors que ses pieds étaient fixés au sol.

- Tu... ne, m'auras, pas. Dit-elle avec difficulté.

- La lutte est bien trop dur, tu le sais très bien.

Elle rassembla ses forces et ferma les yeux, rompant le contact visuel, et donc le charme.

- Je dois avouer que tu es très forte. Fit-il en resserrant son étreinte.

Elle se mordit la lèvre pour éviter de gémir. Il lui faisait mal. Elle releva la tête, sourit et dit.

- C'est fini pour toi maintenant.

Elle utilisa sa main libre pour essayer de le frapper, mais encore une fois, il contra son coup.

- Je l'avais vu venir.

- Et ça, tu l'as vu venir ?

Elle poussa sur ses bras pour le basculer en arrière, et lui donna un coup de pied afin qu'il la lâche. Il tomba par terre tandis qu'elle partait en courant.

- Tu ne m'échapperas pas ! cria-t-il en se relevant.

C'est à ce moment-là que les loups lui sautèrent dessus. Elle s'arrêta de courir et se retourna vers lui, afin de lui hurler :

- Ça, c'est pour Blizzard, et toutes les filles qui ont subi le même sort !

Et elle reprit sa course. Visiblement, courir loin du danger et loin de lui était ce qu'elle savait faire de mieux.



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