Gloups. Pourvu que Blizzard n'ouvre pas la bouche. Myosotis prit son air le plus naturel et dit :

- C'est une nouvelle. Je viens de la trouver près de la plage.

Mitsuki plissa les yeux en ouvrant grand la bouche, avec un air compréhensif.

- Haaaaa, d'accord.

Blizzard, qui pensait que c'était la chose à faire en ce genre de situation, lui tendit la main pour qu'elle la sert ( main normale, heureusement.) Mitsuki la saisit et fronça les sourcils.

- C'est drôle. Je vois que tu as un lien avec les écorchées, et en particulier Caleb.

La jeune fille recula et les toisa toutes deux avec mépris.

- Vous ne seriez pas des espionnes tout de même ?

Blizzard ouvrit la bouche mais ne dit rien. Elle était à court d'idée. a

- Non, tu dois te tromper. Je te jure que je l'ai trouvé sur la plage. assura Myosotis, qui se sentait de plus en plus inquiète.

- Je ne me trompes jamais. répliqua Mitsuki.

Avant que Blizzard ait eu le temps de reculer, elle saisit de nouveau sa main en fermant les yeux. Un lien se créa entre elles. Mitsuki était en train de fouiller dans sa mémoire. Tout d'un coup, elle recula, comme si la main de Blizzard venait de la bruler.

- Tu es une Perdue ! s'exclama-t-elle.

Elle fit une tête étonnée et passa sa main devant sa bouche grande ouverte.

- Non ! Ce n'est pas ce que tu penses ! Blizzard n'est pas comme les autres ! s'exclama Myosotis.

Le visage de Mitsuki passa de la surprise à la peur.

- Ce n'est pas bon tout ça... pas bon du tout... fit-elle.

- Je te promets qu'elle est tout à fait inoffensive.

Mitsuki la regarda comme si elle était stupide.

- Ce n'est pas elle le problème. dit-elle d'un ton cassant. Ce sont les écorchés. Quand ils se rendront compte qu'il manque une Perdue, ils ne vont pas être contents du tout.

Myosotis se rongea l'ongle du poussa.

- On ne peut pas la laisser là-bas. C'est horrible.

- Elle ne peut pas venir avec nous non plus. Les Perdus n'ont pas leur place parmi nous. Regarde-là. fit-elle en montrant d'un geste las Blizzard, qui était en train de tourner sur elle-même pour mieux observer les arbres.

- Tu parles comme Caleb. déclara Myosotis.

Elle savait que cette phrase aurait son effet.

- Pas du tout ! rugit Mitsuki. Je dis ça pour le bien de tous, sale crétine !

- Je te promets que je porterai toutes les responsabilités de mes actes.

Mistuki leva désespérément les yeux au ciel. Il lui arrivait, dans des instants extrêmement rares, de se montrer mature. Elle croisa les bras sur sa poitrine.

- C'est pour le bien de tous que je dis ça.

Myosotis fit des yeux de chien battu.

- Ce ne sera pas pour longtemps, je te promets.

- Ah oui, comment ça ? Après, vous partirez toutes les deux vivre dans la forêt ? Je suis désolée pour ton amie, mais elle doit revenir de là où elle vient.

Elle fronça les sourcils, réfléchissant à si elle pouvait lui dévoiler son secret ou non. Elle se rapprocha de la jeune fille et se mit à chuchoter :

- Ecoute, j'ai peut-être trouvé un moyen de quitter l'île.

Ses yeux en amandes s'écarquillèrent et elle ne trouva pas les mots pour répondre.

- Les sirènes me doivent une faveur. Il suffirait qu'on trouve un moyen pour traverser l'eau sans se faire repérer et elles nous laisseront passer.

- C'est incroyable... murmura Mitsuki, plongée dans ses pensées.

- Voilà pourquoi vous avez besoin de moi ! s'exclama Blizzard qui était revenue à elles.

Elles la fixèrent, intriguées. Ses lèvres pâles s'étirèrent en un large sourire.

- Vous n'aurez qu'à construire des bateaux en cachette. Au moment de voguer sur l'eau, j'utiliserai mon pouvoir afin de créer un nuage de brume qui nous cachera des regards des gardes.

- Tu en serais capable ? demanda Myosotis d'une voix blanche.

Elle hocha la tête, fière d'avoir impressionner la galerie. La mâchoire de Mitsuki semblait s'étendre jusqu'au sol. Elle reprit ses esprits et se mit à sautiller sur place.

- C'est génial ! Génial ! s'exclama-t-elle.

Elle dansait sur place en poussant des cris de joie et en chantant « On va se casser d'ici ! » en boucle. Myosotis plaqua sa main contre sa bouche.

- Chut, il ne faut pas qu'on se fasse repérer.

Elle planta son regard dans ses yeux.

- Ce projet doit absolument rester secret, tu m'entends ?

Elle hocha mollement la tête avec des yeux étonnés.

- Je ne peux même pas le dire à Gabin ?

Myosotis se mordit la lèvre inférieure. Bien sûr, elle ne comptait pas partir sans lui, mais la réaction qu'il avait eu prouvait qu'il n'avait pas l'intention de la suivre dans sa fuite.

- Peut-être que toi tu réussiras à la convaincre. Déclara-t-elle. Bon, nous devrions y aller, notre absence va se faire remarquer.

- Que fait-on de moi ? demanda Blizzard.

Mitsuki lui prit la main, un sourire enfantin aux lèvres.

- Maintenant, toi et moi nous sommes amies.

Et elle l'entraina à sa suite.

- Alors comme ça, vous l'avez trouvée sur la plage ? fit Anémone, suspicieuse.

Elle fixait avec insistance le côté brumeux du visage de Blizzard.

Mitsuki et Myosotis hochèrent la tête. Anémone continuait de jauger la Perdue de haut en bas.

- C'est une maladie de naissance. J'ai toujours été sujet à ce genre de transformation. Affirma Blizzard en fixant le sol, mal à l'aise.

- Et comment t'appelles-tu ?

- Blizzard.

- Blizzard ? répéta Anémone.

- Ca vient de sa maladie. Expliqua Myosotis, l'air sûre d'elle.

Avec le temps elle était devenue une exellente menteuse.

La troupe des plumes d'argent commençait à s'entasser autours d'eux, fixant avec curiosité la nouvelle venue. Seul Gabin restait à part, appuyé contre une tronc d'arbre, les bras croisés.

- Soit. Bienvenue parmi nous. Myosotis va te montrer ta chambre.

- Je vous remercie.

Anémone tourna les talons et les autres en firent de même. Blizzard souffla un bon coup, ce qui fit sortir du givre de sa bouche.

- On a eu chaud !

- C'est peu de le dire. Répondit-elle.

Elle la conduit à sa chambre puis s'apprêta à regagner la sienne quand deux bras puissants la plaquèrent contre un arbre.

- Ail ! se plaignit-elle.

Son bras presque guéri était encore sensible.

- Mais à quoi tu joues bon sang ?! s'écria Gabin.

Ses mèches blondes retombaient sur son front et ses yeux bleus brillaient de colère. Son souffle chaud se cogna contre la joue de Myosotis, qui tentait vainement de se défaire de son emprise.

- Qu'est-ce qui t'as pris d'amener une Perdue ici ?

- Ce n'est pas une Perdue. Assura-t-elle avec un sourire innoncent.

- Oh s'il te plait, ne me la fais pas à moi. Tu ne peux pas me mentir.

Elle lui lança un regard assassin.

- De toute façon qu'est-ce que ça peut te faire ? A ce que j'ai compris, tu n'as pas l'intention de fuir avec nous. Dit-elle d'une voix vénéneuse.

Elle ponctua sa phrase d'un coup de pied dans l'entrejambe, ce qui fit à Gabin relâcher son étreinte.

- C'est juste que je m'inquiète pour toi ! lui cria-t-il alors qu'elle s'éloignait.