Chapitre 18
Désirée courait désormais à travers la forêt. Elle savait que personne ne la cherchait, personne la poursuivait, mais elle aimait faire tout comme. Arrivée au camp des écorchées, elle s'écroula sur le sol, à bout de force et à bout de nerfs. Elle sentit qu'on accourait vers elle, mais elle gardait le visage incliné vers le sol, fixant ses mains à plats contre le sol poussiéreux. Elle ne s'était jamais montré aussi vulnérable. Elle entendait « Désirée est revenue ! Désirée est revenue ! ». Mais elle ne réagissait pas. Deux bras musclés la saisirent et la soulevèrent. Caleb. Il ouvrit les bras et elle vint s'y loger. C'était comme revenir dans un lieu d'enfance qui nous avait tant manqué. Les bras de Caleb était sa seule véritable maison. Il jeta un regard mauvais aux âmes errantes qui s'agglutinaient autours d'eux et leur cria :
- Dégagez ! Il n'y a rien à voir !
Il la serra un peu plus fort contre lui et l'emmena dans sa chambre pour lui éviter de monter une échelle. Elle était si fatiguée, mais c'était plus moralement que physiquement. Il la posa sur une chaise et la regarda d'un air grave. Elle évita son regard et tenta de se recoiffer comme elle put. Son tee-shirt était déchiré par endroit et ses genoux saignaient. Il continuait de la fixer. Il était assis sur le lit en face d'elle, les mains croisées, ses yeux ourlés de longs cils noirs posés sur elle. Elle esquissa un sourire tremblant, ne voulant pas perdre face devant lui.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il d'une voix douce.
Elle savait que ça ne servait à rien de jouer avec lui. Ca ne servait à rien de faire la fière ou de se la jouer dur. Il la connaissait sur le bout des doigts. Ils se connaissaient depuis si longtemps...
- Je suis allée chez les Plumes d'argent rendre une petite visite à cette pouffiasse de Myosotis ( au mot pouffiasse il haussa un sourcil.) Mais, ça ne s'est pas passé comme prévu... Ils m'ont attrapée et m'ont enfermée dans une chambre.
- Comment c'était ?
- Insoutenable. Je m'ennuyais à longueur de journée. Il faisait chaud dans ma chambre, et mes muscles étaient engourdis à cause du peu de mouvements que je pouvais faire à cause de mes chaines.
- Comment t'en es-tu sortie ? demanda-t-il en gardant son calme naturelle.
Son visage ne trahissait aucune émotions.
- Myosotis elle-même m'a libérée.
Nouveau haussement de sourcil. Il soupira bruyamment puis se leva, toujours aussi impassible.
- En tout cas, ils t'ont mis dans un sale état.
Il se dirigea vers la fond de la pièce, saisit du coton, ouvrit un tiroir et en sortit un lotion bleue. Il se pencha devant elle pour être au niveau de ses genoux. Il appliqua la lotion sur le coton, puis appuya sur son genou avec.
- Je peux le faire tu sais. dit-elle en essayant de cacher sa gêne.
Pour simple réponse il leva la tête et lui sourit. Elle le laissa donc faire, observant son beau visage. Ses grands yeux sombres, son teint bronzé, ses cheveux bruns. Qu'il était beau ! Même sa cicatrice lui plaisait. Elle se damnerait pour recevoir une nouvelle fois un baiser de sa part. Caleb, son premier et sûrement dernier amour. Ils avaient toujours été proches, et très vite, Désirée était tombée sur le charme du beau brun. Un soir, alors qu'ils rentraient tous les deux des champs, il se pencha et l'embrassa. Le lendemain, il lui dit que c'était une erreur. Elle avait fait comme si ça ne l'atteignait pas, et qu'elle était tout à fait d'accord avec lui. Putain de fierté et putain de sentiments. Parfois elle aimerait oublier qu'elle avait un coeur.
Durant son « séjour » chez les plumes d'argent, elle avait pu observer leur camp. Il était bien différent du sien, plus calme, moins stricte. Tout était plus léger chez eux. Il y avait moins de pression et moins de travail. Plus de sourires sur les lèvres des gens.
Elle aurait bien été tentée de les rejoindre, seulement elle ne pouvait pas partir. Elle ne pouvait pas quitter Caleb, c'était comme si il faisait partie d'elle maintenant, et on ne peut pas fonctionner quand il nous manque la moitié de notre être.
On ne se rendit compte qu'en fin d'après-midi que Désirée demeurait absente. Quand tout le monde se mit à crier « Désirée a disparu ! Elle s'en enfuie ! », Myosotis estima que c'était le bon moment pour s'éclipser. Ce jour-là, son bras la faisait plus souffrir que d'habitude, mais elle se disait que c'était parce qu'elle guérissait. Après un peu de marche à travers la forêt, elle trouva le camp des Perdus. Elle avait proclamé qu'aujourd'hui était la journée de la liberté, alors elle allait libérer Blizzard. Quand la Perdue l'aperçut, elle se fraya un passage à travers les êtres rugissants pour se placer face à elle. Son visage était rayonnant.
- Je suis venue comme promis. déclara Myosotis.
Seulement, elle n'avait rien prévu. Elle se recula et observa le grillage avec une moue penseuse au visage.
- Hummmm, comment vais-je faire pour te sortir de là ?
Blizzard haussa les épaules.
- C'est facile.
Elle ferma les yeux, et ses mains devinrent brume. Puis la brume se répandit sur les poignet jusqu'au épaules, prit son torse et ses jambes, et finit par engloutir son visage, jusqu'à ce que Blizzard ne soit plus qu'une trainée de fumée qui se faufila à travers les trous du grillage. Myosotis la fixa, déconcertée.
- Mais, pourquoi tu n'as pas fait ça plus tôt ?!
Blizzard redevenait petit à petit elle-même, mais ses jambes restaient sous forme de nuages. Un long sourire étira ses lèvres.
- Parce que personne ne m'attendait de l'autre côté.
Myosotis était totalement désemparée, mais au moins, ça lui avait facilité la tâche.
- Soit. fit-elle, une fois remise de sa surprise. Suis-moi, nous allons te trouver une cachette.
Encore une fois, elle n'avait pensé à rien de tout cela. Blizzard souriait innocemment.
- Pour les premiers jours, tu resteras dans une grotte et je t'apporterais à manger et de quoi te tenir chaud. Je crois que c'est la seule solution avant qu'on trouve quelque chose de mieux.
Blizzard ne répondit pas, elle regarda ailleurs un air béat au visage comme si tout ça ne la concernait pas. Myosotis cherchait la grotte qu'elle avait vu la veille tout en gardant un oeil sur Blizzard pour ne pas qu'elle se perde. Elle aurait dû faire plus attention. Un buisson s'agita, et Mitsuki en sortit. Elle les fixa en fronçant les sourcils. Immédiatement, Myosotis se plaça devant Blizzard pour cacher son poignet son forme de nuage.
- Qui c'est elle ? demanda Mitsuki de sa vix haut perché en pointant du doigt la blonde.
La discrétion n'avait jamais été le fort de Myosotis, mais les ennuis, si.
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